Petit naît le à Choisy-le-Roi. Après ses études à l'École Nationale Supérieure de l'Aéronautique ("Supaéro"), "JPP" parvient à
décrocher une invitation à passer 1 année au James Forrestal Center de Princeton, dirigé à l'époque par le professeur Bogdanoff. Un jour de
en , quand il arrive au laboratoire, tout le monde est parti déjeûner. Ignorant délibérément les
pancartes restricted area, authorized persons only
, Petit explore les halls, les uns après les autres.
Il tombe sur une machine en construction de 9 m, mue par un "turbopropulseur" central (probablement l'Avrocar, dont le programme sera par la suite abandonné). Petit inspecte la
machine sous toutes ses coutures, monte dedans même. Lorsque Bogdanoff revient de son déjeuner, Petit lui dit que la
"soucoupe" ne peut pas fonctionner : le coussin d'air sur lequel elle évoluera sera trop instable. Bogdanoff
s'étrangle : il s'agit de recherches ultra-secrètes, menées sous contrat avec l'USAF. Petit est aussitôt prié de faire
ses valises. Se retrouvant sans un sou dans les rues de New York, il gagne sa vie en exploitant un autre de ses
talents : le dessin. Il les vend aux passants et finit par gagner assez d'argent pour payer son billet de retour. Il
re-débarque au Havre (France) la même année.
Alors sursitaire du service militaire, Petit devance l'appel national. Ses études à Supaéro, qui comprennent une formation militaire, lui permettent d'entrer comme sous-lieutenant. En principe destiné à être pilote de chasse en Algérie, il préfère renoncer après avoir entendu les récits d'anciens élèves qui lui décrivent l'horreur de cette guerre. Il est alors affecté aux transmissions et au chiffre à Fribourg (Allemagne). Mais le chiffre est loin d'être sa spécialité et dès son arrivée, il demande à prendre la direction du centre militaire de vol à voile, une de ses passions.
Une fois dégagé de ses obligations militaires, Petit ne retourne pas tout de suite vers la recherche. Sa mésaventure de Princeton à laissé des traces. Il continue à dessiner et publie dans le journal Spirou 2 bandes dessinées (le Voyage du Maxiflon et le Secret du Mælström) qui lui permettent d'arrondir ses fins de mois.
Il finit tout de même par descendre dans le Midi pour réintégrer la recherche et est embauché par un centre d'essai de fusées à poudre, la SEPR (qui deviendra plus tard la SEP). Mais il s'ennuie vite. Lorsque, au bout de quelques mois, la direction envisage de l'affecter à la mise au point du MSBS (le missile nucléaire destiné à être tiré à partir de sous-marins), il préfère démissionner.
C'est dans les années 1960s que Petit commence à travailler sur la MHD, dans le cadre d'un projet expérimental du laboratoire de mécanique des fluides du CNRS, à Marseille. Il y rencontre Bernard Zappoli, docteur ès Sciences et spécialiste reconnu dans le domaine, mais ne connaissant pas la MHD selon Petit (peu de connaissance de la physique des plasmas notamment). Cependant, les événements de en lui font abandonner : Petit décide d'abandonner la recherche expérimentale — et donc de quitter le laboratoire — et de s'investir de plus en plus dans la théorie pure. Il reste au CNRS, apprend la théorie cinétique des gaz et l'astrophysique. en , il soutient sa thèse d'État — dont la rédaction a commencé en secret — sur la théorie des plasmas stellaires et galactiques.
en il intègre l'Observatoire de Marseille du CNRS, où il fait la connaissance de l'astronome Maurice Viton s2Petit 1991. Cette année-là un expert en théorie
cinétique des gaz écrit dans un rapport sur les travaux de thèse de Petit : Ce travail révèle des méconnaissances
profondes dans ce domaine
. Il doit réviser son point de vue après que ledit travail a été publié à la fois en
URSS et aux États-Unis, dans d'excellentes revues. en Petit contraint même la revue française qui
l'a pris comme référé, le Journal de Mécanique (devenu The European Journal of Physics) dont
le directeur est Paul Germain (secrétaire perpétuel de l'Académie), à publier ces travaux, en France, pour faire
bonne mesure.
en Viton, intéressé par la question ovni, montre à Petit une vingtaine de pages photocopiées de lettres dont les auteurs se présentent comme étant des extraterrestres venant d'une planète appelée Ummo. Dans un premier temps, Petit est amusé et pense à un canular d'universitaires. Par la suite cependant il creuse le dossier, et lui accorde une autre envergure : les documents semblent non seulement contenir des idées en avance sur leur époque, mais de surcroît totalement inexploitées, sans aucune trace dans la littérature scientifique : Petit ne trouve par exemple nulle part de l'idée d'un engin volant à vitesse supersonique en air dense sans que celui-ci ne provoque d'onde de choc (c'est-à-dire de bang supersonique). Les lettres mentionnent l'utilisation de champs magnétiques oscillants et même une propulsion MHD (bien que cette idée s'impose aussi par voie logique).
Intrigué, Petit entreprend rapidement d'obtenir près d'un millier de pages de ces documents. Quelques mois après les avoir lus, il se met à les concrétiser sous forme de calculs et d'expériences qu'il mène dans une cave avec Viton, qui permettent de dégrossir les problèmes de la MHD dans les gaz. Peu après Petit rédige les premiers articles présentant les résultats de ses expériences, en particulier sur la mécanique des fluides : une propulsion MHD est présentée, pouvant expliquer certaines observations d'ovnis. Ces articles paraissent dans des publications scientifiques de haut niveau, tels s3Petit 1975 s4Petit 1994 s5Petit/Landsheat/Midy 1995 s6Petit, J.-P.: "An interpretation of cosmological model with variable light velocity", Modern Physics Letters A., vol 3, n°16, Décembre 1988, pp 1527-1532) s7Petit, J.-P.: "An interpretation of cosmological model with variable light velocity : the interpretation of red shifts", Modern Physics Letters A. vol 3, n°18, 1988-12, pp 1733-1744 s8Petit 1989.
C'est cette année-là que Petit fait la connaissance de Pierre Guérin.
en Petit rencontre Auguste Meessen lors des 2e journées internationales d'information sur les OVNI, à Poitiers. Ce dernier est très intéressé par les travaux de Petit sur la MHD. Peu après, à l'Automne, Claude Poher demande au DERMO de Toulouse de prêter à Petit et ses collègues du CNRS une installation capable de créer un champ magnétique d'intensité 1 tesla (10 000 gauss). Lors du déchargement de l'appareil à Marseille, une élingue lâche et l'appareil de 250 Kg glisse sur Petit, et lui brise les reins. Petit part à l'hôpital pour 6 mois et le nouveau directeur du DERMO fait rapatrier l'appareil. Têtu et convalescent, Petit remonte un laboratoire dans un petit local contigu à son appartement d'Aix-en-Provence. Il y fait plusieurs découvertes, qui donnent lieu à des publications et à des communications dans des congrès internationaux de MHD s10Petit 1983. C'est dans ce laboratoire de fortune qu'est réalisée la première annihilation de l'instabilité de Vélikhov, clef du fonctionnement des machines discoïdes, dont Petit a publié le principe en 1975.
Cependant Viton est toujours valide, lui. Fort des directives que Petit lui adresse de sa chambre, il parvient grâce à l'appareil à annihiler la vague créée par l'étrave d'une maquette de 7 mm de diamètre, placée dans un courant d'eau acidulée. en le GEPAN est créé et suite à ces premiers résultats, son directeur Poher réclame à haute voix à leurs organismes de tutelle l'affectation officielle de Viton et Petit à des recherches consacrées aux ovnis. Il devient rapidement clair, pour le petit nombre de scientifiques du CNRS intéressés par l'étude des ovnis, que le sujet est très mal vu par l'organisme. Certains d'entre eux, menacés de sanctions par leur direction scientifique, sont contraints à l'abandon. Ils doivent rapidement prendre leurs distances avec le GEPAN.
À cette époque Poher demande alors à Gilbert Payan
d'intervenir. Les ovnis, comme les manips de Petit, d'annihilation de la vague d'étrave, semblent le passionner : il
est prêt à se mettre en quatre pour que les choses avancent
. Comme il est devenu déjà évident que Petit et
ses amis n'auront aucune chance d'obtenir un sou pour des recherches liées aux ovnis, quelles qu'elles soient, il
lui dit, dans sa chambre d'hôpital de la Ciotat : Ne pourriez-vous pas appeler cela autrement, banaliser ces
recherches ?
Petit répond : J'y ai réfléchi.
En mettant la soucoupe dans un carter, on pourrait
peut-être en faire une pompe à vide MHD.
Payan est
d'accord : Va pour la pompe à vide. Faites-moi un projet de contrat.
Cette année 1977, un contrat du
Ministère de l'Industrie leur permet alors de bénéficier d'une enveloppe de 200 000 F.
Les recherches vont durer 2 ans. Petit travaille avec du matériel de fortune dans une cave, sans fenêtres.
en , Payan insiste pour lui présenter des scientifiques. Un jour
débarquent 2 jeunes officiers, ingénieurs militaires de la DRET. Il n'y a pas
de suites apparentes. Bien que Gilbert P. soit polytechnicien, Petit
considère qu'il ne comprend pas ses idées. Au cours d'un dîner luxueux offert par Gilbert P., ce dernier demande : Maintenant que vous avez une idée pour
supprimer l'onde de choc devant une machine volante, quel système allez-vous imaginer pour la propulser ?
Pour
Petit c'est comme si G. P. disait : Maintenant que vous avez inventé un
rotor pour sustenter votre hélicoptère, quel système allez-vous utiliser pour assurer sa mise en translation ?
Un jour, Petit lui demande : Que feriez-vous si vous apparteniez aux services secrets français, par rapport à nos
travaux ?
Gilbert P. répond Eh bien, je m'arrangerais pour vous
donner, de façon détournée, quelques moyens pour travailler, tout en restant soigneusement à couvert et je vous
surveillerais du coin de l'œil.
Leur montage, en tant que pompe à vide, ne tient pas ses promesses, mais produit cependant plusieurs communications aux Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de Paris. Ils réussissent en particulier à enrouler des courants électriques en spirale, ce qui démontre la faisabilité de ce qu'a publié Petit à l'Académie des Sciences de Paris en 1975. Mais l'accident de travail de Petit l'a laissé quelque peu invalide et il traîne la patte dans le labo.
Pour que les choses avancent
, G. P. décide donc de mettre
directement en relation l'universitaire Michel Billiotte (qui travaille avec Petit) avec ses amis de la DRET, dans l'optique d'un autre contrat, l'argent du premier ayant été
dilapidé de manière peu efficace. Sans doute parce qu'il fait plus confiance à Billiotte, G. P. ne juge pas nécessaire d'informer Petit du projet. Cependant, Petit,
lorsqu'il finit par l'apprendre, reste quelque peu déconcerté. En effet, en dépit de son état physique assez
délabré, il pense qu'il aurait pu rendre quelques services à un projet basé sur ses propres idées. Il monte alors à
Paris pour rencontrer le général-sponsor qui s'occupe de ce projet de contrat, et lui propose ses services. Celui-ci
confirme à Petit l'existence du projet, mais se refuse à en parler, car il est déjà classé secret-défense (ce qui
explique peut-être pourquoi G. P. et Billiotte ne l'ont pas tenu au
courant). Cependant la DRET commence à se sentir inconfortable. G. P. et Billiotte transportent alors le projet dans un autre laboratoire,
à Marseille, dont le directeur semble prêt à coopérer. Mais, là aussi, la chose finit par se savoir : une jeune
journaliste de l'AFP, avertie par Petit, téléphone au directeur en lui demandant : Est-il vrai que votre
laboratoire va lancer un programme de recherche sur les ovnis, sous la direction de M. Billiotte ?
Ne voulant
pas d'ennui, le directeur arrête le projet.
Pendant environ 2 ans, G. P. va consacrer ses efforts à aider d'autres gens.
Cependant en , ces premiers fonds sont épuisés. Petit contacte alors le GEPAN, en proposant ses idées de MHD. Il lui adresse un rapport de 200 pages, intitulé
Perspectives en MagnétoHydroDynamique, contenant une masse d'idées "brutes". Selon le témoignage de Gilbert P., le général Rouvillois (polytechnicien, ingénieur militaire qui
a fait Supaéro avec Petit, au titre de son "école d'application") entre à cette époque, enthousiaste, dans le bureau
du général Carpentier, directeur de la DRET, en brandissant ce rapport et en
disant : Maintenant que nous avons les idées de Petit, pourquoi nous embarrasser de lui ?
cette année-là),
Petit publie les 3 premiers ouvrages de la série des Aventures d'Anselme Lanturlu (éditions Belin).
Entre-temps, Poher a quitté la direction du GEPAN. Billiotte se retrouve en vacances et Petit essaie alors de collaborer avec le successeur de Poher à la tête du GEPAN : le polytechnicien Alain Esterle. Petit rédige un projet de 200 pages, intitulé "Perspectives en MHD", qui contient des douzaines d'idées brutes. Il est transmis à la Direction Générale du CNES par Esterle (et à l'armée, par l'intermédiaire de Rouvillois et de Gilbert P., qui s'intéresse donc toujours aussi activement aux ovnis). Le GEPAN, qui à l'époque a le statut d'un département du CNES, dispose alors de crédits propres relativement importants. Petit, qui vient de Supaéro, met en contact l'école et Esterle.
Mais Gilbert P. juge que l'affaire n'est pas mûre. Petit convient avec Esterle de renforcer son équipe avec un mécanicien des fluides, et le CNES embauche un jeune chercheur, Bernard Zappoli, docteur ès sciences, mécanicien des fluides et élève de Petit, pour s'occuper, à Toulouse, de recherches de MHD. Confiant dans les compétences dont se réclame Zappoli (qui en fait n'a jamais effectué le moindre travail en MHD), Esterle passe contrat avec 2 laboratoires de Toulouse, dépendant du CERT, dont le DERMO, dirigé à l'époque par le professeur Thourel, très lié avec l'armée, pour tenter de concrétiser une des idées trouvées dans le rapport fourni par Petit. Il s'agit de l'extension, dans un gaz froid, du thème de la suppression du sillage turbulent, réussie par Petit et Viton en dans des expériences d'hydraulique. Toujours dans l'ombre, G. P. patronne ce nouveau projet.
Cependant Petit se sent écarté du projet. Téléphonant à Zappoli, il lui dit :
Il semble que vous soyez en train de monter là-bas un projet de contrat sur cette expérience. Depuis des semaines, tu me tires les vers du nez. Ne serait-il pas Plus simple que je monte à Toulouse et que nous rédigions cela ensemble ?
C'est impossible, l'armée s'y oppose et ne veut pas que tu sois mêlé à ce projet.
Mais que vient faire l'armée dans tout cela ?
L'armée fait ce qu'elle veut. Et dans ce cas précis, elle ne veut pas.
Mais qu'allez-vous faire sans moi ? C'est idiot, vous allez vous planter !
Écoute, si la DRET a envie de développer ces recherches, elle le fera, avec ou sans toi.
Vous n'avez pas idée des difficultés que vous allez rencontrer.
Nous saurons nous débrouiller en nous passant éventuellement de tes services. Ou tu acceptes ce simple statut de collaborateur extérieur que le CNES te propose, ou on se passera de toi. Mais tu ne pourras être coresponsable des recherches. C'est un statut que le CNES refuse de te donner.
Dans ces conditions, ma position est trop inconfortable, car ce sont mes idées et mes travaux.
Nous les développerons sans toi. Tu n'as pas le choix. C'est à prendre ou à laisser.
Alors, c'est simple : je laisse.
Les mois passent. Zappoli se retrouve seul responsable scientifique de cette affaire. La manip est montée à Toulouse, au CERT. De puissants moyens sont mis en œuvre. On construit en particulier une source microondes au DERMO. Zappoli a vite des ennuis sur le plan scientifique.
Les idées de Petit ne sont pas "piégées". La MHD qui est une discipline déconcertante, pleine de chausse-trappes et requiert des masses de connaissances annexes, de l'imagination, peut-être du talent. L'équipe toulousaine se plante lamentablement, 10 ans après l'équipe que Valensi avait, à l'IMFM, mis sur l'idée que Petit avait su, lui, concrétiser expérimentalement.
Le CNES cherche alors à embaucher un véritable spécialiste de physique des plasmas, l'ingénieur Henri Bondar, un officier de l'armée de l'air, ancien élève de l'école de l'air de Salon-de-Provence. C'est par ce dernier que Petit a en main le rapport décrivant les déboires de Zappoli. Découvrant ce qui n'est autre qu'une lamentable tentative de pillage scientifique, choqué, il prévient Petit et lui remet en mains propres le rapport qui décrit la gabegie menée par Zappoli et Esterle. Il payera d'ailleurs fort cher cette réaction d'honnêteté intempestive et devra plus tard quitter l'armée.
Petit est furieux, pensant que, s'il avait été au cours de ces recherches, il aurait pu résoudre en quelques jours les problèmes dans lesquels Zappoli s'est enlisé s12Petit 1990, p. 90.
On peut se demander comment de tels amateurs ont pu conduire le CNES dans une aventure aussi lamentable. Mais à l'époque il n'y a personne de compétent en MHD, ni au CNES, ni sans doute au sein de la recherche militaire elle-même. N'oublions pas que la France est restée hors-jeu pendant plus de 10 années, Petit ayant été le seul à poursuivre des recherches dans ses caves successives. La fonction du GEPAN se dégage maintenant clairement, en tant que structure destinée à capter les idées et les travaux scientifiques issus du secteur civil, pour aller ensuite fertiliser la recherche militaire. Cela, G. P. le sait, dès le départ, alors que Petit, qui l'ignore, mettra des années à le comprendre. Mais après le scandale déclenché par l'initiative d'Esterle, le GEPAN n'a plus de raison d'être et disparaît. Soucieux de ne pas voir se rééditer une telle mésaventure, le CNES limite soigneusement la marge de manœuvre du SEPRA, dont la tâche doit désormais se limiter aux enquêtes et à l'archivage des données.
Un an après cet échec, Petit a donc communication de ce rapport par Bondar, décrivant par le menu ces mésaventures de physicien. Il est consterné. Selon lui, Zappoli s'y est très mal pris, et s'il avait été au fait de ces recherches, il n'aurait jamais fait une telle erreur. Un générateur beaucoup moins puissant aurait été suffisant et des économies auraient été faites. Faute de pouvoir assurer un suivi de cette expérience, il ne pouvait conseiller Zappoli. S'il avait été informé de ses difficultés, il aurait pu les résoudre en une semaine, avec un montage qui n'aurait coûté que quelques milliers de francs ! Mais, quand il fut informé de cet échec par Bondar, l'expérience avait déjà été démontée.
Encore une fois, G. P. était à l'origine de cette entreprise hasardeuse. L'erreur de tous ces gens a toujours été de croire que, parce que des idées étaient clairement présentées dans un rapport, avec de jolis dessins à l'appui, il était facile de les mettre en pratique. De plus, les gens du GEPAN avaient été abusés par l'apparente facilité des expériences de simulation hydrauliques que Petit a faites en avec Viton s13Petit 1990. Ils avaient remonté cette manip à Sup-Aéro et avaient été fort satisfaits des résultats, très spectaculaires. Ils ont alors pensé que, dans les gaz, cela devait être aussi aisé. En fait, c'était totalement différent. Petit et ses collègues avaient fait cette expérience en hydraulique à Marseille en utilisant un gros électroaimant.
Au même moment, Petit rend public le contenu du rapport que lui a transmis Henri Bondar, dans un numéro spécial de la revue OVNI-Présence, dirigée par Pery Petrakis. Le titre était : "GEPAN : une manip de trop" et la photo de la soucoupe, avec ses rayons tronqués, figurait sur la couverture, en couleur. Ce numéro affola le CNES qui dissout aussitôt le GEPAN, par peur du scandale, et envoya Esterle et Zappoli méditer dans différents « placards ». Polytechnicien, Esterle s'en tirera sans mal.
Mais Zappoli est prié de se faire oublier, lui qui avait dit au CNES : Cette
manip, j'en fais mon affaire !
Le public sait donc maintenant pourquoi le GEPAN a disparu soudainement. En fait, avant sa dissolution, celui-ci disposait
d'un budget relativement important, avait littéralement la bride sur le cou, et ne devait rendre compte de ses
activités qu'une fois par an devant un conseil scientifique chargé de contrôler ses activités. Or, quelques mois
plus tôt, lors de sa dernière réunion, ledit conseil avait recommandé que soit effectuées des "modélisations",
sans préciser de quoi il pourrait s'agir. Esterle, qui se sent dès lors mandaté pour de telles recherches, veut
jouer cette affaire seul, pour en tirer gloire et le directeur scientifique du CNES de l'époque, René Pellat, qui appartient
d'ailleurs à ce conseil scientifique, n'est pas mis au courant. Quand il l'apprend, il (un authentique spécialiste
des plasmas, cette fois) entre dans une rage folle et va à Toulouse inspecter ce travail d'amateurs. Il fait
démanteler l'expérience et décide que tout doit être stoppé.
La revue OVNI-Présence disparaît quelques années plus tard et est remplacée par Phenomena,
toujours sous la houlette de Petrakis. Le lecteur sera sans doute étonné par le ton résolument différent de cette
nouvelle revue. Mais Petrakis n'a pas les mains libres. Lorsque Petit souhaite publier un nouvel article dans OVNI-Présence
et révéler de nouvelles histoires pas très honorables, celui-ci lui déclare : Je ne peux pas continuer. Tu
comprends, je suis Grec et je pourrais avoir des ennuis pour acquérir la nationalité française.
Une
situation évidemment difficile pour un jeune rédacteur en chef.
Au début des années 1980s, Petit a toujours ce laboratoire de fortune à Aix, dont les activités assez curieuses ont pour effet de perturber la réception des téléviseurs de ses voisins. Il rencontre alors Pierre Papon, nouveau Directeur Général du CNRS, et réussit à l'intéresser à mes recherches. Petit travaille expérimentalement sur de redoutables problèmes d'instabilité d'ionisation, de Vélikhov, qu'il commence à résoudre en 1983, dans sa chambre de bonne aixoise. Cette année-là ses travaux sont présentés au congrès international de MHD de Moscou.
C'est le début de la thèse de doctorat de l'ingénieur Bertrand Lebrun sur les aérodynes discoïdaux capables
d'évoluer en air dense à vitesse supersonique
. L'intermédiaire entre Papon et Petit est Michel Combarnous,
directeur du département Sciences Physiques de l'ingénieur, au CNRS. Grâce à lui,
Petit obtient une bourse de thèse pour Lebrun. Ces travaux se concrétisèrent par une communication au 9ᵉ colloque
international de MHD de Tsukuba, Japon (la suite des travaux sera communiquée au 10ᵉ colloque international de MHD de Pékin, en 1991).
Cette nouvelle débouche sur un nouveau projet de contrat, toujours grâce à Combarnous. Lebrun et Petit ont entièrement calculé une manip d'annihilation d'onde de choc, dans une soufflerie un peu particulière, crachant de l'argon à 10 000° C, qui existe à Rouen (Petit en a utilisé une semblable à l'Institut de Mécanique des Fluides de Marseille, dans les années 1960s).
Le nouveau contrat de plus de 1 million FF lourds, doit donc associer ce laboratoire de Rouen, le Ministère de la Recherche et les Militaires, qui tiennent une fois de plus donner un coup de main (le Ministre de la Recherche, Hubert Curien, tient à ce que G. P. soit associé au projet). En fait ceux-ci vont demander à ce que Petit n'ait pas de responsabilités dans la conduite de ces recherches. À terme, ce projet va être à d'autres personnes, et G. P. a déjà prévu leur embauche pour constituer l'encadrement. On estime probablement que, dans la mesure où Petit a fourni les idées de départ et effectué les calculs ad hoc, d'autres peuvent prendre le relais.
L'expérience est un nouvel échec : les tuyères MHD des
Rouennais explosent les unes après les autres. Petit apprend de Claude Thénard, maître de conférence à l'université
de Rouen et directeur des recherches, que l'armée aurait doublé toutes ces recherches dans ses laboratoires
secrets
. C'est le contact de Thénard à la DRET, un certain Bradu, qui
lui aurait fourni cette information.
en Petit arrive à la conclusion que ces choses le dépassent un peu et qu'il est peut-être préférable pour lui de se tourner vers des recherches où l'on ne tenterait pas sans cesse de "l'aider" : la cosmologie théorique, toujours en exploitant les "tuyaux" de ces mystérieux ummites. Un jour, il met des dizaines de kilos de dossiers, de calculs et de notes sur la MHD dans une poubelle, pour faire de la place chez lui. 15 ans de travail partis en fumée.
Bernard Fontaine, un responsable du CNRS, le prévient d'ailleurs obligeamment que
leurs efforts de théoriciens n'intéressent personne en haut lieu et que le mieux que Lebrun aurait à faire, sa
thèse de doctorat soutenue, serait de se tourner vers l'industrie privée (c'est ce qu'il fera d'ailleurs, fondant
à Paris une petite entreprise de sous-traitance informatique). Petit déclare donc à Lebrun : Je n'ai plus
d'argent pour te payer. Je vais abandonner la MHD. Mets ta Mae West, notre bateau coule et nous sommes aux
postes d'abandon. Il ne reste plus qu'à conclure cette thèse et à fermer la boutique. Tu te chercheras un job
dans le privé, n'importe où. Puisqu'on ne veut pas de mes services, je vais me recycler en cosmologie
théorique.
La soutenance a lieu à Poitiers, en . Combarnous, président du jury de thèse,
est assez ennuyé par l'intérêt très vif porté par l'armée aux résultats et les conséquences de ces recherches,
qu'il avait trouvé très intéressantes. Mais l'armée est toute puissante, sauf, Petit l'espère, en cosmologie
théorique. Ces nouvelles recherches vont remporter un succès non négligeable.
Alors que Lebrun rédige encore sa thèse, Petit lance un "appel à sponsor" dans le magazine Actuel (article de Patrice Van Eersel). Un homme se manifeste, un certain Dubuisson, qui dirige une grosse société d'usinage, Sofimétal, à Paris. Petit lui explique que les "fruits industriels" de la MHD seraient sans doute pour le demi-siècle à venir. Dubuisson déclare qu'il n'en a cure, que sa société a réalisé récemment de gros bénéfices, ce qui l'incitait à jouer les mécènes. Il se mit aussitôt à payer Lebrun rubis sur l'ongle, 7000 F par mois, pour qu'il puise rédiger sa thèse, sa bourse étant épuisée.
Petit remarque cependant, alors qu'il visite l'entreprise, qu'on y usine des tourelles de chars. Cela dure une
année. Un jour, en lui rendant visite, son chef d'atelier leur dit : Nous avons eu ces jours-ci la visite d'un
homme qui vous connaît bien : G. P..
Lorsque Petit sollicite
Dubuisson pour une reconversion de son sponsoring sur un plan plus modeste (édition de livres, calculs en
cosmologie et astrophysique), celui-ci se montra soudain beaucoup moins généreux. Petit baisse à dessein ses
demandes, mais il refuse de financer le simple achat d'une photocopieuse.
Les circuits de recherche semblent parfois assez déconcertants, surtout quand l'armée décide d'apporter son aide quelque peu sélective. Mais il faut changer de type d'activité. En 6 mois, Petit produit des travaux de cosmologie théorique, qui sont publiés s14Petit, J.-P.: "An interpretation of cosmological model with variable light velocity", Modern Physics Letters A., vol. 3, n°16, Décembre 1988, pp 1527-1532) s15Petit, J.-P.: "An interpretation of cosmological model with variable light velocity : the interpretation of red shifts", Modern Physics Letters A. vol. 3, n°18, décembre 1988, pp 1733-1744 s16Petit 1989. Ils ont un certain succès et lui permettent de le faire réintégrer in extremis l'observatoire de Marseille.
La 2de et dernière rencontre de Petit avec des représentants de la DRET se
situe à Rouen en . Selon Thénard, l'Armée tient à le tenir écarté de toute responsabilité
scientifique dans cette opération. La convention est néanmoins signée et Petit se rappelle très bien la réaction
du responsable financier du laboratoire, Monsieur Trinité, à qui le Professeur Valentin, son directeur, avait
demandé son avis après lecture du projet de contrat : - Oh, ça va : le bateau coule normalement....
Le
bourse de Lebrun se trouve alors épuisé peu de temps après. Petit avertit alors l'équipe de Rouen qu'il
abandonnera immédiatement et définitivement la MHD si
un moyen quelconque n'était pas trouvé pour lui permettre de continuer à travailler avec lui. Ils sont
complètement abandonnés, sur le plan financier, alors que G. P. pousse pour faire engager un chercheur belge,
rétribué sur l'argent de ce contrat avec un salaire, ahurissant pour l'époque, de 23 000 FF nets (d'autant plus
que personne ne percevait de quelle manière cet homme, vues ses compétences, aurait pu se rendre utile dans ce
projet). Les Rouennais convoquent alors la DRET en demandant pour Lebrun un bourse DRET
de 7000 FF/mois. G. P. est présent à cette réunion. Cinq délégués de la DRET
y participent. Il n'y a aucune réponse officielle. Un collègue du CNRS, Bernard
Fontaine (devenu aujourd'hui un responsable en pleine ascension, au CNRS), que ses
fonctions de chercheur à l'Institut de Mécanique des Fluides de Marseille mettent en contact étroit avec la DRET, transmet à Petit simplement, une "réponse négative" part téléphone :
La DRET a dit non. Ton thésard devra se trouver un emploi dans le privé.
Comme il a fait une thèse avec toi, il est inutile qu'il essaye de rentrer au CNRS
ou qu'il espère trouver une place dans un quelconque labo de recherche français
. Petit avertit alors
immédiatement Thénard de son abandon immédiat et définitif de la MHD. La manip de Rouen périclite d'autant
rapidement que Petit ne donne plus de conseils scientifiques et techniques. Les responsables n'en sont pas tout de
suite conscients s17Petit 1990, pp. 116 à 118 où l'on trouve la reproduction intégrale
d'un rapport rédigé à l'issue d'une convocation au laboratoire de Rouen du "Comité de suivi (de la manip de MHD), en date du 27 avril 1988, quelques mois après
la démission de Petit : Monsieur Thénard signale que Monsieur Petit ne désire plus faire de recherche en MHD et a donc envoyé sa démission au Comité de
suivi. Le Comité en prend acte. Monsieur Fontaine (déjà cité) signale que le mauvais état de santé de Monsieur
Petit est la cause principale de sa démission
(Mensonger. Comme c'est lui qui a oralement transmis à Petit
la réponse négative de la DRET, il a été le premier averti et connait mieux
que personne les causes de cette démission). Dans la suite du rapport on lit Destruction de deux veines
d'essai
(les Rouennais ne savaient pas coller le plexiglas), Destruction du circuit haute tension
alimentant les bobines de Helmoltz destinées à créer le champ magnétique, les causes exactes de cet incident
n'étant pas connues
(la MHD demande de l'expérience). À la fin du rapport, on lit Ainsi Monsieur Thénard
pense que cette nouvelle équipe est solide et que la démission de Monsieur Petit n'est pas une raison suffisante
pour arrêter cette manipulation. Monsieur P. approuve (...) et fait part de son soutien. Cet avis est aussi
partagé par tous les membres de la réunion
.
Papon et Combarnous ont été remplacés au CNRS et Petit ne peut plus bénéficier de
leur appui. Il reçoit une lettre de la nouvelle Direction Générale du CNRS, qui
disait : Nous mettons fin à votre affectation à l'observatoire de Marseille. Vous serez désormais géré comme
chercheur isolé
. Petit a été fort avisé d'assurer ses arrières, en 6 mois seulement. S'il avait su comment
les choses allaient tourner, il aurait opté, dès le début, pour le papier crayon. C'est l'ultime liberté du
chercheur.
Dès lors Petit n'a plus aucun crédit, pas un centime, mais il s'en passe. Pour ses travaux, un financement serait d'ailleurs sans intérêt, sinon pour aller dans des congrès ou acheter quelques livres et du papier. Bien sûr, de gros moyens de calcul seraient les bienvenus, surtout depuis que Frédéric s18[Petit 1995] a quitté son premier labo, à l'étranger. Chaque nuit, il pouvait aisément détourner 10 % de la puissance de calcul de l'ordinateur gérant un accélérateur de particules, pour faire nos simulations numériques sur les galaxies. La manip de Rouen, pour reprendre le mot de Combarnous, était "de la physique de pointe faite avec du matériel de récupération". Petit est convaincu que, correctement conduite, l'expérience d'annihilation d'onde de choc en gaz chaud, à Rouen, aurait pu marcher au premier essai. G. P. est sans doute le principal responsable de cette regrettable issue, lui qui n'a jamais voulu croire que, sans Petit, ces recherches n'aboutiraient jamais.
Il reste ce fantôme, le SEPRA. Le public n'y a vu que du feu et est resté ignorant de tous les dessous.
Meessen, dans le numéro de en de Inforespace, la revue la SOBEPS, publie un article de 14 pages où il s'efforce de signaler, « à l'attention des scientifiques », des erreurs conceptuelles graves qui auraient entaché tous mes travaux de cosmologie et d'astrophysique depuis 8 ans, et qui auraient échappé aux spécialistes et aux experts des grandes revues scientifiques internationales, où ils ont été publiés. Petit considère que Meessen s'est planté, n'ayant pas réellement assimilé ses travaux, et qui cite ses écrits, extraits soit de ses livres, soit de ses publications scientifiques, en les interprétant à sa manière, de façon erronée. Quand Petit découvre l'article, il se demande comment il a pu écrire quelque part que l'antimatière possédait une masse négative. Mais les textes originaux étaient différents et il n'a jamais écrit cela.
En fait Petit pense que les gens ont une tendance naturelle à essayer de contenir un sujet d'étude dans le champ
de leur propre compétence. C'est ce que font en général les ufologues, qui tentent de donner un crédit à une
discipline obscure nommée "ufologie". Dans ce cadre, le plus vague possible, il ne reste guère que le paranormal où tout un chacun peut se sentir à l'aise. Le drame de tous ces gens,
ufologues standards ou ufologues-savants, c'est que Petit a poussé la barre très haut, en MHD, puis en cosmo-astro. Il ne fallait pas
s'attendre à ce que des études scientifiques liées aux ovnis puissent se faire avec une science d'arrière-garde.
Les études émanant ufologues-savants restent de qualité très médiocre. Prenez par exemple s19Hill 1995 : l'auteur, aujourd'hui à la retraite, était mécanicien des fluides. On le
voit en photo, juché sur une plate-forme sustentée par jets de gaz. C'est gentil, mais cela ne va pas très loin.
Par la suite, cela a donné naissance aux plates-formes d'observation de l'Armée US.
On se rappelle le système avec lequel James Bond échappait à ses ennemis, dans un film. À l'époque, dans les
années 1960s, c'était top secret, mais ces gadgets font aujourd'hui sourire. Hill a aussi connu la brillante équipe qui avait travaillé sur le projet AVRO, lequel déboucha sur la soucoupe volante, bien terrestre
celle-là, en 1961. Cette machine fut très loin de combler les espoirs de ses concepteurs. Dans l'émission sur Arte
(1996), le réalisateur put dénicher d'incroyables images d'archives montrant cet engin, lui aussi top secret, aux
essais. Il se révélait très instable, évoluait au ras des pâquerettes et manquait de faire un cheval de bois au
franchissement d'une simple butte de terre. Mais les pilotes de cet engin "ultra-secret" figurent, avec Hill, sur une photo reproduite dans l'ouvrage cité. C'était "le bon temps". Des
pilotes qui avaient sans doute dû signer une convention de secret, pour un appareil qui est à l'avion furtif
supersonique moderne ce que la bicyclette est à une formule 1. C'est là le summum du travail de Hill, qui analyse "scientifiquement" certains aspects du phénomène ovni. Tout
repose alors sur un mystérieux "champ de force". Hill remarque bien que celui-ci doit pouvoir permettre de recoller les filets
d'air derrière une machine volante, et même de supprimer les ondes de choc. Mais il n'explique pas la nature de
ces forces mystérieuses, ce qui signifie qu'il ignore totalement la MHD en général et nos travaux de en en particulier. Ça n'est que de la pseudoscience, mais les ufologues seraient bien incapables de
s'en apercevoir. À noter au passage que Meessen n'est pas très compétent en la matière. Ce qui est divertissant,
c'est que ce dernier revendique avec une naïveté touchante, la paternité de l'idée d'une propulsion et d'une
sustentation MHD, en précisant qu'il avait aussi
songé dès en que cela pourrait être intéressant, parce que la force électromagnétique agit dans
le même sens, sur les charges négatives (électrons) et les charges positives (molécules ionisées)
. Ce qu'il
a l'air d'ignorer c'est que sa brillante idée se trouvait déjà exposée en long, en large et en travers dans de
nombreux ouvrages, datant du début des années 1960s. en , un excellent ouvrage de Sutton et
Sherman, paru aux éditions prestigieuses Marc Graw Hill, aux USA, fournissait toutes les équations, résultats de
calcul et d'expériences variées, liées à cette propulsion MHD (les premières expériences furent faites à la
fin des années 1950s et le concept date vraisemblablement de l'avant-guerre). Jamais Meessen ne publia quoi que ce
soit de construit sur le sujet, sinon dans la revue ufologique de la SOBEPS, et ses idées dans le domaine restèrent selon Petit bien primitives.
Petit pense que l'expérience d'annihilation d'onde de choc, que nous avions proposée avec Lebrun, a été réalisée avec succès au début des années 1980s, au Lawrence Livermore Laboratory (Californie), dans un cadre top secret. Mais le but n'est pas essentiellement de comprendre comment les ovnis fonctionnent : un engin qui pourrait filer en air dense, au ras des toits, à vitesse supersonique, serait un redoutable missile de croisière. Ceux qui existent actuellement sont subsoniques et ne dépassent pas les 900 km/h. Il pense que c'est cela qui intéressait la DRET.
L'intérêt de l'armée fut confirmé en 1995 s20Petit 1995 s21Petit, J.-P.: Petit, J.-P.: Les enfants du diable, la guerre que nous préparent les scientifiques (Albin Michel 1995), traduit The Devil's children.. Mais, à mon avis, les ingénieurs militaires français, dans ce domaine, n'ont pas les compétences des Américains et surtout des Russes, lesquels étaient les leaders en MHD dans les années 1960s-1970s s22Petit, J.-P.: Petit, J.-P.: Les enfants du diable, la guerre que nous préparent les scientifiques (Albin Michel 1995), traduit The Devil's children.. Ça n'est pas de la recherche lourde et la technologie est celle de la fin des années 1960s (nos expériences de MHD en milieu liquide correspondaient à une technologie des années 20). Au-delà, l'expérience en air froid est une autre paire de manches. Je ne sais pas si aujourd'hui les Américains en sont venus à bout, mais les Français, sûrement pas.
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Mais, en France, sa position d'empêcheur de chercher en rond lui vaut quelques difficultés. Une des idées centrales ummites est la structure gémellaire de l'univers. Seul précédent connu dans ce domaine : Andréï Sakharov, le prix Nobel soviétique. Ses recherches sur le sujet inquiètent, car, à terme, elles pourraient rendre possibles les voyages interstellaires. Petit bâtit alors un modèle à 2 univers en interaction et les résultats sont immédiats. Cela explique la structure à grande échelle du cosmos, pourquoi les galaxies n'éclatent pas (une "anti-galaxie", dans l'univers "jumeau", leur sert de corset invisible) et aussi pourquoi certaines galaxies ont une structure spirale (elles "frottent" sur leur anti-galaxie adjacente). Le modèle fait un tabac dans toutes les directions et les publications se succèdent à un rythme affolant. Le filon exploité par le scientifique est donc fécond.
En 1990, il écrit un premier livre, s23Petit 1990, qui, entre autres, aborde la fameuse vague belge qui a eu lieu quelques mois plus tôt.
en , Petit sort de son silence et met les pieds dans le plat en publiant s24Petit 1991,
divulguant son intérêt pour l'affaire Ummo et son impact sur ses recherches. Le livre se vend bien et lui ouvre les
portes des médias. L'Ummo commence à faire du bruit sur le vieux continent. Les associations ufologiques y vont
toutes de leur commentaire. Les scientifiques sont beaucoup plus acides et "violents". Le CNRS, lui, est confronté à une situation inédite : un de ses directeurs de recherche
— le grade le plus élevé de la hiérarchie des chercheurs — cosmologiste brillant et atypique, affirme publiquement
que l'essentiel de son travail lui a été inspiré par des courriers d'origine extraterrestre. Le
le , une semaine après la sortie en France de son livre Petit reçoit une convocation de la
Direction du CNRS, disant en substance : Afin de préciser les rapports entre vos
activités de chercheur et la publication de livres à fort impact médiatique, vous êtes prié de vous présenter à
nos services dans les plus brefs délais.
Le règlement interne du CNRS ne prévoyant pas d'éventualité de cette nature, Petit
n'est pas sanctionné. Le directeur du CNRS de l'époque déclare même : Si M. Petit
veut croire aux soucoupes volantes, nous n'y voyons aucune objection, dans la mesure bien entendu où cette
attitude ne nuit pas à son travail scientifique.
Les déclarations de Petit font grand bruit et le public
découvre soudain l'ampleur de "l'affaire Ummo" - ces centaines de lettres, la plupart d'une haute tenue
scientifique, qu'un petit groupe d'initiés prétendait recevoir régulièrement depuis près de quarante ans.
A l'époque les recherches sur la MHD battent alors leur plein dans le monde. L'industrie s'intéresse au rendement, théoriquement bien supérieur à celui de centrale thermiques conventionnelles. De multiples équipes s'engagent dans cette aventure : en France, le CEA construit le générateur Typhée, à coup de milliards. Cependant, les premiers obstacles techniques apparaissent. Les gens ne comprennent pas bien le phénomène, en particulier les ingénieurs du CEA. Le rendement s'effondre, et partout, c'est la consternation. Le CEA songe alors au "simulateur" du minuscule labo de Marseille et octroie un petit contrat. Le directeur saute dessus, mais avant l'arrivée de Petit, non seulement personne n'a la moindre idée pour faire quoi que soit, mais aucun des chercheurs ne comprend ce qu'est cette mystérieuse "instabilité de Vélikhov". Petit a trouvé une "démerdante" pour contourner l'instabilité de Vélikhov, la prendre de vitesse. Ses collègues, Bernard Fontaine et Georges Inglesakis sont sceptiques. Mais dans les mois qui suivent le climat du laboratoire se dégrade rapidement. Les rêves d'une application industrielle du procédé (qui est en fait impossible, mais seul Petit le sait), déchaînent les passions, les ambitions. Le directeur du laboratoire ôte à Petit la direction du projet pour confier la gestion de ce contrat de recherche à l'obéissant Bernard Fontaine. Hélas celui-ci, au cours d'une fausse manœuvre, détruit à son insu un élément clef de la machine complexe imaginée par Petit.
en , il est invité à une émission sur TF1. Il y est attaqué par ses confrères et d'autres scientifiques. On lui indique que cette fameuse affaire Ummo est certainement un canular de scientifique ou une manœuvre d'intoxication du KGB qui se serait servi des travaux de Sakharov.
en , il publie son dernier livre sur le sujet s25Petit 1995. On le voit quelques fois dans des émissions légères sur TF1 ou France 2. La meilleure à laquelle il participe est une soirée thématique, sur Arte, consacrée aux ovnis. Il est de plus en plus amer, fatigué, lassé de voir par qui le phénomène ovni est traité "officiellement". De plus, la levée de boucliers dont il est la cible est en train de nuire à sa carrière même si son responsable hiérarchique lui confirme sa confiance. En effet, le CNRS garderait-il un fou dans ses rangs, dans ses labos ? De plus, s'agissant d'une structure de l'état, on voit mal le gouvernement français attribuer des budgets à des illuminés !
au milieu des années 1990s en mathématiques.
Depuis un certain temps déjà, Petit reçoit même des lettres à son domicile privé. L'affaire Ummo continue, mais Petit, désormais, refuse de s'exprimer à ce sujet, à la télé ou ailleurs. C'est ce qu'il indique dans sa lettre aux membres du GESTO (sa petite cellule de travail) datée de en . Ses travaux, eux aussi, progressent dans l'ombre.
en les éditions Belin vendent 250 exemplaires pour chaque titre de sa collection Les Aventures d'Anselme Lanturlu. 140 en . De plus la maison d'édition, qui monte les prix au fur et à mesure que les ventes baissent, a refusé 4 albums : Le Logotron, Joyeuse Apocalypse, Opération Hermès et le Chronologicon. Petit, qui détient les droits pour l'édition de ses œuvres sur support numérique (CD) décide de produire désormais ses albums lui-même.
Cette année en , Petit est invité sur Arte pour discuter avec d'autres scientifiques, dont Meessen.
Lors de l'émission ce dernier déclare que le fort effet Doppler enregistré par les F-16 en chasse d'un ovni en
Belgique pouvait être dû à l'effet d'un écho sur des masses d'air turbulent et humide. Sur le moment Petit est
perplexe. Consulté, E. Schweicher (professeur de microondes à l'Ecole Royale Militaire belge) l'est aussi. C'est le
mathématicien Jean-Marie Souriau (voisin aixois et ami de Petit) qui tranche en défaveur des affirmations de Meessen
: On mesure fort bien la vitesse de l'écoulement sanguin par effet Doppler, en analysant l'écho en retour sur les
cellules sanguines. Imagine que tu envoies des ultrasons sur des haricots en train de virevolter dans l'eau
bouillante d'une casserole. Tu enregistreras un effet Doppler, mais l'effet sera un simple élargissement de raies.
Globalement cela ne donnera jamais l'impression que la casserole s'enfuit.
Peu après, le 2 février, Meessen
lui écrit pour lui signaler des problèmes scientifiques dont il souhaiterait discuter avec lui.
en il réalise que ses recherches d'astrophysique et de cosmologie théorique, basées sur la théorie des groupes, sont devenues trop sophistiquées pour être comprise de ceux qui sont censés être les spécialistes de ces disciplines. Inversement, il remporte un succès croissant auprès des mathématiciens et des géomètres.
en il ouvre son site internet.
en , Petit décide de reprendre ses études sur la MHD.
en , Petit est admis en retraite du CNRS. Il commence à évoquer une autre possibilité pour l'affaire Ummo : après une apparition plus qu'étrange chez Rafael Farriols, il envisage qu'elle puisse être une manipulation, une expérience, non pas de la part d'autres humains, mais d'une autre race extraterrestre comme les fameux "petits gris".
en , il co-fonde l'association UFO-Science,
dont le but est d'étudier de manière scientifique le phénomène ovni
. L'association publie les résultats de
ses recherches depuis en avec plusieurs publications scientifiques et leurs présentations associées
aux colloques internationaux de MHD de Vilnius en 2008
et de Brème en 2009. En 2010, une expérience sous vide avec des moyens techniques très sommaires du "laboratoire
lambda" — un garage particulier — vient démontrer les publications précédentes : le confinement d'une décharge
électrique — un mur MHD — est possible par inversion de
gradient d'un champ magnétique.
Il publie encore d'autres ouvrages à compte d'auteur s26Petit, J.-P.: OVNIS et science : les aventuriers de la recherche, édition à compte d'auteur, 2008 (ISBN 978-2-9532696-0-4). s27Petit, J.-P.:OVNI le message, édition à compte d'auteur, 2009 (ISBN 978-2-916564-00-3) ou dans le cadre de UFO-Science s28Petit, J.-P.: OVNI et science : ce qu'ont découvert les scientifiques, UFO-SCIENCE, Rochefort, 2010.
En 20 ans, Petit a publié plus de 30 ouvrages, dont certains ont été traduits en 7 langues. Il est notamment auteur des publications suivantes :
en , JPP démissionne de UFO Science.
Références :