La plupart des lecteurs de ce rapport seront peut-être convaincus que des vaisseaux spatiaux extraterrestres
ou d'autres phénomènes inconnus ne peuvent être
impliqués que dans un tout petit pourcentage de l'ensemble des signalements
d'ovnis, voire dans aucun. Il y a pourtant une curieuse tendance chez de nombreuses personnes étudiant le
problème à supposer que le seul nombre de signalements prouve d'une certaine manière qu'une réalité physique
quelconque doit être à l'œuvre. Par exemple, J. E. McDonald (1968)
défend devant le Comité de la Chambre sur la Science et l'Astronautique, dans une phrase d'un paragraphe sur la crédibilité du témoin : ...Il
semble fastidieux de s'étendre ici sur ces questions évidentes. N'importe qui peut se tromper bien sûr ; mais il
serait osé effectivement de suggérer que les milliers de signalements d'ovnis aujourd'hui répertoriés soient
simplement un témoignage de fabulation, comme ce sera encore mieux montré par certains [cas sélectionnés].
Jones, qui va à l'encontre de la probabilité de tout nombre substantiel de soucoupes volantes, dit : Tellement de de soucoupes volantes ont été vues jusqu'ici, si l'on devait croire
tous les récits, que sûrement une d'entre elles se serait écrasée ou aurait laissé des traces de ses visites. Il est
vrai que l'on peut expliquer l'absence de reliques en supposant ... une fiabilité fantastique...
Il me semblerait que si l'on commence en étudiant la crédibilité des témoins et une sélection de cas, et si l'on se rend compte de ce fait qu'il est assez concevable et probable que le gros des signalements soit de simples erreurs et fabrications, alors les arguments invoquant l'énorme nombre de signalements n'est plus pertinent. Nous ne plus préoccupés que par un petit "résidu" de signalements bizarres.
Cela suggère une autre approche des signalements "résiduels" d'ovnis. Nous pourriez tenter de répondre à la question : quelle est la fréquence maximum de vaisseaux spatiaux qui pourrait effectivement avoir pénétré notre espace aérien et nous laisser malgré tout de si maigres indices de leur existence ? A l'évidence si un disque métallique de 30 pieds survolait le Capitol pendant des heures, nous aurions une multitude de photos, bandes video, et d'autres éléments solides de la part de différents observateurs à différentes positions.
Une mesure de la réaction du public face à des phénomènes spectaculaires et céleste non familiers peut être obtenue de l'étude des signalements de boules de feu. 6 boules de feu spectaculaires furent étudiées jusqu'ici en utilisant les analyses de C. P. Olivier de la Société Météoritique Américaine (1962, 1963, 1967) et les signalements dans Ciel et Télescope. Parmi ceux-ci, la durée la plus longue fut de seulement 31 s pour l'objet du lundi 25 avril 1966 ; encore une fois même pour un objet d'une telle courte durée, un certain nombre de photographies furent prises. Dans d'autres cas, des traînées de poussière d'une durée allant jusqu'à 17 mn furent photographiées le largement signalées. Les observations Zond IV s'appliquent également. Ces données permettent des estimations de la fréquence des signalements visuels comme photographiques.
Les boules lumineuses étaient plus brillantes que la pleine Lune dans la plupart des cas. Sous elles n'apparaissent pas comme des sources ponctuelles, mais comme un disque ayant environ la moitié de la taille de la Lune. Certaines d'entre elles étaient suffisamment brillantes pour attirer l'attention des personnes à l'intérieur ; certaines d'entre elles étaient accompagnées d'explosions semblables au tonnerre. Toutes attirèrent une attention nationale. En somme, elles sont suffisamment remarquables pour avoir attiré l'attention et des photographies, et sont donc considérées comparable à d'hypothétiques "soucoupes volantes" bien observée dans le cadre d'une réponse du public.
L'analyse doit prendre en compte le nombre d'habitants dans la zone de visibilité tout comme la durée de visibilité. Nous pourrions appeler "exposition" du phénomène le produit de sa durée par le nombre d'habitants. Nous pouvons chercher dans quelle mesure le nombre total de témoins effectifs est lié à l'exposition.
Pour les durées de courte période (quelques mn) on peut raisonnablement s'attendre à ce que le nombre de témoins (une fraction du nombre d'habitants) soit proportionnel à l'exposition. On peut également le supposer pour le nombre de signalements détaillés récupérés par les enquêteurs qui les solicitent, et pour le nombre de photographies. Dans les cas de boule lumineuses et de Zond IV, il existe des données indiquant le nombre de témoins, le nombre de signalements récupérés, ou le nombre de photographies. Ainsi, si N est le nombre total d'habitants, et t est la durée de l'événement (en s), nous avons une théorie du 1er ordre de la forme :
Il est possible d'identifier la constante de proportionalité, C d'après les signalements mentionnés ci-dessus. Les valeurs dérivées sont listées en Tableau 4. La constante 1/C a les dimensions homme-sec/témoin (ou /signalement, /photographie). Par exemple, les dossiers de la Force Aérienne sur Zond IV dégagent 78 rapports pour un phénomène de 2 mn visible depuis une région habitée par 23 000 000 personnes estimées, ce qui donne 3,5 x 107 hommes-sec pour générer un signalement. Il est clair que le nombre de photographies générées dépendra de la durée du phénomène d'une manière plus complexe qu'indiqué dans notre simple équation, puisqu'avec des durée dépassant une certaine limite, plus de témoins auront le temps d'obtenir un appareil photo. Dans ce traitement approximatif et de 1er ordre, cette complication est négligée.
L'application du tableau 4 peut être illustrée par les signalements de boules lumineuses. Les données d'origine suggèrent près de 500 signalements en 5 ans pour ces objets très brillants. Nous supposons qu'une boule lumineuse est en moyenne visible pendant 10 s environ. Ces chiffres nous permettent de résoudre l'équation (pré-citée) du nombre d'habitants dont le ciel est traversé par des boules lumineuses en 5 ans. Si cela prend 6 x 106 hommes-sec pour générer un signalement (tableau 4), alors les boules lumineuses doivent avoir été exposées à près de 300 000 000 personnes. On s'attend à ce que ce chiffre soit exact pour plus qu'un ordre de magnitude. C'est-à-dire, que chaque citoyen des Etats-Unis a manifestement une ce des boules lumineuses au-dessus de lui toutes les quelques années (qu'il soit dehors ou non pour la voir). Ceci s'accorde bien avec les données connues — l'estimation par Vedder (1966) du flux de météores de magnitude -15 est de 1 tous les 3 à 4 années au-dessus d'une région de la taille des Etats-Unis.
La question qui s'offre à nous est de savoir combien des signalements d'ovnis pourraient correspondre à de véritables objets au regard des données disponibles. Un "résidu" de ne serait-ce que 2% des cas est-il raisonnable ? Nous avons 3 statistiques pertinentes :
Date boule lumineuse | Lieu | 1/CW | 1/Cr | 1/Cp |
---|---|---|---|---|
mai 1969 novembre 1955 | France | 6,0x106 | ||
le mois précédent janvier 1961 | Californie | 5,0x104 | ||
mercredi 23 avril 1962 | New Jersey | 1,5x106 | 6,0x109 | |
25 Mars 1963 | Maryland | 9,1x105 | ||
9 Décembre 1965 | Michigan | 5,3x106 | < 1,2x1010 | |
25 Avril 1966 | New York | 3,1x103 | 5,4x106 | < 4,0x108 |
3 Mars 1968 | (Zond IV) | 3,5x107 | ||
Valeur adoptée | 104 | 6x106 | 5x109 |
En combinant ces 3 statistiques avec les 3 constantes du tableau 4, nous dérivons 3 estimations indépendantes du
nombre total de citoyens exposés à des ovnis de haute étrangeté
ces 20 dernières années ; viz.,
2x107 ; 1x108 ; et 2x109. On peut voir que l'exactitude ne dépasse pas un ordre
magnitude. Cependant, en prenant 200 000 000 personnes comem valeur représentative, les implications sont claires. Les
résultats suggèrent que pour ne générer que ce résidu de 2 %, chaque personne de ce pays doit avoir eu un ovni visible
au-dessus de son horizon au moins une fois ces 20 dernières années.
Bien sûr, la plupart des heures-hommes de ce pays étant passées à l'intérieur, ou endormi, ou en ne prêtant pas
attention au ciel, il n'est pas surprenant que très peu de gens aient signalé de tels appareils. Mais en prenant en
compte le réseau de surveillance automatique équipant ce pays, un portion si faible d'indices "solides" est à
la limite du crédible. La statistique est semblable à celle de 5 ans sur les boules lumineuses, et bien que les éléments
rassemblés sur une période arbitraire de 5 ans pour l'existence des boules lumineuses
soient semblables à ceux
rassemblés sur plus de 20 ans pour les "soucoupes volantes", les
"éléments en faveur des boules lumineuses" sont peut-être plus convaincants : ils incluent une détection par caméras
automatiques, un grand nombre de témoins par incident, et des témoins plus fiables. Accepter que près de 2 % de cas
résiduels soient des exemples d'appareils extraordinaires, alors, revient à accepter qu'un ovni puisse voler dans tout
le pays de manière à ce qu'il soit potentiellement visible pour, ou dans le ciel de, chaque citoyen pendant
40 s sans être indubitablement enregistré ou signalé de manière concluante.