Le paradoxe de Fermi

En septembre 1944, Enrico FermiFermi, Enrico arrive au laboratoire de la bombe atomique de Los Alamos, avec son collègue Leó Szilárd.

Franc partisan de l'existence de civilisations extraterrestres, Fermi se trouve confronté à la frustration du manque de signes de leur existence. En suivant le raisonnement selon lequel des civilisations devraient aujourd'hui s'être répandues dans la galaxie, il descend déjeûner un après-midi à Los Alamos et pose sa fameuse question : S'ils sont partout, où sont-ils ? Pourquoi n'avons-nous trouvé aucune trace de vie extraterrestre intelligente ? Szilárd, chercheur d'origine hongroise, répond alors avec humour que peut-être ils sont parmis nous, mais se font appeler Hongrois. Dans son livre The curve of binding energy s11973, Farrar, Straus et Giroux, pp. 104-105, John McPhee raconte :

Toutes les théories de Los Alamos ne purent être testées. Une longtemps populaire dans la Division Théorique fut, par exemple, que les Hongrois étaient des Martiens. Le raisonnement était le suivant : les Martiens ont laissé leur planète il y a des éons et sont venus sur Terre ; ils ont atterri dans ce qui est aujourd'hui la Hongrie ; cependant les tribus d'Europe étaient tellement primitives et barbares que les Martiens durent dissimuler leurs différences d'évolution pour éviter d'être coupés en morceaux. Au fil des années, cette dissimulation finit par être quasi-totale, mais les martiens avaient 3 caractéristiques trop difficiles à dissimuler : leur passion des voyages, qui déboucha sur les bohémiens Hongrois; leur langue (le Hongrois n'a aucun lien avec les langues parlées dans les pays voisins), et leur intelligence provenant d'un autre monde. Il fallait regarder alentour pour se rendre à l'évidence : Edward TellerTeller, Edward, Wigner, Szilárd, John VonNeumannVon Neumann, John — tous étaient Hongrois. Wigner avaient conçu les premiers réacteurs à production de plutonium. Szilard avait été parmi les premiers à suggérer que la fission pouvait être utilisée pour fabriquer une bombe. VonNeumann avait développé l'ordinateur numérique. Teller — au caractère trempé et infatigable (...) — travailla durant de longues heures et piaffa d'impatience lorsqu'il ressentit un avancement trop lent du projet Panda, lorsque la bombe à hydrogène fut connue... Teller avait un accent Martien à couper au couteau. Il avait également un sens de l'humour qui pouvait pénétrer les os.

Peut-être donc que Szilárd essayait de mettre son collègue d'origine italienne dans la confidence :) Lorsque l'on rappelle à Teller la réponse de Szilárd à Fermi, et répond avec ferveur Non ! Nous sommes des Martiens ! s2SETI.

Réponses

Plus sérieusement, plusieurs explications ont été proposées au paradoxe de Fermi, notamment :

Pour certains, ces tentatives d'explications et rationalisations apparaissent presque comme des excuses, mélange d'une arrogance humaine dépassée, d'anthropocentrisme et de complexe d'infériorité intergalactique. Car en fait, plus le temps passe, et plus le paradoxe semble se renforcer, incompréhensiblement : nous évaluons de mieux de mieux la taille immense de notre univers, nous comprenons de mieux en mieux le processus de formation des planètes et ce que seraient des zones habitables, nous découvrons chaque jour un peu plus de planètes extrasolaires, découvront que la vie est survenue en relativement peu de temps sur Terre, que la panspermie est de plus en plus probable, que la vie peut se nicher là où ne l'imaginait pas (extrêmophiles), que l'univers d'une manière générale semble bien adapté à l'émergence de vie, que notre propre évolution intelligente semble exponentielle... et pourtant nous semblons seuls. La réponse au paradoxe de Fermi est donc peut-être plutôt que nous appréhendons mal le problème s17Dvorsky, George P.: "The Fermi Paradox: Back with a vengeance", Sentient Developments, samedi 4 août 2007.

s18Faughnan, John G.: "SETI, the Fermi Paradox and The Singularity: Why our search for extraterrestial intelligence has failed" s19Swords, M. D.: "The Fermi Paradox", in "Travel Behavior", Science and the Extraterrestrial Hypothesis in Ufology, New Series 1, 1989, pp. 67-102 s20Seth D. Baum, Jacob D. Haqq-Misra, Shawn D. Domagal-Goldman: "The Fermi paradox", in "Would Contact with Extraterrestrials Benefit or Harm Humanity? A Scenario Analysis", Acta Astronautica, 2011, 68(11-12): pp. 2114-2129, 22 avril 2011