Evaluation de cas spécifiques

En considérant les facteurs apparemment bizarres qui entourent les cas du Nouveau Mexique tels que décrits dans le chapitre 2, vous pourriez peut-être remettre en question certaines des déclarations que je viens de faire. Il pourrait même vous sembler que j'ignore délibérément certains éléments de preuves plutôt spectaculaires — comme la découverte d'animaux aux os brisés et des marques d'attaches.

Cela n'indique-t-il pas que ces animaux ont été soulevés dans les airs ? pourriez-vous vous demander. Et, n'a-t-il pas été prouvé que les victimes sont délibérément choisies ? Et la découverte de drogues dans le taureau mutilé ? Cette somme d'éléments accumulés n'excluerait-elle pas la théorie des prédateurs/charognards ?

Il s'agit là de questions raisonnables, logiques — le type de questions et doutes qui donnent lieu à beaucoup de controverse qui entoure tout le sujet. Mais les questions logiques appellent des réponses logiques — des réponses qui deviendront très apparentes dans cette section, puisque j'examine en plus grands détails les éléments soutenant la théorie la plus connue au Nouveau Mexique, selon laquelle une organisation hautement sophistiquée se trouve derrière ces mutilations "classiques". Cette théorie a été exposée dans des articles du Albuquerque Journal, Rio Grande Sun et même dans des rapports officiels — proclamant une "expérimentation" comme la raison probable à cette activité bizarre.

Beaucoup des éléments soutenant cette théorie émanent d'incidents ayant été enquêtés dans la région de Dulce, bien que d'autres cas signalés ailleurs dans l'état, en particulier la mutilation supposée de 4 chevaux de course à Malaga et le taureau mutilé dans le comté de Torrance, sont offertes comme preuves supplémentaires.

Pour évaluer ces incidents, je n'ai pas seulement lu les récits de journaux résumés dans le chapitre 2, mais aussi les rapports officiels sur chaque cas. A ma grande surprise, j'ai trouvé que les éléments contenus dans certains de ces rapports sont aussi sensationnels que les récits d'informations qui couvraient les mêmes événements.

Les principaux incidents du Nouveau Mexique ayant déjà été résumés dans le chapitre 2, j'examinerai maintenant plus en détails les éléments utilisés pour soutenir la théorie qui précède. Cela inclut la découverte de traces inhabituelles, pattes cassées, marques d'attaches, radiation sur les lieux, observations d'ovnis, drogues dans certains animaux, et la sélection délibérée du meilleur bétail, en meilleure santé. Les enquêteurs et journalistes les plus entendus s'accordent également sur l'idée qu'une sorte de test est à l'œuvre — mais de quel type, c'est sujet à controverse. Cette section examinera aussi d'autres théories défendues pour expliquer les mutilations. Elle concluera avec une discussion de ce qui est peut-être la question plus controversée de toutes — qui se trouve derrière ces incidents.

Les indices cités dans les rapports officiels comme non-officiels, en particulier ceux de Dulce, suggèrent que des appareils hautement évolués sont impliqués dans ces mutilations. Un indice cité comme preuve est la découverte de marques comme des "trépieds" sur les lieux. La découverte de ces marques a reçu une reconnaissance considérable de la part de Ray Nelson dans un article pour UFO Report. Basant ses déclarations largement sur ces incidents du Nouveau Mexique, Nelson s11978; 24 fait l'observation suivante :

Les enquêteurs n'ont trouvé aucune trace de pas ou marques de véhicule autour des carcasses. Cependant, des traces circulaires étranges sont parfois trouvées au voisinage des animaux mutilés, des empreintes déroutantes parfaitement circulaires et uniformément enfoncées, et d'autres ayant la forme de coupelles de suscion. Parfois, des marques de pod plus grandes sont vues, disposées de manière triangulaire comme si un objet en forme de trépied avait atterri près de l'animal.

Ces marques étranges de trépied furent signalées pour la 1ère fois à Dulce dans un cas de "mutilation classique" ayant été enquêté le dimanche 13 juin 1976. Une série de marques de trépied rondes, chacune de 4 pouces de diamètre, furent trouvées dans le sol dur menant à la carcasse. D'après le rapport de police, lorsque le propriétaire est revenu sur les lieux le jour suivant, il a alors trouvé un ensemble tout frais d'indentations en trépied par-dessus les traces de pneus faites par sa voiture le jour d'avant, menant à nouveau vers la vache mutilée. Le rapport fait alors la déclaration plutôt étonnante que les marques de trépied étaient revenues et avaient enlevé l'oreille gauche s2Rapport de Police, 1976.

L'année 1978 produisit une éruption de mutilations signalées dans la région de Dulce, dont plusieurs qui étaient aussi caractérisées par la découverte de marques de trépied sur les lieux. Le mardi 24 avril, un taureau de 11 mois fut signalé mutilé — le rapport de police indiquant que des empreintes furent trouvées à 100 pieds au nord de l'animal massacré. L'officier rédigeant ce rapport indique aussi que l'objet faisant ces traces doit avoir été extrêmement lourd, le sol étant si sec et dur que les traces de pneus de la voiture de police étaient à peine visibles. Il théorise alors sur ce qui aurait causé ces marques, déclarant : Ces empreintes rondes de 4 pouces menaient à l'animal et 100 pieds en arrière étaient apparemment retournées à un appareil en survol s3Rapport de Police, 1978a.

Le vendredi 24 mai, une autre vache fut trouvée mutilée dans la région de Dulce, et à nouveau le rapport contient un récit de marques de trépied, mais cette fois bien plus éloignées de la carcasse :

A 600 yards de la vache se trouvaient des indentations circulaires de 4 pouces semblables à celles trouvées [le 24 avril] s4Rapport de Police 1978b.

Autant que je peux le déterminer, le seul cas de marques de trépied signalées hors de la région de Dulce eut lieu le novembre 1978 avril lorsqu'une vache mutilée de 5 ans fut découverte dans le comté de Torrance. Le New Mexican s51979 déclare que des traces d'un trépied ont été découvertes à environ 25 pieds de distance de là où la carcasse d'une vache de 5 ans a été tuée. Les traces comme l'animal étaient situées dans un corral. Un autre récit de l'incident parut dans le Torrance County Citizen s61979. Bien que ce cas ait été enquêté par le sheriff du comté, il est intéressant de noter qu'il était assisté du même officier de police qui avait enquêté sur les cas de "marques de trépied" de Dulce. Désirant plus de détails, j'ai contacté la police et le bureau du sheriff. Cependant, en février 1980, aucun rapport officiel de cet incident ne put être localisé.

Maintenant, quid de ces étranges marques de trépied — constituent-elles une preuve, comme certains le suggèrent, que des appareils hautement évolués sont impliqués dans ces mutilations ? Pour évaluer la significativité de ces traces, il est d'abord nécessaire d'évaluer les descriptions et les éléments dans les rapports officiels qui ont été remplis. Il peut être intéressant de noter que les 4 cas de "marques de trépied" furent enquêtés par le même agent de police. Il pourrait aussi être bien de voir qu'un espace de temps assez considérable s'est écoulé entre la date où l'incident a été enquêté et le remplissage ultérieur de chaque rapport officiel.

Le 1er cas, bien qu'enquêté le janvier 1979 juin 1976, ne fut pas officiellement rapporté avant le mars 1979 décembre. Le 2ᵉ fut enquêté le samedi 24 avril 1978, mais pas rempli avant le samedi 31 juillet. Le 3ème incident fut enquêté le novembre 1978 mai 1978, mais pas rapporté avant le novembre 1978 juillet. Concernant le 4ème cas, je ne suis pas parvenu à localiser un rapport officiel.

Quand j'étais agent du FBI, je devais dicter le résultat d'une interview qui pourrait être utilisée comme témoignage, dans les 5 jours suivant cette interview. Le but de cette règle — qui fut établie pour se conformer à la Decision Jenks de la Cour Suprême — était d'assurer des souvenirs suffisamment bons. Concernant ces incidents de Dulce, on se demande à quel point la mémoire de l'officier aurait été fiable plusieurs mois après l'enquête.

Au regard de la significativité énorme que l'officier a attaché à ces marques, son délai à remplir le rapport est curieux. Il semblerait que s'il avait réellement pensé que les marques avaient été faites par un appareil volant étrange, il aurait rapporté la découverte immédiatement comme une des découvertes du siècle. On pourrait aussi penser qu'il aurait appelé une équipe d'experts pour enquêter plus avant et j'espère corroboré cette découverte ou du moins pris des impressions de ces traces. Je n'ai pas d'information que cela ait eu lieu.

En toute honnêteté, l'officier a fait réaliser 2 tests, mais aucun n'était concluant. Dans les incidents de 1976, une substance huileuse jaune fut trouvée en 2 endroits sous certaines petites marques. Un échantillon de sol contenant cette substance fut soumis au Laboratoire de la Police d'Etat pour analyse. Le rapport résultant indiqua l'incapacité du labo à détecter la substance qui avait alors disparu. Me demandant si cela indiquait qu'ils avaient perdu l'échantillon, je contactais alors le labo pour obtenir plus de détails. Un porte-parole expliqua là qu'une analyse de l'échantillon n'avait révélé rien d'autre que de l'herbe. Si quoi que ce soit avait été là, il avait disparu depuis.

De plus, l'officier appela aussi un scientifique à la retraite sur les lieux pour faire des tests de radiation. Ses conclusions révélaient que le niveau de radiation autour des marques de trépied étaient le double d'une mesure normale. Alors que cette découverte semble suggestive, elle est scientifiquement invalide puisqu'il n'y a aucune indication de comment les tests ont été menés et si une mesure de radiation ambiante a été faite ou non — ce qui aurait été nécéssaire pour déterminer si les mesures de trépied étaient plus élevées que la normale.

Je n'ai pas vu ces traces, mais ce que j'ai observé dans un certain nombre d'occasions est dû à une combinaison de certaines conditions météo et de sol prévalant ici dans le sud-ouest, les marques de sabot préservées d'une vache et de chevaux peuvent vite s'éroder en une dépression plutôt circulaire d'à peu près la taille mentionnée.

Un autre élément cité pour étayer l'idée qu'une sorte d'appareil est impliqué dans les mutilations animales est la prétendue découverte d'animaux avec des marques d'attaches et os brisés. Encore une fois, la plupart de ces incidents furent rapportés dans la région de Dulce. Le 1er cas fut enquêté le vendredi 24 avril 1978, et impliquait le taureau mutilé qui vient d'être discuté. Le rapport de police indique que le taureau avait encore des hématomes visibles autour de la zone de la poitrine, semblant indiquer qu'une sangle avait été utilisée pour soulever et descendre l'animal vers et depuis l'appareil. Le rapport ajoute alors que cette enquête montra que ce taureau de 11 mois avait été lâché par une sorte d'appareil s7Police Report 1978a. Cependant, aucun élément ne fut cité pour étayer cette déclaration.

Les cas ultérieurs furent plus spectaculaires encore. Par exemple, le vendredi 24 mai 1978, le rapport de police s81978b couvrant une autre vache mutilée indique que les pattes avant gauche et arrière gauche avaient été tirées hors de leur logement apparemment d'après le poids de la vache ce qui indique qu'elle avait été soulevée et lâchée au sol. Le rapport continue avec la déclaration étonnante qu'il s'agit de la 1ère d'une série de mutilations dans lesquelles les pattes des vaches sont cassées. Auparavant les animaux avaient été soulevés à partir de la poitrine avec une sangle. Lorsque j'ai lu cette déclaration pour la 1ère fois, je me suis demandé sur quelle base l'officier avait pu prédire que d'autres animaux mutilés seraient découverts plus tard avec des pattes cassées. Puis j'ai réalisé que cet incident n'avait été officiellement rapporté que 2 mois plus tard. A cette date d'autres cas avaient effectivement eut lieu.

Un cas semblable, impliquant cette fois 2 vaches, fut enquêté le mardi 28 mai par le même officier. Le rapport indique que les patte avant gauche et patte arrière gauche [étaient] cassées, ce qui indique que [les] animaux étaient soulevés par leurs extrémités. Ce cas est d'un intérêt supplémentaire car il fut rendu connu par Ray Nelson dans UFO Report. Selon son article, [L'enquêteur] se souvient que plusieurs branches avaient été brisées à la cîme des arbres au-dessus de la carcasse, comme si l'animal avait été apportée à travers les branches et lâchée au sol. Des mouches bourdonnant autour des branches d'arbre cassées suggéraient que du sang de la carcasse avait été éclaboussé à la cîme des arbres s9Nelson 1978: 26-27.

Ceci rappelle une déclaration faite plus tard par le même officier à la conférence du sénateur Schmitt le lundi 20 avril 1979. A la session d'après-midi, cet officier déclara avoir vu un cas de mutilation où une vache de 600 livres avait été trouvée dans les branches d'un arbre — indiquant pour lui qu'elle devait avoir été lâchée une sorte d'appareil. Une version similaire fut par la suite attribuée au même officier dans un article paraissant dans le Chicago Tribune s10Coates 1980. En février dernier je questionnais l'officier sur cet incident. Il admit que l'animal n'était en fait pas dans l'arbre mais avait été trouvé à sa base.

Ce changement de localisation a une signification majeure en ce que non seulement il détruit totalement la théorie de l'animal qui a été lâché des airs, mais suggère aussi immédiatement que la vache a probablement été tuée par la foudre, qui est l'une des causes les plus courantes de mort de bétail. De plus, cette admission détruit sérieusement la crédibilité de toutes les déclarations précédentes de l'officier.

Le février 1979 juin 1978, le même officier enquêta sur une mutilation signalée d'une vache dont les patte avant gauche et patte avant droite étaient cassées. Selon le rapport officiel, il y avait aussi marques visibles sur la patte arrière gauche inférieure indiquant qu'une sorte de crampon ou pince avait été attachée là. Le rapport conclut alors avec la déclaration assez étonnante — si l'on considère les maigres élements sur lesquels elle est basée — que l'animal fut emporté ailleurs et mutilé puis rapporté et lâché. Cet animal avait des cornes de 5 pouces. Une corne fut brisée dans le sol s11 Rapport de Police 1978d.

En plus de ces cas de Dulce, en 1979 des journaux de la région publièrent les récits de 2 mutilations suspectées, toutes 2 impliquant une vache dont la nuque aurait été brisée. Le 1er incident eut lieu à Taos le décembre 1978 janvier ; l'autre dans le comté de Torrance le mardi 26 mars. Dans le 2nd cas, que l'officier de Dulce aida aussi à investiguer, déclaration fut faite que la vache avait été lâchée des airs.

La question est de savoir comment l'officier a déterminé que les os avaient été brisés, puisqu'il n'y a aucune indication que ces animaux furent examinés par des vétérinaires formés. Bien que les rapports officiels n'aient pas indiqué comment une telle détermination fut faite, cette information est fournie dans un article intitulé, "The Phantom Cattle Surgeons of the Plains". David Perkins s121979, l'auteur, décrit une enquête sur site que lui et plusieurs autres, dont ce même officier, menèrent à Dulce. Perkins souligne que l'officier manoeuvra les pattes avant-gauche et arrière pour montrer qu'elles étaient cassées puis tapa dans la colonne vertébrale pour montrer qu'elle était aussi brisée en plusieurs endroits. Je suggère que c'est loin d'être une manière scientifique de vérifier les os brisés.

Dans une interview récente avec un des associés de l'officier, cet associé me dit que cet officier, bien que policier dévoué, dur à la tâche, était devenu trop émotionnellement impliqué dans les mutilations de bétail et voit des choses qui ne sont pas là. Lorsqu'on lui demande un exemple, il mentionne un incident à Taos sur lequel lui et l'officier avait enquêté. L'officier, dit-il, disait que l'animal avait les os brisés quand ce n'était pas le cas.

Mais quid des marques de crampons ? L'officier de police prétend que ces marques constituent un élément de preuve soutenant sa théorie. Il est cité par David Perkins s131979: 20 disant : Attendez jusqu'à ce que vous voyiez ces marques de crampons ! C'est une preuve catégorique qu'ils sont faits depuis les airs !

Je maintiens que sans élément supplémentaire il est totalement injustifié d'attribuer les marques de contusions et dommages similaires à une mystérieuse activité de transport aérien. Il est plutôt naturel pour un corps en décomposition de développer ce qui semble être des marques de contusions incriminantes, dont la plupart pourrait facilement être expliquée par une personne formée.

Je me souviens d'un séminaire auquel j'ai récemment assisté à l'Institut des Forces de l'Ordres Southwestern, qui se tint à l'Université du Texas à Dallas. Un des intervenants était un médecin légiste de l'état du Texas, qui montra des diapositives d'une personne qui était morte de cause naturelle. Le corps était parfaitement préservé lorsqu'il fut trouvé. Le corps avait par la suite été photographié par intervalles à différents moments. Le pathologiste remarqua que plusieurs heures après des changements du corps commencèrent à intervenir, un anneau particulièrement notable apparaissant autour du cou du corps. Le pathologiste souligna que si un enquêteur non formé — ou un docteur non formé à la pathologie médico-légale — arriva sur la scène, il aurait pu facilement avoir fait un diagnostic de mort par strangulation, et aurait même pu être qualifié d'homicide.

La présentation continua avec une diapositive prise plusieurs heures plus tard, montrant une énorme décoloration sur l'ensemble du corps. Le pathologiste fit observer que si les mêmes enquêteurs étaient arrivés sur la scène, ils auraient pu cette fois attribuer la mort à un homicide par coups et blessures, la forte décoloration ressemblant à des marques de bleus.

Traces étranges, marques de crampons supposées, et os brisés ne sont pas les seuls éléments cités par ceux prétendant l'utilisation d'appareils pour mener ces mutilations. Nombre de ces incidents, en particulier ceux intervenant dans la région de Dulce, sont accompagnés de signalements d'observations d'ovnis et de lumières oranges étranges. Les récits de journaux de ces événements, tels que résumés dans le chapitre 2, sont certainements remplis de tels incidents. Mais qui des rapports officiels ? En examinant ces documents, j'ai trouvé qu'un certain nombre d'entre eux mentionnent bien des observations d'ovnis, comme si cela pouvait expliquer les traces de tripode, marques de crampons et os brisés.

Dans l'incident du taureau mutilé (lundi 24 avril 1978), le rapport officiel s141978a décrit une observation d'ovni la nuit où l'animal aurait été tué et mutilé. Selon le rapport, un ami du frère du propriétaire déclara avoir entendu un appareil volant bas vers lundi 24 03 h, au voisinage de l'endroit où le taureau mutilé fut trouvé. Alors que le rapport ne spécule pas sur la nature de cet appareil, un du Albuquerque Journal s15Thompson 1978a le décrit comme une grande lumière orange dans l'obscurité, le long d'une crête juste au sud du pré où le taureau fut trouvé.

Une des observations d'ovni les plus dramatiques ces dernières années eut lieu le lundi 3 juillet 1978, dans la région de Taos. Suite à cette observation des flocons d'une substance inconnue furent enlevés du toit d'un camion, au-dessus duquel l'ovni aurait survolé. Quelques jours plus tard, comme noté précédemment, une expérience secrète utilisant une lumière ultraviolette fut menée à Dulce pour tester la théorie que des vaches ciblées étaient sélectivement marquées pour mutilation à l'avance.

Lors de l'expérience elle-même, un ovni fut observé, selon Howard et Lovola Burgess s161979: 30.

Près de , le chef de la police tribale indienne Apache arriva et demanda, "Avez-vous vu la lumière orange qui se déplaçait dans le ciel il y a un moment ? C'était du type qui se montre toujours quand il y a une mutilation. Peut-être qu'ils vous regardent ce soir".

De manière assez intéressante, à la conférence du sénateur Schmitt qui se tint plus tard cet avril-là, le chef témoigna résolument n'avoir jamais vu ces lumières ne croyant personnellement pas aux ovnis s17Schmitt 1979: 85-86.

De nombreux articles des media ont prétendu que les flocons non-identifiés de Taos avaient été comparés avec le matériau de "marquage" enlevé des vaches dans l'expérience de Dulce, et que les propriétés contenues des 2 sont identiques.

Le Albuquerque Journal rapporta qu'on trouva que la poudre était en grande partie du potassium et du magnésium, mais les enquêteurs ne sont pas parvenus à dire comment elle était arrivée sur les animaux ou exactement d'où elle venait s18Thompson 1978b. Le Rio Grande Sun déclara que 3 éléments, 2 éléments terrestres rares et 1 métal de transition, avaient été découverts parmi ceux qui comprenaient le matériau récemment décrit comme déposé sur un camion pickup par un objet volant non-identifié s19Olson 1979a.

Y a-t-il une possibilité que ces 2 substances puissent avoir été déposées par quelque appareil étrange et mystérieux ? Pour répondre à cette question, j'ai contacté le scientifique à la retraite ayant analysé les 2 substances. Le mardi 15 janvier 1980, je l'ai interrogé sur les flocons d'ovni qui auraient été récupérés du toit du camion pickup à Taos. L'individu dit que reposaient encore certains des flocons pour exemple et qu'il serait ravi de me les envoyer. Je lui demandais alors de m'envoyer juste une portion de ces flocons, de sorte que je si et lorsque je pouvais les identifier, il pourrait alors utiliser ceux toujours en sa possession pour vérifier cette identification.

Je reçus les flocons de sa part le mardi 22, et les envoyais par la suite au laboratoire du FBI à Washington (D.C.), demandant que la substance soit identifiée, si possible. Le spécimen fut identifié comme une peinture émail blanche typique d'une peinture d'extérieur de maison acrylique/type émulsion !

Dans une lettre datée du mercredi 9 avril 1980, je l'informais des résultats de l'examen du FBI, et suggérais qu'il pourrait souhaiter confirmer ces conclusions avec tout laboratoire scientifique de son choix. Le jeudi 12 juin 1980 il m'informa qu'il ne l'avait pas fait.

Il est intéressant de noter qu'en dépit de savoir si un ovni fut vu à Taos — et même si la substance était restée mystérieuse — aucune mutilation de bétail ne fut signalée à Taos ou Dulce pendant cette période. Aussi intéressant est combien il est facile pour certains de prendre un ensemble de faits, impliquant 2 régions différentes de l'état, dans lequel une substance prétendument semblable est trouvée, et d'utiliser ces faits pour établir un lien entre ovnis et mutilations de bétail, même si aucune mutilation n'est signalée. Dans un autre incident d'ovni décrit dans le chapitre 2, dans lequel un appareil non-identifié aurait été surpris en train d'éclairer un troupeau de bétail près de Lumberton, un lien est aussi fait entre ovnis et mutilations, bien qu'aucune ne fut signalé à cette époque.

En résumé, les observations d'ovnis les plus spectaculaires au Nouveau Mexique, à en juger par la couverture media, eurent lieu à des époques où aucune mutilation ne fut signalée. Bien que les media et les rapports officiels aient décrit les observations moins spectaculaires de lumières orange autour de l'époque où une mutilation aurait eu lieu, il s'agit d'une supposition — rien de plus — que ces lumières constituent la preuve de l'existence d'une sorte d'appareil volant. En fait, une éruption récente d'observations d'ovnis dans la région de Dulce coincida avec une apparition spectaculaire de aurores boréales observées ailleurs dans l'état.

Depuis que les gens ont levé les yeux au ciel, ils ont vu des lumières, reflets et corps en mouvement qui luisaient. La seule chose qui a changé à travers les âges est l'interprétation de ces observations. Il est logique que dans notre ère hautement technologique, de telles observations soient décrites comme des appareils, tout comme il est aussi logique que dans des sociétés antérieures plus primitives, des phénomènes similaires aient été décrits comme des dieux.

Une étude intéressante de ce phénomène fut publiée par Tommy Roy Blann. Dans un article intitulé "UFOs over New Mexico", Blann s201976 discute du rôle des media d'informations dans la contribution au phénomène ovni. Comme le souligne Blann s211976: 23 :

Cela commence généralement par un signalement en stimulant d'autres dans une localisation géographique spécifique ; cela est à son tour récupéré par les agences de presse avant même que de véritables enquêtes par des enquêteurs qualifiés soient faites, puis est alors distribué dans d'autres régions.

Dans son article, Blann discute d'une vague récente d'observations d'ovnis à Clovis, montrant le rôle joué par les media dans le développement de ce phénomène. Des lumières étranges et une grande zone brûlée furent interprétés par des résidents de la région comme un site d'atterrissage d'ovni.

Blann s221976: 25 insiste sur la manière dont ces signalements ont continué à s'escalader.

L'histoire est devenue de plus en plus grosse. Juste devant nos yeux, les quelques signalements d'activité lumineuse nocturne s'étaient maintenant développés en une enquête d'envergure sur des "vaisseaux-mères géants" et atterrissages de "vaisseaux éclaireurs" avec occupants amicaux à bord.

Lorsque Blann arriva pour enquêter sur les observations de Clovis, 2 officiers de police signalèrent avoir vu plusieurs objets à l'ouest de la ville, qui dirent-ils étaient semblables à ceux qui avaient été précédemment signalés. Blann s231976: 51 enquêta alors sur ces observations qui se révélèrent n'être rien de plus que l'aberration atmosphérique de la lumière des étoiles et des planètes. Il découvrit aussi que le site d'atterrissage d'ovni était juste le résultat d'un feu de pelouse, apparemment déclenché par des feux d'artifice, un tube de feu d'artifice ayant été trouvé au milieu de la zone brûlée.

Et donc il est un fait qu'une enquête les pieds sur terre cherchant les faits de base révèle invariablement une réponse simple, pratique, pour expliquer ce qui paraissait initialement être un événement étrange — du type auquel s'accrochent si rapidement ceux qui tentent de justifier un lien entre activité ovni et mutilations.

Comme autre exemple dramatique de ce type de raisonnement considérez le cas de la pierre tombale luisante dans un petit cimetière de famille à Dulce — une famille qui avait perdu plusieurs têtes de bétail par les mutilations supposées. Cet incident fut rédigé dans un article récent intitulé "Close Encounter at the Old Corral" s24Burgess & Burgess 1979. L'article, qui décrit l'expérience du cuir de vache menée à Dulce s25Juillet 1978, mentionne un incident en marge dont les auteurs suggèrent providentiellement qu'il est peut-être non lié. Cependant, ils déclarent que néanmoins il ne devrait pas être ignoré. Cette pierre tombale, selon eux, est vue luir momentanément plusieurs fois tard dans la nuit. L'article suggère alors des explications possibles : Il s'agit d'un rayon aérien excitant la fluorescence naturelle trouvée dans de nombreuses pierres ou — et là est l'argument décisif — la pierre a-t-elle été éclaboussée pour être utilisée comme marqueur de navigation ? On se demande quelle efficacité aurait un objet aussi bas qu'une pierre tombale pour guider un appareil, mais là encore, lorsqu'on transcende le monde des faits, tout est possible.

Cependant, nous pouvons rapidement écarter toute spéculation supplémentaire concernant cet incident, une enquête récente de plusieurs officiers de police ayant révélé que la lueur était simplement un reflet d'une lumière voisine. 2 responsables me dirent par la suite, dans des récits séparés, que lorsqu'ils marchaient entre la pierre et la source de lumière, le 3ème officier signalait que le marqueur ne luisait plus.

Quant aux observations d'hélicoptères étranges, ces signalements, comme ceux d'autres ovnis, sont presque toujours vagues et non étayés par des faits. De plus, il devrait être noté qu'une fois que les gens sont avertis d'un lien possible entre hélicoptères et les mutilations de bétail, alors ces observations — qui auparavant n'auraient causé aucune préoccupation — commençent à endosser une nouvelle, si ce n'est sinistre signification.

Des éléments tels que ceux qui viennent d'être cités ont été utilisés par des enquêteurs officiels et amateurs comme preuve possible de l'ingéniosité et la sophistication des responsables de mutilations de bétail. En fait, même certains des rapports de police officiels prétendent cela.

Dans un rapport daté du janvier 1981 juin 1976, l'officier enquêteur discute des théories avancées pour expliquer les mutilations. Après avoir mentionné des adorateurs de Satan et les prédateurs, il fait la déclaration suivante : Tous 2 ont été exclus en raison de [l']expertise, la précision et le coût impliqués pour mener une telle opération sophistiquée et cachée s26Valdez, G.: Rapport de police, 1976.

A nouveau, dans un rapport daté du samedi 24 avril 1978, il fait le commentaire suivant : On doit admettre que quiconque est responsable des mutilations est très bien organisé avec un secret, une technologie et un financement sans limites s27Police Report 1978a.

Suite à un incident enquêté le le mois suivant juin 1978, une déclaration semblable est faite :

La théorie de l'auteur est que quiconque est responsable de ces mutilations opère à partir d'un camion van clandestin bien équipé et fortement gardé. Ce van transporterait l'appareil qui opère dans un rayon de 40 miles s28Police Report 1978d.

S'agissant de rapports officiels, on pourrait s'attendre à ce que des indices incriminants soient cités pour soutenir ces déclarations. Aucun n'est offert, autre que de faire les généralisations habituelles sur des marques de tripode, marques d'attaches et os brisés.

Un autre élément utilisé pour souligner la sophistication supposée de cette organisation se centre autour des techniques utilisées pour tuer et mutiler les animaux — des techniques décrites par les media en des termes comme exsanguination et précision au rayon laser s29Olson 1979a s30Sun du Rio Grande, 1979.

Les media d'informations, cependant, ne sont pas la seule source de déclarations prétendant la précision chirurgicale des mutilations. Un certain nombre de rapports de police de Dulce font aussi de telles assertions. Le premier de ces rapports est plus conservateur à cet égard, déclarant que les oreille gauche, langue, mamelles et rectum ont été enlevés avec ce qui semble être un instrument aiguisé s31Police Report 1976. Le 2nd incident de Dulce (mardi 24 avril 1978) va un peu plus loin : Le rectum et les organes sexuels ont été enlevés avec un instrument aiguisé et de précision s32Police Report 1978a.

Le terme précisément enlevé est aussi utilisé pour décrire la manière dont les organes de 3 autres prétendues victimes de mutilation ont été excisées — 2 vaches le samedi 28 mai 1978, et 1 autre vache le samedi 28 juin 1978 s33Police Report 1978c, 1978d. Dans les 2 incidents, comme mentionné précédemment, il est indiqué que les animaux étaient trop décomposés pour effectuer des tests — ce qui en soi-même tend à amoindrir la précision des observations rapportées. Egalement, nulle part dans ces rapports l'officier ne parle de la manière dont il a déterminé que les incisions ont été faites avec un instrument aiguisé.

D'autres éléments cités par ceux croyant que les mutilations sont manigancées par des individus qualifiés est la présence de drogues dans les carcasses de certaines têtes de bétail mutilées. La détection de 2 drogues dans un taureau mutilé dans le comté de Torrance, par exemple, reçut une couverture considérable dans la presse locale. Comme indiqué dans le chapitre 2, les 2 drogues furent identifiées comme de la chlorpromazine, un tranquilisant, et de l'acide citrique, un anticoagulant entre autres. Un officier interrogé par la presse théorisa que la chlorpromazine était probablement utilisée pour tranquiliser l'animal ; tandis que l'acide citrique était administré pour empêcher le sang de se coaguler de sorte qu'il soit plus facile à extraire.

Le seul rapport officiel que je pus obtenir de cet incident fut préparé par l'inspecteur A. J. Gibbs du Comité du Bétail du Nouveau Mexique. Selon son rapport, l'animal en question n'était pas un taureau mais un bœuf noir, qui pesait 220 livres. Il fut trouvé mort et "mutilé" le le lendemain janvier 1979 s34New Mexico Livestock Board 1979.

Bien que les media aient classé cet incident comme une mutilation légitime ou "classique", le rapport de Gibbs indique qu'il y avait des coupures et égratignures sur la plupart du corps de l'animal, y compris son cou et entre les pattes postérieures. L'estomac avait été éventré, et il y avait des bords irréguliers sur la tête là où l'oreille avait été enlevée. Gibbs m'informa par la suite que cet animal avait été abattu hors du reste du troupeau avant la vente parce qu'il était malade.

Le rapport indique aussi que 3 ensembles de traces de chien avaient été trouvées allant de la carcasse à Duran. De plus, de petites plaques de poils noirs furent remarqués près de l'animal, et les coupures et égratignures furent décrites ressembler à des marques de dents. Il est difficile de comprendre comment quiconque ayant lu le rapport de Gibbs pourrait classer ce cas de dommage évident de prédateur-charognard comme une "mutilation classique".

Dans une interview avec Gibbs, l'inspecteur me dit se souvenir que le propriétaire, un grand rancher ovni et bovin, avait eu tellement de problèmes avec des chiens qu'il avait personnellement prévenu leurs propriétaires qu'il tuerait tout chien trouvé sur sa propriété. Gibbs mentionna aussi que certains animaux du rancher avaient eu leurs oreilles mâchées alors qu'ils étaient toujours vivants. Un article dans le New Mexican s351979 ajoute un peu plus de piquant à cette histoire de "taureau" avec le commentaire suivant : Des marques de dérapage [furent trouvées] près de la carcasse du taureau, indiquant qu'elle aurait pu être lâchée depuis les airs. L'inspecteur du bétail, cependant, me dit qu'il pensait que la teigne avait causé certains des dommages à la peau. Il dit se souvenir d'avoir discuté de la situation de la teigne avec le propriétaire.

Comme il n'y avait aucune mention de drogues dans le rapport qui précède, j'ai décidé d'enquêter plus avant sur ce cas, qui à l'époque avait reçu une publicité nationale. Dans un article paraissant dans le Chicago Tribune le vendredi 27 janvier 1980, le journaliste fait référence à cet incident avec la déclaration suivante :

L'officier enquêteur dit que des tests d'échantillons de sang de l'un de ses cas avaient montré de grandes quantités d'un tranquilisant puissant et une drogue empêchant le sang de coaguler s36Coates 1980.

Le avril 1980, j'ai contacté Dale Spall du Laboratoire Scientifique de Los Alamos, qui avait effectué les tests de sang d'origine. Il me dit qu'il n'avait trouvé qu'une trace de chlorpromazine dans le sang. Interrogé sur la définition de trace, Spall dit que la quantité trouvée n'était pas suffisamment significative pour avoir affecté l'animal. Il dit aussi que la drogue aurait pu être présente dans le sang depuis un bon moment. Spall déclara également qu'il avait trouvé un niveau élevé de napthalene dans le sang, qui indiquait que l'animal avait été nourri aux hormones. Le Dr. Spall remarqua que bien qu'ayant initialement pensé que la quantité d'acide citrique dans le bœuf dépassait les niveaux normaux, il avait déterminé depuis, par des tests supplémentaires, que la quantité d'acide citrique était normale. Cette drogue, souligna-t-il, se produit naturellement chez tous les animaux.

Arlene Gallagher, de chez les fabricants de drogues Smith, Kline and French à Philadelphie (Pennsylvanie), m'informa le avril 1980 que la chlorpromazine est produite par leur maison sous le nom de Thorazine. Cependant, elle indiqua que cette drogue peut aujourd'hui être fabriquée par n'importe qui, dans la mesure où leur brevet de 17 ans avait expiré il y a quelques temps. Gallagher indiqua également que la drogue avait été utilisée dans le passé pour tranquiliser les animaux ; également, qu'elle métabolise très lentement et peut ainsi rester dans le corps pendant un bon moment. Interrogée sur combien de temps, elle dit que cela pourrait être des semaines ou plus longtemps même, en fonction de la taille de l'animal et de la vitesse à laquelle il métabolise la drogue.

Le juin 1981 avril 1980, le Dr. Dan Upson, professeur de pharmacologie à l'Université d'Etat du Kansas, m'informa que la chlorpromazine est utilisée comme tranquilisant chez des animaux plus grands, en particulier lors du sevrage. Bien qu'injectée normalement dans l'animal, elle pourrait être ajoutée à la luzerne ou administrée comme tablette orale. Le Dr. Upson ajouta que lorsque certains animaux sont malades, ils deviennent "abrutis" ou agissent étrangement. Dans ce cas, un tranquilisant est parfois administré pour aider à gérer l'animal. Il mentionna aussi que la chlorpromazine est très facile à obtenir et est accessible aux ranchers.

Le 1er avril 1980, je contactais le propriétaire du bœuf et lui demandais s'il avait une idée quelconque de la manière dont ces drogues avaient pu se retrouver dans son animal. Il répondit que cela aurait peut-être pu arriver à travers sa nourriture. Il ne développa pas cette déclaration, mais déclara bien que le taureau n'avait pas été vermifugé, pas plus qu'il n'avait été traité par un vétérinaire.

L'inspecteur Gibbs, cependant, dans une interview le jour suivant, dit que autant qu'il se souvienne, l'animal avait été sous nourriture médicamenteuse. J'ai alors demandé à l'inspecteur Gibbs pourquoi le propriétaire de l'animal n'aurait pas mentionné cela. Gibbs répondit que le propriétaire était un de ses amis personnels et qu'à l'époque où l'incident eut lieu, le propriétaire avait été très énervé de la manière dont les officiers enquêteurs avaient sensationnalisé l'incident à travers les media. Il dit à l'inspecteur Gibbs qu'il regrettait de l'avoir signalé.

Un article du Albuquerque Journal indique que cet incident est la 1ère fois où les autorités du Nouveau Mexique ont trouvé une drogue dans un animal mutilé s37Thompson 1979b. Cependant, selon un rapport de police s381976 daté du janvier 1981 juin 1976, l'officier enquêteur déclare que dans une des vaches mutilées trouvées au Nouveau Mexique [il ne dit pas quel incident] un dosage élevé d'insecticide atropine fut découvert dans le système sanguin. Cette substance, selon le rapport, est utilisée comme tranquilisant.

Le American Heritage Dictionary s391976 définit l'atropine comme un alkaloïde extrêmement toxique obtenu à partir de la belladone et plantes du même genre. La belladonne est aussi connue comme la morelle mortelle, qui est décrite dans le Manuel Vétérinaire Merck comme affectant négativement tous les animaux qui l'ingèrent s40Siegmund 1973: 982. Le manuel poursuit en disant qu'elle pourrait causer faiblesse, tremblements, dyspnée, nausée, constipation, diarrhée ou même la mort. Cette plante pousse le long des clôtures, dans les décharges et dans les zones de grain et de foin.

Une nouvelle fois, les faits excluent l'interprétation plus exotique — comme la sinistre utilisation de drogues par une organisation hautement compétente dans l'exécution des ces mutilations. Au contraire, tous les indices à ce jour confirment que les drogues trouvées dans les animaux sont le résultat de soit :

  1. médicaments administrés par un vétérinaire et/ou un rancher
  2. substances acquises à travers la nourriture des animaux
  3. substances trouvées dans des plantes poussant sur le terrain
  4. produits chimiques dangereux utilisés dans les opérations d'exploitation de ranch.

Si ces mutilations sont perpétrées par un groupe hautement compétent, comme certains enquêteurs le prétendent, la question suivante est "Pourquoi ?" Une réponse souvent lâchée dans la presse est que ces individus mènent une sorte d'expérience.

Un élément de preuve cité pour soutenir ce point de vue est l'apparente sélection délibérée de certains tête de bétail comme victimes — souvent décrites comme les plus grosses et celles en meilleure santé du troupeau. Dans de nombreux articles sur les mutilations de bétail, on trouve des déclarations comme suit :

Pour une raison ou une autre, les animaux tués et mutilés tendent à constituer le meilleur bétail du troupeau d'un rancher ou L'animal était en parfaite santé lorsqu'il a été vu pour la dernière fois.

On devrait noter, cependant, que certaines maladies tendent aussi à réclamer les vies des meilleurs animaux dans la meilleure des santés. Comme le Manuel Vétérinaire Merck le précise dans une section traitant d'infections clostridiales :

Couramment, les animaux qui contractent le charbon bactérien sont des meilleures races en excellente santé, prenant du poids et généralement les meilleurs animaux de leur groupe s41Siegmund 1973: 334.

Un incident cité comme exemple de la sélection délibérée d'animaux de prix est la mutilation signalée le jeudi 22 janvier 1979, de 4 chevaux de course de prix au sud de Malaga s42cité par Olson 1979a. Chacun fut décrit comme ayant été estimé à 10 000 $. Les informations obtenues auprès du Comité du Bétail du Nouveau Mexique révélèrent, avant tout, que bien que les 4 chevaux aient été trouvés morts, seuls 3 d'entre eux étaient "mutilés". Chez ces 3 chevaux, la paupière supérieure comme les extrêmités supérieures des oreilles avaient été excisées. Chez 1 animal, la zone génitale avait été ôtée.

Il est important de noter que l'officier enquêteur conclut qu'il n'y avait rien de mystérieux à propos de ce dommage, qu'il attribua aux coyotes. Les fichiers du Comité du Bétail du Nouveau Mexique s431979 contiennent un memorandum préparé par le Dr. R. L. Pyles, vétérinaire d'état, daté du dimanche 25 janvier 1979. Dans ce memorandum le Dr. Pyles décrit les dommages infligés aux carcasses et indique que de l'avis du Dr. M. D. Reynolds, les coyotes étaient responsables.

Une autopsie de 2 des animaux fut menée par le Dr. M. D. Reynolds. Son memorandum du mardi 27 janvier 1979, donne ses conclusions comme suit :

Mon avis est que, après examen de la zone, un examen grossier des cadavres, le rapport du pathologiste, avoir interrogé le propriétaire des chevaux et le propriétaire du ranch, que les chevaux sont morts d'une hépatite aiguë toxique, potentiellement causée par l'ingestion de plantes riches en sélénium, et/ou une exposition à une nourriture contenant des produits ammoniaqués à un niveau nuisible à la santé des chevaux.

Couplée à la croyance que seules les meilleures bêtes en meilleure santé sont choisies est la théorie que ces animaux sont délibérément marqués à l'avance, de sorte qu'ils puissent être facilement sélectionnés lorsque leur heure est venue. Dans un rapport de police officiel s441978a daté du samedi 24 avril 1978, l'officier enquêteur déclare : L'avis de l'auteur est que ces animaux ont été marqués un certain temps avant qu'ils soient mutilés.

Pour tester sa théorie, l'officier, accompagné d'un scientifique à la retraite, mena l'expérience du cuir décrite précédemment. Selon un rapport officiel s451978d le test impliqua 72 bêtes appartenant à Manuel Gomez. Ces animaux furent testés de nuit sous une lumière ultraviolette. Une substance fluorescente fut par la suite découverte à l'avant du corps de 2 Herefords de 4 ans, et 3 génisses de 2 mois. Le rapport fait alors les déclarations suivantes : La zone où les mutilations interviennent est analysée avec soin des semaines à l'avance. Ces animaux ont été marqués des années à l'avance. Cette dernière est une observation intéressante et une tâche impossible au regard du fait que 3 des animaux prétendument marqués n'étaient âgés que de 2 mois.

Comme noté précédemment, des échantillons de la peau affectée furent envoyés à un laboratoire pour analyse, ainsi qu'avec des échantillons de contrôle. Les résultats du test furent annoncés en décembre dernier. Bien que le labo n'ait pas tenté d'identifier la substance, le rapport indiquait que l'échantillon de matériau fluorescent contenait un niveau de potassium bien plus élevé que l'échantillon de contrôle.

Afin d'évaluer ces tests, j'ai contacté le même chimiste qui avait découvert les traces de chloropromazine dans le bœuf et lui envoyais une copie du rapport du labo. Bien qu'il ne put faire de déclaration concluante quant à ce que ces résultats indiquaient, il fit l'observation suivante :

Chez les humains, les variations d'éléments sont bien connues comme indicatrices de régime, les valeurs moyennes variant jusqu'à un facteur 10 pour de grands nombres de personnes testés.

Un autre scientifique que je contactais déclara — après avoir regardé les tableaux listant la composition chimique et l'échantillon "affecté — qu'il n'y avait rien d'inhabituel dans ces échantillons, l'ensemble des quantités de traces étant tel qu'attendu. Il dit aussi qu'une analyse de l'échantillon affecté, par tout laboratoire toxicologique médico-légal établi montrerait probablement que les valeurs sont dans les limites normales.

En résumé, le test ne fut pas très révélateur. Non seulement la substance sur les peaux ne fut pas identifiée par le laboratoire, mais aucun des animaux supposément marqués ne fut jamais mutilé, d'autant que j'ai pu le déterminer.

Si les mutilations de bétail représentent une sorte d'expérimentation, comme nombre le croient, la question suivante est Qu'est-ce qui est testé ? Un certain nombre de réponses a été suggéré. Certains rapports officiels, même, offrent des solutions.

Dans un rapport de police s461976 daté du samedi 24 juin 1976, l'officier enquêteur fait les observations suivantes :

L'enquête a révélé que dans toutes les mutilations de bétail ayant eut lieu au Nouveau Mexique et les états environnants, l'objet de ces mutilations a été le noeud du système lymphatique.

L'officier poursuit en déclarant avoir réduit l'explication à des théories impliquant l'usage expérimental de vitamine B12 et le test du noeud du système lymphatique. Il déclare aussi dans le rapport être en train d'étudier les procédures impliquées dans les tests de guerre bactériologique.

Une théorie similaire est proposée dans un article de Burgess & Burgess s471979: 28 :

Dans ces animaux les mêmes parties du lotissement lymphatique et digestif sont enlevées de chaque animal en une opération très précise et sans trace de sang. L'opération est généralement réalisée dans les airs et l'animal mort lâché.

Quels éléments sont-ils utilisés pour étayer cette théorie ? Selon certains enquêteurs, le fait que les lèvres, langue et zone rectale manquent souvent chez les animaux mutilés indique que les mutilations pourraient être liées à une étude scientifique du système lymphatique et la production de bactéries s48Valerio 1979: 30-31. Cependant, comme je l'ai noté précédemment, ce sont les mêmes parties qui sont couramment mangées par les prédateurs et charognards.

Un autre élément de preuve souvent cité pour soutenir cela et d'autres théories d'expérimentation biologique est l'association supposée entre animaux mutilés et des niveaux élévés de radiation. Cette association a été poussée largement sur la base des 3 observations suivantes :

  1. La prétendue découverte de niveaux de radiation élévés sur les lieux d'une mutilation. Selon un rapport officiel, un scientifique à la retraite mena des tests de radiation sur les lieux d'une mutiliation de bétail à Dulce et déclara que les niveaux de radiation autour des marques de trépied et dans les traces immédiates était 2 fois plus élevée que la normale s49Valdez, G.: Rapport de police, 1976. J'ai déjà commenté sur la validité de ce test. Ce qui rend ce cas intéressant, cependant, est la remarque faite par l'officier qui enquêta sur l'incident. Dans le rapport il indique : L'opinion de l'auteur est que les découvertes de radiation sont délibérément laissées sur les lieux pour embrouiller les enquêteurs. On ne peut que spéculer quant à sa raison de faire une telle déclaration, celui-ci n'en fournissant aucune justification dans son rapport.

    Egalement citée comme preuve de radiation sur les lieux est l'observation faite dans les rapports officiels comme dans les journaux que des personnes ayant visité les sites de mutilation se sont par la suite plaints de nausées et maux de tête s50Rapport de police, 1978a. Je ne doute pas de ceci le moins du monde, mais sans élément supplémentaire, il est totalement injustifié de l'attribuer à un syndrôme d'irradiation. En fait, à moins que vous soyez habitué à travailler avec des animaux morts, il serait plutôt étonnant que vous ne vous sentiez pas nauséeux en présence d'une carcasse en train de pourrir.

  2. La découverte de certaines anormalités dans les carcasses d'animaux mutilés. Dans une série de rapports de police de Dulce, l'officier enquêteur déclare que le sang de l'animal est rose — un fait qu'il prétend indiquer une exposition possible à des doses élevées de radiation.

    Une explication possible au sang rose est une radiation de type contrôle utilisée pour tuer l'animal, selon des experts des radiations s51Rapport de Police 1978a.

    Des observations similaires sont faites dans des rapports ultérieurs s52Rapport de Police 1978b, 1978c, 1978d. A nouveau, ces observations ne sont étayées par aucun élément concret. Sans analyse scientifique d'échantillons sanguins, de telles observations sont sans fondement.

    Les résultats de tests réalisés sur les organes d'animaux mutilés, en particulier le foie, sont aussi utilisés pour soutenir la théorie de l'expérimentation biologique. Ces tests sont brièvement décrits dans un article de Taos Magazine s53Valerio 1979: 31. Valerio indique que les foies d'animaux mutilés se désintègrent très rapidement — un fait qu'un scientifique attribue à un niveau élévé de radiation.

    Parmi ces tests celui qui reçut probablement le plus de publicité est celui effectué sur le foie d'un taureau mutilé trouvé à Dulce le samedi 24 avril 1978. Le foie, décrit ailleurs comme blanc et pâteux s54Olson 1978, fut enlevé et envoyé à plusieurs laboratoires privés pour analyse. Selon le rapport de police s551978a, ce foie fut comparé à un échantillon de contrôle — un foie sain vendu au marché. Le rapport indique que le foie du taureau qui fut trouvé ne contenait aucun cuivre et au lieu de cela 4 fois la quantité de du phosphore, zinc et pétrole de l'échantillon de contrôle. Le Rio Grande Sun s56Olson 1978d déclara par la suite que les composants chimiques du foie du taureau étaient les mêmes que ceux trouvés dans les échantillons peau de Dulce et de l'ovni de Taos. Ceci, suggère selon l'article un lien possible entre mutilations et ovnis.

    Les résultats de ces tests furent aussi discutés dans une série sur les mutilations de bétail qui parut sur un programme diffusé le la veille août 1979 sur Channel 4, à Albuquerque. Dans ce programme, le scientifique à la retraite fit la déclaration suivante :

    La chose intéressante qu'on a trouvé, et encore une fois on ne sait pas ce que ça veut dire, mais sur l'échantillon de contrôle du bon foie, nous avons trouvé qu'il avait du cuivre ce qui est une chose normale à trouver dans les tissus vivants ; mais dans l'animal mutilé, il n'y a absolument pas de cuivre dans le tissu, et le foie donne l'impression d'avoir eu comme une très (forte) dose de radiation micro-ondes.

    Dans une lettre qui m'était adressée le mercredi 28 septembre 1979, ce même individu expliquait sa position plus explicitement :

    Certains rapports semblent indiquer que du cuivre à l'état de traces est [présent] dans la structure cellulaire des tissus et du sang. D'après ces rapports, il apparait qu'une fonction du cuivre est d'aider à fixer le fer dans le système. Certaines recherches indiquent aussi que des niveaux élevés de certaines radiations ne suppriment pas le cuivre, mais semblent bien le diffuser. Il n'est plus fixé. Cela voudrait peut-être dire que dans une structure comme le foie, qui est essentiellement fait de vaisseaux sanguins et capillaires, le cuivre diffusé pourrait être évacué par le sang pour s'installer dans d'autres endroits.

    Il continue en expliquant pourquoi le sang des animaux mutilés pourrait être de couleur rose :

    Si le cuivre est diffusé par le sang, peut-être au moins une partie du fer serait aussi diffusé et s'installerait dans des cavités et poches, ce qui pourrait expliquer le sang lavasse, légèrement rose trouvé restant dans le foie de ces animaux. Cette condition m'a rappelé des conditions que j'avais vues des années avant alors que je travaillais sur le développement de diathermie médicale à haute fréquence.

    Afin d'évaluer cette théorie, j'ai contacté plusieurs experts, dont le Dr. G. S. Smith, professeur de nutrition animale à l'Université d'Etat du Nouveau Mexique de Las Cruces. Demandé de commenter à ce sujet, le Dr. Smith répondit, ça me parait saugrenu. Il poursuit en faisant l'observation suivante :

    En fait, la plupart des déclarations de la lettre [du scientifique] du 28 septembre 1979 ne font que confirmer une conclusion qui s'impose ; [Il] n'est (comme il l'a dit lui-même) pas biologiste. Il ne connait à l'évidence pas tout un pan du métabolisme des éléments sous forme de traces chez les animaux. Je ne sais pas en quoi il est expert ; mais je suis sceptique sur ses spéculations sur la mobilisation de cuivre depuis les foies de bétail. Le ton de cette lettre dans son ensemble me suggère "long en théorie et court sur les faits."

    J'ai aussi contacté le Dr. Dale Spall, un chimiste du Laboratoire Scientifique de Los Alamos. Dans une lettre datée du mercredi 21 mars 1980, il critique les procédures utilisées dans l'expérience où le foie du taureau a été comparé avec un autre d'un supermarché.

    Mon opinion personnelle des résultats serait que l'exercice dans son entier n'a pas été mené suffisamment correctement pour que l'on puisse faire une quelconque comparaison valide. Une véritable comparaison ne peut venir que d'autres bêtes du même troupeau. Il faut qu'ils aient les mêmes âge, sexe et historique d'alimentation que la vache testée.

    Spall précise aussi que si un échantillon de tissu est recueilli d'un abattoir ou d'un marché, il doit être asséché avec soin avant analyse ou les résultats analytiques seront pratiquement sans valeur.

    J'ai aussi contacté un autre scientifique bien informé dans ce domaine et lui ai montré les 3 tableaux listant les niveaux d'éléments trouvés dans les échantillons de poils et de foie de la vache. Il déclara que le foie est exactement comme on pourrait s'attendre à ce qu'il soit si l'on considère les changements postmortem. Cet individu précisa aussi que les données qui lui furent fournies ne révélaient pas de manque en cuivre dans le foie ; au contraire, le tableau indiquait, le cas échéant, une quantité légèrement supérieure à la moyenne.

    Concernant l'apparence pâteuse du foie du taureau mutilé, le Dr. Clair Hibbs du Service de Diagnostic Animal à l'Université d'Etat du Nouveau Mexique fait l'observation suivante. Selon lui, certaines infections clostridiales, en particulier le charbon bactérien, peuvent faire des dommages considérables aux organes internes d'un animal, le foie en particulier. Il n'est pas inhabituel pour le foie d'un tel animal d'adopter une apparence pâteuse.

    La désintégration rapide du foie d'animaux prétendument mutilés peut aussi être facilement expliquée. Selon J. Howard Sherrod, un vétérinaire de la Clinique Animale Valverde à Corrales, les organes internes, en particulier le foie, se décompose généralement assez rapidement, en particulier aux altitudes élevées. Il précise de plus que lorsqu'un animal meurt, les organes internes maintiennent généralement leur température élevée — un fait qui aide à la détérioration rapide des organes comme le foie et la rate.

  3. La découverte prétendue de bétail mutilé dans des régions caractérisées par une activité nucléaire. A la conférence du sénateur Schmitt de 1979, plusieurs intervenants discutèrent des implications possible d'une telle association. De plus, plusieurs articles de journaux ont indiqué que des carcasses mutilées sont souvent trouvées près de sources de problèmes environnementaux, dont des zones où se situent des armes nucléaires et des opérations militaires.

    Le Rio Grande Sun, par exemple, a publié plusieurs articles suggérant un tel lien. Dans un article paru le 1er février 1979, Olson s571979a cite le cas des 4 chevaux de course de prix qui, selon elle, furent retrouvés morts et mutilés près de Carlsbad, le site proposé pour le 1er site officiel de stockage de déchets nucléaires de la nation. Cette déclaration est intéressante du fait que des responsables avaient déterminé que les chevaux étaient morts d'hépatite aiguë, leurs carcasses étant endommagées par la suite par des coyotes. Même si ce fait n'était pas connu, il semble un peu prématuré de lier mutilations avec une installation qui n'a même pas encore été établie.

    L'argument majeur de Olson, cependant, est l'association supposée entre les mutilations de Dulce et l'Opération Gas Buggy, le site d'une explosion nucléaire souterraine conçue pour stimuler la production de gaz naturel. Dans un article publié le mai 1979, Olson s581979c indique que l'expérience fut menée dans le cadre de l'Opération Plowshare, un plan conçu sous la maintenant défunte Commission à l'Energie Atomique afin d'exploiter l'énergie nucléaire à ces fins pacifiques. Olson précise que le plan échoua car le gaz résultant était considéré trop radioactif pour être vendu aux consommateurs.

    Lors d'une interview avec Olson le lundi 26 juin 1979, elle me dirigea vers le Dr. Thomas Buhl de la Division d'Amélioration Environmentale du Centre de Protection contre les Radiations de l'Etat du Nouveau Mexique. Le Dr. Buhl, déclara-t-elle, connaissait très bien la relation entre l'Opération Gas Buggy et les mutilations de bétail. Peu après, je contactais le Dr. Buhl, qui confirma la déclaration de Olson quant à sa familiarité avec l'Opération Gas Buggy. Cependant, il déclara que d'un point de vue scientifique et technique, il lui était difficile de voir comment l'Opération Gas Buggy aurait pu être impliquée, même de loin, avec les mutilations animales. Buhl dit que l'Opération Gas Buggy fut un événement assez propre en ce que les radiations étaient extrêmement limitées dans le temps, bien contenues, et diffusées uniquement selon une planification bien précise.

    Buhl dit aussi qu'il ne voyait aucun intérêt à une étude scientifique impliquant la mutilation d'animaux. Selon lui, l'implication du gouvernement dans tout ce projet a été sur le "up-and-up" ; et par conséquent, il ne pouvait accorder aucun crédit à la théorie de conspiration du gouvernement.

    Interrogé sur les remarques de Olson, le Dr. Buhl dit se souvenir lui avoir parlé il y a 6 mois de cela et, autant qu'il se souvienne, lui avoir relaté en substance les mêmes informations qu'à moi-même.

    J'ai aussi contacté des responsables de El Paso Natural Gas et leur ai demandé de me fournir une synthèse de l'Opération Gas Buggy, ce qu'il firent (voir annexe). On devrait aussi noter que sur les 90 mutilations qui furent signalées au Nouveau Mexique en mai 1979, seules 7 eurent lieu à Dulce. De plus, il devrait aussi être noté que Dulce n'est pas situé dans le site du projet Gas Buggy. Au lieu de cela, ce site est à peu près à 25 miles au sud-est de Dulce — une trotte de 1 h sur des routes boueuses.

    En plus de ces théories d'expérimentation biologique, une autre explication aux mutilations de bétail est que le bétail serait mutilé pour déterminer s'il existe des dépôts de pétrole ou d'uranium sous le sol. Le raisonnement derrière cette théorie est que ces dépôts pourraient laisser certaines traces dans l'herbe mangée par la vache, qui se retrouvera par la suite dans l'animal. Cette théorie fut discutée par un individu, vraisemblablement un scientifique, sur un programme télévisé relaté par Loren Nancarrow, qui apparut le vendredi 23 août 1979, sur Channel 4. Lors du programme, le scientifique supposé fit les observations suivantes :

    Si de l'uranium est dans le sol parce qu'un dépôt est situé plus bas, les plantes pourraient faire remonter l'uranium, l'accumuler dans les tissus et par là-même le fait que le bétail se nourrisse de la plante pourrait faire s'accumuler l'uranium à nouveau dans leurs corps.

    Je pense que, historiquement, lorsque des plantes ont été utilisées pour indiquer des métaux rares ou des métaux lourds, ils ont simplement regardé les plantes elles-mêmes. Je n'ai pas connaissance de recherches ayant regardé les animaux, bien que les animaux puissent accumuler des éléments à des niveaux plus élévés que ne le peuvent les plantes, donc c'est théoriquement possible.

    Nancarrow fit alors l'observation suivante :

    Ceci dit , nous avons appris que des enquêteurs prennent cette théorie assez au sérieux et qu'ils ont de bonnes pistes dans cette direction.

    Quant à qui sont ces enquêteurs et en quoi consistent leurs bonnes pistes — Nancarrow ne peut que nous laisser le supposer.

    Afin d'évaluer cette explication, j'ai contacté des experts de plusieurs domaines différents. Bien que leurs réponses aient différé en fonction de leur domaine d'expertise particulier, ils se sont tous accordés sur le fait que la théorie était ridicule pour citer le terme utilisé par un ingénieur.

    Par exemple, le octobre 1979, j'ai contacté le Dr. Franklin M. Orr, un ingénieur sénior du Centre de Recherche sur la Récupération de Pétrole de l'Institut de Exploitation Minière et de Technologie du Nouveau Mexique à Socorro, et lui ai demandé de commenter sur la partie de la théorie relative à l'exploration de pétrole. Le Dr. Orr avança que les dépôts de pétrôle et de gaz au Nouveau Mexique sont entre 3000 et 5000 pieds sous la surface, et ne serait en aucun cas reflétés dans la vie des plantes. Le Dr. Orr déclara aussi qu'il y avait aussi nombre de méthodes plus sophistiquées, y compris des techniques sismiques et géologiques, qui pourraient être employées pour déterminer la localisation des dépôts. Le Dr. Orr fit également remarquer que si la théorie avait une quelconque validité, les plantes contaminées par le pétrole auraient eut mauvais goût et n'auraient donc pas été mangées par le bétail.

    Dans une lettre datée du novembre 1979, M. G. R. Griswold, président de Chapman, Wood & Griswold, Inc., Ingénieurs des Mines et Géologues, de Albuquerque (Nouveau Mexique), fit les commentaires suivants :

    J'ai étudié votre lettre du 19 octobre et ai discuté de la théorie avec plusieurs collègues. Le consensus est que des éléments sous forme de traces de minéraux sont présents dans tous les organismes vivants, mais que le repérage de la source de ces éléments en tant que zone spécifique serait particulièrement difficile, si ce n'est impossible. Beaucoup de données scientifiques ont été développées dans le domaine de éléments minéraux sous forme de trace dans les plantes, les arbres, les animaux et les humains.

    Mon opinion est que des corporations et individus responsables ne recoureraient pas à la mutilation d'animaux pour chercher des hydrocarbones, de l'uranium ou d'autres dépôts minéraux, parce que cela serait très inefficace comparé à la géochimie, la géophysique et la géologie applique. Un animal pourrait brouter sur des milliers d'acres dans sa vie et repérer la zone source de minéraux trouvés sous forme de traces dans le tissu de l'animal serait pratiquement impossible.

    M. Griswold, qui a une maîtrise en ingéniérie métallurgique de l'Université de l'Utah, est un ingénieur professionnel recensé et arpenteur-géomètre au Nouveau Mexique depuis 1938.

    La lettre suivante fut réçue de Mme Helen L. Cannon, qui est employée par l'Inspection Géologique du Département de l'Intérieur des Etats-Unis à Denver (Colorado) :

    J'ai reçu votre demande concernant la possibilité que les mutilations de bétail au Nouveau Mexique puissent être liées à la recherche de pétrole. A mon avis, il n'y aurait aucune raison d'analyser des parties de vaches dans la recherche de pétrole ou de métaux lorsque des échantillons de sol ou d'herbe que les vaches mangent seraient bien plus faciles et rapides à collecter. De plus, on n'a pas trouvé que les hydrocarbones s'accumulaient dans l'herbe ni qu'ils s'accumuleraient dans des organes de la vache. Les métaux pourraient s'accumuler dans la végétation enracinée dans le sol minéralisé et l'analyse des plantes a été utilisée comme moyen de prospection.

    Le Dr. G. S. Smith, dans une lettre datée du vendredi 30 octobre 1979, résumé cela avec l'observation suivante :

    Je ne peux trouver grand chose dans la théorie que les mutilations de bétail sont un moyen d'échantillonnage géochimique pour lui accorder une quelconque crédibilité.

Si le bétail est mutilé à des fins expérimentales, comme de nombreuses personnes le croient, la prochaine question logique est Qui effectue ces tests ? Certains des enquêteurs les plus expansifs prétendent que le gouvernement est derrière l'ensemble de ces incidents. L'argument le plus solide en faveur de cette théorie est que tout ce qui est aussi gros et aussi sophistiqué ne peut être fait que par le gouvernement. Il n'est jamais expliqué pourquoi le gouvernement n'achèterait pas ses propres animaux ou pourquoi après les avoir soulevés et transportés sur le lieu de la chirurgie, le gouvernement risquerait d'être à nouveau repéré en les rapportant sur le lieu de la découverte.

De manière surprenante, une telle théorie est défendue par plusieurs responsables du Nouveau Mexique, dont les opinions ont été diffusées à travers les media. Le mardi 20 août 1979, dans le cadre de la même série sur les mutilations de bétail mentionnée précédemment, Loren Nancarrow montra un extrait d'informations sur un responsable élu des forces de l'ordre, qui disait croire que les militaires pourraient être impliqués dans les mutilations de bétail. Toutes les interviews sur ce programme ayant été réduites à un extrait d'informations de 15 s, j'ai pensé que des données étayant cette déclaration pourraient avoir été données dans la partie de l'extrait non montrée au public. En ayant cela à l'esprit, j'envoyais une lettre au responsable des forces de l'ordre, demandant qu'il me fournisse les données qu'il avait utilisées pour étayer cette déclaration. Cette lettre resta sans réponse.

La théorie de conspiration du gouvernement est aussi impliquée par certaines déclarations faites par l'officier de police de Dulce. Dans un article paraissant dans le Boulder Monthly, cet officier accuse le Laboratoire Scientifique de Los Alamos de délibérément retenir les résultats de tests menés sur des échantillons qu'il avait soumis de bétail mutilé. Il parle aussi de ses suspicions sur les conclusions atteintes par le LASL selon lesquelles les échantillons qu'il avait soumis d'un taureau mutilé trouvé le samedi 24 avril 1978, pourraient avoir été contaminées.

On a fait très attention. On a porté des gants et on les a gardés propres. Ils ont mis ça dans les journaux, aussi, qu'on les avait contaminés et réfrigérés. Ils nous ont fait passer pour des imbéciles. Ca me rend juste malade s59Perkins 1979: 43.

Il est aussi cité disant : Vous savez quoi ? Je pense qu'il n'ont même pas testé ces échantillons.

Pour enquêter sur ces déclarations, j'ai contacté le LASL. Les suspicions de l'officier, appris-je bientôt, n'étaient absolument pas justifiées. Le laboratoire avait bel et bien soumis les résultats à l'enquêteur. Ces résultats, cependant, n'étaient pas concluants. Le rapport indique que le clostridium, un type de virus responsable de maladies comme le charbon bactérien et la babesiose, fut trouvé dans les cavités cardiaques de l'animal. Cependant, cette substance, appris-je, peut envahir les tissus suite à une contamination postmortem de la carcasse. Une telle déclaration n'a pas besoin d'impliquer une contamination par les personnes soumettant les échantillons, le clostridium pouvant envahir une carcasse 24 h après qu'un animal meure.

En résumé, les analyses effectuées par le LASL, comme celles menées par tout labo qualifié, ne débouchent pas toujours sur des résultats concluants. Néanmoins, ils pourraient fournir la base d'une opinion informelle. Le scientifique qui réalisa le test sur le taureau dit penser que l'animal était probablement mort du charbon. Cependant, les résultats du labo n'ayant pas été totalement catégoriques, les résultats indiqués dans le rapport officiel étaient non concluants.

Ailleurs, ce même officier enquêteur a fait des déclarations impliquant que ce laboratoire pourrait faire partie de la conspiration derrière les mutilations de bétail. Que les représentants du LASL soient contrariés par de telles déclarations est compréhensible, en particulier au regard des nombreuses heures de temps et d'expertise qu'ils ont généreusement accordé à l'analyse de spécimens de cas de mutilation suspectés. Le LASL fournit ce service depuis 1975, en réponse à une demande du gouverneur du Nouveau Mexique. L'accord initial fut que l'ensemble des résultats soient soumis au Comité du Bétail du Nouveau Mexique — un accord toujours honoré aujourd'hui. Cependant, à la demande, le LASL soumettra ses résultats à d'autres agences.

Ce même officier a aussi suggéré un lien possible entre mutilations de bétail et la CIA. L'incident qui lui aurait fourni les éléments nécessaires fut une observation d'ovni faite dans le nord du Nouveau Mexique en avril 1979 (voir chapitre 2 pour les détails spécifiques). Cette observation, comme vous vous en souvenez peut-être, impliquait un appareil non-identifié qui aurait été surpris alors qu'il éclairait un troupeau de bétail près de Lumberton. Selon les journaux, une enquête immédiate fut instituée par des responsables locaux, qui apprirent par la suite que le Centre de Contrôle de Trafic Aérien de Longmont (Colorado) avait repéré un appareil volant au sud à une altitude de 5800 pieds, à une vitesse d'à peu près 300 miles/h. Les contrôleurs du trafic perdirent le bip radar à peu près à 20 miles au nord d'Albuquerque.

On ne sait pas clairement si les plans de vols ont été vérifiés ou si des informations supplémentaires furent fournies par le contrôle du trafic aérien, mais le responsable enquêtant sur cet incident appris plus tard qu'un avion était arrivé à Albuquerque depuis Durango (Colorado), pendant la période en question. Cet appareil fut identifié comme l'avion d'une société d'exploitation minière du Nouveau Mexique. On appris alors que l'un des propriétaires de cette société est un aérostier célèbre dans le monde entier. Des investigations supplémentaires révélèrent que le ballon utilisé par cet individu était apparemment conçu et construit dans le Dakota du Sud par une personne qui aurait aussi pu concevoir un ballon pour la CIA. Bien qu'aucune mutilation de bétail n'ait été signalée la nuit où cet incident eut lieu, une rumeur circula selon laquelle un lien entre la CIA et les mutilations de bétail avait été établie.

Pour interpréter cet incident, j'interrogeais par la suite le pilote de l'appareil, qui dit qu'il avait effectivement piloté de Durango à Albuquerque un Beach Bonanza possédé par la société la nuit en question. Cependant, il dit avoir volé à une altitude de 11 500 pieds et que le plus proche qu'il fut de Lumberton était d'une distance de 35 miles environ. Le pilote me dit se souvenir du vol parce qu'il avait aussi été interrogé par un représentant de la police, à qui il avait fourni les mêmes informations qu'il venait de me fournir.

Bien que le Rio Grande Sun s601980 ait récemment publié un démenti de l'officier qui avait fait circuler cette rumeur, sa déclaration laisse place au doute. Un associé de cet officier m'informa qu'il (l'associé fut celui qui établit le 1er un lien possible entre le ballon conçu et la CIA. Il dit avoir transmis ces informations par la suite à l'officier, insistant auprès de lui sur le besoin de confidentialité. En dépit de ce fait, l'associé dit que l'officier signala immédiatement cette information à plusieurs autres personnes, dont un journaliste.

En bref, la théorie de conspiration du gouvernement, bien que l'une des théories ayant reçu le plus de publicité au Nouveau Mexique, n'a pas la moindre preuve pour l'étayer. Le problème principal, tel que je le vois, serait la capacité d'une organisation aussi grande et compliquée que le gouvernement — avec son système complexe de vérifications et arbitrages — à garder un tel projet secret. Car à en juger des descriptions dans les media, cette conspiration aurait dû impliquer du personnel de nombreuses agences gouvernementales, dont la CIA, les militaires et laboratoire de diagnostic animal dans tout le pays. La capacité de gens de si nombreuses agences différentes à maintenir, pendant plus de 5 ans, le secret nécessaire à mener leur expériences macabres serait une phénomène rivalisant avec celui des mutilations de bétail elles-mêmes.

Tout aussi peu étayé par des quelconques éléments est la théorie que les mutilations de bétail sont réalisées par une sorte de culte exotique comme celui suggéré dans The Mute Strategy, un roman sur les mutilations au Nouveau Mexique s61DeWitt 1979. Cette théorie, bien que fournissant la base d'une histoire divertissante, a reçu peu de publicité ces dernières années. La théorie d'une implication extraterrestre est relativement plus populaire, mais à nouveau n'a aucun élément pour l'étayer.

En plus de ces explications, quelques individus prétendent aussi que le bétail est délibérément mutilé par les ranchers eux-mêmes, afin d'escroquer leurs compagnies d'assurances. Afin d'enquêter sur cette théorie, j'ai contacté un certain nombre d'agents employés par une grande compagnie d'assurance du Nouveau Mexique. Ils purent localiser aucun dossier indiquant que des réclamations avaient été payées pour du bétail mutilé.

Au cours de mon enquête, j'appris bientôt que nombre des gens insistant que la nature bizarre des mutilations de bétail recourent régulièrement au cliché suivant lorsque tout le reste échoue : Je suis rancher depuis toujours et je n'ai jamais vu un prédateur enlever des organes avec une telle précision. De nombreuses personnes pensent qu'un rancher connaîtrait certainement la différence entre une "mutilation" et une carcasse endommagée par des charognards. Ce n'était, appris-je, tout simplement pas vrai — un fait spectaculairement illustré dans les incidents que j'ai enquêté moi-même.

Dans chaque cas, le rancher m'appela sur la scène, croyant qu'il y avait quelque chose de particulier à propos du dommage fait à la carcasse de leur animal qui demandait une enquête plus poussée. Dans chaque cas, comme je le démontre dans le chapitre suivant, le dommage avait clairement été fait par des prédateurs ou des charognards.

De plus, lorsque cela fut porté à leur attention, plusieurs ranchers furent d'accord avec moi sur le fait que les découpes sur la carcasse étaient en fait assez irrégulières et grossières. Interrogés sur la raison pour laquelle ils avaient demandé une enquête, ils répondaient généralement qu'ils avaient lu quelque chose sur les mutilations de bétail dans le journal et voulaient être sûrs que ce n'était pas une d'entre elles. Je voudrais aussi signaler que le seul fait de passer du temps sur un ranch ou une ferme ne fait pas de vous un expert en élevage d'animaux ou médecine légale. Une telle expertise nécessite une formation de niveau universitaire.