L'assassinat de JFK

Lee n1Prénom de son père mort 2 mois avant sa naissance Harvey n2Nom de jeune feuille de sa grand-mère maternelle Oswald naît le . Sa scolarité n'est pas facilitée par l'itinérance de sa mère, et en en , il a déjà connu une douzaine d'écoles et vécu à 20 adresses différentes, dont un orphelinat.

Oswald à Minsk (Russie)
Oswald à Minsk (Russie) s1Commission Warren, n° 2891-2892
David Ferrie qui
  sera accusé d'avoir fomenté l'assassinat avec Oswald (à l'extrême-droite), ici en 1955 lors d'un pique-nique
  des cadets de la CAP
David Ferrie (2ᵉ à gauche, casqué) qui sera accusé d'avoir fomenté l'assassinat avec Oswald (à l'extrême-droite), ici en lors d'un pique-nique des cadets de la CAP

Adolescent, il rencontre à New York une propagande de gauche et devient un marxiste assumé. Fervent lecteur et solitaire, c'est un autodidacte classique. en , alors qu'il envisage d'émigrer en URSS, il ne voit pas de contradiction à s'engager dans les Marines US, où il est sélectionné comme tireur d'élite, mais envoyé par 2 fois en court martiale. Partant finalement pour Minsk (Russie), fin en , il est alors déchu des Reserves des Marines, par une lettre de John Connaly, le Secrétaire à la Marine. Là-bas il rencontre Marina Pruskova, qu'il épouse en .

en il revient aux USA dans la région de Dallas-Forth Worth avec sa femme, qui cohabite avec un couple de quakers en banlieue tandis que lui vit dans une pension bon marché de Dallas, où il enchaîne des petits boulots mal payés, qui le tiennent éloigné de chez lui en semaine s2Rubinstein, William D.: "Oswald Shoots JFK", History Today Volume: 49 Issue: 10, 1999

Il tisse aussi des liens avec Cuba, rencontrant des cubains castristes, des anticastristes, des mafieux et toutes sortes de personnages louches.

Publicité de Klein's Sporting Goods dans le n° de 1963-02 du magazine American Rifleman
Publicité de Klein's Sporting Goods dans le n° de en du magazine American Rifleman. Oswald choisit une carabine italienne avec lunette de visée (1ʳᵉ colonne, 3ᵉ depuis le haut) s3Life
Lettre de commande du fusil de Oswald, sous un faux nom et à une boîte postale
Lettre de commande du fusil de Oswald, sous un faux nom et à une boîte postale s4Commission Warren, pièce à conviction CE 773
Oswald tenant son fusil reçu dans son jardin au printemps 1963
Oswald tenant son fusil dans son jardin le , un pistolet au ceinturon s5Life. Cette photo sera constestée en raison de ses ombres ou de la posture de Oswald, mais sera finalement authentifiée s6Farid, Hany: "The Lee Harvey Oswald Backyard Photos: Real or Fake?" Perception, vol. 38 (11), pp. 1731-1734, 2009 s7Farid, Hany: "A 3-D Photo Forensic Analysis of the Lee Harvey Oswald Backyard Photo", TR2010-669, Department of Computer Science, Dartmouth College, 2010-05 s8Farid, Hany & S. Pittala & E. Whiting: "A 3-D Stability Analysis of Lee Harvey Oswald in the Backyard Photo", Journal of Digital Forensics, Security and Law, 10(3): 87-98, 2015.

en , dans le n° de en du American Rifleman magazine, Oswald voit une page de publicité des articles de sport Klein, de Chicago, acceptant des achats par correspondance. Oswald commande 1 revolver et 1 fusil à lunette Italian Carcano, sous l'identité de A.J. Hidell s9Commission Warren.

En milieu d'année, il partent à la Nouvelle Orleans. Au printemps, sa femme prend une photo de lui avec son fusil, dans leur jardin. Là-bas Oswald crée le Fair Play for Cuba Committee, une association castriste... dont il est le seul membre. Il visite aussi Mexico, dans le but d'obtenir un visa pour Cuba auprès de l'ambassade d'URSS, mais qui lui est refusé.

Oswald arrêté pour sa tentative d'assassinat de Walker en août
Oswald arrêté pour sa tentative d'assassinat de Walker en Août

en , il tente de tuer Edwin Walker, un général à la retraite d'extrême-droite vivant à Dallas. Il se décrit auprès de sa femme comme un chasseur de fascistes.

Début en il revient à Dallas, le moral au plus bas. Un voisin des Paines, collocataires de Marina, qui travaille au TSBD de Dallas (Texas), lui y obtient un entretien pour un nouveau petit boulot saisonnier, bien que toujours mal payé. Oswald passe un entretien pour le poste et est recruté par Roy Truly, le responsable du dépôt, qui le trouve particulièrement poli et respectueux. Il commence le , et a accès au 6ème étage du bâtiment.

Du côté de John Fitzgerald KennedyJohn Fitzgerald Kennedy, un trou est créé dans son emploi du temps par l'annulation à la dernière minute de la remise d'un diplôme honoris causa par la Texas Christian University à Forth Worth. Il est partiellement comblé en prévoyant un petit-déjeuner à cet endroit, puis une parade à Dallas. Pour le déjeuner du 22, Kennedy et le Secret Service préfèrent un endroit, mais le Gouverneur insiste pour que le choix se porte sur le Trade Mart et réussit à les convaincre. Avec le 1er endroit choisi, la parade serait passée au milieu de Dealey Plaza à vitesse élevée, et avec Mme Kennedy entre Oswald et JFK. Le site choisi impose de conduire lentement en contournant la plaza, dans la direction opposée et juste en face du dépôt. Ceci amène Kennedy à distance de tir et en fait une cible plus lente et non protégée s10Rahn, Kenneth A.: "Chance, Not Conspiracy, In The Death Of JFK", 2003-11-19.

Assassinat

Vue du tireur sur Elm Street
Vue du tireur sur Elm Street s11Rapport Warren, vol.17 p. 505

le , il lit dans un journal local s12Freund, Carl: "Kennedy Luncheon - Yarborough Seating Pondered", Dallas Morning News", 1963-11-19 que John Fitzgerald KennedyJohn Fitzgerald Kennedy va passer sous les fenêtres de son lieu de travail.

Il alors rentre chez lui le - alors qu'il a l'habitude de rentrer chez sa femme en fin de semaine, le Vendredi - pour récupérer prendre son fusil (sur lequel on retrouvera ses empreintes), qu'il rapporte au dépôt de livres le matin (témoignage de son voisin).

Le principal film de l'assassinat, stabilisé. Le 2ᵉ tir (le 1er à toucher) intervient juste après que la limousine soit masquée par le panneau. Kennedy porte ensuite ses mains à son cou transpercé s13Zapruder, Abraham: 1963-11-24

Là-bas, il construit un abri de cartons de livres (sur lequel on trouvera ses empreintes) et, à en au passage de Kennedy, enchaîne 3 tirs en : une 1ʳᵉ fois en le ratant, une 2ᵉ fois le touchant à la nuque (la balle ressortant par le cou) et une 3ᵉ fois, le touchant en pleine tête, du côté droit, jusqu'à expulser une partie de son cerveau.

en plus tard, le policier Marrion Baker se précipite dans le TSBD pour chercher le tireur. Accompagné de Truly, le patron du TSBD, il aperçoit quelqu'un en arrivant au 1er étage. Truly lui dit qu'il travaille ici. Les 2 hommes continuent alors à monter. Oswald quitte alors le TSBD par l'entrée principale, qui ne sera fermée qu'au moins après l'assassinat (alors qu'ironiquement, 2 passants se sont portés volontaires pour surveiller les accès arrière du bâtiment).

Oswald se dirige pour rentrer à sa pension. vers , après avoir remonté un bout de rue à pied, il monte dans un bus qui est rapidement bloqué dans la circulation. Il prétexte une correspondance et demande au chauffeur de le laisser descendre. Il marche un peu et hèle un taxi. Il propose à une femme qui se présente de lui céder son tour, mais elle refuse (le chauffeur de taxi ne notera rien de particulier dans son attitude). vers , un signalement général de l'assassin est donné sur la radio de la police. Oswald a rejoint sa pension, d'où il repart presque aussitôt après avoir enfilé son blouson beige. Des témoins diront l'avoir vu, pressé et stressé.

Tippit

vers , alors qu'il a marché un peu plus de 1 km dans la rue, Oswald est repéré par l’agent J. D. Tippit qui patrouille seul en voiture n3Un usage qui n'était pas rare dans la police de Dallas en 1963. dans Oak Cliff n4Il a reçu cette affectation en remplaçant son collègue et ami Tom Tilson. Tippit lui fait signe de s'approcher de la voiture, puis en sort pour se diriger vers lui. Oswald lui tire alors dessus par 5 fois, le touchant 4 fois, et s'enfuit n513 témoins assisteront à la scène ou à la fuite de Oswald s14Myers, Dale K.: With Malice: Lee Harvey Oswald and the Murder of Officer J.D. Tippit, 1998, 702 pp..

Arrestation

Oswald arrêté au Texas Theater
Oswald arrêté au Texas Theater s15HO/Reuters
Oswald photographié par la police de Dallas le 23
Oswald photographié par la police de Dallas après son arrestation dans le cinémas16Hulton Archive/Getty images

Quelques rues plus loin, Oswald entre dans un magasin pour se cacher des voitures de police qui passent. Le gérant remarque son attitude suspecte, et sort pour le voir finalement entrer dans le cinéma Texas Theater, sans payer, à quelques m de là. Il prévient le responsable du cinéma, qui appelle à son tour la police pour signaler la présence d'un individu suspect dans son cinéma. Plusieurs voitures de police arrivent alors et les policiers envahissent la salle. Un officier de police repère Oswald et lui ordonne de se lever. Oswald lui donne un coup de poing, sort son revolver et tente de faire feu alors que le policier le ceinture, mais le coup ne part pas.

en Oswald est finalement arrêté et inculpé pour le meurtre de Tippit. Il est emmené au Q.-G. de la police et placé dans une petite salle d'interrogatoire sans téléphone où ne se trouvent qu'une table, 2 chaises et l'officier de police Jim Leavelle. Oswald lui répond poliment et calmement : Je n'ai tiré sur personne. Après en de discussion, un capitaine de la police de Dallas entre et demande à Oswald où il travaille. Oswald répond le Texas Book Depository. Vous êtes l'homme que je cherche, dit le capitaine.

Des services aux aguets

en , John McCone (directeur de la CIA) retourne au siège de l'agence et demande au Comité de Surveillance de son Comité Exécutif de prévoir une réunion au Pentagone, afin d'envoyer des ordres à toutes les stations et bases de signaler tous signes d'une conspiration et de surveiller tout le personnel soviétique, en particulier leurs officiers de renseignement, à la recherche d'indices que l'Union Soviétique serait en train d'essayer de tirer parti de la consternation à Washington.

La réaction immédiate à Langley, comme ailleurs au gouvernement US, est alors de suspecter qu'un effort étranger puisse être à l'œuvre, probablement mené par les communistes, pour destabiliser les USA. Richard HelmsRichard Helms racontera : Nous sommes tous allés aux stations de bataille sur la possibilité qu'il puisse s'agir d'un plan - et de qui tirait les ficelles. Nous étions très occupés à envoyer des messages dans le monde entier pour capter quoi que ce soit qui puisse indiquer qu'une conspiration avait été montée pour tuer le Président des Etats-Unis - et de ce qui allait arriver par la suite Un des premiers télégrammes est le message suivant que Helms envoie à toutes les stations de la CIA à l'étranger :

La mort tragique du Président Kennedy demande que nous ayons tous un regard acéré sur tous les développements de renseignement inhabituels. Bien que nous n'ayons aucune raison de nous attendre à quoi que ce soit de particulier en terme militaire, tout le monde doit se mettre en alerte rapidement au moins pour les prochains jours en attendant que le nouveau président reprenne les rênes s17Robarge, David: "DCI John McCone and the Assassination of President John F. Kennedy", Studies in Intelligence, vol. 57, n° 3, 2013-09.

McCone, lui, demande à ce qu'un canal spécial de télécommunication soit établi afin que tout traffic concernant Oswald soit centralisé, et envoie une équipe à l'Hopital Parkland, où Kennedy a été emmené pour traitement d'urgence, afin de coordonner les activités avec le Secret Service et le FBI. Après que le Secret Service ait obtenu un film explicite de l'assassinat pris par le photographe amateur Abraham Zapruder, McCone demande au NPIC de l'analyser (en particulier le temps entre les tirs) et de préparer des fiches de briefing pour le service.

Des officiers expérimentés de la CIA examinent la possibilité d'une implication du KGB. David Murphy (directeur de la division SR du DDP) posera la question essentielle le jour suivant : Est-ce que OsWald, consciemment ou inconsciemment, a fait partie d'un plan pour assassiner le Président Kennedy à Dallas dans une tentative de d'exacerber plus encore la sectiOnal strife et de rendre le gouvernement US moins capable de réagir aux initiatives soviétiques soviétiques durant l'année qui vient ? Le le est aussi le jour où la station de la ville de Mexico rapporte qu'il n'y a même pas 2 mois, Oswald a rencontré un officier du KGB, peut-être du 13ᵉ Directorat - responsable des assassinats et sabotages - à l'embassade soviétique de la ville. Le le , les officiers du siège penseront que bien qu'il semble qu'il [Oswald] ne pensait alors qu'à déménager pacifiquement en Union Soviétique, il est aussi possible qu'il se soit documenté sur comment s'échapper rapidement après avoir assassiné le Président.

McCone et ses adjoints sont aussi particulièrement inquiétés par le fait qu'il semble impossible de localiser Nikita Khrushchev (chef du gouvernement soviétique) juste après l'assassinat, son absence de Moscou pouvant indiquer qu'il se trouve dans un centre de commandement secret, se cachant d'éventuelles représailles américaines, ou préparant une attaque des USA. Il y avait une très grande tension concernant tous les indicateurs qui pourraient étayer ce thème, dira Helms, mais il devint manifeste dans les 24 ou 48 h qui suivirent que ce n'était pas le cas. Les soviétiques apparaissaient plutôt choqués et craignant d'éventuelles représailles américaines.

Assassiné à son tour

Jack Ruby, un immigré tentant de réussir dans les affaires, est propriétaire d'une boîte de nuit du coin. Il était dans de grandes difficultés financières, et porte sur lui un revolver pour protéger les importants montants en liquide qu'il transporte régulièrement. Pro-Kennedy mais essentiellement apolitique (et n'ayant pas pris la peine d'aller à la rencontre de Kennedy 2 jours plus tôt), il s'est gavé de pillules d'anti-dépresseurs le . Il décide de fermer son club pour le week end, mettant ses danseuses au chômage technique. L'un d'elle l'appele le Le matin du le pour de lui demander de lui verser 25 $ pour de la nourriture et son loyer.

Oswald, lui, doit être transféré dans une prison voisine du comté à le . On pense d'abord le charger dans un véhicle blindé de la police, mais ce dernier s'abîme lorsqu'il tente de passer dans l'entrée, à cause de climatiseurs fixés trop bas. On décide alors de l'escorter via la cave où se trouvent nombre de journalistes, ce qui donne l'occasion de montrer qu'il n'a pas été battu par la police. Lee, si quelqu'un te tire dessus, j'espère qu'il sera aussi bon tireur que toi, dit Leavelle à Oswald, espèrant ne pas être touché par erreur par quelqu'un qui voudrait à son tour le tuer. Personne ne va me tirer dessus, répond Oswald s18"Dallas homicide Det. Jim Leavelle, captured in iconic image of Lee Harvey Oswald being shot, recalls investigation", NY Daily News, 2013-11-17.

Ruby se portant en avant pour tirer sur Oswald
Ruby se portant en avant pour tirer sur Oswald

Ruby, avec son chien favori, Sheba, dans la voiture, quitte son domicile à le (en après l'heure à laquelle Oswald aurait dû être transféré). Il a sur lui 2000 $. Il se rend au centre ville pour verser l'argent à virer à sa danseuse puis, remarquant un petit attroupement à l'extérieur du poste de police, se dirige vers celui-ci. Au moment où il arrive, un camion en train de monter la rampe vers le garage capte l'attention du garde, et il se faufile pour entrer dans le sous-sol. Lorsque Oswald apparaît à le , Ruby se porte en avant et lui tire dessus.

Oswald assassiné par Jack Ruby le 24
Oswald, conduit par Leavelle en costume blanc, assassiné par Jack Ruby le 24s19Bob Jackson/AP

Interrogé sur les raisons de son geste, Ruby dira d'abord avoir voulu épargner à Jackie Kennedy le fardeau d'avoir à témoigner au procès d'Oswald, puis invoquera un coup de folie passager. Il n'avait jamais rencontré Oswald auparavant s20Commission Warren.

Commission d'enquête

Dans les jours qui suivent, Lyndon Baines JohnsonLyndon Baines Johnson vice-président assumant une nouvelle présidence, nomme une commission pour enquêter sur l'assassinat, dirigée par Earl Warren (président de la Cour Suprême - Chief Justice - des Etats-Unis), et comprenant des membres tels que Gerald FordGerald Ford, Allen Welsh DullesAllen Welsh Dulles ou John J. McCloy (ancien haut commissaire à la zone américaine de l'Allemagne occupée).

Le président donne carte blanche à "Commission Warren", qui reçoit les pleins pouvoirs pour son enquête et, par vote du Congrès, le droit d'enquêter sur l'assassinat aussi profondément que possible, avec la totale coopération du FBI et des autres agences fédérales. Le gouvernement désigne aussi la Commission comme la seule à pouvoir enquêter sur l'assassinat, préemptant ainsi toute enquête de Dallas ou de l'état du Texas.

le , l'assassinat est reconstitué s21Sipa.

Au nom de la commission, le FBI mène 25000 interviews, et le Secret Service 1550 autres. La Commission elle-même recueille 552 témoignages, dont 94 lors d'auditions.

Ruby

Après le procès qui l'a condamné, Jack Ruby est interrogé par Warren, le commissaire Ford et le procureur Arlen Specter de la commission Warren à la prison du comté. Ruby rend un témoignage qui confirme ce qu'il a toujours affirmé et exige même de refaire son témoignage sous contrôle d'un détecteur de mensonge pour prouver sa bonne foi. Sa condition mentale s'étant détériorée depuis sa condamnation, Ruby prend à part Warren et Specter et leur confie un secret : il entend des voix venir des soubassements de la prison. Ce serait celles des 25 millions d'âmes juives éliminées par les partisans de la John Birch Society (une organisation radicale de droite). Craignant pour sa vie, il exige qu'on le transfère à Washington (D.C.) pour témoigner.

le , la commission remet un rapport de 27 volumes, contenant plus de 10 millions de mots, concluant que Oswald a agit seul, tout comme Jack Ruby.

Théories de complot

Même avant la remise du rapport, cependant, des théories de complots sont émises et en quelques années sortent de premiers livres en critiquant les conclusions. La composition de la commission d'abord, qui n'inclut presque que des responsables de Washington. A l'exception de Warren lui-même, tous sont considérés comme étant plutôt à droite. Aucun d'entre eux n'a de compétence particulière en ballistique ou médecine légale. L'implication de Dulles, ancien directeur de la CIA, comme le rôle central de John Edgar Hoover, directeur du FBI qui rassembla la plupart des informations, parûrent suspects à certains. De plus, la Commission n'étant pas un procès, Oswald n'avait pas de défense et sa culpabilité n'eut pas à être prouvée devant un jury.

Le fait que l'assassinat de Kennedy ait semblé amorcer le début d'un changement rapide et désastreux dans la politique des USA au Vietnam eveilla aussi des soupçons. Comme à l'origine de nombre de théories de conspiration, il semble inconcevable qu'un événement aussi important que l'assassinat de Kennedy ait pu être accompli par un homme solitaire et maladroitement armé d'une carabine commandée par correspondance : un événement provoquant tant de conséquences devait nécessiter une conspiration aussi grande s22William Manchester s23Posner, Gerald: Case Closed: Lee Harvey Oswald and the Assassination of JFK, 1993. A la fin des années 1960s, l'avocat de la Nouvelle Orléans Jim Garrison fait fureur en proclamant que l'assassinat est l'œuvre de 3 anti-castristes d'extrême-droite de la Nouvelle Orléans (une théorie dépeinte dans le film "JFK" de Oliver Stone en 1991, lui aussi fortement critiqué s24Reitzes, Dave: "The JFK 100 - One Hundred Errors of Fact and Judgment in Oliver Stone's JFK"). Dans les années 1970s, ces "critiques" de Warren se comptent par centaines et, en , nombre demandent une nouvelle enquête. Des centaines de livres et articles paraîtront après les premiers efforts de Edward Jay Epstein, Mark Lane, Josiah Thompson et Harold Weisberg. Un des plus proéminent et bizarre prétendra que le corps de Kennedy fit l'objet d'une opération de pré-autopsie pour faire ne sorte que les balles paraissent être arrivées de l'arrière plutôt que du devant, comme il le prétendait -- arguant que les coups fatals ne furent pas tirés du dépôt, mais de la "butte herbeuse" d'où il était plus facile de s'enfuir s25Lifton, David S. (docteur en ingéniérie de l'Université de Californie): Best Evidence: Disguise and Deception in the Assassination of John F. Kennedy (900 pp. dont 30 pages de notes, 1981).

De fait, Oswald ne semble pas avoir de réel mobile : il n'a jamais d'exprimé d'hostilité envers Kennedy et n'a fait aucune revendication politique une fois capturé, mais à au contraire clamé être innocent. Le fait qu'il se soit à la fois engagé dans les Marines et ait opté pour une carrière de marxiste vivant en Russie est aussi tellement suspect qu'il semble étonnant qu'il ne soit pas un agent double ou du gouvernement. Beaucoup de critiquent pensent aussi que Oswald n'avait pas le temps de descendre du 6ème étage du Dépôt avant que la police n'arrive. D'autres disent qu'il n'aurait pas eu le temps de partir de sa pension et tuer Tippit dans le temps estimé de en à en . D'autres prétendent que des preuves ont été fabriquées, comme les photographies de Oswald tenant la carabine dans son jardin. Aucune transcription directe ne fut faite des déclarations de Oswald une fois arrêté, et à aucun moment il n'eut un avocat. Enfin, la capacité de Ruby à pénétrer dans la cave du Q-G de la police avec un revolver chargé au moment précis où Oswald sortrait devant des douzaines de policiers et journalistes TV, semble étonnante.

Enfin, on dit que de ce jour jusqu'à aujourd'hui cette liste a disparu aussi mystérieusement que le cerveau de Kennedy.

La "balle magique"

La trajectoire de balle magique selon les critiques
La trajectoire de balle magique selon les critiques, où les passagers sont droits sur leurs siège
La trajectoire de balle de l'explication officielle
La trajectoire de balle de l'explication officielle, où le passager avant est légèrement tourné

Comment se fait-il que la 2ᵉ balle tirée, qui traversa le cou de Kennedy de part en part, ne toucha pas le passager assis à 2 pieds devant lui dans le siège avant ? En fait elle toucha bien John Connally, manquant de le tuer aussi.

Autres tireurs ?

La photo de Moorman, censée montrer des personnages dépassant de la palissade
La photo de Moorman, censée montrer des personnages dépassant de la palissade

Quelques témoins (bien que non majoritaires) déclareront aussi que les tirs provenaient bien de la "butte herbeuse" qui faisait face à la limousine de Kennedy. Ces quelques témoignages, ajoutés à l'idée que Oswald n'aurait pas pu tirer 3 coups en , suggèrent chez certains critiques l'idée d'un 2ᵉ, voire d'un 3ᵉ tireur, et l'on se met à les chercher sur les documents disponibles. Dans les années 1990s, Jack White et Gary Mack déclarent voir dans une photo de Moorman 3 personnages dépassant de la palissade : le "badgeman" au centre, "Gordon Arnold" à sa gauche sur la photo, et "l'homme au chapeau rigide" (hardhat man) à droite.

Nombre d'incohérences sont toutefois trouvées dans cette théorie : même en imaginant que telle ou telle forme floue dans les feuillage serait un personnage, toutes font la même taille (plus petite que des adultes à cette distance) alors que le personnage nommé "Gordon Arnold" qui se trouverait quant à lui derrière un mur de béton devrait se trouver 15 pieds plus proche que les 2 autres s26"The myth of Badgeman".

Les 3 clochards

Autour du moment de l'assassinat, 3 clochards sont arrêtés. réfutées par des experts fiables ou par "Posner" et "Bugliosi".

L'homme au parapluie

L'étrange homme au parapluie sur le trajet présidentiel
L'étrange homme au parapluie sur le trajet présidentiel

en est remarqué dans les films de l'assassinat un homme tenant un parapluie (the "umbrella man") se tenant juste devant l'endroit où un tir touche le président s27Updike, John: "The Talk to the Town", The New Yorker, 1967-12-09. Cette coïncidence, ajoutée au fait qu'il ne pleuvait pas en cette belle journée, suscitent nombre de suspicions, et l'on se met à imaginer un système de parapluie dissimulant un lanceur de "fléchette" qui aurait pu toucher Kennedy au cou.

demande à l'homme au parapluie de se faire connaître et d'expliquer ce qui intrigue tant de gens. Un certain Louie Steven Witt se présente pour témoigner en , expliquant qu'il possède toujours le parapluie, ne savait pas qu'il avait fait l'objet de controverses, et que son geste était une protestation contre l'attitude du père de Kennedy qui avait soutenu Chamberlain et sa politique d'appaisement avec les nazis. Chamberlain portait effectivement souvent un tel parapluie et dans les années 1930s, le parapluie fut utilisé comme symbole de l'attitude modérée. Kennedy, qui avait écrit une thèse sur l'apaisement alors qu'il était à Harvard s28Kennedy, J. F.: "Why England Slept", aurait pu reconnaître un tel symbole, d'autant qu'il fut déjà utilisé pour en signe de protestation contre lui lors de l'édification du mur de Berlin, et qu'un groupe d'écoliers avait expédié un tel parapluie, libellé "Chamberlain" à la Maison Blanche.

Outre la performance de tir dans la gorge avec un tel appareillage, être le seul homme avec un parapluie pour réaliser un assassinat n'aurait pas été très discret. Se faire connaître par la suite non plus.

Témoins assassinés ?

Des critiques de la thèse officielle ont régulièrement affirmé que plus d'une centaine de témoins et autres personnes liées à l'assassinat étaient mortes mystérieusement. Posner examina chacune de ces morts supposées et montra qu'aucune n'était réellement mystérieuse. Posner fit aussi remarquer que pas un seul critique du rapport Warren n'était mort mystérieusement. Egalement réfuté par Bugliosi.

Ruby, quant à lui, meurt le (avant la tenue d'un nouveau procès au Parkland Memorial), d'une embolie pulmonaire consécutive à un cancer avancé qui s'est étendu au foie, aux poumons et au cerveau.

Bannister, Ferrie & Shaw

A l'été en , suite à une conversation qu'il a eue avec le sénateur Russell Long (fils de Huey P. Long), le procureur de district Jim Garrison entreprend, en secret, une enquête sur l'assassinat sous le nom de code de affaire Smith. L'enquête est révélée à la mi-en , quand la journaliste Rosemary James publie une information selon laquelle le bureau de Garrison a dépensé 8000 $ de fonds publics pour effectuer des voyages dans le cadre d'une enquête sur l'assassinat de JFK.

Malgré le décès, en , du principal suspect de l'enquête, David Ferrie, Garrison ne lâche pas prise, notamment à la suite des révélations de Perry Russo (1941-1995).

Le le , Garrison fait arrêter Clay Shaw, un homme d’affaires connu originaire de La Nouvelle-Orléans. Il l'accuse de complicité dans l'assassinat de JFK et d'être membre de la CIA, laquelle avait tenté d’accuser Lee Harvey Oswald.

Après des mois de batailles juridiques entre Shaw et le bureau de Garrison, la Cour suprême des États-Unis statue le le que Shaw doit subir son procès qui a lieu le . Shaw est acquitté par un jury, le .

Ruby meurt en .

Les coupables alternatifs les plus souvent théorisés sont :

Dans certains scenarios, des membres de ces groupes coopèrent. Par exemple, la mafia et les cubains anti-castristes (la mafia perdit ses casinos lucratifs en Havane lorsque Castro arriva au pouvoir en 1959). Au fil des années, c'est probablement la mafia qui a été la plus citée comme candidate chez les théoriciens d'une conspiration contre Kennedy.

Une autre théorie peu citée, bien que dans le rapport Warren (p. 314), est que Oswald ait en fait voulu viser non pas Kennedy mais Connaly, au 1er rang. Outre le fait que Connely fut celui qui le déchut des reserves des Marines, ce dernier se rapprochait plus des "facistes" que Oswald voulait tuer : à la droite des démocrates, il finit par rejoindre le Parti Républicain. Enfin, lorsque Marina Oswald fut avertie de l'assassinat, elle pensa d'abord que son mari tirait sur Connally plutôt que Kennedy.

s29documents de la Chambre des Représentants < Posner, Bugliosi < Joffrin, Laurent: "JFK : pour affirmer qu’il y a un complot, il faut des preuves", Nouvel Observateur, le s30Joffrin, Laurent: "Kennedy tué : oui, Oswald était le seul tireur", Nouvel Observateur, le s31Joffrin, Laurent: "50 ans après l'assassinat de Kennedy : quel complot ?", Nouvel Observateur, le s32Quivy, Vincent: "Qui n'a pas tué John Kennedy ?", Seuil, le