Autres limitations aux témoignages

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En plus de la discussion ci-dessus, il est nécessaire d'identifier d'autres facteurs jouant sur un témoin d'ovni et ayant peu à voir sinon rien avec leur portrait psychologique. Le Dr. Frank Drake rapporta au symposium de l'AAAS une expérience qu'il eut alors qu'ils visitait un astronome au NRAO de Green Bank (Virginie Occidentale). En 1962, une pluie de météores eut lieu dans cette zone globale, et alors qu'il se trouvait dehors avec ses collègues à recueillir des échantillons des météorites, Drake interrogea de nombreux témoins pour voir quelle avait été leur perception de la pluie. Ils découvrirent que la mémoire d'un témoin de tels événements exotiques se dégradait très rapidement. Au bout de 1 jour, près de la moitié des signalements sont clairement erronés ; au bout de 2 jours, près de 3/4 sont clairement erronés ; après 4 jours, seuls 10 % sont bons ; après 5 jours, les gens rapportent plus d'imagination que de vérité s1[Sagan et Page, op. cit., p. 254].

Il y a un bon moyen d'essayer non seulement de se rappeler un certain nombre de faits mais également de les décrire à un enquêteur. Ceci consiste à décrire un ami, ou une proche relation, à quelqu'un de telle manière que celui-ci puisse le reconnaître dans une foule. Ce n'est vraiment pas facile quoique vous connaissiez bien cet ami ou cette relation depuis nombre d'années.

D'autre part, le problème fondamental est d'essayer de déterminer la couleur, la forme la vitesse et la distance d'un objet. Dans l'exemple cité par Drake, les témoins avaient attribué aux météores à peu près toutes les couleurs du spectre, du rouge au bleu. Il est possible que l'Sil soumis brutalement à une lumière vive dans un environnement sombre puisse enregistrer n'importe quelle couleur et que cela rende inutile par conséquent le témoignage de l'observateur. De même certains témoins pensaient connaître leur position exacte par rapport à la pluie de météores et donner ainsi une bonne estimation de la distance et de la position. Cependant, en reconstituant les faits, il s'avéra qu'ils n'étaient pas sûrs de l'endroit où ils se trouvaient, comme ce chasseur qui avait dit savoir exactement où était garée sa voiture, mais après avoir effectué un nouvel examen (à partir des détritus de son casse-croûte de la nuit), on s'aperçut que l'endroit en question était à environ cent mètres du point qu'il avait précédemment montré aux enquêteurs.

La figure ci-contre illustre également le fait que ce que l'on voit n'est pas ce que l'on croit. Bien que la ligne du bas paraisse plus longue, sa mesure prouve qu'elle est exactement de la même longueur que celle du haut.

En 1968, Sydney Walker III, M.D., suggère qu'une série de tests physiques soient effectués sur chaque observateur d'ovni. L'examen proposé comprendrait : bilan médical et études particulières en laboratoire, examen neuro-ophtalmologique des yeux pour s'assurer que cornée, lentille, humeur aqueuse, humeur vitreuse, rétine, nerf optique ( tête et ramifications au cerveau ) sont en bon état ; examen neurologique détaillé pour s'assurer qu'une affection neurologique ne soit pas à l'origine d'hallucinations, d'abus, de distorsions, d'affabulations ; et finalement un examen psychiatrique (28).

Mark W. Rhine, dans le Rapport Condon, attache une grande importance à ce dernier point.

Le témoignage de tout observateur ne montrant aucun caractère médical ou psychologique pouvant affecter sa perception ou son interprétation devra avoir un bon facteur de crédibilité. Je suggérais ... l'utilisation d'un test psychologique ... lorsque le psychiatre le recommanderait. Un entretien psychiatrique ne serait pas socialement infâmant s'il faisait partie routinière de l'évaluation d'un observateur (29).

Ce que ni le Dr. Walker ni Mr. Rhine ne prennent en compte, c'est que les témoins éventuels d'ovnis seraient peu enclins à témoigner s'ils savaient qu'ils feraient l'objet de pareils tests. La meilleure preuve en est le nombre de viols ne faisant l'objet d'aucune plainte de la part de femmes craignant l'humiliante procédure à laquelle elles seraient soumises dans ce cas de la part de la police et des médecins ; que "toutes" les victimes de viol soient sujettes au même traitement, ne diminuerait en rien le stigmate social qu'elles ressentiraient.

Dans sa déclaration au Comité de la Chambre sur la Science et l'Astronautique, le Dr. Shepard suggère que l'on demande aux témoins de répéter leurs histoires suivant une procédure en trois temps. Dans un 1er temps, le témoin rapporterait ce qu'il a vu, avec ses propres mots et sans que l'investigateur ne cherche à l'influencer. Dans un 2? temps, on montrerait au témoin un jeu de représentations et celui-ci choisirait l'objet lui paraissant le plus proche de ce qu'il a vu. L'étape finale permettrait de reconstituer l'objet vu le plus exactement possible avec l'aide d'un dessinateur qualifié. Ces deux dernières procédures sont identiques à celles utilisées par la police pour effectuer le portrait-robot d'un criminel. Shépard souligne que ce système aida à résoudre de nombreux cas dont les meurtres de huit élèves-infirmières par Richard Speck à Chicago dans les années 1960s.

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