"Ed" Condon naît le à Alamogordo (Nouveau-Mexique).
Il fait partie de ces jeunes scientifiques qui vont en pèlerinage en à Gottingen et Munich et
comprend vite la signification et la puissance de la nouvelle théorie des quantas. De retour de Gottingen, il
travaille un court moment comme chargé des relations publiques pour les laboratoires Bell, fait des conférences à l'université de Columbia, puis démarre
une carrière académique qui l'emmène jusqu'à l'université de Princeton
(Minnesota). Là, il publie divers travaux (le premier texte anglais sur la mécanique quantique avec Philip M. Morse en
en , Théorie du Spectre Atomique avec G. Shortley en ) et continue à enseigner
(notamment à l'élève Frederick Seitz) jusqu'en 1937, où il quitte Princeton pour un poste de Directeur Adjoint des Recherches à
Westinghouse, qu'il va faire entrer dans l'âge du nucléaire. Le magazine Time le qualifie même de Roi du
Monde Atomique
.
Puis la guerre arrive. Il met alors ses compétences au service de la nation en travaillant pour le NDRC et le projet Manhattan. Il ne sera pas à Alamogordo, son lieu de naissance, lors de l'explosion de Trinity sur la petite ville du Nouveau-Mexique.
Après la guerre, Condon est président de l'APS et conseiller scientifique pour le sénateur Brian McMahon, président du comité spécial du Sénat sur l'énergie atomique. McMahon milite pour le contrôle civil du programme des armes nucléaires et reçoit en ce sens le plein soutien de Condon, qui considère ce contrôle civil indispensable pour éviter une guerre nucléaire.
A la même époque il quitte Westinghouse pour prendre la direction du NBS, dont il
fonde notamment les laboratoires de Boulder (Colorado). Mais très rapidement, et
probablement en raison de ses positions sur le contrôle civil de l'armement nucléaire, il est victime d'attaques de
l'HUAC et de son président membre de Congrès J. Parnell
Thomas, qui indiquent dans un rapport le qu'il semble que le docteur Condon soit l'un des
maillons les plus faibles de notre sécurité atomique.
Encore et encore, son accréditation est moult fois
révisée, suspendue par le Secrétaire de la Marine, puis re-attribuée, pour être
réexaminée à nouveau. Parmi ses détracteurs figure le Vice-Président Richard Nixon, également membre de l'HUAC. en , Il est finalement
blanchi, Thomas à la prison de Danbury, mais est convaincu de recevoir des dessous-de-table du personnel de son
équipe. Il quitte alors le gouvernement, le NBS, et prend la tête du département de
Recherche et Développement de Corning Glass Works. en , la Marine
lui redonne son accréditation dans le cadre d'un contrat de recherche chez Corning pour le gouvernement.
Il retourne ensuite vers l'enseignement, 2 ans à Oberlin et 7 ans à l'Université de Washington, pour enfin revenir à Boulder (Colorado), en tant que professeur de physique et chargé de cours pour le JILA. Son accréditation est discrètement rétablie, le blanchissant une nouvelle fois. À cette époque en , il est même président de l'Association des Enseignants en Physique (Association of Physics Teachers).
C'est en que l'USAF charge son université, celle du Colorado, de faire une étude du phénomène ovni.
Dès le début des travaux du projet, Condon déclare :
Je tiendrais à recommander dès maintenant que le gouvernement abandonne l'affaire. Je suis, quant à moi, persuadé qu'il n'y a rien là-dedans. Mais je ne suis pas censé déposer mes conclusions avant 1 an encore. Peut-être que l'étude des phénomènes d'ovnis pourrait être valable pour les groupes qui s'intéressent aux phénomènes météorologiques.
le , Condon visite le NPIC avec d'autres membres du projet s3"Visit of Dr. Condon to NPIC, 20 February 1967", Memorandum for the record, CIA, 1967-02-23, en vue d'une collaboration sur le projet pour les analyses de photos. Le 5 mai, Condon assiste à nouveau, avec des membres de son équipe comme Robert J. Low et William K. Hartmann, ainsi que J. Thomas Ratchford (USAF), le Dr. Charles Reed (NRC) et de personnel de la CIA à un briefing de Everett Merritt sur l'analyse photogrammétrique que celui-ci a menée sur un cas d'ovni. Condon et son groupe sont impressionnés, au point que des arrangements préliminaires sont passés qu'un contrat permette à Merritt de mener une analyse du projet du Colorado. Il est entendu que cette personne inconnue soumettra son rapport sur l'analyse de la photographie de Zanesville par certains canaux de façon à garder ouverts entre le NPIC de la CIA et Condon s4"UFO Briefing for Dr. Edward Condon, 5 May 1967", Memorandum for the record, CIA, 1967-05-08 < Sturrock, P. A.: "An Analysis of the Condon Report on the Colorado UFO Project", SUIPR Report n° 599, 1974-10.
Alors que Mstislav V. Keldysh est président de l'Académie de Sciences russes, le New York Times annonce en que l'URSS établit un projet gouvernemental pour étudier les ovnis. Seitz écrit alors le À Keldysh incluant en attachement une lettre de Condon pour Felix Y. Zigel. Les américains déclareront n'avoir reçu aucune réponse, malgré leurs relances s5 Blue Book. De fait, c'est dès en que la dissolution prochaine du Comité Stolyarof est annoncée.
Suite au scandale du mémo Low, James E. McDonald vocifère sur Condon, mais commet l'erreur de donner les noms de ses indicateurs : David R. Saunders et Norman E. Levine, que Condon convoque, et renvoie du projet en .
Attaqué de toutes parts, après une déclaration de Josef Allen Hynek le en , Condon perd son sang froid et déclare :
Ceux qui édictent des livres sur l'ufologie et les enseignants qui permettent à leurs élèves de s'intéresser à cette pseudo-science devraient être fouettés en place publique et bannis à jamais de leur profession.
en , ce qu'il reste de la commission publie le Rapport Condon qui met un terme définitif à la seule étude officielle des ovnis par l'USAF : le projet Blue Book s7Condon, E. U.: Scientific Study of Unidentified Flying Objects, 1969.
Condon lui, part en retraite du JILA en , et décède le , sans avoir quitté Boulder (Colorado).
s8Condon, E. U.: "UFOs I have Loved and Lost", Bulletin of the Atomic Scientist, vol 15, n° 10. s9Clark, Evert: "Study of Saucers Gains Acceptance", The New York Times, 1966-11-16 s10"Edward Condon: A physicist Never Afraid of a Fight", Physics Today, vol. 22, n° 3, 1969-03, pp. 66-67 s11"Edward U. Condon Papers",