Aucun témoignage n'est suffisant pour établir un miracle, à moins que le témoignage soit d'un type
tel que sa fausseté soit plus miraculeuse que le fait qu'il entreprend d'établir... s1Hume, David
Evaluer un témoignage est sans doute l'une des opérations les plus difficiles lors d'une enquête ufologique, sûrement le plus fréquent. mais pas plus qu'une photo
ou qu'un autre indice pris isolément, il ne suffit à établir des faits.
Le témoin
La question de l'évaluation du témoin lui-même afin de mieux jauger son discours fait débat s2Lagrange, P..
En effet :
le but de l'enquête ufologique étant d'évaluer ce que le témoin a vu, pas d'évaluer le témoin
le témoin n'est pas évalué de la sorte lorsqu'il rapporte un phénomène connu (accident de voiture, météore,
etc.).
En particulier, les évaluations de la sincérité ou de l'autorité d'un témoin ne suffisent pas à évaluer si ce qu'il
décrit correspond à l'exacte réalité (les statistiques montrent que 90
% environ de témoins généralement sincères et parfois très compétents signalent ce qui sont en fait des OVIs).
Une enquête sur le témoin pourra également permettre d'exclure ou non différents biais du témoignage (les
résultats/documents liés devront être protégés par le secret professionnel) :
L'enquête psychologique devra effectuée séparément de l'enquête de terrain au travers d'un
tête-à-tête enregistré de 45 à 60 mn entre chaque témoin et le/la psychologue. Par exemple il sera intéressant de savoir si
la personne a été soumise à un stress intense (pouvant faire perdre la mémoire ou remplacer certains évenements
par d'autres souvenirs fabriqués) avant son observation.
L'enquête physiologique permettra d'exclure certains biais rares :
Les phosphènes, sensations lumineuses pouvant apparaître spontanément lors de certaines
maladies (des yeux et même tumeurs du cerveau) ou lors de voyage spatiaux ou à haute altitude.
Les excès de glucogène (un sucre utilisé par l'organisme) dans les neurones, pouvant
provoquer la vision de lumières mouvantes.
Une maladie de foie peut donner l'impression de voir danser des points noirs devant les
yeux.
La prise de médicaments pouvant provoquer des effets secondaires
Le discours
Si le témoignage est une des données les difficiles à interpréter, en raison des diverses
déformations n1Ce que Michel Carrouges appelera le "phénomène témoin" dans Inforespace HS n° 1, décembre 1977
qu'il est susceptible de connaître, à savoir :
l'esprit du témoin (subjectivité) : "voir" n'est pas un acte objectif indépendant de toute
interprétation. Il fait appel à la mémoire, met en œuvre des processus d'identification par comparaison avec des
choses connues, etc. s3Haines, Richard F.: Observing UFOs: An investigative
handbook (Nelson-Hall Publishers, Chicago 1980, ISBN 0-88229-725-2) — Une présentation
détaillée et scolaire des problèmes de perception impliqués dans la séparation des faits et de la fantaisie
ufologique. Hautement recommandé pour les enquêteurs sérieux en ufologie selon Josef Allen Hynek.
De manière relativement innoportune, on demandera pourtant souvent au témoin de reconstituer son
observation au travers d'une déclaration (pourtant particulièrement difficile puisqu'implicant de mettre
des mots -- plus ou moins sophistiqués selon les témoins -- sur un phénomène que par définition il ne sait
définir) ou d'un dessin (faisant une fois de plus fi des différences d'aptitude de témoins -- savoir
dessiner cette fois). Ces approches sont à opposer aux reconstitution de témoignage par reconnaissance
(portrait-robot, collection d'élements d'images-types, phénomènes connus, simulations etc.) beaucoup plus
efficaces et moins sujettes aux déformations s4Shepard, Roger N.: "Some
psychologically oriented techniques for the scientific investigation of unidentified aerial
phenomena", Symposium sur les Objets Volants Non
Identifiés, Auditions devant Comité sur la Science et l'Astronautique, Chambre des Réprésentants U.S, 9ème Congrès, 2nde Session, 29 juillet 1968.
l'enquêteur, qui va se faire une opinion sur le cas, sur la "sincérité du témoin" (dont
l'apparence doit être indépendante d'une évaluation objective)
la publication qui décide de publier ou non le témoignage en fonction de ses options
inconscientes. Par exemple nombre de publications considèreront à tort qu'il est inutile ou non intéressant de
publier des cas expliqués.
le lecteur, qui reconstruit inévitablement le récit dans sa tête, à sa manière. Comment va-t-il
interpréter la description d'un disque sur la tranche (debout ou vu par la tranche ? Une telle description
peut très bien ne pas être celle d'un véritable disque), un cigare (une forme de cigare ? un disque sur
la tranche ?) une forme de toupie retournée (retournée comment, cela renvoit-il à la même chose dans
l'esprit du témoin, de l'enquêteur, du lecteur) ?
la recopie ou la traduction, omettant ou
déformant des informations importantes
Le site que vous consultez actuellement n'est donc certainement pas exempt de telles erreurs.
Corroborations
Outre les indices physiques pouvant confirmer ou contredire un témoignage, un
événement particulièrement important est l'existence d'autres témoins
indépendants (au même moment, mais relativement éloignés et sans lien avec les autres témoins). L'expérience montre
en outre que la cocommitance de l'événement doit primer sur la correspondance exacte des descriptions, les témoins
ne décrivant que rarement exactement la même chose.
Certains canulars visent à jauger la crédibilité des témoins. Par exemple le au-dessus de Clearwater (Floride), un pilote de l'USAF largue volontairement
depuis son Cessna 170-A 5 fusées éclairantes dans le but d'évaluer la qualité des témoignages d'ovnis s5Vallée, J. & Hynek, J. A.: "Un canular de l'Air Force", Aux
limites de la réalité, p. 188.