Solitude dans l'immensité

Ailleris, PhilippeAilleris, Philippe: Acta Astronautica, vendredi 30 janvier 2009

Durant tout le 20ème siècle, l'exploration spatiale a été une source constante de découverte scientifique, d'interrogations, de spéculation et de révolution de nos connaissances. Que ce soit depuis le 1er objet artificiel placé dans l'orbite terrestre ou les pas de l'homme sur un autre monde, ou les images visuelles rapprochées de corps distants de notre système solaire ou notre planète mère ; l'exploration spatiale a été sujet de fascination et imagination humaine comme aucun autre domaine, laissant une empreinte très importante dans la conscience et les imaginations des gens. Avec le 1er vol dans l'espace de Yuri Gagarin en 1961, des hommes et les femmes ont commencé à s'aventurer hors de leur berceau planétaire et initier une nouvelle relation avec l'univers.

Durant des millénaires nous avons cherché à comprendre notre place, notre rôle et la nature de l'univers auquel nous appartenons. Contemplant le ciel nocturne a toujours été stupéfiant, une source inaltérable d'interrogation profonde, un mélange subtil de peur et de besoin irrépréssible d'étendre nos connaissance de notre origine et de notre destinée. Une des motivations les plus fondamentales d'explorer et de comprendre cette terrae incognitae a toujours été, et reste toujours aujourd'hui, une recherche de réponse à une question ancestrale de l'humanité : Y'a-t-il quelqu'un ? ou sommes-nous seuls ? L'idée d'une vie extraterrestre a captivé l'imagination des gens dans le monde entier depuis des temps immémoriaux, et a certainement pris une nouvelle dimension au cours du siècle dernier.

Cette quête continuera de nous hânter tant qu'aucun signe d'une autre vie n'est découvert, voyageant le long de chacune de nos entreprises spatiales futures, nous faisant souvent nous demander si quelqu'un regarde lui aussi vers nous, quelque part dans l'obscurité. Le scientifique D. Grinspoon illustra parfaitement l'obsession intellectuelle permanente : la question persiste, sonnant à travers le vide comme une prière électromagnétique. Elle pourrait être un instinct inné de la découverte de soi intégré au cosmos, une réaction réflexe à la prise de conscience, venant automatiquement à l'esprit comme l'air guidé dans un poumon s1D. Grinspoon: Lonely Planets, The Natural Philosophy of Alien Life, Harper Collins Publishers, 2004 p. 7..

Au cours des 40 dernières années nos espoirs et spéculations intérieures de découvrir une vie extraterrestre dans notre voisinage proche ont progressivement été réduits à pratiquement rien par l'exploration spatiale. Avant Sputnik, les scientifiques pensaient de manière réaliste que des signes d'autres formes de vie pourraient être trouvés dans notre système solaire. La déception arriva rapidement. L'exploration de notre système solaire et les flux d'images et de données reçus de nos vaisseaux spatiaux interplanétaires révélèrent de manière spectaculaire les environnements non-hospitaliers des mondes environnant la Terre : la Lune, Mars (Fig. 1) et Vénus.

Fig. 1 - Image de Mariner 4, jeudi 15 s2NASA
Fig. 1 - Image de Mariner 4, jeudi 15 s2NASA

Pas une seule trace de vie, pas même des régions au potentiel prometteur d'hébergement de la vie. Tristement, on devrait reconnaître que nos rêves initiaux d'une rencontre du 3ᵉ type s3Terme popularisé par le film de Spielberg Rencontres Rapprochées du 3ᵉ Type. Il fut originellement inventé par le Dr J. Allen Hynek dans son livre de 1972 The UFO Experience: A Scientific Inquiry. Hynek servit 20 ans comme consultant du programme officielle des USA de recherche sur les ovnis, le projet Blue Book. ont progressivement disparu et été remplacés par le nouveau domaine scientifique de l'exobiologie, l'étude de la vie dans les endroits autres que la Terre ou ses environs proches. Cette discipline a réduit notre espoir de découvrir une vide extra-terrestre avancée avec laquelle communiquer à la recherche de micro-organismes, de molécules riches en carbone ou de signatures de vie gazeuse, probablement inactive depuis des millions d'années et dans des lieux non-hospitaliers : sous le sol dans certaines niches sous le sol de Mars, sous une épaisseur de glace de 10 km de la surface d'une lune de Jupiter, ou évoluant dans une mer remplie de méthane liquide ou d'éthane sur une des munes de Saturne.

Depuis les années 1960s et en parallèle à cela est l'échec des projets de recherche d'intelligence extraterrestre (SETI) à détecter des transmissions radio ou optiques d'autres civilisations. En dépit du fait que la SETI n'a cherché que dans un minuscule intervalle de fréquences/cibles et que son rythme d'exploration s'accroisse très rapidement, le silence total entendu jusqu'à aujourd'hui renforcement aussi progressivement et régulièrement notre sentiment global de solitude et d'isolation cosmologique. Finalement notre connaissance affinée de notre positionnement cosmologique et la réalisation de notre position éloignée dans l'immensité de l'univers renforca aussi l'improbabilité dans le futur proche d'une rencontre avec une intelligence non-humaine.

Au fil du 20ème siècle, ce changement de perception comme la transformation de nos visions initial des rencontres extraterrestres rapprochées en des images scientifiques modernes de formes de vies non-intelligentes, microbiennes, sans visage ont sûrement contribué à la désaffection grandissante du public pour l'ensemble de l'exploration spatiale. Schrogl de l'institut de la Politique Spatiale Européenne fit remarquer en 2007 : Le public européen n'a pas seulement besoin, mais est aussi prêt, à être bougé par une nouvelle vision pour l'espace. Cette vision ne peut seulement être basée sur la seule technologie, mais doit aussi répondre au désir de point de crystallisation émotionnel et culturel s4"European objectives and interests in Space exploration", nov 2007. Document publié à l'occasion de la Conférence Internationale sur l'Exploration Spatiale de Berlin, Allemagne, 8–9 nov 2007.