Evaluation des preuves par catégorie

Nous considérons maintenant les éléments par catégorie, tirés des sections sections CR III (synthèses de l'équipe) et CR IV (études de cas) du rapport.

Eléments narratifs

Craig indique s1[Condon & Gillmor, 1968, pp. 72, 73] :

Bien que les cas actuels enquêtés n'aient pas dégagé de preuves résiduelles impressionnantes, même dans le contenu narratif, pour soutenir l'hypothèse qu'un véhicule extraterrestre était physiquement présent, les narrations des événements passés, telles que celles de l'incident de 1966 à Beverly, dans le Massachusetts, (cas 6), ne correspondraient à aucune autre explication si le témoignage des témoins est accepté comme tel.

Le cas 6 est décrit dans Condon and Gillmor (1968) pp. 266-270. Le résumé de ce cas s2[Condon & Gillmor, 1968, p. 266] est tel que suit :

3 femmes adultes partirent sur le terrain d'athétisme du lycée pour examiner l'origine d'une lumière brillante qui avait effrayé d'une fille de 11 ans chez elle à côté, et ont rapporté que 1 des 3 lumières qu'elles avaient vu manœuvrer dans le ciel au-dessus de l'école avait volé sans bruit vers elles, arrivant directement au-dessus d'elles, entre 20 et 30 pieds au-dessus d'elles. Elle fut décrite comme un objet coulant, solide, à l'apparence de disque, de la taille d'une automobile. 2 policiers qui répondirent à un message téléphonique selon lequel un ovni était en observation vérifièrent qu'un objet extraordinaire volant au-dessus du lycée. L'objet n'a pas été identifié. La plupart de l'observation étendue, cependant, était apparemment une observation de la planète Jupiter.

Eléments photographiques

Dans sa synthèse de cette catégorie, Hartmann s3[Condon & Gillmor, 1968, p. 86] décrit un groupe résiduel de non identifié qui n'est pas incohérent avec l'hypothèse que des appareils inconnus et extraordinaires ont pénétré l'espace aérien des Etats-Unis, bien que aucun ne dégage suffisamment d'éléments pour établir cette hypothèse. Un peu plus loin, Hartmann remarque :

Après enquête, il reste un petit résidu, de l'ordre de 2 % de l'ensemble des cas, qui apparaît représenter des objets aériens bien enregistrés, mais non identifiés - i.e. des OVNIs. ... Les données présentes sont compatibles avec, mais n'établissent ni l'hypothèse que (1) le phénomène ovni entier est le produit de méprises, témoignages erronés et fabrication, ni que (2) une très petite portion du phénomène ovni implique des événements extraordinaires.

Comme exemples du petit résidu de cas, nous pourrions faire référence aux cas 46 et 47. Concernant le cas 46 (McMinnville, Oregon, 11 mai 1950), Hartmann atteint les conclusions suivantes s4[Condon & Gillmor, 1968, p. 407] :

Ceci est un des quelques rapports d'ovnis où tous les facteurs qui ont fait l'objet d'enquête, géométriques, psychologiques, et physiques semblent être cohérents avec l'assertion qu'un objet volant extraordinaire, argenté, métallique, en forme de disque, de dizaines de mètres de diamètre, et à l'évidence artificiel, a volé devant les yeux de 2 témoins. On ne peut dire que les éléments excluent catégoriquement une fabrication, bien qu'il y ait des facteurs physiques tels que la précision de certaines mesures photométriques des négatifs d'origine qui arguent contre une fabrication.

Hartmann décrit le cas 47 (Great Falls, Montana, 15 août 1950) dans un résumé comme suit :

Le témoin n° 1, responsable général d'une équipe de baseball de Grandes Chutes et le témoin n° 2, sa secrétaire, observèrent 2 lumières blanches se déplaçant lentement à travers le ciel. Le témoin n° 1 fit un film 16 mm des lumières. Les 2 individus ont récemment réaffirmé l'observation, et il y a peu de raisons de remettre en question sa validité. Le cas reste inexpliqué. L'analysis indique que les images sur le film sont difficiles à réconcilier avec des avions ou autres phénomènes connus, bien que les avions ne puissent être entièrement exclus.

Il est intéressant de comparer le rapport de Hartmann et les études du cas avec le résumé de 2 pages de Condon de l'Etude de photographies d'ovnis s5[Condon & Gillmor, 1968, pp. 35-37]. Un seul paragraphe est clairement basé sur le travail de Hartmann. Il indique :

Hartmann a fait une étude détaillée de 35 cas photographiques (section 4 du chapitre 3), faisant référence à la période 1966 à 1968, et une sélection de 18 cas plus anciens, dont certains ont été largement acclamés dans la littérature sur les ovnis. Cette étude photographique a mené à l'identification d'un certain nombre de photographies largement publiées comme étant des objets ordinaires, d'autres des fabrications et d'autres comme des méprises innocentes de choses photographiées dans des conditions inhabituelles.

En fait, Hartmann discuste 14 cas, dont 6 sont de la période 1966 à 1968. Concernant le cas de McMinnville, Oregon (cas 46), Condon ne fait pas référence à l'analyse faite par Hartmann, mais à une analyse faite par Everett Merritt, qui n'était membre de l'équipe du projet, mais un photogrammétriste de l'équipe de la Division d'Autométrique de la Compagnie Raytheon d'Alexandrie, en Virginie. Merritt trouva que les images de l'ovni se sont révélées être trop floues pour permettre une analyse paramétrique plus poussée digne d'intérêt. Condon rapporte en longueur l'analyse par Merritt d'un autre cas (Zanesville, Ohio ; discuté nulle part ailleurs dans le rapport) qui fut considéré comme étant un canular, et discute également de 2 photographies publiées dans le magazine Look, citant l'analyse du Sergent de Staff Earl Schroeder de la base aérienne de Wright-Patterson. Schroeder n'est pas listé comme étant affilié au projet ovni du Colorado, et le cas qu'il a analysé n'a pas été pris en considération par l'équipe du projet.

En dehors de généralisations, Condon ne consacre que 1 page et demie à la discussion des éléments photographiques. Sur cette page et demie, 60 % est dédié au travail de Merritt, 30 % au travail de Schroeder, et seulement 10 % au travail de Hartmann. De plus, comme nous l'avons vu, le résumé de Condon du travail du membre de sa propre équipe (Hartmann) fut plutôt inadequat et - pour quelques raisons que ce soit - trompeur.

Cas radar-visuels

Une importance spéciale pourrait être attachée aux cas dans lesquels des observations à la fois visuelles et radar ont été faites, et dans lesquels ces observations étaient cohérentes. De tels cas impliqueront typiquement plusieurs témoins : ils impliquent des observations faites à 2 "canaux" ou plus du spectre électromagnétique ; et les observations radar fournissent des mesures de distance et éventuellement des mesures d'altitude également. Ces cas sont discutés dans 2 synthèses de l'équipe : la section CR 3 du chapitre 1, "Etudes de terrain" par Craig s6[Condon & Gillmor, 1968, pp. 51-75], et la section CR 3 du chapitre 5, "Analyses optiques et radar de cas de terrain" par Thayer s7[Condon & Gillmor, 1968, pp. 115-176].

Thayer, dans son résumé des cas radar-visuel, indique s8[Condon & Gillmor, 1968, p. 175] : Il y a un résidu petit, mais significatif, de cas des dossiers radar-visuels (i.e., 1482N, cas 2) qui n'ont pas d'explications plausibles telles que des phénomènes de propagation et/ou des objets de fabrication humaine mal interprétés. Auparavant dans son résumé s9[Condon & Gillmor, 1968, pp. 163-164], Thayer fait le commentaire suivant sur ce cas, qu'il identifie alors comme Lakenheath, Angleterre, 13-14 août 1956, 2230-0330 LST : La probabilité qu'une propagation anormale de signaux radar puisse avoir été impliquée dans ce cas semble être faible. Par la suite, il ajoute : Le comportement apparemment rationnel, intelligent de l'ovni suggère un appareil mécanique d'origine inconnue comme l'explication la plus probable de l'observation.

Le cas n° 2 (listé, assez étrangement, comme Greenwich, été 1956) est présenté dans le Rapport Condon s10[Condon & Gillmor, 1968] pp. 248-256. Le résumé se lit comme suit :

Au moins 1 ovni a été suivi par le radar de contrôle de traffic aérien (GCA) à 2 stations USAF-RAF, avec apparemment des observations visuelles correspondantes au sol, d'objets blancs se déplaçant rapidement et qui changeaient brusquement de directions. Une interception par des appareils de chasse de la RAF fut tentée ; 1 appareil fut dirigé vers l'ovni par le radar GCA et le pilote signala un contact avec le radar embarqué et un verrouillage de l'armement via le radar. L'ovni semblait tourner autour derrière l'appareil et le suivait malgré les manœuvre d'échappement du pilote. Le contact fut rompu lorsque l'appareil retourna à la base, en manque de carburant. La prépondérance de preuves indique la possibilité d'un ovni authentique dans ce cas. La météo était globalement claire et une bonne visibilité.

Ce cas a été décrit plus en détails par Thayer (1971) comme l'un des cas de l'AIAA. Il est intéressant de noter la conclusion donnée par Thayer, à la fin de cet article, qui reflète son point de vue après une étude plus intensive de ce cas :

En conclusion, avec 2 contacts hautement redondants - le 1er avec radar au sol, combiné avec des observateurs visuels au sol et en avion, et le 2nd avec un radar aérien, un observateur visuel en vol, et 2 radars au sol différents - l'incident ovni de Bentwaters-Lakenheath représente un des cas d'ovni radar-visuel les plus significatifs. Prenant en considération la haute crédibilité des informations et la cohésion de la continuité des récits, combiné à un haut degré d'"étrangeté", il est également certainement un des incidents ovnis les plus dérangeants à ce jour.

L'autre cas d'intérêt spécial est le cas n° 5 s11[Condon & Gillmor, 1968, pp. 260-266] listé dans le Rapport Condon comme Centre sud, automne 1957. Ce cas est examiné par Craigs12 [Condon & Gillmor, 1968, pp. 56-58]. Il souligne que aucun rapport de l'incident n'a été trouvé dans les dossiers Blue Book ou dans les fichiers du siège du NORAD à la base aérienne de Entn1 [La raison pour laquelle aucun rapport n'a été trouvé est que l'équipe du projet a mal daté l'événement comme étant du 19 septembre 1957, alors qu'il eut en fait lieu le 17 juillet 1957]. Craigs13, en décrivant le phénomène, indiqua :

Il disparut soudainement et réapparut à une position différente, à la fois visuellement et sur les radars aériens et au sol. L'observation visuelle et radar semblant coïncider, la réflexion du radar au sol ne semblait pas une explication satisfaisante. D'autres explications telles que des avions, météores et plasmas semblèrent également non satisfaisantes.

Craig concluts14 [Condon & Gillmor, 1968, p. 57] : Si le rapport est exact, il décrit un phénomène inhabituel et intriguant et troublant qui, en l'absence d'informations supplémentaires, doit être listé comme non identifié.

Le cas est également discuté en détails par Thayer dans sa synthèse s15[Condon & Gillmor, 1968, pp. 136-139]. Thayer tente une explication en termes de 11 échos de propagation anormale (PA) et une source de lumière au sol non identifiée, mais ajoute : Il y a de nombreux aspects inexpliqués à cette observation, cependant, e une solution telle que donnée ci-dessus, bien que possible, ne semble pas hautement probable. Le lecteur est incité à évaluer cette déclaration en examinant le cas s16[Condon & Gillmor, 1968, pp. 260-266] et en lisant le récit plus détaillé soutenu par l'AIAA de McDonald (1971), qui a déterminé la date correcte de l'événement et ainsi obtenu les archives de l'Air Force dont Condon n'était pas parvenu à retrouver la trace. Le cas de l'AIAA est, par conséquent, plus complet, plus détaillé et plus fiable que l'étude présentée dans le Rapport Condon. Le résumé de ce cas, tel que donné par McDonald, est comme suit :

Un RB-47 de l'Air Force, équipé d'un appareillage de contre-mesures électroniques (ECM) et piloté par 6 officiers, fut suivi par un objet non identifié sur une distance de bien plus de 700 miles et sur une période de temps de 1,5 h, alors qu'il volait depuis le Mississippi, à travers la Louisiane et le Texas, vers l'Oklahoma. L'objet fut, à divers moments, observé visuellement par l'équipage du cockpit comme une lumière intensément lumineuse, suivi par le radar au sol et détecté par l'appareillage de surveillance ECM à bord du RB-47. D'un intérêt spécial dans ce cas sont les occasions multiples d'apparitions et disparitions simultanées sur l'ensemble des 3 de ces "canaux" physiquement distincts et la rapidité des manœuvres dépassant l'expérience passée de l'équipage aérien.

Condon, dans son Résumé de l'étude, consacre presque 3 pages à la discussion des observations d'ovnis au radar, mais ses commentaires sur les études du cas du Projet Colorado sont confinés à 2 courts paragraphes ne comprenant que 10 % de la discussion de Condon sur les observations radar. Comme évaluation de ces études de cas, il cite du résumé de Thayer : ...il n'y avait aucun cas où les données météorologiques disponibles tendaient à nier l'hypothèse de propagation anormale. Ceci est, au mieux, une citation malheureuse, impliquant que Thayer considère l'hypothèse de la propagation anormale comme offrant une explication plausible de tous les cas. Une citation plus complète de la remarque de Thayers17 [Condon & Gillmor, 1968, p. 172] suit :

Le lecteur devrait noter que l'affectation de cas dans la catégorie de cause de PA probable pourrait avoir été faite sur la base du seul témoignage observationnel. C'est-à-dire, qu'il n'y avait aucun cas où les données météorologiques disponibles tendaient à nier l'hypothèse de propagation anormale, amenant ainsi le cas à être affecté à une autre catégorie.

Dans le tableau s18[Condon & Gillmor, 1968, p. 173] auquel Thayer fait référence, nous voyons que pour seulement 19 cas sur 35 Thayer considère une propagation anormale comme étant l'explication la plus probable ou la plus plausible. L'évaluation de Thayer est peut-être présentée plus clairement par une citation ultérieure s19[Condon & Gillmor, 1968, p. 174] : ...là où les données observationnelles ont désigné une propagation anormale comme étant la cause probable de l'incident ovni, les données météorologiques sont considérablement en faveur de la plausibilité de l'hypothèse de PA. Thayer a clairement conclu qu'une fraction substantielle d'observations radar est probablement due à des effets de propagation anormale ; mais il est également clair qu'il n'attribue pas toutes les observations radar à ce phénomène. L'impression donnée par le résumé de Condon concernant les cas radar-visuels est, par conséquent, at variance with Thayer's summary and with the cases on which Thayer's summary is based.

Le récit par Condon des cas radar est très semblable à son récit des éléments photographiques : très peu de ce qu'il écrit fait référence au travail de son équipe, et ce qu'il écrit pour le coup sur le travail de son équipe est trompeur.

Détection radar sans détection visuelle

Craig comme Thayer attachent une significativité spéciale au cas 21 s20[Condon & Gillmor, 1968, pp. 310-316] n2[Colorado Springs, Colorado, May 13, 1967] dans lequel des signaux clairs et cohérents ont été montrés par 2 radars d'aéroport, sans observation visuelle correspondante. Le résumé de ce cas n3identifié sur Condon & Gillmor (1968 p. 3 10) comme seulement "Montagnes du Sud (Lieu A), Printemps, 1967" suit :

Les opérateurs de 2 radars de l'aéroport signalèrent qu'une cible équivalente à un appareil avait suivi un vol commercial, l'avait rattrapé, et dépassé sur un côté, et procédé à environ 200 nœuds jusqu'à quitter le champ radar. Aucun objet correspondant n'était visible de la tour de contrôle. Sur la base des rapports des témoins et des enregistrements météo, des explications basées sur une propagation atmosphérique anormale ou réflexions anormales d'autres objets semblent inadéquates. Le cas n'est pas expliqué de manière appropriée malgré des caractéristiques suggérant un effet de reflexion (voir Section 3 Chapitre 6) n4[La section CR 3, chapitre 6, est consacrée aux "Observations visuelles faites par des astronautes U.S." et ne contient rien de pertinent pour ce cas].

Craig, dans sa synthèse des Etudes de terrain, fait le commentaire suivant sur ce cass21 [Condon & Gillmor, 1968, p. 72] : Sur les cas actuels impliquant des observations radar, 1 reste particulièrement intriguant après analyse de l'information, la propagation anormale et d'autres explications courantes ne pouvant apparemment pas expliquer l'observation...

Dans sa synthèse des Analyses optiques et radar de cas de terrain, Thayer consacre plus de 1 page s22[Condon & Gillmor, 1968, pp. 170-171] à ce cas. Il remarque : Ceci est un cas uniquement radar et est d'un intérêt particulier parce que l'ovni ne pouvait être vu, lorsqu'il y avait toute indication qu'il aurait dû être vu. Il met en avant que, bien qu'aucun objet n'ait été vu depuis le sol, depuis l'avion Braniff en train d'atterrir, ou depuis un avion suivant de Continental Airlines, l'ovni suivit précisément la procédure correcte pour un appareil en approche ou un pratiquant une approche ILS, mais n'ayant en fait pas l'intention d'atterrir. De l'opinion de Thayer, un écho fantôme semble être exclu. Il conclut que :

Ceci doit rester comme l'un des cas radar les plus intriguants connus et aucune conclusion n'est possible à ce jour. Il semble inconcevable qu'un écho de propagation anormale se comporte de la manière décrite, en particulier concernant les changements d'altitude signalés, même si une PA était probable à ce moment. Au regard de la situation météorologique, il semblerait qu'une PA était plutôt improbable. À côté de cela, quelle est la probabilité qu'un retour de PA n'apparaisse qu'une seule fois, et à ce moment semble exécuter une parfaite approche d'entraînement ILS ?

Condon ne fait aucune référence à ce cas dans la section de son résumé traitant des observations d'ovnis au radar.

Eléments divers

Seule une brève mention sera faite de certains des autres types d'éléments considérés dans le rapport. La section CR 3, chapitre 6, concerne les Observations visuelles faites par des astronautes U.S. et étudiées par le professeur Franklin E. Roach s23[Condon & Gillmor, 1968, pp. 176-208]. Le paragraphe final de la Synthèse et évaluation de Roach est comme suit :

Les 3 observations inexpliquées qui ont été glanées d'une grande masse de rapports sont un défi pour l'analyste. Particulièrement intriguant est la 1ʳᵉ sur la liste, l'observation de jour d'un objet montrant des détails tels que des bras (antennes ?) protubérant d'un corps ayant une extendue angulaire notable. Si la liste du NORAD des objets près du vaisseau spatail GT-4 au moment de l'observation est complète comme on peut le présumer, nous devrons trouver une explication rationnelle ou, alternativement, la garder sur notre liste des non-identifiés.

Condon, en discutant ces observations s24[Condon & Gillmor, 1968, pp. 42-43], cite la remarque de Roach que les 3 observations sont un défi pour l'analyste, et poursuit sur la remarque que rien de défini lié aux aspects HET des ovnis n'a été établi comme le résultat de ces observations plutôt sporadiques.

Concernant les Eléments physiques directs, Craigs25 [Condon & Gillmor, 1968, pp. 94-97] attache une significativité spéciale aux fragments de métal qui seraient tombés sur Terre à Ubatuba, São Paulo, Brésil, d'un véhicule extra-terrestre explosant. Le métal aurait été d'une pureté si extrême qu'il n'aurait pas pu être produit par une technologie terrestre. L'enquête par l'équipe du Colorado montra qu'un échantillon de magnésium triplement sublimé, fourni par la Companie Dow Chemical, avait un niveau d'impureté plus petit que celui de "l'ovni du Brésil". L'analyse, cependant, montra que les fragments contenaient des traces barium comme de strontium, qui ne sont pas des impuretés habituelles dans la production de magnesium ; ces métaux étaient indédectables dans l'échantillon de Dow. Craigs26 remarque : Le contenu élevé de Sr était particulièrement intéressant puisque le Sr n'est pas une impureté attendue dans du magnesium fabriqué par des méthodes de production habituelles et le Dr. Busk [de la Compagnie Dow Chemical] ne connaissait personne qui aurait ajouté intentionnellement du strontium à du magnesium commercial. Il a été trouvé que le Laboratoire Métallurgique de Dow avait fait des lots expérimentaux d'alliage de magnesium contenant de 0,1 % jusqu'à 40 % de strontium, ce qui doit être comparé au niveau de 500 ± 100 parties par million de strontium dans l'échantillon du Brésil. Bien que la valeur la plus basse dans cet intervalle soit le double de la valeur trouvée dans l'échantillon du Brésil, Craigs27 indique que Dow a produit un ...lot de magnesium contenant nominalement la même concentration de Sr as was continued [sic] dans l'échantillon d'Ubatuba.

Craig fait également les remarques suivantes : Les examens métallographiques montrent de grands grains allongés de magnesium, indiquant que le métal n'a pas été travaillé après solidification depuis l'état liquide ou vaporeux. On peut, par conséquent, douter que cet échantillon ait fait partie d'un objet fabriqué de métal. Ceci est une remarque très curieuse, impliquant - comme elle le fait - qu'aucun objet fabriqué n'a jamais été fait de métal moulé.

Condon, dans son résumé, remarque que le métal de magnesium s'est révélé être bien moins pur que le métal commercial normal produit en 1957 par la Companie Dow Chemical ...(et) par conséquent n'a pas besoin d'être venu d'une source extra-terrestre...

Une nouvelle fois, la déclaration de Condon ne donne pas une représentation exacte du travail de son équipe. L'équipe décrit l'échantillon de comparaison comme simplement du magnesium produit par la technologie terrestre connue s28[Condon & Gillmor, 1968, p. 96]. Condon le décrit comme du magnesium commercial normal. Comme l'indique Craigs29 [Condon & Gillmor, 1968, p. 95], la Compagnie Dow Chemical a fourni sur demande des échantillons de magnesium triplement sublimé. Ces échantillons représentaient une production de laboratoire, pas du magnesium commercial normal. De plus, les échantillons de magnesium triplement sublimés fournis par la Compagnie Dow Chemical n'avaient pas été recuits (le réchauffage aurait introduit d'autres impuretés), de sorte que leurs propriétés métallurgiques étaient excessivement différentes de celles du magnesium du Brésil.

Cependant, l'aspect le plus regrettable de l'investigation du Projet du Colorado sur le magnesium du Brésil est que l'enquête fut confinée à une analyse de l'échantillon en laboratoire plutôt limitée. Il est une règle de base en recherche sur les ovnis d'évaluer la totalité des éléments, qui incluent toujours des éléments narratifs. En accord avec cette règle, un autre enquêteur (parlant couramment le portugais ou accompagné d'un traducteur) aurait dû être envoyé au Brésil pour retrouver tout élement lié aux événements qui auraient pu être liés à l'échantillon de magnesium du Brésil.

La dernière catégorie d'éléments considérés est celle des Eléments physiques indirects, examinée par Craigs30 [Condon & Gillmor, 1968, pp. 97-115]. En présentant ses conclusions, il indique :

De l'ensemble des effets physiques déclarés comme étant dûs à la présence d'ovnis, la défaillance prétendue de moteurs d'automobiles est peut-être la plus intriguante. La déclaration est faite fréquemment, parfois dans des rapports impressionnants en ce qu'ils impliquent plusieurs témoins indépendants. Les témoins semblent certains que le fonctionnement de leurs voitures a été affecté par l'objet non identifié, qui parfois n'aurait pas été vu avant que la défaillance soit remarquée. Aucune explication satisfaisante à de tels effets, s'ils ont réellement eut lieu, n'est apparente (p. 115).

La discussion de ces éléments, par Condon comme par d'autres membres de l'équipe du projet, est d'un intérêt tout particulier. Il est argué que, si les moteurs d'automobiles sont arrêtés, cela doit être attribué à des champs magnétiques associés aux ovnis s31[Condon & Gillmor, 1968, pp. 38, 101, 380]. Pour le cas étudié par le projet, il a été déterminé que l'automobile n'avait pas été exposée à un champ magnétique fort. Craigs32s33 [Condon & Gillmor, 1968, p. 380] conclut : Le cas, par conséquent, n'a apparemment pas offert d'informations probantes sur les ovnis. Nous reviendrons à la discussion de cet argument en Section 5.