Le 1er brouillon de cet article fut préparé en , mais a récemment été considérablement réécrit. Dans les années entre-temps, de nouvelles informations sont venues à mon attention, soulevant de sérieuses questions au sujet du Projet du Colorado.
Dans l'Introduction, j'ai mis en avant que l'importance du Rapport Condon est due au fait que l'étude est la seule enquête non classée
du phénomène des ovnis menée par une organisation scientifique établie sous contrat avec une agence fédérale des
U.S.
. Par contraste, des documents qui furent originellement classés et qui depuis ont été diffusés (tels que les
rapports émanant des projets Sign, Grudge et Blue
Book) n'ont pratiquement aucun impact sur la communauté scientifique. La raison à cela pourrait être comprise
d'après une remarque de Condon lui-même, qui écrit : Là où le
secret est connu exister, quelqu'un ne peut jamais être absolument sûr qu'il connaît toute la vérité
s1Condon & Gillmor, 1968, p. 522.
Cette remarque de Condon fut faite par rapport à la proposition qu'une agence du
gouvernement - soit au sein de l'Air Force, de l'Agence Centrale
de Renseignement, ou ailleurs - sait tout des ovnis et garde la connaissance secrète. ...Nous avons décidé de
ne pas accorder d'attention spéciale à [cette hypothèse], mais plutôt de rester à l'affût de toutes indications qui
pourraient mener à un quelconque indice que tous les faits essentiels connus du gouvernement ne sont ont pas été
donnés... Nous n'en avons trouvé aucune preuve.
La déclaration ci-dessus, selon laquelle le Projet du
Colorado n'a trouvé aucune preuve que le gouvernement pourrait retenir des informations sur le problème des ovnis,
devrait être comparée avec le récit du cas 30 s2Condon & Gillmor, 1968, pp. 341, 342. Le résumé de ce cas indique : Un employé civil à
une base aérienne confirma un premier signalement selon lequel le personnel de cette base avait fait une observation
d'ovni, bien que des sources officielles aient nié qu'un tel événement ait eu lieu
. Le contexte indique : Une
rumeur fut relayée vers ce projet par une source considerée comme fiable, signalant qu'à l'Automne de
en , 6 ovnis avaient suivi un vol X-15 à la base aérienne. Il fut suggéré qu'un film de l'événement
pourrait être disponible chez l'Air Force.
Là s'ensuit un récit de l'enquête incluant la remarque suivante :
La rumeur persistait, cependant, avec des indications qu'un secret officiel était associé à l'événement. Si les
rapports de l'événement avaient été classés, aucune trace n'en serait apparue sur le journal des opérations. ...un
employé de la base responsable ...ré-assura notre source qu'il y avait eu une observation par des pilotes et des
opérateurs de la tour de contrôle. ...Son remplaçant ...cité déclarant qu'il y avait apparemment quelque chose à ce
sujet parce qu'
[Le PIO ne fut jamais
disponible au téléphone et ne rappela jamais, même lorsqu'un officier du Pentagone transmit la demande au Directeur de l'Information de la
base qu'il
téléphone à l'enquêteur du projet et clarifie cette situation.] ils "ne le nient pas simplement platement
. Les tentatives pour en apprendre plus sur
l'événement rapporté par le PIO [Officier des Relations Publiques] rencontrèrent une esquive apparente de ce bureau.
Le Directeur de l'Information aurait été indisponible lorsqu'il fut appelé au téléphone.(La source) fut contactée plus tard ... pour lui
demander des clarifications sur l'incident. Il répondit seulement que le Directeur de l'Information lui avait dit de
La conclusion de ce cas indique ce qui suit : rester en dehors de ça.
Bien qu'il soit vrai que le
signalement de cet incident n'ait été rien d'autre qu'une rumeur, il est également vrai que les enquêteurs du projet
n'ont pu confirmer ou dénier de manière satisfaisante qu'un incident ovni ait eu lieu. Les tentatives pour enquêter
sur la rumeur ont rencontré une esquive et des réponses non coopératives à nos demandes de la part de l'information
de la base.
Si Condon était familier des détails de ce cas, comme il l'a certainement été, il est
difficile de comprendre qu'il déclare sans qualification ou commente : On nous a assuré que le gouvernement fédéral
ne retiendrait aucune information sur le sujet...
s3Condon & Gillmor, 1968, p. 8.
A la fin des années 1970s, l'Acte sur la Liberté de l'Information rendit possible de
demander à des agences fédérales des informations qui avaient été classées. En apprenant que l'Agence Centrale de Renseignement avait diffusé des informations liées au problème des
ovnis, je demandais des copies de ces informations à la CIA et les recevait en
en . Certains des documents se référaient au Projet du Colorado. Le le , un memorandum
pour le Directeur Adjoint du Renseignement rapporte sur le contrat de l'U.S. Air Force
avec l'Université du Colorado pour enquêter sur la situation des ovnis. Il rapporte les arrangements entre le
Brigadier General Ed Giller (USAF) et le Dr. Thomas Ratchford (AFOSR) avec Arthur C. Lundahl (Directeur du Centre National d'Interprétation Photographique [NPIC] de la CIA), qui fit en sorte que le NPIC fournisse ses
services photographiques à l'Air Force pour soutenir le Projet du Colorado. Des arrangements furent passés pour que
Condon, Low, Saunders
, William Price (ex-directeur de l'AFRST) et John Coleman (listé comme ex-directeur de l'Académie Nationale des Sciences
) visitent le NPIC. L'ensemble des 5 visiteurs furent accrédités pour au moins le secret
USAF. Lundahl dit aux représentants de l'USAF qu'il pourrait have no part in écrire quoi que ce soit qu'ils pourraient
conclure sur ces phénomènes d'ovnis
[sic] n1Nous devons espérer que Lundahl had no firm basis for his assumption that the conclusions of the study were to be written by Air Force staff rather than by the Director of the study. D'un autre côté, when we find phrasing such as "Paralleling the official government interest, was a burgeoning of amateur interest..." [Condon & Gillmor, 1968, p. 13] in a section ostensibly written by Condon, a master of scientific prose, and when we contrast Condon's detailed and apparently accurate history of Air Force involvement (pp. 502-552) with his sparse and inaccurate account of the work of his own team (pp. 7-50), it seems highly likely that he had received some help from official quartes.
Lundahl continue en disant, I might be able to preserve a CIA window on this program
for whatever use DRS&T might want to make of it.
Un memorandum pour les archives, daté du le , concerne la visite prévue au NPIC, qui eut lieu le . Le Dr. Condon
était accompagné des Dr. Richard Lowe
n2[ils doivent vouloir parler de M. Robert Low], le Dr. David Saunders, le Dr. William Price et Dr. Thomas Ratchford. Le niveau d'accrédidation
était secret. Il fut convenu que le NPIC aiderait le Dr. Condon étant compris que cette assistance ne serait pas identifiée comme un travail
accompli par la CIA. Le NPIC présenta des briefings sur leurs capacités analytiques et sur leurs
résultats "sur le 2nd projet sur les ovnis". Là s'ensuivi une discussion générale sur les ovnis.
Un document daté du le , est intitulé "Guide aux photographes d'ovnis" et comprend une liste
de 10 recommandations pour les photographes ayant l'occasion de photographier un événement ovni, et une feuille d'information que le photographe
devrait compléter. Ce document fut préparé par le NPIC et apprové par le Dr. Arthur C. Lundahl,
directeur du NPIC. Le le , le projet Colorado émit un communiqué de presse
appelant aux clichés d'objets volants non-identifiés de particuliers
et fournissait un ensemble de
recommmandations au photographe et une liste d'éléments d'information que le photographe devrait préparer. Ce
communiqué de presse est simplement une réécriture du document du NPIC.
Un memorandum pour archive
,
daté du le , concerne un briefing sur les ovnis pour le Dr. Edward Condon, le
. Ceux listés comme y assistant furent (en plus du
personnel de la CIA) Condon, Low,
Hartmann, Ratchford, le Dr. Charles
Reed du Conseil National de la Recherche, et quelqu'un dont le nom est supprimé dans le
document diffusé. Cette personne inconnue présenta un briefing sur l'analyse photogrammétrique qu'il avait menée sur
un cas d'ovni, et son briefing impressionna très favorablement Condon et son groupe. A cette réunion, des arrangements préliminaires sont entendus pour des
arrangements contractuels qui permettrait à la personne inconnue de mener une analyse du Projet Colorado. Il fut entendu que cette personne inconnue
soumettrait son rapport sur l'analyse de la photographie de Zanesville par certains canaux de
manière à ce qu'il atteigne Condon. Il est clair que la personne inconnue doit avoir été
le Dr. Everett Merritt de la Division Autométrique de la société Raytheon à Alexandrie (Virginie). Comme s'en souviendra le lecteur, Condon
fit exclusivement référence au travail de Merritt lorsqu'il traita des éléments
photographiques, y compris l'analyse de Merritt sur le cas de Zanesville. Ainsi, les publications de la CIA expliquent comment Condon fit connaissance de Everett Merritt
et pourquoi et comment il passa des arrangements avec Merritt pour obtenir ses services
. Durant la réunion du le , Condon indiqua qu'il souhaitait garder un canal ouvert dans notre organisation n3CIA/NPIC
. Il fut convenu que le
rapport du Dr. Merritt sur son analyse de la photographie de Zanesville serait transmise, pour
distribution au Dr. Condon, via un bureau, dont le nom a été effacé du document.
Le fait que Condon et certains membres de son équipe avaient des réunions secrètes avec
des membres de l'Agence Centrale de Renseignement, que la CIA contribuait au travail du Projet du Colorado, et que ces faits ne sont pas révélés dans
le rapport Condon, soulève des questions troublantes. Si Condon et des membres de son équipe recevaient des briefings secrets de la CIA, recevaient-ils également des briefings secrets de l'Air Force et peut-être d'autres agences ? S'ils ont reçu des briefings secrets de l'Air Force, peut-on accepter comme telle la déclaration de Condons4 Condon & Gillmor, 1968, p. 8 selon laquelle le contrat
stipulait que le planning, la direction et les conclusions du Projet du Colorado devaient être menées complètement
indépendamment de l'Air Force
? S'il n'y eut aucun briefings secrets, pourquoi a-t-il été nécessaire d'arranger
une accréditation secrète de l'Air Force pour certains membres de l'équipe du projet ? Y
avait-il un "agenda caché" du projet du Colorado ? Une
connaissance de the hidden agenda, si elle a existé, aurait-elle aidé à comprendre la différence grossière entre la
synthèse de Condon et le travail de sa propre équipe ? Pourquoi Condon a-t-il accordé tellement plus de poids au travail de Merritt, qu'il a rencontré à travers les bons offices de la CIA, qu'il n'en a accordé au travail de Hartmann, qui était
membre de l'équipe du projet Colorado ? Finalement, étant donnée l'importance
attachée par la communauté scientifique à l'examen ultérieur du Rapport Condon par un panel de l'Académie Nationale des Sciences, que doit-on faire de la présence à une réunion au
début du projet entre Condon et son équipe et du personnel de la CIA, d'un scientifique identifié dans les archives de la CIA comme ex-directeur de l'Académie Nationale des
Sciences
?
On peut imaginer que ces préoccupations sont sans fondement, qu'il n'y eut pas de réunions secrètes autres que
celles auxquelles il a déjà été fait référence, et que celles-ci n'ont eu aucun impact d'aucune sorte sur la politique
guidant la conduite du Projet du Colorado. Cela pourrait être
que l'anomalie entre la synthèse de Condon et le travail de sa propre équipe a été le
résultat d'un innocent manque d'activité et manque de perception de la part de Condon.
Néanmoins, pour répéter une des premières citations de Condon, Là où on sait que le
secret existe, on ne peut jamais être absolument sûr qu'on connaît toute la vérité
s5Condon & Gillmor, 1968, p. 522.