Scientific Study of Unidentified Flying Objects, un rapport du Dr. Edward U. Condon, Directeur du Projet de l'Université du Colorado. Bantam Books, New York, en association avec le New York Times. 965 pages, y compris index. $ 1.95 paper.
En tant que consultant sur les ovnis pour la Force Aérienne des Etats-Unis pendant plus de 20 ans, le Dr. Hynek a examiné des milliers de rapports de "soucoupes volantes" et enquêté personnellement sur nombre d'entre eux. Au début de son affectation en tant que consultant, sa mission fut de déterminer quelles observations étaient dues à des phénomènes astronomiques — météores, planètes ou étoiles. A la fin de en , le Dr. Hynek avait grossièrement examiné autant de cas d'ovnis que ne l'a fait l'équipe du Rapport Condon. (A cette époque,) il arriva à la même conclusion que le Dr. Condon — que le phénomène des ovnis méritait difficilement une considération scientifique sérieuse. Au fil des années écoulées depuis, cependant, le Dr. Hynek eut une raison de changer sa 1ère opinion. Il n'est pas d'accord avec le Rapport Condon et dit pourquoi dans son essai critique. Le Dr. Hynek est directeur du Département d'Astronomie et directeur du Centre de Recherche Astronomique Lindheimer de l'Université Northwestern.
Les scientifiques des sciences physiques qui connaissent Edward U. Condon à travers son travail en physique moléculaire et mécanique quantique trouveront la patte du maître étrangement absente dans Etude scientifique des Objets Volants Non Identifiés. Non seulement son talent pour organiser et attaquer un problème habilement n'y est pas apparent mais, par exemple, il n'est pas listé comme ayant examiné personnellement un seul des 95 cas auxquels les divers membres du comité plutôt fluide se sont adressés (ceci bien que son humour caractéristique perce délicieusement dans son chapitre sur l'histoire récente des ovnis).
Il est malheureux que, presque certainement, l'histoire populaire liera dorénavant le nom du Dr. Condon aux ovnis et seule l'histoire des arcanes de la physique lui accordera sa place véritable et notera sa brillante carrière dans la contribution à la compréhension, avec élégance mathématique, à la nature du monde physique. Ces contributions, les ovnis ne peuvent l'en départir, même si son travail sur ce problème est analogue à celui d'un Mozart produisant une œuvre alimentaire banale, indigne de ses talents.
L'Etude Scientifique des Objets Volants Non Identifiés est une étrange sorte d'article scientifique et ne tient pas la promesse de son titre. Même la couverture en couleurs (sur laquelle Condon, cependant, n'a probablement aucun contrôle) est trompeuse. Au lieu de montrer une des relativement rares photos restant non identifiées nous trouvons une photo immédiatement identifiable de reflet d'objectif.
Le rapport est essentiellement une collection d'historiques de cas et de rapports spéciaux par les membres de l'équipe du Dr. Condon et des enquêteurs travaillant sous contrat avec l'Université du Colorado. Des lecteurs disposant d'une formation scientifique trouveront ces articles aussi ennuyeux et plats à lire qu'ils l'ont probablement été à écrire.
Bien que consacré en grande partie à exposer des canulars ou à révéler de nombreux ovnis comme autant de méprises d'événements communs, le livre laisse le même résidu étrange, inexplicable d'inconnus qui a infesté l'enquête de la Force Aérienne des Etats-Unis depuis 20 ans. En fait, le pourcentage d'"inconnus" dans le rapport Condon apparaît même plu élevé que dans l'enquête de l'Air Force (le Projet Blue Book) — ce qui positionne l'enquête Condon en 1ère place. Chaque contributeur du rapport trouve dans son domaine d'étude particulier (photos, observations radar-visuelles, traces physiques, etc.) quelque chose qui ne peut être écarté comme une méprise avec des phénomènes connus.
Un des contributeurs, le Dr. William K. Hartmann, un astronome de
l'Université de l'Arizona, résume la situation globale comme suit : Les données présentes sont compatibles avec
mais n'établissent ni l'hypothèse que (1) le phénomène ovni entier soit un produit de méprises, signalements
médiocres et fabrication, ni que (2) une très petite partie du phénomène ovni implique des événements
extraordinaires.
Un objet volant non identifié (UFO, prononcer OOFO) est ici défini comme le stimulus pour qu'un signalement soit fait par un individu ou plus de quelque chose vu dans le ciel (ou un objet pensé être capable de vol mais vu lorsque atterri sur la terre) que l'observateur n'a pu identifier comme ayant une origine naturelle, et qui lui semble suffisamment intriguant pour qu'il entreprenne d'en faire un signalement à la police, à des responsables du gouvernement, à la presse ou peut-être au représentant d'une organisation privée dédiée à l'étude de tels objets.
Défini de cette manière, l'existence des ovnis est incontestable, les rapports d'ovnis existant en nombres plutôt grands, et le stimulus pour chaque signalement est, par cette définition, un ovni. Le problème devient alors celui d'apprendre à reconnaître les divers types de stimuli donnant lieu aux rapports d'ovnis.
L'ovni est le stimulus d'un rapport...
Ce langage réfrène de dire si l'objet signalé était une chose
réelle, physique, matérielle, ou l'impression visuelle d'une chose physique ordinaire déformée par des conditions
atmosphériques ou par une vision défaillante qui l'aurait rendue inconnaissable, ou s'il s'agissait d'une pure
illusion mentale dans l'esprit de l'observateur non accompagnée de stimulus visuel.
Etude Scientifique des Objets Volants Non Identifiés, p. 9.
Il y a d'autres déclarations plus provocantes enfouies profondément au sein du rapport. Elles ne soutiennent pas sa
conclusion général selon laquelle les études des ovnis n'offrent pas un domaine fructueux dans lequel rechercher des
découvertes scientifiques majeures. Des exemples en sont des commentaires tels que non identifié après analyse,
ou méprise convevable mais peu probable avec des oiseaux, avions, etc.
Un aspect intriguant de certains signalements d'ovnis est un effet de atténuation d'électricité qui, d'après les témoins, interrompt l'allumage et éteint le moteur et les feux d'une
automobile en mouvement. Seul un de ces cas fut examiné dans le rapport. La conclusion fut : Aucune explication
satisfaisante à de tels effets, s'ils ont bien eu lieu, n'est apparente.
Ce raisonnement semble tenter de
résoudre le problème en l'écartant. On pourrait demander — n'était-ce pas la fonction de l'enquête que de déterminer
si ces événements rapportés se sont effectivement produits ? Plus de 100 cas d'intéraction électrique ou électromagnétique entre ovnis et automobiles ont
été signalés, bien que le rapport Condon indique : Durant la période
d'enquêtes sur le terrain 1 seul cas de défaillance de moteur d'automobile a fait l'objet de notre attention. Il y
avait fondement à scepticisme sur le signalement, en
ce qu'il fut fait par un patient diabétique qui avait bu et rentrait chez lui depuis une fête à en
du matin.
Ce cas n'est pas un du groupe auquel je fais référence et dans ces circonstances aurait dû être exclu de l'étude.
Il y a d'autres choses intriguantes décrites dans le rapport, comme ce commentaire sur une déclaration
d'observation d'ovni : Le résidu est un rapport particulièrement troublant qui doit certainement être classé
comme inconnu en attente d'une étude plus poussée, qu'il mérite certainement. Il apparaît bien que cette
observation défie une explication par des moyens conventionnels.
Au cours des vols spatiaux habités, des astronautes des Etats-Unis ont signalé un certain nombre d'observations
d'ovnis. Un des enquêteurs principaux du groupe de Condon, Franklin Roach, un astronome, écrit : Les 3 observations
inexpliquées qui ont été glanées depuis une grande masse de rapport constituent un défi pour l'analyste.
Dans les 20 dernières années, certains des cas les plus déroutants sont ceux impliquant des contacts radar aussi bien que des observations visuelles du même objet.
Le Rapport Condon ne résoud pas ce problème qui dure depuis longtemps. D'un de ces
cas, Gordon D. Thayer de l'Environmental Science Services
Administration, un membre du Projet Colorado, a
observé : Ceci doit rester comme un des cas radar les plus
intriguants connus et aucune conclusion n'est possible à ce jour. Il semble inconcevable qu'un écho de propagation
anormale (PA) se comporte de la manière décrite, même si la PA avait été probable à ce moment. Au regard de la
situation météorologique il semblerait que la PA était plutôt improbable. A côté de cela, quelle est la
probabilité qu'un retour de PA apparaisse une fois seulement, et à ce moment semble exécuter une approche ILS parfaite ?
Encore une fois, un rapport de l'équipe commente : En conclusion, bien que des explications conventionnelles ou
naturelles ne puissent certainement pas être exclues, leur probabilité semble faible et la probabilité qu'au moins
un ovnis authentique soit impliqué semble être relativement élevée.
Evidemment, j'ai sorti ces déclarations de leur contexte et la majeure partie du rapport les contre-balance. Mais les cas auxquels ces déclarations font référence sont là de manière flagrante — un défi pur et simple à la curiosité humaine, la 1ère pierre du progrès scientifique. Il est difficile de comprendre pourquoi l'Académie Nationale des Sciences a pleinement approuvé l'opinion du Dr. Condon selon laquelle aucune travail supplémentaire sur le phénomène ovni ne devrait être entrepris.
En tant que directeur scientifique du projet créé pour étudier le problème contrariant des ovnis, le Dr. Condon a endossé une responsabilité qui a pu lui être désagréable depuis le début. Il l'a fait très probablement par sens du devoir, de la même manière que l'on pourrait, avec une profonde inspiration (mais en se pinçant le nez) entreprendre de nettoyer une écurie mal tenue. Quelle écurie d'Augias ce fut, Condon ne le réalisa sans doute pas, et je pense qu'il sous-estima grossièrement la portée et la nature du problème auquel il s'attaquait.
Maintenant, comme le ferait n'importe quel scientifique, le Dr. Condon a défini ses termes au départ, mais dans sa définition même de l'ovni il
tombe dans un piège. Le Dr. Condon indique, Un objet volant non identifié... est défini comme le stimulus d'un
signalement fait par 1 individu ou plus de quelque chose vu dans le ciel (ou un objet pensé être capable de voler
mais vu alors qu'il est au sol) que l'observateur n'a pu identifier comme ayant une origine naturelle
ordinaire.
L'aspect ingérable de cette définition est bien dégagée dans le chapitre "Ovnis dans l'histoire" de Samuel Rosenberg : ...un rapport
de l'ensemble des observations d'objets mystérieux qu'un observateur "n'a pu identifier" remplirait tout l'espace
dédié au rapport du projet dans son ensemble.
And then some! Car, dans une autre section du rapport, il est
avancé que peut-être seulement 10 % des observations d'ovnis sont en fait rapportées. Et ce pourcentage concerne ce
pays, alors que le phénomène ovni est global. Lors de sa discussion des signalements anciens, Rosenberg note que
presque tout dans le ciel fut un ovni pour l'homme pré-scientifique : les aurores, les halos lunaires, les arc-en-ciels, les
tornades, les éclairs — même le Soleil et la Lune. Et quelles hypothèses folles furent faites
,
poursuit Rosenberg. Tout comme aujourd'hui, pourrait-on ajouter, des hypothèses sont faites sur des choses qui n'ont
pas été admises dans le terrain de jeu de la science.
En adoptant une définition large de ovni, trop fut admis pour étude possible alors que seuls un temps et des fonds limités étaient disponibles. Supposons que Condon ait plutôt adopté cette definition : Un ovni est un signalement... dont le contenu est intriguant non seulement pour l'observateur mais pour d'autres ayant une formation technique dont l'observateur pourrait manquer.
Pourquoi encombrer une étude de rapports qu'un examen rapide par des experts du sujet aurait presque certainement écarté comme étant Vénus, un ballon, ou une étoile scintillante ? Il pourrait être intéressant pour les sociologues qu'un grand pourcentage de lnotre population ne peut identifier une planète brillante ou un météore brillant, mais il est peu intéressant d'inclure de tels cas triviaux lorsque d'autres auxquels on a pas touché sont vraiment intriguants (effets rapportés sur les systèmes d'allumage de voitures, effets sur des animaux et des personnes, cas ayant eu un effet traumatique sur les témoins, et dans certains cas, ayant changé la teneur de leurs vies, rencontres rapprochées avec un appareil et lumières aveuglantes). Le but d'une étude comme celle du Dr. Condon n'aurait-il pas du être de déterminer s'il y avait quelque chose derrière les cas vraiment intriguants — pas les cas évidents de méprises triviales ?
Sur la base des nombreuses années d'expérience du phénomène ovni, j'aurai supprimé presque les 2/3 des cas inclus
dans ce rapport comme potentiellement sans intérêt pour les buts avoués du projet tels qu'indiqués par le Dr. Condon lui-même : Comme indiqué par son titre, the emphasis de cette étude
a été de tenter d'apprendre des rapports d'ovnis quoi que ce soit qui pourrait être considéré comme apportant à la
connaissance scientifique
. Examiner les rapports émanant de méprises évidentes
(pour quiconque à l'expérience de ces choses) de planètes, étoiles,
etc., peut ajouter peu de chose à la connaissance scientifique. Une attention bien plus grande aurait dû être
apportée à la sélection de cas à étudier, car, comme Thurston E. Manning, vice-président des Affaires Académiques de
l'Université du Colorado, l'écrit : Le lecteur devrait ainsi garder à l'esprit que cette étude représente la 1ʳᵉ
tentative d'un groupe de scientifiques et spécialistes hautement
qualifiés d'examiner froidement et de manière dépassionnée...
Quoi donc ? Des méprises de Vénus, l'atterrissage prédit (par télépathie mentale) d'un ovni,
des paillettes radar évidentes, une farce de ballon admise
par des étudiants (admise dans les heures de réception du rapport par l'équipe), un anneau de fumée issu d'une
explosion simulée de bombe A à une installation militaire, le coucher nocturne des planètes Vénus et Saturne, une panne évidente d'électricité causée par un
court-circuit accompagné d'éclairs brillants, une observation de 2 à 3 s d'un éclair de lumière qui était presque
certainement un météore ? Même une évaluation
préliminaire de ces incidents aurait dû indiquer qu'il s'agissait d'une perte de temps de les enquêter.
Au fil des années j'ai utilisé une méthode de classification bidimensionnelle très simple pour classer les cas d'ovnis par rapport à leur valeur scientifique potentielle. Il s'agit d'un simple tracé d'"étrangeté" par rapport à la "crédibilité des témoins." L'"étrangeté" est la mesure de la difficulté à faire correspondre, par des personnes de formation scientifique, le contenu d'un cas à une explication physique hautement probable. Ainsi, si un trait de lumière brillant est vu filer à travers le ciel en quelques secondes, il n'y a certainement aucune raison même après un coup d'œil de suggérer que le stimulus était quoi que ce soit d'autre d'un météore brillant — et on peut affecter à ce signalement une étrangeté de 1, ou au plus, 2.
Si, d'un autre côté, un appareil métallique, brillamment illuminé, est signalé avoir été vu atterrir, ou avoir fait des cabrioles dans les cieux d'une manière particulièrement "non-scientifique", cela demande un indice d'étrangeté plus élevé. Bien sûr, rien n'a été dit sur une croyance au contenu du signalement. Mais on peut, par une enquête adaptée et l'application de tests, faire un effort significatif pour évaluer les témoins d'un "événement" ovni en termes de crédibilité de tous les jours. S'agit-il de témoins "fiables" ; paient-ils leurs dettes, sont-ils bien considérés dans la communauté, auraient-ils eu une raison quelconque de tirer parti de leur signalement, serait-il plus probable qu'ils n'aient eu aucun intérêt à faire le signalement au départ ? Y a-t-il quoi que ce soit qui indique que leur nature émotionnelle est telle qu'elle les fasse réagir à des stimuli perceptifs d'une manière qui fasse acoucher une "montagne ovni" d'une souris ?
Une étude adaptée du phénomène ovni à des fins de tester une valeur scientifique potentielle implique une étape préalable dans laquelles des cas de haute étrangeté, rapportés par des témoins de stature respectée dans leurs communautés, sont sélectionnés pour une étude détaillée. Sur 21 cas radar-visuels étudiés par Thayer, je n'aurais affecté qu'à 3 un Σ (Σtrangeté) de 4, et à aucun de 5. J'aurais affecté aux 18 autres un Σ de 1, 2 ou 3. Certes l'affectation de ces notes à des cas est une question de jugement individuel, mais lorsque plusieurs évaluations indépendantes sont faites par des personnes qualifiées, il y a accord honnête, en particulier pour ce qui concerne l'"étrangeté" d'un cas ; la crédibilité est à l'évidence ouverte à une plus grande variance.
Le public comme l'équipe du projet, apparemment, ont confondu le problème ovni avec l'hypothèse d'une IET (Intelligence Extra-Terrestre). Cela peut avoir le plus grand intérêt populaire, mais ce n'est pas la question. La question est : un phénomène ovni légitime existe-t-il ?
Supposons que l'on ait demandé à un comité de scientifiques du 19ème siècle de mener un projet d'enquête sur le phénomène des aurores uniquement. Il n'aurait pas été responsable de dire que le phénomène polaire ne fournissait aucun indice d'une intelligence meta-terrestre. La question aurait été de savoir si les aurores pouvaient être expliquées en termes de physique du 19ème siècle.
Il se pourrait simplement que les phénomènes ovnis soient juste tout aussi inexplicables en termes de physique du 20ème siècle. De ce point de vue, comment le rapport Condon sert-il la science lorsqu'il suggère qu'un phénomène qui a été rapporté par des milliers et des milliers de personnes pendant si longtemps ne mérite par une attention scientifique plus poussée ?
L'expérience de l'enquête au cours de ces 20 dernières années m'a indiqué que le phénomène ovni, s'il est basiquement réel, est un rara avis. Je suggère que sur l'ensemble des cas étudiés dans le rapport, les suivants méritent vraiment d'être étudiés en profondeur : les cas 2, 5, 10, 46, 57, 19-B, 14 Na, 14-Nb ; un cas non-numéroté p. 139; 1482-N et un cas non-numéroté p. 236.
Alors qu'il était peut-être louable de demander à un groupe inexpérimenté, et par conséquent, a priori, impartial de porter un regard neuf sur le problème ovni, cette procédure était un peu comme demander à un groupe de cuisiniers apprentis de porter un regard neuf sur la cuisine et d'ouvrir un restaurant. Sans conseils avisés, ils y aurait beaucoup de casseroles brûlées, beaucoup de doigts brûlés, beaucoup de clients mécontents.
La plupart du temps du personnel du projet, me semble-t-il, fut consacré au tatônner vers une méthodologie. Il semble aussi que des étudiants de cycles supérieurs réalisèrent la partie yeoman des enquêtes lors des voyages sur le terrain relativement peu nombreux qui furent faits, le résultat, sans doute, de moyens limités.
Au final, en matière de méthodologie un philosophe des sciences trouverait une sérieuse faille opérationnelle et épistemologique : une hypothèse qui couvre tout ne couvre rien. Posons ceci sous la forme d'un théorème des ovnis : pour tout cas d'ovni signalé, si on le considère en lui-même et sans prendre en compte les corrélations avec d'autres signalements intriguants dans ce pays ou d'autres, une explication naturelle, même tirée par les cheveux, peut toujours être invoquée. C'est le cas si l'on se base seulement sur l'hypothèse que tous les signalements d'ovnis, par la nature-même des choses telles que nous les connaissons, doivent résulter de causes bien connues et acceptées.
Il s'ensuit comme corollaire qu'il aurait été impossible pour l'enquête Condon d'avoir considéré un quelconque
rapport comme émanant d'autre chose que de causes naturelles, un canular, ou une hallucination. Ainsi, par exemple, nous
avons cette étonnante analyse (cas non numéroté, p. 140) : Cette observation inhabituelle devrait donc être
affectée à la catégorie d'un phénomène presque certainement naturel si rare qu'il n'a apparemment jamais été
rapporté avant ou depuis.
A l'évidence cette déclaration pourrait être faite à propos de n'importe quel cas intriguant. Ou, (cas 2) : En résumé, il s'agit du cas le
plus intriguant et inhabituel du dossier radar-visuel.
Le comportement apparemment rationnel, intelligent de l'ovni suggère
un appareil mécanique d'origine inconnue comme explication la plus probable de l'observation. Cependant, au regard
de la fallibilité inévitable des témoins, des explications plus
conventionnelles de ce rapport ne peuvent être totalement exclues.
Dans le cas 46, l'enquêteur a du mal à résister, mais applique
toujours le théorème : Il s'agit d'un des quelques rapports d'ovni où tous les facteurs examinés, géométrique,
psychologique et physique, paraissent être cohérents avec l'affirmation qu'un objet volant extraordinaire,
argenté, métallique, en forme de disque, de dizaines de mètres de diamètre, et à l'évidence artificiel, a volé
devant les yeux de 2 témoins. On ne peut dire que les éléments
disponibles excluent catégoriquement une fabrication, bien qu'il existe des facteurs physiques comme la précision
de certaines mesures photométriques des négatifs d'origine qui arguent contre une fabrication.
Verdict final :
fabrication
.
Le jugement final du travail du Comité Condon, qui n'était pas une étude de véritables Objets volants Non Identifiés, mais largement d'objets facilement identifiables sera rendu par le phénomène ovni lui-même. L'expérience passée suggère qu'il ne peut être facilement balayé.
Il y a, cependant, un domaine où le lecteur est en accord avec le Dr. Condon, et c'est dans sa recommandation que les crédits pour la science ne soient pas accordés dans les écoles élémentaires pour des dissertations et projets sur les ovnis. Les écoliers manquent aussi de facultés critiques pour être lâchés dans le monde des ovnis. Les éléments actuels qui leurs sont accessibles peuvent être de la "littérature" pulp, écrite elle-même sans sens critique et dans un but sensationnel, des cas non-documentés, sans aucune attention de quelque sorte que ce soit pour l'analyse ; une simple collection d'anecdotes sensationalistes.
Si le rapport Condon aide à dissiper le miasme de pseudo-science, vœux pieux, et sensationalisme dans ce domaine, the stage may yet be prepared pour une étude plus efficace du phénomène étrange et déroutant des ovnis. A cette fin, il devrait être fait attention à ce que les dossiers du comité Condon ne soient pas détruits, comme cela aurait été le cas avec les données d'une enquête de 1953 sur les ovnis par un autre contractant de la Force Aérienne dont l'identité fut secrète et dont les données débouchèrent sur le rapport n° 14 du Projet Blue Book.