Anciens cas d'ovnis

Craig, R.

Le projet obtint des copies des rapports des cas d'ovnis du projet Blue Book et du NICAP qui avaient été discutés dans les écrits populaires sur les ovnis ou considérés comme ayant un intérêt scientifique inhabituel. Certaines de ces observations rapportées avaient été tant publiées qu'elles avaient acquis le statut de cas "classiques".

En décembre 1966, tôt dans l'histoire du projet, nous tentèrent d'accroître l'information disponible concernant un de ces cas : les observations radar de Washington (D.C.) en 1952 (voir section 3, chapitre 5) par une nouvelle investigation du cas. Alors que cette demande a fourni une nouvelle expérience de valeur dans les problèmes d'enquête des phénomènes ovnis, elle n'a mis en lumière que peu pour pas de nouvelles informations.

En général, le témoignage de témoins enregistrés peu après leurs expériences peuvent être considérés comme plus fiables que leur re-description de l'histoire 2 à 20 ans plus tard, à la fois en raison des défaillance de la mémoire et d'une tendance à la cristalisation de l'histoire au fil des répétitions. Pour cette raison, un ré-examen des témoins dans les cas "classiques" ne fut pas considéré comme une manière utile pour le projet d'investir du temps. L'enquête sur le terrain des cas classiques fut par conséquent limitée à ceux dans lesquels les rapports existants contenaient une anomalie sérieuse qui pourrait être résolue.

Dans un cas classique, l'enquête sur le terrain fut entreprise pour localiser cette portion d'une bande de film 16 mm réalisé en 1950 qui, dit le photographe, montrait plus clairement la structure des ovnis qu'il avait photographié (cas 47). Le photographe avait déclaré que cette portion avait été supprimée de son film lorsqu'il l'avait prêté à l'Air Force pour étude avant que le film ne lui soit retourné par les experts de l'ATIC.

Les résultats de l'enquête soulignèrent les vicissitudes de mémoire et les difficultés à établir un fait crucial quelques 18 ans après l'événement. Plutôt que de réduire l'incertitude dans le cas, l'enquête créa une plus grande incertitude parce qu'elle révéla de nouvelles anomalies dans les récits de l'observation.

Le cas fut également d'intérêt particulier parce qu'une première analyse photographique par le Dr. R. M. L. Baker, alors de Douglas Aircraft Corporation, indiqua que les objets photographiés n'étaient probablement pas des avions contrairement à leur "identification" dans les archives du projet Blue Book. L'identification en tant qu'objets fabriqués par l'homme ou naturels fut exclue principalement sur la base de la direction du vent à la date supposée de l'observation.

Un récit détaillé de l'observation étant donné dans le chapitre 3 de la section 4, seule est présentée ici l'information illustrant les difficultés émergeant dans les tentatives d'enquêter sur un événement qui eut lieu des années auparavant, même lorsque le témoin principal et la plupart des témoins secondaires sont toujours disponibles.

Le rédacteur visita le photographe à la recherche de détails qui pourraient confirmer ou invalider sa déclaration que l'Air Force avait admit avoir confisqué une partie du film. Le photographe avait affirmé qu'il possédait une lettre de l'Air Force contenant précisément une telle admission. Si la lettre pouvait être produite, il pourrait alors être possible pour le projet de récupérer le film prétendumment manquant pour étude. Un récit de 1ère main de l'observation fut également souhaité. A Great Falls (Montana) où le film fut réalisé, les résidents qui avaient vu le film avant qu'il soit envoyé à l'Air Force furent interrogés, des récits dans la presse furent recherchés, et des tentatives furent faites de résoudre les anomalies dans ces rapports. La seule autre personne dont il fut signalé qu'elle avait assisté au tournage du film était, à l'époque de l'événement, au service du photographe comme secrétaire. Elle fut interrogée par téléphone.

  1. Le photographe avait une accumulation étendue d'articles et de coupures de presse traitant de son film d'ovni, dont la plupart faisait référence à sa participation à un documentaire sur les ovnis produit commercialement et diffusé en 1956. Aucune lettre de l'Air Force (ou autre) admettant qu'une partie du film avait été supprimée ne put être trouvée parmi ces documents accumulés. Le photographe insista néanmoins sur le fait qu'il avait eut une telle lettre, et suggéra que nombre de ce genre d'éléments avaient été égarés lorsqu'il avait déménagé.
  2. Il professa également ne pas avoir connaissance de l"identification" de l'Air Force des objets filmés comme étant 2 avions F-94 faisant des cercles pour atterrir à la base aérienne de Great Falls, aujourd'hui renommée Malmstrom AFB. Il ne se souvient d'aucun avion dans le ciel à un moment proche de son observations d'ovni, et a considéré comme absurde l'explication des avions. Par plus qu'il ne se souvient avoir déclaré dans le film documentaire, et dans des lettres faisant partie du dossier Blue Book du cas, avoir vu 2 avions approcher de la base aérienne de Great Falls juste après avoir pris ses films d'ovnis.
  3. Plusieurs résidents de Great Falls que l'on décrivit comme ayant vu le film d'ovni avant qu'il soit prêté à l'Air Force nièrent l'avoir vu à cette époque. D'autres l'ayant vu avant et après qu'il ait été prêté à l'Air Force croyaient résolument que l'ensemble du film d'origine n'avait pas été retourné par l'Air Force. Cette déclaration a été acceptée comme vraie d'une manière générale par les résidents de Great Falls. Cependant, aucune mesure de bobine de film n'a été faite avant et après le prêt à l'Air Force, et donc ces déclarations de coupure de film n'ont pu être vérifiées. Les dossiers de Blue Book contenaient des éléments prêtant crédit à cette déclaration. La lettre de transmission d'origine du film de Great Falls AFB à Wright-Patterson AFB indiquait qu'environ 15 pieds de film étaient transmis. Quelques 7 pieds seulement furent analysés par le Dr. Baker in 1956.
  4. La secrétaire fut seule témoin de la prise du film de l'ovni. Elle se souvint distinctement d'avoir vu un seul objet d'avoir foncé hors du stade de baseball avec son employeur pour voir le film avec lui. Elle fut certaine qu'il n'avait pu s'agir d'un avion, car son apparence était assez différente de celle d'un avion. Elle se souvient avoir vu un objet seulement, tandis que le film montre de manière non ambigüe 2 objets pratiquement identiques se déplaçant à travers le ciel.
  5. Des archives ont montré que 2 avions F-94 avaient atterrit à la base aérienne de Great Falls à 11 h 30 et 11 h 33 le 15 Août 1950, à peu près au moment ou l'on a supposé que le film d'ovni fut réalisé. Les journaux locaux de cette période, cependant, révélèrent que l'équipe de baseball semi-professionnelle que gérait le photographe n'avait pas joué à Great Falls à cette date mais, plutôt, avait joué à Twin Falls (Idaho) à plusieurs centaines de miles de là. L'équipe ne joua pas à domicile à Great Falls entre le 9 août et le 18 août. D'après le récit de l'observation d'ovni, le photographe se trouvait au parc de baseball pour se préparer à la partie qui devait se jouer l'après-midi ; si ce récit général des conditions de la prise du film de l'ovni est accepté, la date du 15 août doit être erronée. La pertinence de l'atterrissage des avions particuliers pour laquelle l'identification officielle des objets filmés a été affectée devient alors hautement questionnable. Les données météo qui indiquaient que les objets se déplaçaient contre le vent, et n'auraient donc pas pu être des ballons, perdent alors aussi leur pertinence.
    Un rééexamen des archives, au regard de cette anomalie de date, montre une première incertitude quant à savoir si les films avaient été pris le 5 août ou le 15 août. L'acceptation par l'Air Force du 15 août comme date de l'observation, et l'explication des objets filmés en termes d'avions dans le voisinage à cette date, semble quelque peu négligente, la présence du photographe à Great Falls à cette date apparaissant improbable. Il n'est pas contesté que le film fut réalisé à Great Falls (Montana). Un chateau d'eau identifiable situé là apparaît sur le film. La date où le film a été réalisé est entièrement ouverte à question, cependant. L'élimination d'une explication de ballon depends de la connaissance de la direction du vent et cette connaissance n'est accessible que si la date est connue. L'information concernant la date, n'est pas disponible aujourd'hui.
  6. Une indication de la manière dont les représentants de l'Air Force ont traité avec le photographe, après que le rapport d'ovni d'origine ait été soumis en 1950, est donnée dans une déclaration écrite lui étant adressée du Quartier Général du Commandement du Matériel de l'Air. Après examen du film, qui montrait clairement 2 images traversant le ciel et passant derrière le chateau d'eau éloigné, la déclaration indique ...nos analyste photo n'ont pu trouver dessus quoi que ce soit identifiable d'une nature inhabituelle. Notre rapport d'analyse doit donc être négatif. Le rédacteur préfère laisser l'interprétation de cette déclaration au lecteur.

Cette enquête sur le terrain limitée d'un cas classique a révélé plus d'anomalies dans les rapports archivés du dossier qu'elle n'en a résolu. Elle n'a produit aucune preuve solide qu'une partie du film avait été retenue par l'Air Force, et aucun biais à travers un tel film aurait pu être localisé, s'il avait été retenu.

D'autres enquêtes sur le terrain d'observations "classiques" impliquant des photographies ont été quelque peu plus productives de nouvelles informations. Dans le cas photographique de Fort Belvoir par exemple, la structure en forme de beignet dans les photos fut identifiée de manière univoque lorsque le Dr. Hartmann montra les photographies à des experts de l'Armée à Fort Belvoir (cas 50).

Durant l'examen d'autres cas classiques il fut possible, dans certains cas, aux enquêteurs du projet de développer de nouvelles informations pertinentes. Ces informations reposaient généralement sur des données enregistrées, telles que des données météo, qui purent être acquises par téléphone, courrier, ou référence en bibliothèque. La connaissance des conditions atmosphériques prévalant au moment d'observations d'ovnis au radar, par exemple, permirent une analyse des rapports d'observations à la lumière de la connaissance actuelle de la propagation radar. Ainsi, l'information atmosphérique fut utile dans l'évaluation de cas classiques tels que les observations de Washington (D.C.) de 1952 (voir section 3, chapitre 5), dans lesquelles une interview sur site n'apporta aucune information nouvelle. Notre expérience ayant généralement montré que de nouvelles interviews des témoins dans des cas classiques n'avaient pas produit de nouvelles informations sûres, peu d'enquêtes sur site de tels cas furent entreprises.