L'ovni de lundi soir n'en est plus un. L'objet volant a été identifié par le centre national d'études spatiales comme étant la désintégration du 3ᵉ étage d'un lanceur soviétique à son retour dans l'atmosphère.
Les ufologues, ceux qui voient des petits bonhommes verts partout, vont râler. L'apparition d'un étrange phénomène lumineux, lundi soir, dans le ciel européen devant des milliers d'yeux écarquillés, leur a permis d'occuper l'espace... médiatique.
Mais le bon temps des explications saugrenues et cocasses est fini. Le service d'expertise des phénomènes de rentrée atmosphérique (SEPRA) du centre national d'études spatiales a apporté un nouvel éclairage qui met fin à l'énigme.
Il s'agit de la rentrée et de la désintégration dans l'atmosphère du 3ᵉ étage d'une fusée soviétique du nom de Gorizont 21. Le lanceur avait servi à la mise en orbite d'un satellite de télécommunication soviétique le 3 octobre dernier. Le SEPRA a même retrouvé sa plaque d'immatriculation, il avait été enregistré sous le n° 20925 1990094C.
Le service arrive à une telle précision grâce à des informations fournies par la NASA américaine qui concordent avec la trajectoire et l'heure de passage mentionnées par les milliers de témoins. Le 3ᵉ étage est en effet entré dans les couches denses atmosphériques à en (heure de Paris) et a suivi axe sud-ouest nord-ouest traversant la France entière.
Les rentrées d'objets dans l'atmosphère sont courantes, mais il est très rare qu'elles soient si bien observées
par tant de monde
remarque Thierry Fayard, scientifique du CNES à Toulouse, Cela est dû à une météo excellente avec un ciel dégagé
et un brusque refroidissement qui a permis d'avoir une meilleure vision du phénomène
.
Selon le SEPRA, le 3ᵉ étage de la fusée, constitué d'un moteur et d'un réservoir, d'une hauteur de 10 à 15 m et pesant quelques tonnes, s'est détruit lentement en 1 mn environ. La plupart des témoins a donc vu la totalité du phénomène.
Les pièces se sont éparpillées et embrasées, ce qui a donné cette impression d'avoir affaire à un objet
triangulaire a même pu faire penser à une structure
, note Thierry Fayard.
Il demeure cependant que la majorité des témoins a eu l'impression d'être proche du triangle lumineux. Le premier
élément qui les a frappés reste l'absence de bruit. C'est un problème de psychologie de la perception. Certains
scientifiques du CNES qui ont vu le phénomène ont également partagé ce
sentiment de proximité. Mais dans la nuit, il est toujours difficile d'évaluer une distance réelle dans le ciel en
l'absence de tout repère objectif
, poursuit le scientifique. Dans le cas présent, le phénomène a dû se
dérouler à plus de 100 km d'altitude. Mais les morceaux du 3ᵉ étage du lanceur distants de plusieurs km les uns
des autres ont donné cette impression d'objet proche
.
Les témoins du spectacle spatial peuvent se rassurer, ils n'ont pas été victimes d'une hallucination collective, mais juste d'un de ces tours de magie que la nature, aidée en l'occurence par la technologie, sait si bien exécuter. Bref, ils ont pris une vessie pour une lanterne, la mort de quelques boulons et bouts de tôle pour un super aéronef venant de l'autre bout de l'espace-temps.
Il en tombe souvent, mais très peu sont observés
, précise Thierry
Fayard. Il est extrêmement rare qu'un morceau arrive sur terre. Tout se désagrège dans l'atmosphère. Il n'en
retombe que des particules, de la poussière
.
Certains seront déçus. Sans chauvinisme, l'explication donnée par les scientifiques français tient bien mieux la route que celle du météore hâtivement formulé par l'observatoire de Munich. Il faudra s'y résoudre, le grand rush des extra-terrestres vers la Costa-Terre n'est pas pour aujorud'hui.
Heureusement, il reste les ufologues pour nous parler de soucoupes qui rechargent leurs accus, sur les lignes, à haute tension, du magnétisme intersidéral des menhirs et des rencontres du 3ᵉ type. Bref, pour nous faire rêver ou frémir.