Interview de Jean-Pierre Cochard

Bourret, Jean-Claude: OVNIS : L'arm�e parle, France Empire 1979,

Bourret�: Nous sommes en . Depuis combien de temps la gendarmerie nationale collabore-t-elle � la recherche sur le Phénomène ovni, en communiquant ses rapports aux CNES ?

Cochard : Ant�rieurement à mon arriv�e en gendarmerie, c'est-�-dire avant 1973, nous avions d�j� un certain nombre de proc�s-verbaux provenant des activit�s de surveillance g�n�rale des personnels et qui avaient r�pertori� un certain nombre de t�moignages de nos concitoyens ayant constat� ce Phénomène des objets volants non-identifi�s. Je tiens à pr�ciser que, d�s la fin de l'Année en , ayant consult� les proc�s-verbaux que nous avions en notre possession, j'ai estim� que, dans le cadre de cette mission, il �tait important que syst�matiquement les gendarmes puissent r�pertorier, enregistrer les t�moignages dans ce domaine. Sans avoir d'id�es pr�con�ues sur le Phénomène ovni, j'estime qu'il est incontestable, car nous avons des centaines et des centaines de t�moignages sur le territoire. Pour am�liorer l'approche des chercheurs, il �tait indispensable que la gendarmerie donne son point de vue.

Bourret : Y a-t-il des instructions pr�cises qui aient �t� donn�es aux gendarmes dans ce domaine ?

Cochard : Des instructions tr�s pr�cises leur ont �t� donn�es. Je dirais même qu'au travers d'une �tude qui a �t� faite, il y a d�j� longtemps, par un capitaine de gendarmerie (le capitaine Kervendal), nous avons �tabli un questionnaire pr�cis pour que les gendarmes puissent avoir un cadre d'investigations. Nous sommes, à ma connaissance, dans ce domaine, le seul pays qui syst�matiquement, au sein d'un service officiel, r�pertorie les t�moignages relatifs aux objets volants non identifi�s.

Bourret : On a pu dire qu'apr�s avoir �t� longtemps les auxiliaires de la Justice, les gendarmes devenaient les auxiliaires de la Science n1 Cochereau (commandant): Direction Gendarmerie.

Cochard : Oui, l'apport de ces proc�s-verbaux est capital. Il y a incontestablement, au travers de ces constatations faites par les gendarmes, des �l�ments qui peuvent servir dans le domaine sociologique, mais aussi dans le domaine scientifique. C'est la raison pour laquelle j'ai tenu à ce que nous ayons des rapports tr�s �troits avec le GEPAN.

Bourret : Le GEPAN, le Groupement d'Etudes des Phénomènes A�rospatiaux Non-identifi�s, a �t� cr�� en 1977, à Toulouse, au sein du CNES. Le GEPAN, d'ailleurs, affirme qu'il travaille d'une fa�on privil�gi�e sur les rapports des gendarmes. Avez-vous r�ussi à faire en sorte que ces rapports lui parviennent plus rapidement ?

Cochard : Ce n'est pas tellement un probl�me de transmission rapide des proc�s-verbaux. Le GEPAN souhaite qu'en dehors des preuves, il y ait surtout une information rapide sur ce qu'on appelle les preuves indicaires. C'est surtout dans ce domaine que nous allons nous efforcer de saisir le GEPAN le plus rapidement possible, dans la mesure o� ces Phénomènes volants non identifi�s se concr�tiseraient par des empreintes, par des �l�ments indicaires.

Bourret : Comment vos gendarmes r�agissent-ils à ce travail suppl�mentaire ?

Cochard : Les gendarmes ont �t� sensibilis�s � ce probl�me par le capitaine de gendarmerie qui, le premier, avait conscience des possibilit�s que l'arme pouvait donner dans le domaine du rassemblement des t�moignages.

Et puis, par le biais du journal de la gendarmerie que j'ai cr��, les Echos de la Direction, j'ai voulu leur faire comprendre l'int�r�t scientifique majeur qu'il y avait à ce que ces Phénomènes puissent �tre r�pertori�s par proc�s-verbaux. C'est ainsi que dans notre journal, nous avons attir� l'attention sur les �tudes scientifiques qui sont faites maintenant par le GEPAN. Les personnels de gendarmerie savent tr�s bien que, non seulement en France mais à l'�tranger, des �tudes scientifiques tr�s importantes sont faites dans ce domaine. Car en ce qui me concerne, je tiens à le dire avec tout mon s�rieux, je suis certainement un homme sceptique, mais je suis convaincu que les Phénomènes des objets volants non identifi�s constituent une �nigme scientifique extr�mement importante et que dans le domaine de la recherche scientifique, au travers de la recherche des causes de ce Phénomène, il y a incontestablement des progr�s scientifiques certains qui sont faits.

Bourret : Avez-vous lu la plupart des rapports sur les objets volants non identifi�s ?

Cochard : J'ai commenc� par lire tout ce qui a �t� rassembl� par les gendarmes. Et je dirais d�j� qu'au travers de cette documentation, il y a, dans le domaine de la psychologie du t�moignage, des �tudes compl�mentaires à faire. Parce que nous avons beaucoup de t�moignages qui ne seont pas des preuves indicaires. Dans le domaine de la psychologie du t�moignage, il y a certainement d�j� cette �tude à entreprendre.

Bourret : N'est-il pas question de doter la gendarmerie nationale d'un filtre polarisant pour les appareils photographiques??

Cochard : Vous �tes tr�s bien renseign�. La seule chose que je puisse vous dire dans ce domaine, et compte tenu d'une conjoncture budg�taire difficile, c'est qu'effectivement, nous avons promis au GEPAN, dans la mesure de nos faibles moyens, de l'aider pour que du mat�riel suppl�mentaire puisse �tre donn� au personnel des brigades d�partementales.

Bourret : Combien y a-t-il de brigades d�partementales ?

Cochard : Eh bien, sur l'ensemble de l'Hexagone, nous avons 3850 brigades, ce qui constitue effectivement des points d'observations multiples sur le territoire.

Bourret : Chaque brigade est-elle dot�e d'un appareil photographique ?

Cochard : En principe, oui.

Bourret : Une derni�re question personnelle. Monsieur le Directeur, quel est votre sentiment vis-�-vis du probl�me des objets volants non-identifi�s ?

Cochard : Vous me posez une question personnelle. Je r�pondrai effectivement en n'engageant que moi-même. Je vous dirai d'abord que je suis un homme tr�s sceptique, mais qu'au-del� de mon scepticisme, je suis oblig� de constater qu'il y a un Phénomène des objets volants non identifi�s.

S'agit-il d'objets mat�riels habit�s ? S'agit-il d'autres Phénomènes ? Je n'en sais rien. L'�nigme, qui est pos�e sur le plan scientifique, est tr�s importante. Personnellement, je suis tr�s heureux que les efforts faits par la gendarmerie sur le terrain, soient prolong�s par des �tudes scientifiques s�rieuses.

Quant aux extra-terrestres, je vous dirai tout de suite, peut-�tre parce que je suis trop cart�sien et trop terre � terre : j'y croirai lorsque je les verrai !