Critères pour sélectionner les cas les plus solides et autres travaux récents sur les catalogues d'observation français et belge

Michel Figuet: Congrès européen sur les AAP, Bruxelles 11 au 19 novembre 1988, vendredi 11 novembre 1988

Congrès européen sur les AAP, Bruxelles 11 au 19 novembre 1988

Par Michel Figuet

présenté par Jacques ScornauxScornaux, Jacques

Introduction

Au moins certaines des critiques adressées à l'ufologie depuis des années (1) sont fondées, et nous avons appris d'elles qu'il est nécessaire de réviser notre attitude envers les cas et enquêtes existants. Nous devons "épurer" nos fichiers, et j'ai commencé à le faire, parce que nous ne pouvons plus longtemps nous permettre le risque de travailler sur des cas sans valeur. Cela n'a aucune utilité, et revient à offrir à cadeau aux démonteurs, qui les détruiront facilement et avec avidité. La meilleure approche est par conséquent d'appliquer immédiatement, aux nouveaux cas comme ayant déjà fait l'objet d'enquêtes et de publications, un ensemble de critères pour sélectionner les cas les plus solides, ce que nous appelons en français des "cas béton" (hard cases en anglais). Je suggère par conséquent que mon fichier FRANCAT de rencontres rapprochées françaises (2) soit revu à la lumière des critères définis ci-après.

Motivation des critères

Pourquoi développer un nouvel ensemble de critères ? Il est apparu que les méthodes conventionnelles pour sélectionner des cas solides, comme le graphe de crédibilité-étrangeté de Claude Poher, n'étaient pas suffisamment stricts, des cas ayant depuis été expliqués, ou apparaissait aujourd'hui très douteux, ayant passé ce type de tests.

C'est la raison pour laquelle un groupe informel d'ufologues français et belges n1NDT: En plus de Figuet : Claude MaugéMaugé, Claude, Thierry PinvidicPinvidic, Thierry, Jacques ScornauxScornaux, Jacques, Franck Boitte et Denis Breysse, comme l'indiquera ce dernier le 8 décembre 2006, avec lequel j'ai collaboré, a trouvé nécessaire d'établir un nouvel ensemble de critères extrêmement sévères. Les cas les plus solides ne sont pas nécessairement les plus grands "classiques", qui furent souvent pas ou mal enquêtés et dont la réputation pourrait être usurpée. Il est par conséquent possible que nombre de cas considérés comme "classiques" ne passent pas les critères. Pour parler généralement, cette méthode de sélection amènera très certainement à éliminer un grand nombre de cas en tant que "perte de temps" ou "bruit". Elle apparaît notamment plus scrite que celle utilisée par le Dr Willy Smith pour UniCat : en fait, de nombreux cas de UniCat n'atteindraient pas une grande note. Il est fort possible que certains cas soient rejetés de manière excessive, mais les auteurs de ces nouveaux critères pensent qu'il vaut mieux exclure à tort des cas potentiellement solides que d'inclure à tort des cas explicables. Ce qui compte vraiment est que ce qui restera sera très solide.

En fait, le but de ces critères est d'isoler les cas, même si leur nombre est très petit, qui témoigneraient d'un haut degré de certitude quant à l'existence d'au moins 1 phénomène original (quoi qu'il puisse être) ayant une composante physique. Ainsi les critères sont conçus pour éliminer les principales causes de confusion et donner une certaine assurance quant à la fiabilité des témoins et de la complétude de l'enquête : ils concernent les caractéristiques du phénomène (B à D), les conditions d'observation (E à J), les témoins (K et L) et l'enquête (M à Q).

Même si aucun cas ne devait satisfaire tous les critères, aucune conclusion radicalement sceptique ne serait permise, parce qu'il est toujours possible d'imaginer qu'il existe un phénomène parfaitement réel dont les caractéristiques soient telles qu'il ne puisse satisfaire ces critères. Quoi qu'il en soit, la nature précise du ou des critère(s) particulier(s) qui ne seraient satisfaits par aucun ou un très petit nombre de cas constituerait un indice très intéressant quant à la nature du phénomène n2NDT: On retrouve ici l'idée de la recherche d'un "différenciateur critique" entre OVNI et OVI, introduite quelques années plus tôt par Hendry.

De plus, si aucun ou très peu de cas ne satisfait tous les critères, il reste toujours possible d'abaisser nos exigences et de sélectionner pour une étude approfondie tous les cas obtenant une note plus haute qu'un certain seuil.

Je voudrais souligner que, bien que les critères visent évidemment à mettre en avant les phénomènes étant au moins partiellement physiques, cela ne signifie pas que nous rejettions d'autres explications, comme les explications psycho-sociologiques ou paranormales. Le fait est simplement qu'il est bien plus facile de concevoir des critères pour des phénomènes physiques. Qu'est-ce qui constituerait un cas psychologique "bon" ou "fiable" ? Toute idée pour sélectionner de tels cas serait la bienvenue.

Utilisation des critères


A Aucune explication basée sur des données objectives sérieuses ne peut être proposée pour le phénomène 1
B1 Eliminer les phénomènes ponctuels, i.e. ceux dont la taille apparente est restée inférieure à celle de Jupiter ou Vénus durant l'ensemble de l'observation 1
B2 sauf si le phénomène est resté ponctuel, mais a suivi une trajectoire complexe. 0,9
C Eliminer les phénomènes dont les coordonnées angulaires ne changent pas durant toute l'observation, ainsi que ceux dont le seul mouvement consiste en un rapprochement ou éloignement apparent. 1
D1 Si le phénomène a un mouvement régulier (ligne droite ou courbe simple, même coupée par des arrêts) ou si il ne quitte pas le niveau du sol ou sa proche proximité, éliminer les cas où le phénomène n'a pas de contours bien définis, ainsi que ceux où le phénomène ne consiste qu'en des boules lumineuses; 1
D2 sauf si le phénomène consiste en des boules lumineuses ayant des contours nets ou arrangées de manière ordonnée. 0,7
E1 Eliminer les phénomène nocturnes si ils ne sont pas, au moins partiellement, éclairés pendant au moins une partie de l'observation. 1
E2 sauf si le phénomène est émane sa propre lumière. 0,7
F1 Eliminer les phénomènes dont la durée d'observation est de moins de 30 s ; 1
F2 sauf s'il existe des effets physiques (la durée minimum est alors abaissée à 10 s). 0,9
G Eliminer les cas où la durée de l'observation est plus longue que 15 mn si le comportement du phénomène reste constant ou répétitif pendant l'ensemble de l'observation.
(1 irregularities ou plus observée(s) pendant les séquences répétitives brisent la répétitivité du comportement)
1
H Eliminer les cas où aucun repère dans l'environnement ne permet de connaître les coordonnées angulaires du phénomène ou sa position exacte au sol. 1
I1 Eliminer les cas où tous les témoins se trouvent dans un véhicule continuellement en mouvement ; 1
I2 sauf si le phénomène est observé depuis une embarcation ; 0,9
I3 sauf si le phénomène est proche et diurne. 0,5
J1 Eliminer les cas où, durant toute l'observation, se trouve un obstacle susceptible de déformer l'image du phénomène ou d'en limiter la perception ; 1
J2 sauf si le phénomène intervient de jour, le seul obstacle étant une fenêtre. 0,9
K1 Eliminer les cases avec moins de 2 témoins (au moins 1 d'entre eux ayant plus de 18 ans) n'ayant aucun handicap physique ou mental altérant leurs pouvoirs de perception ou leur capacité à témoigner. 1
K2 sauf s'il y a des effets physiques. 0,7
L1 Eliminer les cas où les témoins ne constituent pas au moins 2 groupes indépendants (chaque groupe pouvant consister en 1 seul témoin) donnant des descriptions raisonnablement semblables ; 1
L2 sauf si les témoins ne sont pas indépendants (e.g. forment un seul groupe), mais donnent des descriptions semblables. 0,7
M1 Eliminer les cas où la 1ère enquête de terrain n'a pas été réalisée moins de 1 an après l'observation ; 1
M2 sauf si la 1ère enquête a été réalisée entre 1 et 3 ans après l'observation. 0,9
N Eliminer les cas où le rapport d'enquête d'inclut pas au moins :
  • la date et l'heure précises (à 30 mn près)
  • le lieu précis de l'observation
  • les conditions météo
  • les âge, sexe et occupation des témoins
  • les manières dont l'observation a commencé et s'est terminée
  • des données permettant d'évaluer la fiabilité des témoins (voir une liste non-exhaustive en note n° 1).
1
O1 Eliminer les cas où les témoins n'ont pas été interrogés séparément (les témoins ne se connaissant pas sont considérés comme ayant été interrogés séparément si la manière dont ils furent interrogés n'est pas connue) ; 1
O2 sauf les cas où les témoins n'ont pas été interrogés séparément. 0,7
P1 Eliminer les cas où l'enquête n'a pas été réalisée sur le lieu de l'observation, en présence des témoins et dans les mêmes conditions environmentales (d'éclairage et, autant que possible, météo); 1
P2 sauf si l'enquête a été réalisée sur le lieu et en présence des témoins, mais dans des conditions d'éclairage différentes. 0,7
Q Eliminer les cas où les nom et adresse de l'enquêteur ne sont pas connus, ainsi que son affiliation possible à un groupement privé (en aucun cas le nom du groupe n'est suffisant). 1

Note n° 1

  1. Les informations suivantes sont bievenues dans le rapport d'enquête (liste non-exhaustive) :
    • activité et état d'esprit des témoins au début de l'observation ;
    • réaction des témoins pendant l'observation ;
    • le port, le cas échéant, de prothèses optiques ou acoustiques (lunettes, lentilles de contact, etc.), en général et pendant l'observation ;
    • le niveau d'éducation, les hobbies et lectures des témoins ;
    • la croyance, le cas échéant, en des phénomènes parapsychologiques ou autres phénomènes étranges et l'attitude envers le phénomène ovni ;
    • un enregistrement détaillé des interviews des témoins ;
    • une enquête de voisinage ;
  2. La distance du phénomène, lorsqu'elle est mentionnée, doit avoir été évaluée :
    1. par l'occultation d'un repère au sol, ou
    2. par triangulation, ou
    3. par des traces physiques au sol.

Note n° 2 - Définitions de certains mits utilisés dans les critères

Coordonnées angulaires (critères C et H)

Schéma de Denis Breysseα = azimut

β = élévation

Proximité (critère I3)

Distance inférieure à 200 m environ (voir méthodes d'évaluation en note 1.2).

Forte proximité au sol (critère D1)

Distance de l'ordre de quelques douzaines de cm.

Trajectoire complexe (critère B2)

Les trajectoires complexes ne sont pas prises en compte :

Constant ou répétitif (critère G)

Constant : Aucune caractéristique du phénomène (trajectoire, couleur, forme, etc.) ne varie.

Répétitif : Les seuls changements dans les caractéristiques du phénomène interviennent de manière répétitive.

Indépendent (critère L1)

Les témoins sont trop éloignés les uns des autres pour pouvoir communiquer verbalement pendant l'observation. D'autres moyens de communication (radio, CB, téléphone, etc.) sont également exclus. La distance pourrait toutefois être plus courte si la communication n'est pas possible pour une raison quelconque (e.g. un groupe de témoins à bord d'un véhicule et un autre groupe à l'air libre près du véhicule sans qu'une communication soit possible entre les 2 groupes). De plus, les témoins appartenant à des groupes différents ne peuvent se rencontrer avant l'enquête.

Boules lumineuses (critère D1)

Zone dont l'intensité lumineuse ne varie pas de manière très distincte d'un endroit à un autre.

Eclairé (critère E1)

La source lumineuse est externe au phénomène.

Effets physiques (critères F2 et K2)

Les 2 conditions suivantes doivent être satisfaites simultanément :