Un esprit ouvert ne signifie pas crédulité ou une suspension des facultés logiques qui constituent le plus grand bien de l'homme 1Menzel, D. H. & Boyd, Lyle B.: The world of flying saucers: a scientific examination of a major myth of the space age, New York: Doubleday, 1963
Menzel naît le jeudi 11 avril 1901 à Florence (Colorado). Il part rapidement à Leadville (Colorado) où il grandit non loin d'un des plus grands observatoires solaires. Il observe les éclipses totales du samedi 8 juin 1918, et l'explosion de la Nova Aquilae peu après, puis en 1923. Il entre à l'Université de Princeton où il est fasciné par la nouvelle astrophysique théorique de Henry Norris Russell, et y obtient son doctorat en l'année suivante. Il travaille 1 an comme professeur à l'Université de l'Iowa, puis 1 an comme professeur assistant à l'Université de l'Etat de l'Ohio.
En 1926, Menzel arrive à l'Observatoire de Lick, en tant qu'astronome assistant. Là, il participe à de nombreux programmes d'observation à l'aide du grand équipement télescopique. C'est aussi là qu'il fait sa 1ʳᵉ contribution scientifique majeure avec son travail sur l'interprétation de l'atmosphère (chromosphère) du Soleil, à partir de photographies prises lors d'éclipses totales de Soleil, dont il participe à l'observation en 1930 et 1932. En tout il en verra une douzaine et fondera les observatoires solaires de Climax (Colorado) et Sunspot (Nouveau-Mexique).
A l'automne 1932, Menzel arrive à l'Université de Harvard. En l'année suivante il découvre avec J. C. Boyce que la couronne du Soleil contient de l'oxygène. En 1936 il dirige l'expédition de Harvard-MIT en URSS pour observer une éclipse au Kazakhstan, croisant le chemin du jeune Feliks Y. Zigel, avec qui il collaborera plus tard. C'est aussi cette année-là qu'il rencontre l'astronome français Bernard Lyot, créateur du coronographe (bloquant le disque solaire et rendant la couronne visible) et revient aux USA très enthousiaste à l'idée d'en mettre un au point. Harlow Shapley (directeur de l'Observatoire du Collège de Harvard) refuse sa demande de financement du projet, mais lui arrange une rencontre avec Henry Wallace, Secrétaire à l'Agriculture. Menzel vend à Wallance l'idée que le Soleil est lié aux changements du climat de la Terre et, en tant que scientifique lui-même, et confronté au Dust Bowl ravageant les grandes plaines de l'ouest, Wallace accepte de donner la somme — non négligeable à l'époque — de 3000 $ pour construire un coronographe. En 1938, Menzel est encore loin d'être le démonteur (debunker) qu'on lui reprochera d'être plus tard : il est conseiller de magazines comme Science Wonder Stories et, dans des articles de vulgarisation, suppose même l'existence de martiens et de vénusiens 2Lagrange, P.: La guerre des mondes a-t-elle eu lieu ?, Robert Laffont, 2005, p. 96. À partir de cette année, Menzel travaille comme professeur d'astrophysique à l'université et un de ses élèves, Walt Roberts, l'aide à mettre au point le coronographe à partir de l'année suivante.
En 1941, Menzel fait les premiers calculs qui vont amener à un contact radio avec la Lune en 1946. Durant la guerre, Menzel travaille pendant 3 ans dans la Marine comme Commandant et cryptologue. En 1945 il dirige une expédition américano-canadienne à Saskatchewan, similaire à celle de 1936.
Ardent opposant à l'inexplicabilité d'ovnis, il propose diverses explications très contestées à l'observation de
Kenneth E. Arnold en 1947, tentant d'abord de l'assimiler à des réflexions
sur des nuages de cristaux de glace, puis de gouttes d'eau sur le pare-brise de l'avion.
Menzel est décrit dans les documents
MJ comme
membre du Groupe Majestic 12 à partir de septembre 1947.
À ce sujet Stanton
T. Friedman déclare : Le fait que Menzel appartienne au MJ-12 rendait l'affaire plutôt suspecte, car il
n'avait en apparence qu'une simple vie de professeur d'université. En 1986, je me suis rendu à
Harvard et à Princeton afin de consulter les archives Menzel et Forrestal. C'est alors que j'ai découvert la double-vie de
Menzel.
Il fut découvert plus tard que Menzel possédait une habilitation "Ultra Top Secret" et qu'il fut
conseiller technique auprès de plusieurs présidents. En 1948, il entre à la NAS.
Un soir de 1949, il quitte en voiture la base
aérienne de Holloman pour Alamogordo (Nouveau-Mexique), le long de l'autoroute 70. Assis à l'arrière, son
chauffeur devant lui, direction Est-Nord-Est, Menzel admire la pleine Lune montant dans le Sud-Est et note la
présence de l'étoile rougeâtre Antares juste en dessous à gauche de la Lune. 1 ou 2 mn plus tard il voit
un autre objet dans le ciel, plus proche de l'horizon et plus loin à gauche. L'étoile avait une apparence
trouble, causée, ai-je pensé, par la brume atmosphérique de bas niveau. Alors que je regardais, je remarquais,
en 1/2 mn, une 2de étoile à environ 3 ° au Sud de la 1ère.
Pensant d'abord qu'il s'agit des étoiles Castor
et Pollux, il les regarde pendant 1 mn alors qu'elles deviennent progressivement plus brillantes.
Soudain, il réalise que les 2 étoiles devaient être quelque chose d'autre
. Elles sont trop grosses, et Castor et
Pollux se trouvaient dans le ciel de l'Ouest, pas à l'Est-Sud-Est. Les objets, sont de diamètres très
proches, pratiquement identiques, presque 1/2 de la taille de la pleine Lune.
Déterminant rapidement qu'il
ne s'agit pas de reflets sur ses lunettes ou sur la vitre de la voiture, il continue d'observer les objets
fantômatiques
pendant 4 autres mn. Ils sont blancs, presque aussi lumineux que les étoiles les plus
brillantes, et au même niveau l'un de l'autre. Alors l'objet de droite disparut soudainement
. Convaincu de
voir quelque chose d'exceptionnel
, il ordonne au chauffeur de s'arrêter immédiatement, mais au moment-même
où il parle, le 2nd objet s'évanouit dans l'instant. Menzel calcule que si les objets étaient vraiment
immobiles, comme ils semblaient l'être, alors ils étaient à au moins 180 miles de distance
et environ 3/4
de mile
de taille (s'ils étaient plus proches et en mouvement, ils auraient été plus petits). Clairement
intrigué, Menzel décide peu après de soumettre son signalement à l'USAF, où un dessin montre 2 petits cercles.
Lors de la vague d'observations de 1952, Menzel monte au créneau. En avril
il présente ses positions à l'USAF et le vendredi 9 donne une
explication de reflets de lumière
dans article 3"Those Flying Saucers", Time, 9 juin 1952.
Cet été-là dans un débat à la conférence de l'American Optical Society de Boston il se fait ridiculiser
par Josef Allen Hynek 4Ruppelt, Edward J.:.
Cette année-là, il prend la direction de l'Observatoire du Collège de Harvard. En l'année suivante paraît son
premier livre sur le sujet des ovnis. Bien que convaincu que les observations signalées peuvent être expliquées
par des objets banaux, il se défend d'être obtu et dit ne voir pas voir de raison solide contre l'idée que des
planètes habitées par de super-êtres ne puissent pas exister en grande abondance
dans l'univers. Il y relate
d'ailleurs son observation de 4 ans plus tôt, déclarant l'avoir résolue, bien que ne pouvant expliquer le
phénomène dans tous les détails.
Il écrit : C'était simplement une réflexion de la Lune... Une couche de
brume, peut-être perturbée et inclinée par la voiture en déplacement, causa probablement les réflexions
astucieuses de la Lune
. Pour lui la situation était comparable à celle d'une personne conduisant un
bateau à moteur rapide. Il pourrait voir la Lune se réfléchir sur la vague de proue soulevée par le bateau. Mais
la réflexion disparaîtrait lorsque le bateau s'arrêterait.
Par conséquent, raisonne-t-il, la théorie de la
réflexion lunaire expliquerait aussi pourquoi la paire de [attendants] fantômatiques disparut au moment où nous
avons arrêté la voiture ; les bosses réfléchissantes auraient alors disparu
.
Durant sa présidence à l'observatoire, il propose avec Fred Whipple un modèle maritime de Vénus en 1955, aide à mettre en place l'Observatoire Astrophysique Smithsonian à Cambridge, et travaille sur la MHD.
Le lundi 30, il est recruté comme consultant pour la NSA 5"Notification of Personel Action", NSA, 1958-06-30.
Le vendredi 2 il écrit à Roscoe Henry Hillenkoetter pour lui communiquer
son livre 7Menzel & Boyd 1963. Le 19 septembre, ce dernier lui répond pour l'en
féliciter.
Le mardi 31 mai 1966, il quitte la direction de l'observatoire. Cette année-là un documentaire de
CBS présente Menzel versant du benzène dans un bain d'acétone pour expliquer comment des mirages pouvent
être à l'origine d'ovnis. Jacques Vallée, regardant la scène, se tourne vers Janine, sa
femme et lui dit avec un sourire : N'oublie pas de me prévenir la prochaine fois qu'il pleuvra du benzène, pour
qu'on sorte voir les soucoupes !
8Vallée, J.: Science Interdite - Journal
1957-1969 - Ed Observatoire
des Parasciences - 1997 - p. 180.
Menzel ne voit dans tous les objets pris pour des ovnis à travers le monde que des méprises, canulars,
hallucinations, méprises dues à des oiseaux, cerfs-volants, chapeaux, papiers, sacs
plastiques, plumes, toiles d'araignées ou cosses de graines. Il commente ceci en disant : Si vous voulez voir des
soucoupes volantes, il suffit de regarder en l'air.
Hector V. Quintanilla déclarera à propos du projet Blue Book : De nombreuses autres
personnes et organisations ont aidé le bureau du projet de temps en temps. Le docteur Donald Menzel
(...),
m'avait aidé sur des cas très délicats. Je considère Menzel comme un véritable scientifique et non pas un charlatan
cherchant de la publicité.
En 1971, Menzel quitte Harvard pour devenir directeur scientifique d'une société fabriquant des
antennes pour les communications et la radioastronomie. Jamais il ne quittera sa position rationaliste sur les ovnis, indiquant encore en l'année suivante
que l'idée des soucoupes volantes a "pris" et s'est répandue jusqu'à prendre des proportions mondiales. Le temps
était mûr pour le concept, comme il l'était pour la sorcellerie en 1692
9Menzel, D. H.: "UFO's: The Modern Myth", UFOs
: A Scientific Debate, Cornell University Press, 1972. Il décède le mardi 14.
En l'année suivante, Brad Olsen contestera l'explication de la propre observation de Menzel.
Il décède le mardi 14 à Boston (Massachusetts).
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