Quo Vadis ? La science et le problème des ovnis

article World Meteorological Organization présenté à la conférence de l'AIAA de Pasadena (Californie), lundi 20 janvier 1975

On vous a présenté une série de traités intéressants sur le problème. Dans l'article de conclusion de ce symposium, je souhaiterais adresser une question que, je pense, la communauté scientifique et d'ingénierie internationale doit maintenant se poser : Quo Vadis ? ? Que faisons-nous maintenant ?

Allons-nous continuer indéfiniment à collecter des rapports qualitatifs (ou au mieux, pseudo-quantitatifs) ? Allons-nous laisser ces rapports s'accumuler dans des publications non-scientifiques, en termes non-scientifiques avec des interprétations non-scientifiques jusqu'à ce que nous ayons, au bout de 20 autres années, 100 000 rapports de ce type au lieu des 50 000 qui existent aujourd'hui ?

Allons-nous perpétuer une situation dans laquelle ce matériel n'est pas plus considéré qu'une lecture divertissante plutôt qu'un ensemble de données accessible à la communauté scientifique ?

Le temps est venu de reconnaître qu'un matériel d'observation suffisant existe pour répondre à la question de savoir si oui ou non le phénomène ovni représente un problème scientifique légitime et comment il peut être défini en termes scientifiques clairs.

Je soumets que ceci n'a pas été fait et que, tant qu'il n'a pas été fait, toutes les tentatives pour interpréter le phénomène resteront speculatives aux yeux de la communauté scientifique.

Comme vous le savez peut-être l'AIAA a formé il y a plusieurs années de cela un sous-comité sur les ovnis au sein de ses Comités sur la Physique de l'Espace et l'Environnement Atmosphérique. Si nous avons appris quelque chose dans le travail de notre Comité, c'est bien que les questions doivent être posées et les réponses données dans le bon ordre.

La situation actuelle

Avant d'essayer de réponse à la question de ce que sont les ovnis et d'où ils viennent, on doit établir s'ils représentent un problème scientifique réel ou imaginé. Ceci ne peut être décidé que sur la base de matériel observationnel, mais ne peut être décidé sur la base que des interprétations possibles sont acceptables ou inacceptables. Par exemple, il n'est pas scientifique de rejeter l'existence du problème ovni en montrant que les probabilités en défaveur de l'hypothèse extraterrestre sont particulièrement élevées. Ceci peut servir à rejeter une hypothèse spécifique, mais pas le problème en lui-même.

Nous avons aussi dans le travail de notre Comité appris pourquoi la Question N° 1, c'est-à-dire l'existence ou l'inexistence d'un problème scientifique défini, a jusqu'ici été négligée.

Il est important de comprendre les raisons et elles ont à voir avec certains groupes de personnes qui se préoccupées de ce problème vexant, mais intriguant.

Parmi les scientifiques et ingénieurs, il y a 3 groupes intéressés par ce problème. Leurs tailles respectives sont directement proportionnelles à leur ignorance de la question.

Le 1er groupe comprend une assez grande fraction de la communauté scientifique totale, alors que les membres du 3ᵉ group peuvent être comptés sur les doigts de vos 2 mains. Entre les 2, il y a un groupe assez petit qui a fait des efforts résolus pour obtenir un apperçu suffisant et arriver à une évaluation du problème. Ce groupe est plutôt bien informé comparativement au 1er grand groupe, mais assez ignorant comparé au 3ᵉ petit groupe. Les membres de notre comité pourraient être comptabilisés dans ce groupe du milieu, alors que plusieurs des intervenants d'aujourd'hui fassent partie du club exclusif que vous pourriez compter sur vos doigts. Je suspecte aussi que beaucoup dans cette assemblée puissent tomber dans le 1er groupe (ou qu'ils le seraient à déjeûner aujourd'hui et non pas dans cette salle).

Ce grand 1er groupe consiste principalement en des scientifiques et des ingénieurs ayant entendu parler du problème et y étant ? passivement ? intéressés mais réservant leur jugement. Habitués à s'orienter en fonction des journaux scientifiques sur un sujet d'intérêt quelconque, ils sont frustrés par le manque total de discussion scientifique dans les journaux reconnus et par l'inaccessibilité du matériel observationnel d'origine. Ils remarquent que le vide dans la littérature scientifique est compensé par une inondation de livres et d'articles pseudo-scientifiques dans les magazines en kiosques (les scientifiques ne sont généralement pas préparés à collecter ce type de données depuis Playboy ou Enquirer). Bien sûr, il y a des exceptions et l'un de nos intervenants ici a probablement écrit le livre le plus informatif disponible.

Il faut bien comprendre que, tant que les données ne sont pas présentées sous forme digest dans des journaux scientifiques prouvant l'existence d'un problème scientifique bien défini, le 1er groupe préservera sa curiosité, mais aussi sa suspicion que le rêve soit à l'œuvre.

Avant de discuter du rôle du 2ᵉ groupe, regardons ce que font les membres du 3ème groupe. La plupart d'entre eux ont consacré énormément de travail et d'intelligence à ce problème. Ils ont abordé la 1ʳᵉ question depuis longtemps, s'étant convaincus que le problème est réel et travaillant maintenant intensément sur la 2ème question : l'interprétation du phénomène. Ils ne s'intéressent plus à la 1ʳᵉ question avec laquelle les autres groupes se battent toujours. C'est compréhensible, mais regrettable, un talent énorme se trouvant dans ce petit groupe. Aucun scientifique n'a réussi en se contentant de sa seule curiosité et d'être convaincu lui et ses amis de ses conclusions sans faire l'effort très laborieux de formuler le problème et ses conclusions de manière convaincante, convaincante aussi pour ses pairs. Nous devons tous obéir à cette règle scientifique de base. Le cri je me suis convaincu sur la base de longues années d'effort reste non entendu chez les scientifiques et c'est ainsi que cela devrait être.

J'admets que la formulation est particulièrement difficile dans ce cas où l'enregistrement de données quantitatives est presque entièrement absent. Malheureusement, le traitement doit aussi être de qualité exceptionnellement élevée au regard de la complexité du problème et du discrédit dont il a souffert au cours de son étrange histoire. Je ne vois aucune manière de sortir de l'impasse sans faire cet effort de prouver la réalité de la question en tant que problème scientifique et sa définition adéquate.

Avec le 1er groupe attendant passivement et le 3ᵉ groupe forging farther and farther ahead (certains disent "far out"), il semble qu'il revienne au 2ᵉ groupe, que l'appellerait le "Groupe Évaluateur", de réduire ce fossé se creusant de plus en plus au-dessus du vide existant dans la littérature scientifique. L'alternative est de laisser la situation ambiguë actuelle se continuer indéfiniment.

Ceci m'amène à la 2de partie de mon intervention, c'est-à-dire la question de comment accomplir ceci, mais avant d'adresser cette question, je dois m'excuser de ne pas inclure dans ma discussion 2 autres supplémentaires actifs dans ce domaine, mais travaillant principalement en dehors de la communauté scientifique et d'ingénierie. L'un est assez grand et consiste en des organisations nationales et internationales dédiées à la collecte et le suivi des signalements d'ovnis. Ils sont également importants en tant que source de données, mais les déclarations parfois non-scientifiques de certaines d'entre elles n'ont pas toujours aidé à clarifier la question.

Assez à part de ce groupe se trouve le groupe bruyant de fanatiques émotionnels ? partisans comme adversaires ? dont la principale contribution a été d'obscurcir la question. Je pense qu'une solution scientifique au problème doit venir de la communauté scientifique et c'est pourquoi je n'ai pas mentionné les 2 derniers groupes.

Les étapes suivantes

Je dois ici commencer pas une supposition. La supposition est que la question n° 2, Que sont les ovnis ? ne peut être résolue que par un large effort pluridisciplinaire et qu'un tel effort nécessitera un soutien institutionnel et financier majeur. En d'autres mots, je doute que les efforts sur leur temps libre des individus les plus capables et énergiques suffiront à fournir une réponse qui puisse être acceptée par la communauté scientifique à grande échelle. Si cette supposition est exacte et que la source d'un tel soutien est un financement public, les propositions d'attributions de recherche devront rencontrer une considération favorable non seulement de la part de l'agence supportrice, mais aussi des membres examinateurs de la communauté scientifique, et ceci dans un climat actuellement défavorable. Ceci ramènera immédiatement à la question n° 1: Y a-t-il un problème scientifique réel, non imaginaire, et quelle est sa définition ? Si la réponse à cette question nécessite également ce type de soutien externe, nous sommes alors dans un "cercle vicieux". Il y a des indications que le cercle vicieux se maintient actuellement. J'aimerais par conséquent faire certaines suggestions sur la manière de le briser.

Figure 1. Identification (> 20 000 cas)
Figure 1. Identification (> 20 000 cas)

La manière la plus efficace de s'attaquer à cette question est d'utiliser la grande masse de matériel observationnel existant et de la soumettre à une analyse statistique soigneusement conçue. Les études de Saunders ert de Poher et Vallée présentées à ce symposium semblent aller dans la bonne direction. Travailler, d'un autre côté, sur de nouveaux cas avec des méthodes améliorées ? desirable as this may be ? nécessiterait en toute probabilité un effort dépassant les possibilités individuelles et pourrait en fait mener au même piège que celui dans lequel l'étude (Condon) de l'Université du Colorado est tombée. La figure 1 illustre cette situation.

Selon la meilleure évaluation disponible, seuls 5 % environ des rapports existants peuvent être qualifiés de "non-identifiés" et seule une fraction de ceux-ci est de "crédibilité" et "étrangeté" suffisantes. En conséquence, 95 % des efforts s'étendant à de nouveaux cas pourraient être gâchés et le véritable nombre de "cas intéressants" ne fourniront pas un échantillon statistiquement significatif (bien que cela puisse produire un matériel observationnel disponible aujourd'hui et déjà informatisé en 2 ou 3 endroits est si grand (de l'ordre de 50 000) que même une petite fraction de cas "non-identifiés" représente un grand nombre. De plus, la "probabilité" (ou "crédibilité") des observations non-identifiés ? de manière assez remarquable ? ne décroît pas à mesure que croît l'"étrangeté", comme on pourrait s'y attendre (voir la figure 2). Par conséquent, nous avons un échantillon significatif sur lequel travailler.

Figure 2. Diagramme S/P
Figure 2. Diagramme S/P

Ce qu'il faut faire, alors n1Impliqué dans ces remarques est le point de vue que le rapport Condon ne fourni pas la réponse finale au PROBLEME OVNI. Les raisons ont été publiées précédemment par notre Comité, mais parmi elles se trouve le fait que l'étude Condon tombe dans le piège décrit dissipant la plupart de ses efforts sur des cas identifiables et manquant d'une approche statistique. Les conclusions de notre Comité, sur la base d'une approche du "meilleur jugement", étaient en désaccord avec les conclusions de Condon lui-même. ressemble à ce que est actuellement fait dans les sciences atmosphériques dans un domaine tout aussi difficile et controversé, à savoir la modification du climat. Si les résultats "modifiés" diffèrent des résultats "attendus" (normaux) de manière significative, par exemple au niveau d'une significativité de 5 %, alors la méthode de modification est généralement considérée comme fructueuse. Des méthodes rafinées ont été développées pour ce domaine spécifique et pourraient donner des orientations pour le problème en main.

La distribution des cas telle que montrée en figure 1 semble s'offrir facilement à ce type d'analyse si elle on l'applique au résidu des "non-identifiés" avec des valeurs P/S élevées d'un côté et au secteur des "identifiés" de l'autre. Il s'agit alors de sélectionner les bons paramètres et de déterminer leur variance dans les 2 groupes (Poher et Vallée ont tenté quelque chose dans cette ligne). Une telle approche fournira la réponse à la question de base : le petit résidu de cas non-identifiés peut-il être considéré comme un bruit des cas identifiables, ou représente-t-il un signal significatif enseveli sous un bruit considérable ? On devrait réaliser que l'application d'un facteur d'"étrangeté" constitue déjà l'expression d'un caractère de signal du résidu, bien que subjectif et qualitatif. Il devrait être possible de l'exprimer objectivement et quantitativement à travers l'approche statistique suggérée. De plus, cette méthode identifiera le problème en termes scientifiques ou techniques quantitatifs et testera la réalité des problèmes.

Par la suite, on pourra étendre l'analyse à tous les cas non-identifiés et voir s'ils contiennent le même signal. Ceci élargira la base statistique. L'ensemble de données was also last notified according to time or geography for additional significance testing.

Si les résultats sont négatifs et que le résidu montre des différences statistiquement non-significatives par rapport aux cas restants, cela devrait mettre un terme à la controverse sur les ovnis (jusqu'à ce que quelqu'un arrive avec des paramètres différents). Si les différences sont significatives, disons aux environs du seuil de significativité de 10 %, cela produira une justification solide à une recherche plus poussée.

Il est maintenant nécessaire de développer cette approche par des experts en statistiques et d'y procéder de la manière la plus auto-critique possible. Je pense que ceci est une avenue ouverte aux efforts de particuliers, spécialement ceux du 3ème groupe, en supposant qu'ils aient quelque temps informatique à leur disposition.

Les résultats doivent être publiés dans la littérature scientifique et nous rencontrons ici un autre obstacle. Des articles soumis à titre individuel pourraient être rejetés par des journaux professionnels en raison de l'[ligne manquante] existant (...) qui devrait dégager la voie pour de telles publications de la même manière que notre sous-comité l'a fait pour le journal "A & A".

Je pense que ce qui devrait être fait est que ce groupe forme un Comité de Lecture de scientifiques hautement respectés. Ils devraient aider à amener de tels articles à leur meilleure forme possible et par la suite les soumettre et les recommander pour une publication dans des journaux spécifiques en y attachant leur propre critique. Ceci pourrait ouvrir la porte de la littérature scientifique aux auteurs souhaitant exploiter cette possibilité.

Enfin, je voudrais adresser la question des études de cas et de la manière dont être pourraient être améliorées. De nombreuses personnes ont discuté divers arrangements et nous avons fait de même dans notre Comité. La plupart de ces arrangements débouchent sur le problème discuté plus tôt : ils sont trop coûteux et nécessitent un soutien important. Nous sommes cependant arrivés à une idée relativement abordable, qui pourrait marcher ou non. Si elle fonctionne, il pourrait être assez significatives et c'est pourquoi elle mériterait d'être essayée.

Le Service de la Météo Nationale mobilise approximativement 100 radars météo 24 h/jour aux Etats-Unis afin de fournir une information aux divers centres de prévision, d'avertissement et climatologigues. Des photographies des écrans PPI sont prises 1 fois/h pendant par beau temps et 1 fois toutes les 40 s par gros temps. Elles sont stockées à l'installation du Service des Données Environnementales à Asheville, en Caroline du Nord.

Les radars ont des modes de portée d'un rayon de 125 et 250 miles, et la figure 3 présente une couverture des Etats-Unis dans ce dernier mode. Un calcul de la couverture de volume montre que la portée de 250 miles fournit [ligne manquante] la totalité des Etats-Unis.

Les chiffres correspondants pour la portée de 125 miles est d'environ 28 %. Des couvertures se recouvrant augmenterait les chiffres jusqu'à un maximum de 80 %. Une recherche des trajectoires anormales et des vitesses de vol est un principe possible, mais qui se révèle être d'un coût prohibitif en termes d'effort comme de coûts financiers. Si l'on se rappelle, cependant, qu'environ 20% de l'ensemble des cas non-identifiés sont des "rencontres rapprochées", comprenant des atterrissages, émerge la possibilité de confirmer ces signalements par de véritables enregistrements radar. Par exemple, dans le cas largement publié du capitaine Coyne et de son équipage d'hélicoptère, une double cible pourrait être trouvée. Un inconvénient possible de cette approche est le manque de bonne couverture radar à de basses altitudes (où interviennent la plupart des "rencontres rapprochées") en raison de la géométrie de courbure de la Terre. De plus, une meilleure couverture radar est disponible pendant un mauvais temps alors que les cas non-identifiés sont favorisés par un temps clair, selon les statistiques disponibles.

Néanmoins, l'effort est réduit et peu coûteux, et aucun soutien important n'est nécessaire. S'il n'est pas fructueux, rien n'est perdu, mais s'il est fructueux cela pourrait ajouter un élément de données capital aux études de cas spécifiques. Cette information pourrait déjà exister sans avoir été récupérée.