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Pour montrer l'intérêt et l'utilité d'un service qui peut apporter des réponses à l'opinion publique lors d'un événement insolite et exceptionnel cette fiche de synthèse décrit le déroulement des faits ainsi que le rôle joué par le SEPRA et les conclusions provisoires qui peuvent être avancées.

L'événement

Il est 20 h environ lorsque les services de sécurité du CNES Toulouse reçoivent de nombreux appels de brigades de gendarmerie leur signalant l'observation d'un étrange phénomène lumineux qui survolait une grande partie de la France lundi 5 novembre 1990

L'intervention du SEPRA

le lendemain

Sans interruption durant plus de 1 semaine le SEPRA recevra des appels de témoins ayant observé le phénomène pour le signaler et demander une explication à cet insolite, immense et lumineux triangle. Devant la tournure que prenait les événements, le SEPRA demande une aide technique et administrative pour faire face à ces demandes, 3 personnes seront détachées durant toute la semaine comme support technique dont 1 ingénieur EO/SC, une secrétaire intérimaire et la responsable de la communication à Toulouse. Dans le courant de la journée des demandes d'information sont envoyées à la NASA pour la détermination d'une éventuelle rentrée dans l'atmosphère d'un objet satellisé non prévu à cette date, ainsi que d'atures demandes à Météo France, aux observatoires et aux services de la navigation aérienne, civile et militaire.

Mercredi 7 novembre 1990

Les témoignages affluent de plus en plus nombreux dont ceux de techniciens du CNES-Aire-sur-Adour qui, devant procéder au lancement d'un ballon, retarderont celui-ci pour observer le phénomène. Il apparait que ce cas ne fait pratiquement pas ressortir de témoignages folkloriques mais plutôt une grande qualité dans la description et la similitude troublante des observations. J.-P. Haignéré, le spationnaute du CNES, observateur lui-même, nous confirmera l'étrangeté de ce phénomène ! Une dépêche de l'AFP de XXXXXX nous informe que l'observatoire de cette ville affirme qu'il s'agit de la rentrée d'une très grosse météorite.

mardi 6 08 h

Nous recevons toujours des témoignages, en particulier d'astronomes, de pilotes, d'ingénieurs, etc. J.-C. RXXXXX, Directeur de l'Observatoire de XXXX, nous déclare qu'il n'existe pas d'observatoire à XXXX ! Renseignements pris à l'AFP il s'agissait d'une information en provenance d'un club d'astronomes amateurs. Dans l'après-midi arrivée du télex suivant de la NASA :

Les indications chiffrées contenues dans le télex indiquaient avec certitude qu'il s'agissait bien d'une rentrée atmosphérique d'un 3ème étage de lanceur soviétique. Le COO nous fournira dans la soirée la trace de cette orbite de rentrée qui passait à la hauteur du golfe de Gascogne pour traverser la France et ressortir en Alsace. Il faut signaler par ailleurs que le mardi 6 novembre un téléfax de Monsieur Pierre Neirinck nous indiquait qu'il s'agissait de la rentrée du 90/94C et qu'il se situait à 103 km d'altitude au-dessus du golfe de Gascogne et à 83 km lors de sa sortie au-dessus de l'est de la France !

Vendredi 9 novembre 1990

Le CNES annonce aux agences de presse qu'il s'agissait de la rentrée d'un 3ème étage d'une fusée soviétique ayant servi à lancer un satellite de télécommunication GORIZON 21.

Analyse de cette intervention

Il s'agit du cas le plus important que le GEPAN ou le SEPRA aient eu à gérer et analyser depuis la création de ces services au sein du CNES. Ceci pour 2 raisons essentielles liées au nombre de témoignages et à la pression médiatique extrêmement forte.

Les témoignages

3 sources de témoignages nous ont servi pour l'analyse de ce cas. Il s'agit :

  1. des témoignages directs des particuliers qui généralement téléphonaient directement au CNES, la permanence leur demandait de se rendre dans une gendarmerie ou bien de nous envoyer par écrit leur observation
  2. des Procès Verbaux de gendarmerie recueillis directement par les brigades locales
  3. des comptes-rendus de pilotes civils et militaires recueillis au moyen de formulaires spéciaux.

Au total 1108 documents reçus qui se répartissent de la manière suivante :

Analyse statistique élémentaire

La distribution et la répartion géographique des témoignages PV est la suivante (nous avons volontairement choisi de prendre les départements où il y avait un nombre de PV > 10) :

BXXXXXXX 71
LXXXXXXX 57
VXXXXXXX 50
SXXXXXXX 48
CXXXXXXX 45
DXXXXXXX 41
MXXXXXXX 27
HXXXXXXX 24
EXXXXXXX 22
SaXXXXXX 17
AXXXXXXX 16
GXXXXXXX 15
LaXXXXXX 14

Les éléments qui se dégagent de cette répartition sont les suivants :

Cette répartition est due essentiellement à 2 raisons :

  1. L'observation de la couverture nuageuse (photo NOAA) de la France (Météo France Toulouse) montre à l'évidence une très bonne corrélation entre les zones dégagées et le nombre de PV rapportés
  2. les régions de l'XXX et du XXXXXXX sont sensiblement éloignées de la trajectoire et ont de plus leurs horizons masqués par des massifs montagneux.

L'heure de l'observation

Une 1ère lecture des PV nous indique une fourchette pour l'heure de l'observation de la rentrée s'échelonnant entre 18 h 45 et 19 h 30, la très grande majorité se situant vers 19 h. La courbe de distribution a une allure XXXXXXXXXX. Il faut souligner également que plus on se situe dans les régions Sud-Ouest plus la distribution est inférieure à 19 h, ce qui est en accord avec la trajectoire de l'objet. En XXXXXX c'est l'inverse qui est constaté où la majeure partie des témoignages signale le phénomène après 19 h.

La durée du phénomène

Même constat que précédemment : nous avons une appréciation de la durée qui s'échelonne entre 30 s et 2 à 3 mn, avec un pic de distribution moyen aux alentours de 1 mn. Ceci est tout à fait cohérent avec le passage au-dessus de la France.

L'évaluation de la distance

C'est la caractéristique qui a le plus intrigué les témoins, la distance étant très proche ! Nous avons même dans beaucoup de témoignages, des estimations à 100, 150 m de l'observateur. Ceci s'explique en partie par les conditions météorologiques exceptionnelles et particulières, mais aussi par les erreurs d'appréciation dans l'évaluation de la distance sans cadre de référence.

Le bruit

Dans la détermination de cette caractéristique il n'y a pas d'écart dans les témoignages puisque tout le monde signale un silence total pour le phénomène observé.

Formes et couleurs

La forme la plus fréquemment décrite est celle d'un immense triangle délimité par des lumières oranges, accompagné d'une boule lumineuse blanche très intense à l'arrière avec observation d'une traînée.

Trajectoire et cap

La trajectoire rapportée est toujours rectiligne. Quant au cap suivi, il est souvent indiqué comme Sud-Ouest/Nord-Est, conforme à une direction de rentrée inclinée à 51,7 °. Il faut également noter qu'il y a quelques témoignages indiquant une direction totalement opposée à celle de la rentrée réelle.

Dimension

La dimension généralement indiquée est celle d'un très gros objet, pratiquement aucun témoin ne fait une estimation angulaire mais plutôt une estimation comparative avec un objet familier. La comparaison avec un très gros porteur de type Boeing 747 revient fréquemment.

L'interprétation immédiate

Contrairement à une idée généralement répandue, la plupart des témoins n'ont pas recherché d'explication irrationnelle ou folklorique à partir de leurs observations, mais il faut souligner que ce sont probablement les media qui ont généré un effet amplificateur du phénomène, en laissant croire à un mystérieux engin qui pouvait évoquer l'affaire de la Belgique. Plus simplement les observateurs souhaitaient obtenir une réponse satisfaisant leur curiosité.

Analyse des rapports d'observation des pilotes

Nous avons affaire à des observateurs avertis et qui signalent régulièrement tout incident de vol auprès de leurs autorités. Nous avons reçu de l'ordre de 10 témoignages de pilotes, ce qui est considérable pour une rentrée atmosphérique et dénote le caractère exceptionnel de celle-ci. Nous avons contrairement aux témoignages des observateurs terrestres une précision nettement meilleure dans le rapprt des paramètres descriptifs. Il y a une très grande cohérente et homogénéité dans les témoignages. C'est dans l'interprétation où apparaît une distortion étonnante par rapport à la réalité du phénomène. Pour la majorité des pilotes en vol, ce qu'ils ont perçu était une escadrille en formation et en post combustion ! Peut-être les problèmes liés au conflit du Golfe expliquent-ils cela.

Des témoignages objectifs

Nous avons 2 témoins sur les quelques milliers d'observateurs qui ont eu le réflexe soit de prendre leur appareil photographique, soit d'enregistrer au camescope l'événement. Ces documents nous ont été gracieusement confiés par leurs auteurs et ils font l'objet après une enquête de notre part sur les lieux, d'une expertise technique. Ils montrent de façon fort claire qu'il s'agit bien d'un phénomène de rentrée atmosphérique.

Le rôle de la presse et des media

Encore une fois ce genre d'événement est immédiatement traité par la presse et les media dans les heures qui suivent sa connaissance. Plus de 30 demandes d'interview et d'informations ont été satisfaites durant cette période de 8 jours, et il y a eu plus d'une centaine d'articles consacrés à cette affaire dans la presse nationale et régionale. Il faut souligner la collaboration et l'aide importante apportée par le service des relations publiques du CST, en particulier par Mesdames EXXXX MXXXXX et CXXXXXX VXXXXX.

Conclusion

Ce cas de rentrée dans l'atmosphère d'un objet satellisé a pris une ampleur et des dimensions exceptionnelles par le fait qu'il s'est déroulé dans des conditions exceptionnelles par le fait qu'il s'est déroulé dans des conditions climatiques favorables à son observation (nébulosité minimum), le soir à 19 h alors qu'il faisait nuit, mais surtout que toute la phase de désintégration a eu lieu au-dessus du territoire français sur près de 1000 km et qu'elle a pu être observée par des milliers de témoins fascinés par cet insolite et spectaculaire phénomène lumineux. Cette affaire aura révélé plusieurs éléments dont il faudra tenir compte à l'avenir si de tels faits se reproduisent. Il faut améliorer nos moyens de transmission de l'information pour une meilleure expertise en temps réel. La demande à la NASA ayant été faite dès le mardi, nous n'avons reçu confirmation de la rentrée que le jeudi après-midi. Un particulier connaissait précisément dès le lundi soir de quoi il retournait en s'appuyant sur un réseau d'observateurs avertis et qualifiés. Ceci révèle encore une fois le manque cruel de moyens de détection spatiaux dont en France ou en Europe, nous manquons. Enfin du rôle tenu par les media sur des cas de cette nature, qui peuvent générer des effets de psychose, car l'intérêt des populations et leur attente est considérable.

J. J. V.

ET/EO/SC-SEPRA