La vague belge

...une explication particulière pour un des pays est à exclure, puisqu'il est tout à fait improbable qu'un appareil militaire secret d'un des pays entreprenne des vols d'essais dans différents pays. De la même manière il est plutôt improbable que des forces militaires de pays différents testent des développements similaires dans l'ensemble du monde au même moment en secret l'un de l'autre s1Condon, Eward Ulher: Prologue au projet, Rapport Condon, 1969

Exemples de témoignages de la vague belge

La "vague belge" désigne une concentration de témoignages d'observation d'ovnis relativement cohérentes signalées en Belgique de fin 1989 à fin l'année suivante.

Le mercredi 29 marque le début de la vague dans l'est de la Belgique, avec des témoignages faisant état d'énormes structures volantes puissamment illuminées, silencieuses, planant au ras du sol, immobiles ou animées parfois d'un mouvement très lent s2Augereau, Jean-François: "Les visiteurs du ciel", Le Monde, 9 mai 1990. Ce soir-là un record de 143 signalements sera enregistré s3SOBEPS.

Le vendredi 30 mars 1990, les Forces Aériennes belges prennent en chasse des ovnis signalés s4Lambrecht: "Rapport sur les observations d'OVNIs au cours de la nuit du 30 au 31 mars 1990" s5Meessen, A.: "Analyse approfondie des mystérieux enregistrements radar des F-16", Inforespace n° 97 (SOBEPS), 1998-12.

Début le mois suivant, à Petit Rechain, une photo sera prise qui fera sensation.

De par sa proximité temporelle, géographique et testimoniale (certains témoignages décrivaient des triangles) on inclut parfois la fameuse observation du 5 novembre 1990 dans la vague belge.

Enquête

Plusieurs hypothèses d'explications sont envisagées.

Prototypes secrets

Une des premières hypothèses d'explication avancée est celle d'essais secrets de prototypes expérimentaux de forme triangulaire (Aurora, A-12 Avenger II, E-7, F-117 A Night Hawk, F-22 Lightning, LoFlyte, Tr-3 A Black Manta).

Celle-ci rencontre cependant des objections comme :

  • Inadéquation de la technologie de l'époque avec les phénomènes observés : vol très lent (parfois comparé à la vitesse d'un cycliste) et silencieux, sustentation immobile et prolongée sans bruit ni effet de souffle, disparitions instantanées, accélérations foudroyantes, vols en zig-zag, déplacement dans n'importe quel plan de l'espace (en avant, en arrière, horizontalement, de façon rectiligne ou à la manière d'une toupie) s6Méheust, BertrandMeheust, Bertrand: Retour sur l'"Anomalie Belge", Le Livre Bleu, 2000.
  • La vague a duré 2 ans.
  • Risque de se faire photographier ou d'un incident technique (aucune technologie n'est infaillible) alors que les techniques de simulations rendent de moins en moins nécessaires des essais aussi risqués
  • Pourquoi la Belgique et pas le territoire américain (une bataille classique en Europe de l'ouest n'est plus d'actualité)
  • Le nombre d'observations (1500 environ) impliquerait autant de sorties depuis une base (en Angleterre ?) et une mobilisation sur des journées entières (plusieurs observations faites dans les mêmes journées) voire de nombreux prototypes dans le cas d'observations multiples (jusqu'à 16 par les mêmes témoins au même moment) simultanées à des endroits différents ou relativement éloignés.
  • En juin 1993, 8 F-117 A ont été testés au-dessus du territoire belge avec l'assentiment des autorités. En 4 semaines environ 100 vols nocturnes ont été effectués, sans générer aucun témoignage d'ovni s7Vague d'Ovnis sur la Belgique, tome 2, SOBEPS, p. 308.
  • Les comportement observés ne sont pas conformes à ceux d'avions furtifs qui n'ont pas vocations à se déplacer lentement et représenter des cibles faciles.
  • Quel mobil militaire à un comportement ostentatoire et élusif, survolant des agglomérations

Aérostats amateurs

Les objections de la piste militaire amènent à proposer d'aérostats télécommandés (peut-être par Michel K., qui se serait vanté d'une quinzaine de telles sorties nocturnes) s8Laet s9Delmon s10Méheust, B.: Retour sur l'"Anomalie Belge", Le Livre Bleu, 2000.

Cependant, cette hypothèse rencontre aussi plusieurs objections :

  • Inadéquation avec certaines observations (objet se déplaçant à 50 ou 60 km/h au milieu de nuages se déplaçant plus vite, au milieu de rafales de vent de 130 km/h s11Vague d'Ovnis sur la Belgique, tome 2, SOBEPS, p. 85)
  • Les manifestations n'étaient pas directement orientées vers une publicité pour Michel K. (ce dernier aurait toutefois pu vouloir se venger du peu d'intérêt que l'armée belge porta à son invention s12Boitte, F.).
  • Personne n'a vu un dirigeable de Michel K. en forme de triangle (sphère uniquement s13Boitte, F.).
  • Le ou les auteurs auraient financé et réalisé de telles manifestations auraient travaillé pendant 2 ans, avec plusieurs aérostats semblables, en des lieux différents et simultanés

Hélicoptères

Renaud LecletLeclet, Renaud proposera une explication par des observations d'hélicoptères s14Leclet, R.: La vague ovni belge de 1989 à l'année d'avant - Une hypothèse oubliée, CNEGU/SCEAU.

Contagion psycho-sociologique

Statistiques vague belge
Statistiques vague belge

Enfin, ces hypothèses seront réutilisées comme déclencheurs d'une contagion psycho-sociologique prétendant expliquer la taille de la vague : une poignée d'observations d'aérostats aurait généré une vague de méprises (méprises avec avions, étoiles + pression socio-culturelle) s15Paquay, Roger.

Cette hypothèse aussi sera contestée :

  • Les phénomènes sont parfois vu de près, détaillés avec précision par plusieurs personnes en même temps (au total entre 4000 et 5000 témoins)
  • Si le mécanisme prétendu est universel (et si l'on reconnait que la population belge n'est pas frappée d'une affection mentale quelconque qui l'amènerait à "voir des choses" plus que la moyenne), pourquoi d'autre poignées d'observations n'ont-elles pas déclenché des vagues aussi conséquentes ?
s16"Analysis of the 1990 UFO reports by British jet fighter pilots", UFONet