En 1957, alors qu'il examine la répartition, apparemment aléatoire, des observations de la vague de 1954 sur une carte de France, Aimé Michel découvre un alignement entre 5 observations
effectuées le même jour arelatées dans des articles fournis par Charles Garreau, et interprétées plus tard par certains comme des canulars, le samedi 14 18:30 à 19:35, sur 130 km
parcourant la Bourgogne, le Lyonnais, et la Franche-Comté
1Michel, A.: "Oui,
il y a un problème
soucoupes volantes !", Planète, n° 10, 1963-05/1963-06. 4 autres observations faites ailleurs le
même jour font apparaître un autre alignement. Michel reprend alors systématiquement l'étude des observations sur la carte et découvre d'autres lignes droites.
Le plus conséquent de ces alignements est formé de 6 observations effectuées le dimanche 24 septembre, de Bayonne à Vichy (cet alignement exceptionnel sera par la suite désigné sous le nom de "BaVic" pour "Bayonne-Vichy"). La quasi-totalité des observations présente de tels alignements sur 24 h. Mais ce n'est pas tout : les observations à l'intersection de plusieurs lignes droites concernent apparemment toujours un grand "cigare" vertical. Enfin, un mouvement d'ovni de descente "en feuille morte" semble aussi toujours coïncider avec l'intersection de lignes sur le réseau 2Michel, A.: A propos des soucoupes volantes - Mystérieux Objets Célestes (1958) traduit Flying saucers and the straight-line mystery (Criterion Books 1958) grâce au CSI.
Compte tenu de la précision des points d'observations, Lex Mebane établit la probabilité pour que, sur 9 points donnés au hasard sur une surface, 6 se trouvent sur une même droite entre 1/500 000 et 1/40 000 000.
En 1966, Jacques Vallée effectue une simulation au hasard sur ordinateur
afin d'éliminer la psychologie de l'expérimentateur. Il trouve 1 alignement de 5 points, 5 de 4 points et 20 de 3
points. Sans mettre en doute l'existence de tels alignements, il indique tout de même qu'il reste à savoir si la
possibilité de leur apparition par le hasard n'a pas été considérablement sous-estimée
3Vallée, J.: 1966.
Reste à expliquer par le hasard la présence de grand "cigare" au centre de configurations en toile d'araignée, et le
comportement des ovnis aux lieux d'intersections.
Et de fait, certains enquêteurs semblent réfuter ou ignorer les calculs de Vallée.
Norman E. Levine, membre du projet
Colorado, tentera par exemple fin l'année suivante/début l'année suivante de convaincre Roy F. Craig
de l'origine extraterrestres des observations d'ovnis en lui indiquant que
l'analyse sur ordinateur de l'orthoténie a maintenant montré qu'il n'y a que 1 chance sur 1039 que les
observations n'impliquent pas une intelligence extraterrestre
. Craig, lui, comme
le chef du projet 4Condon, E. U.: "Orthoteny, the "Straight Line Mystery", Scientific Study of Unidentified Flying Objects, 1968
ou d'autres sceptiques 5Menzel, H.: "Do Flying Saucers Move in Straight Lines?", 1964,
rejettera toujours cette théorie, non pas forcément en elle-même, mais ne
serait-ce que parce qu'elle ne distingue pas les ovnis réellement inexplicables des cas de méprises 6Craig, R. F.: Ufos: An Insider's View of the Official Quest for Evidence, Denton: University of North Texas Press 1995, p. 191.
Toujours est-il que la théorie reste débattue, en France comme ailleurs 7Toulet, François: "Le point de vue contre", Phénomènes Spatiaux n° 31, mars 1972, pp. 11-13 8Saunders, D. R.: "BaVic est-il remarquable ?", Phénomènes Spatiaux n° 31, mars 1972, pp. 4-11 9Druffel, A. (SkyNet Director): "Southern California's Straight-Line Mystery In UFO Sightings", UFOs: A Scientific Challenge, MUFON Annual UFO Symposium Proceedings, 1983-07-01. Dans une étude non publiée 10Michel, A: Mystérieux objets célestes, 1977, p. 327, Dominique Caudron montre que même si les observations d'ovnis s'alignaient réellement, les alignements retrouvés par les ufologues ne seraient pas les bons.
En 1978 Jean-Charles Fumoux (ex-lieutenant de l'Armée de l'Air), pointe lui aussi sur une carte de France un certain nombre de sites d'atterrissages d'ovnis :
J'avais remarqué( ... ) que les droites 2 (Prémanon) - 3 (St Nicolas de Redon) et 3 (St Nicolas de Redon) - 4 (Chabeuil) étaient d'égale longueur. ainsi que les droites 5 (Froncles) - 6 (Blanzy) et 6 (Blanzy) - 7 (Maisoncelles en Brie). donc que les triangles 2-3-4 et 5-6-7 étaient isocèles.
Fumoux trouvera plus de 1900 triangles isocèles pour 78 localisations prises en compte. 11Fumoux, 1978 12Fumoux, J.-C.: Preuves scientifiques OVNI - L'Isocélie, 1982 .
Suite au travail de Fumoux, Jean-François Gille tente de démontrer, une fois de plus, que ce qu'on appelle alors l'"isocélie" se ramène au hasard, mais découvre au contraire de nouvelles confirmations 13"L'isocélie de Fumoux : vers une logique des atterrissages d'ovnis ?", LDLN n° 192, 1980-02.
Ces calculs visant à savoir si les "quasi-atterrissages d'OVNI" obéissent à une "logique de triangulation". Des calculs sont développés et leur conclusion présentée le mardi 11 À Paris lors d'une conférence de presse 14Le Monde, 1979-12-14, p. 29. Cette démarche publicitaire est organisée par M. Schneyder et obtient un certain retentissement dans les revues ufologiques, les journaux nationaux ou régionaux, et même certaines publications scientifiques...
En avril 1981, le GEPAN reprend dans sa Note Technique n° 3 les aspects techniques de "l'isocélie" afin de souligner les difficultés rencontrées dans ce type de démarche, et les diverses erreurs commises dans l'étude de Fumoux et Gille.
En novembre, Dominique Caudron démystifie l'isocélie 15"Les OVNI sont-ils pilotés par des extraterrestres ?", Science & Vie n° 770, 11/1981, p. 60.