Un cas apparemment parfait : les photos du Lac Chauvet

Pierre GuérinGuerin, Pierre: pp. 119-124, 1994

Comme beaucoup d'ufologues de première heure, je découvris l'existence des photos du lac Chauvet dans le premier ouvrage d'Aimé Michel : Lueurs sur les soucoupes volantes (Mame éditeur), que j'achetai en août 1954, dès sa sortie en librairie. Ces photos avaient été prise deux ans plus tôt en fin d'après-midi près du lac Chauvet (Puy-de-Dôme), le vendredi 18 juillet 1952, par un ingénieur du nom d'André FrégnaleFregnale, Andre. Deux d'entre elles étaient reproduites en hors-texte avec un commentaire d'ailleurs inexact quant à l'ordre des prises de vue et au sens du mouvement allégué de l'objet. Elles montraient un disque sombre vu obliquement par le dessous comme une ellipse s'aplatissant sous l'effet de la perspective à mesure que l'objet s'éloignait vers l'est dans un ciel estival très pur. Sur ces images, l'horizon n'était pas visible, cependant on voyait clairement qu'il ne devait pas se trouver très en dessous du champ photographié. En effet, (...)

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Bien des années après la parution du livre d'Aimé Michel, j'obtins communication des négatifs originaux de la soucoupe du lac Chauvet par l'entremise d'un lecteur de la revue Lumières dans la Nuit à qui FrégnaleFregnale, Andre les avait prêtées.

Il y avait en réalité quatre images de format 24x36, prises à la suite sur une bande de film noir et blanc. Elles étaient précédées et suivies d'images sans aucun rapport avec les photos de la soucoupe. Il n'y avait donc pas eu de tentatives multiples pour obtenir de "bonnes photos" de l'objet, ni de "ratés". J'examinai très critiquement les quatre négatifs à la loupe et au microscope, ce qui me fournit la certitude absolue de l'absence de toute retouche comme de tout artefact photographique naturel tels que reflets, taches de développement, etc. Il s'agissait bien d'images d'un objet extérieur, formé sur le film à travers l'objectif de l'appareil photo. D'autre part, ces images ne pouvaient pas résulter d'une surimpression par le biais d'une glace sans tain ou de tout autre procédé comme la double exposition (au demeurant impossible à réaliser avec l'appareil photo du témoin), car un tel artifice n'aurait pu laisser fortement sous-exposée la face intérieure sombre de la soucoupe sur laquelle se serait imprimé le fond clair du ciel. Les photos montraient donc un objet dans le ciel lui-même, mais quel objet ?

Figure 1
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Je tirai avec soin des copies agrandies des quatre images en plein format (laissant voir les marges perforées du film), au moyen d'un excellent objectif fournissant des agrandissements "piqués" et dénués de distorsion géométrique. Ces agrandissements reproduisent tout ce qu'il y a sur les négatifs originaux, à l'exception toutefois des données sensitométriques qui sont nécessairement altérées du fait de la non-linéarité des courbes de noircissement photographique. (Mais il est vrai que les négatifs originaux eux-mêmes, qui n'avaient pas été calibrés photométriquement avant développement, n'auraient pas pu se prêter plus à des mesures quantitatives des luminances). Puis une fois ce travail fait, j'eus l'honnêteté et surtout l'imprévoyance de restituer la bande négative originale à la personne qui me l'avait prêtée et qui la rendit aussitôt à FrégnaleFregnale, Andre. J'appris bien plus tard que cette bande resta alors en la possession de ce dernier jusqu'à son décès. FrégnaleFregnale, Andre était célibataire et avait vécu avec sa soeur également célibataire. Je pus retrouver l'adresse exacte de cette dame, qui était très âgée à l'époque. C'était elle qui détenait les documents laissés par le défunt, mais lorsque je lui demandai au téléphone, en 1992, si elle pouvait rechercher la bande de film montrant la soucoupe du lac Chauvet pour me la prêter, elle s'y refusa, arguant qu'elle était bien trop fatiguée pour faire des recherches dans la malle située à l'étage de sa maison où ces documents devaient se trouver, mélangés à d'autres. J'insistai sans succès et compris que je devais renoncer. J'avais alors commencé d'étudier à fond les photos et c'est ainsi que je dus me contenter de travailler sur les copies que j'en avais faites. Je certifie sur mon honneur de scientifique que ces copies n'ont été "retouchées" d'aucune manière et qu'elles sont la reproduction exacte des originaux (il est à craindre aujourd'hui que ceux-ci soient allés à la poubelle, ou soient destinés à y aller une fois la vieille dame disparue, qu'il y ait ou non des héritiers désignés).

Figure 2
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Mais revenons vingt ans en arrière : dès l'année 1972 j'avais eu l'idée de faire état des photos du lac Chauvet (qui me paraissaient avoir des chances d'être authentiques) pour illustrer un article sur les Ovnis qui fut publié dans le numéro de septembre de Sciences et Avenir de cette même année. J'attirai alors l'attention du lecteur sur l'existence, sur la face inférieure sombre de la soucoupe, d'une large tache nettement plus sombre, en forme de bande partant de la zone centrale du disque et aboutissant à sa périphérie en un point paraissant situé à l'opposé du sens du mouvement allégué de l'objet sur les quatre images - cette bande passant progressivement de l'horizontalité sur les deux premières vues, à une position oblique orientée vers le haut à droite sur les deux dernières, à mesure que l'objet, par un effet de perspective, s'inclinait vers le bas à gauche sur l'horizon en s'éloignant. J'avoue qu'à l'époque, je ne voyais pas bien comment vérifier cette propriété supposée à partir d'une analyse rigoureuse des clichés. C'est seulement en 1992 que, sur la suggestion de l'ufologue Joël MesnardMesnard, Joel, directeur de la revue Lumières dans la Nuit, j'entrepris de réexaminer la question et d'établir un modèle fondé sur cet alignement supposé de la bande sombre sur la trajectoire de l'objet, en prenant au mot les allégations du témoin relatives au mouvement de l'objet (en particulier l'horizontalité de sa trajectoire). D'autre part, l'étude des clichés me convainquit qu'il était possible de les "faire parler" bien au-delà de ce qu'un examen sommaire pouvait révéler d'emblée : les quatre images successives permettaient en effet de rétablir sur chacune d'elles l'orientation de la ligne d'horizon, grâce aux détails du paysage ; la netteté des contours du disque sur les deux dernières images, comparée à celle des détails du premier et du second plan, éliminait toute possibilité que le disque soit une maquette suspendue à faible ou moyenne distance ; enfin la bande excentrée sous le disque fournissait une hypothèse sur l'orientation de la trajectoire. Les données numériques ainsi obtenues à partir des mesures sur les clichés se révélèrent totalement compatibles avec le modèle dans lequel elles purent s'insérer sans aucune contradiction interne, ce qui n'aurait pu être le cas si le modèle n'avait pas traduit la réalité. En outre, le modèle se montra prédictif, fournissant des informations nouvelles sur le comportement de l'objet. Une telle démarche, qui est celle de la méthode scientifique, me permit ainsi d'établir la preuve de l'authenticité des photos. La soucoupe se comporte bien comme le témoin l'avait prétendu, c'est à dire comme un disque volant éloigné parcourant une trajectoire horizontale rectiligne en conservant toujours une certaine inclinaison de son plan par rapport au sol, et non pas comme une maquette oscillant au bout de quelque fil invisible ou lancée en l'air à quatre reprises successives.

En conclusion et après de nombreux traitements des photos et développements de théories mathématiques sur la trajectoire de l'objet, nous pouvons conclure que: l'objet photographié et un engin en forme de disque de grande taille, situé à une grande distance du photographe dans le ciel. L'objet avait une trajectoire rectiligne et horizontale gardant une inclinaison permanente de 5 à 12 degrés. Le point visible sous l'objet est toujours resté aligné sous l'objet pendant les prises de vue, ce qui démontre qu'il ne peut s'agir d'un objet tenu par un fil ou alors un objet lancé en l'air.