Postface

Sturrock, Peter A.Peter A. Sturrock: Stanford University Institute for Plasma Research (SUIPR) Report n° 599, traduit et inclus dans 'La fin des recherches officielles', Note d'Information n° 4 du GEPAN (1981), augmenté et republié dans le JSE, 1987, vol 1, n° 1, pp. 75-100,

Le 1er brouillon de cet article fut préparé en , mais a récemment été considérablement réécrit. Dans les années entre-temps, de nouvelles informations sont venues à mon attention, soulevant de sérieuses questions au sujet du Projet du Colorado.

Dans l'Introduction, j'ai mis en avant que l'importance du Rapport Condon est due au fait que l'étude est la seule enquête non classée du phénomène des ovnis menée par une organisation scientifique établie sous contrat avec une agence fédérale des U.S.. Par contraste, des documents qui furent originellement classés et qui depuis ont été diffusés (tels que les rapports émanant des projets Sign, Grudge et Blue Book) n'ont pratiquement aucun impact sur la communauté scientifique. La raison à cela pourrait être comprise d'après une remarque de Condon lui-même, qui écrit : Là où le secret est connu exister, quelqu'un ne peut jamais être absolument sûr qu'il connaît toute la vérité s1Condon & Gillmor, 1968, p. 522.

Cette remarque de Condon fut faite par rapport à la proposition qu'une agence du gouvernement - soit au sein de l'Air Force, de l'Agence Centrale de Renseignement, ou ailleurs - sait tout des ovnis et garde la connaissance secrète. ...Nous avons décidé de ne pas accorder d'attention spéciale à [cette hypothèse], mais plutôt de rester à l'affût de toutes indications qui pourraient mener à un quelconque indice que tous les faits essentiels connus du gouvernement ne sont ont pas été donnés... Nous n'en avons trouvé aucune preuve.

La déclaration ci-dessus, selon laquelle le Projet du Colorado n'a trouvé aucune preuve que le gouvernement pourrait retenir des informations sur le problème des ovnis, devrait être comparée avec le récit du cas 30 s2Condon & Gillmor, 1968, pp. 341, 342. Le résumé de ce cas indique : Un employé civil à une base aérienne confirma un premier signalement selon lequel le personnel de cette base avait fait une observation d'ovni, bien que des sources officielles aient nié qu'un tel événement ait eu lieu. Le contexte indique : Une rumeur fut relayée vers ce projet par une source considerée comme fiable, signalant qu'à l'Automne de en , 6 ovnis avaient suivi un vol X-15 à la base aérienne. Il fut suggéré qu'un film de l'événement pourrait être disponible chez l'Air Force. Là s'ensuit un récit de l'enquête incluant la remarque suivante : La rumeur persistait, cependant, avec des indications qu'un secret officiel était associé à l'événement. Si les rapports de l'événement avaient été classés, aucune trace n'en serait apparue sur le journal des opérations. ...un employé de la base responsable ...ré-assura notre source qu'il y avait eu une observation par des pilotes et des opérateurs de la tour de contrôle. ...Son remplaçant ...cité déclarant qu'il y avait apparemment quelque chose à ce sujet parce qu'ils "ne le nient pas simplement platement. Les tentatives pour en apprendre plus sur l'événement rapporté par le PIO [Officier des Relations Publiques] rencontrèrent une esquive apparente de ce bureau. Le Directeur de l'Information aurait été indisponible lorsqu'il fut appelé au téléphone. [Le PIO ne fut jamais disponible au téléphone et ne rappela jamais, même lorsqu'un officier du Pentagone transmit la demande au Directeur de l'Information de la base qu'il téléphone à l'enquêteur du projet et clarifie cette situation.] (La source) fut contactée plus tard ... pour lui demander des clarifications sur l'incident. Il répondit seulement que le Directeur de l'Information lui avait dit de rester en dehors de ça. La conclusion de ce cas indique ce qui suit : Bien qu'il soit vrai que le signalement de cet incident n'ait été rien d'autre qu'une rumeur, il est également vrai que les enquêteurs du projet n'ont pu confirmer ou dénier de manière satisfaisante qu'un incident ovni ait eu lieu. Les tentatives pour enquêter sur la rumeur ont rencontré une esquive et des réponses non coopératives à nos demandes de la part de l'information de la base.

Si Condon était familier des détails de ce cas, comme il l'a certainement été, il est difficile de comprendre qu'il déclare sans qualification ou commente : On nous a assuré que le gouvernement fédéral ne retiendrait aucune information sur le sujet... s3Condon & Gillmor, 1968, p. 8.

A la fin des années 1970s, l'Acte sur la Liberté de l'Information rendit possible de demander à des agences fédérales des informations qui avaient été classées. En apprenant que l'Agence Centrale de Renseignement avait diffusé des informations liées au problème des ovnis, je demandais des copies de ces informations à la CIA et les recevait en en . Certains des documents se référaient au Projet du Colorado. Le le , un memorandum pour le Directeur Adjoint du Renseignement rapporte sur le contrat de l'U.S. Air Force avec l'Université du Colorado pour enquêter sur la situation des ovnis. Il rapporte les arrangements entre le Brigadier General Ed Giller (USAF) et le Dr. Thomas Ratchford (AFOSR) avec Arthur C. LundahlArthur C. Lundahl (Directeur du Centre National d'Interprétation Photographique [NPIC] de la CIA), qui fit en sorte que le NPIC fournisse ses services photographiques à l'Air Force pour soutenir le Projet du Colorado. Des arrangements furent passés pour que Condon, LowRobert J. Low, Saunders David R. Saunders, William Price (ex-directeur de l'AFRST) et John Coleman (listé comme ex-directeur de l'Académie Nationale des Sciences) visitent le NPIC. L'ensemble des 5 visiteurs furent accrédités pour au moins le secret USAF. LundahlArthur C. Lundahl dit aux représentants de l'USAF qu'il pourrait have no part in écrire quoi que ce soit qu'ils pourraient conclure sur ces phénomènes d'ovnis [sic] n1Nous devons espérer que LundahlArthur C. Lundahl had no firm basis for his assumption that the conclusions of the study were to be written by Air Force staff rather than by the Director of the study. D'un autre côté, when we find phrasing such as "Paralleling the official government interest, was a burgeoning of amateur interest..." [Condon & Gillmor, 1968, p. 13] in a section ostensibly written by Condon, a master of scientific prose, and when we contrast Condon's detailed and apparently accurate history of Air Force involvement (pp. 502-552) with his sparse and inaccurate account of the work of his own team (pp. 7-50), it seems highly likely that he had received some help from official quartes. LundahlArthur C. Lundahl continue en disant, I might be able to preserve a CIA window on this program for whatever use DRS&T might want to make of it.

Un memorandum pour les archives, daté du le , concerne la visite prévue au NPIC, qui eut lieu le . Le Dr. Condon était accompagné des Dr. Richard Lowe n2[ils doivent vouloir parler de M. Robert Low], le Dr. David Saunders, le Dr. William Price et Dr. Thomas Ratchford. Le niveau d'accrédidation était secret. Il fut convenu que le NPIC aiderait le Dr. Condon étant compris que cette assistance ne serait pas identifiée comme un travail accompli par la CIA. Le NPIC présenta des briefings sur leurs capacités analytiques et sur leurs résultats "sur le 2nd projet sur les ovnis". Là s'ensuivi une discussion générale sur les ovnis.

Un document daté du le , est intitulé "Guide aux photographes d'ovnis" et comprend une liste de 10 recommandations pour les photographes ayant l'occasion de photographier un événement ovni, et une feuille d'information que le photographe devrait compléter. Ce document fut préparé par le NPIC et apprové par le Dr. Arthur C. LundahlArthur C. Lundahl, directeur du NPIC. Le le , le projet Colorado émit un communiqué de presse appelant aux clichés d'objets volants non-identifiés de particuliers et fournissait un ensemble de recommmandations au photographe et une liste d'éléments d'information que le photographe devrait préparer. Ce communiqué de presse est simplement une réécriture du document du NPIC.

Un memorandum pour archive, daté du le , concerne un briefing sur les ovnis pour le Dr. Edward Condon, le . Ceux listés comme y assistant furent (en plus du personnel de la CIA) Condon, Low, HartmannWilliam K. Hartmann, Ratchford, le Dr. Charles Reed du Conseil National de la Recherche, et quelqu'un dont le nom est supprimé dans le document diffusé. Cette personne inconnue présenta un briefing sur l'analyse photogrammétrique qu'il avait menée sur un cas d'ovni, et son briefing impressionna très favorablement Condon et son groupe. A cette réunion, des arrangements préliminaires sont entendus pour des arrangements contractuels qui permettrait à la personne inconnue de mener une analyse du Projet Colorado. Il fut entendu que cette personne inconnue soumettrait son rapport sur l'analyse de la photographie de ZanesvilleZanesville par certains canaux de manière à ce qu'il atteigne Condon. Il est clair que la personne inconnue doit avoir été le Dr. Everett Merritt de la Division Autométrique de la société Raytheon à Alexandrie (Virginie). Comme s'en souviendra le lecteur, Condon fit exclusivement référence au travail de Merritt lorsqu'il traita des éléments photographiques, y compris l'analyse de Merritt sur le cas de ZanesvilleZanesville. Ainsi, les publications de la CIA expliquent comment Condon fit connaissance de Everett Merritt et pourquoi et comment il passa des arrangements avec Merritt pour obtenir ses services. Durant la réunion du le , Condon indiqua qu'il souhaitait garder un canal ouvert dans notre organisation n3CIA/NPIC. Il fut convenu que le rapport du Dr. Merritt sur son analyse de la photographie de ZanesvilleZanesville serait transmise, pour distribution au Dr. Condon, via un bureau, dont le nom a été effacé du document.

Le fait que Condon et certains membres de son équipe avaient des réunions secrètes avec des membres de l'Agence Centrale de Renseignement, que la CIA contribuait au travail du Projet du Colorado, et que ces faits ne sont pas révélés dans le rapport Condon, soulève des questions troublantes. Si Condon et des membres de son équipe recevaient des briefings secrets de la CIA, recevaient-ils également des briefings secrets de l'Air Force et peut-être d'autres agences ? S'ils ont reçu des briefings secrets de l'Air Force, peut-on accepter comme telle la déclaration de Condons4 Condon & Gillmor, 1968, p. 8 selon laquelle le contrat stipulait que le planning, la direction et les conclusions du Projet du Colorado devaient être menées complètement indépendamment de l'Air Force ? S'il n'y eut aucun briefings secrets, pourquoi a-t-il été nécessaire d'arranger une accréditation secrète de l'Air Force pour certains membres de l'équipe du projet ? Y avait-il un "agenda caché" du projet du Colorado ? Une connaissance de the hidden agenda, si elle a existé, aurait-elle aidé à comprendre la différence grossière entre la synthèse de Condon et le travail de sa propre équipe ? Pourquoi Condon a-t-il accordé tellement plus de poids au travail de Merritt, qu'il a rencontré à travers les bons offices de la CIA, qu'il n'en a accordé au travail de HartmannWilliam K. Hartmann, qui était membre de l'équipe du projet Colorado ? Finalement, étant donnée l'importance attachée par la communauté scientifique à l'examen ultérieur du Rapport Condon par un panel de l'Académie Nationale des Sciences, que doit-on faire de la présence à une réunion au début du projet entre Condon et son équipe et du personnel de la CIA, d'un scientifique identifié dans les archives de la CIA comme ex-directeur de l'Académie Nationale des Sciences ?

On peut imaginer que ces préoccupations sont sans fondement, qu'il n'y eut pas de réunions secrètes autres que celles auxquelles il a déjà été fait référence, et que celles-ci n'ont eu aucun impact d'aucune sorte sur la politique guidant la conduite du Projet du Colorado. Cela pourrait être que l'anomalie entre la synthèse de Condon et le travail de sa propre équipe a été le résultat d'un innocent manque d'activité et manque de perception de la part de Condon. Néanmoins, pour répéter une des premières citations de Condon, Là où on sait que le secret existe, on ne peut jamais être absolument sûr qu'on connaît toute la vérité s5Condon & Gillmor, 1968, p. 522.

n4Note 7: J'ai appris d'une conversation privée avec l'un des panelistes que, en fait, l'ensemble des panelistes n'étaient pas satisfaits du Rapport Condon comme le rapport du panel l'indiquait. Il me dit qu'il avait eut des préoccupations et des réserves sur le Rapport Condon mais ne les press them dans les discussions du panel parce qu'il ne voulait pas rock the boat."