Le statut ontologique des ovnis

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Avant d'aller plus loin dans la description des processus d'intelligence sociale sur les ovnis, le lecteur pourrait être préoccupé de savoir si l'auteur pense que ces objets sont réels ou imaginaires, et à quelle classe de concepts, si ce ne sont pas des objets, la discussion sera limitée. Le label "Objets Volants Non Identifiés" fut originellement substitué à "soucoupes volantes" dans une tentative d'être plus agnostique sur les phénomènes en question s1Voir Strentz, H.: A Survey of Press Coverage of Unidentified Flying Objects, dissertation doctorale non publiée, Departement de Journalisme, Université Northwestern, 1970, 3.. Même le dernier terme, cependant, pose des difficultés. Menzel suggère que le terme est inapproprié parce qu'il implique que les observations sont de réalité matérielle, un point de vue quel Menzel n'adhère pas s2Menzel, D.: "Flying Saucers", McGraw-Hill Encyclopedia of Science and Technology, New York: McGraw-Hill, 1960, pp. 363-364.. Objection pourrait aussi être faite au mot volante, puisque cela suppose quelque chose sur la propulsion du phénomène : et en tous cas certaines des manifestations les plus intéressantes sont vues au sol. Comment délimiter cette classe d'objets ou événements apparemment amorphe ?

Les problèmes taxonomiques et épistémologiques peuvent être résolus si nous voulons suspendre notre jugement sur la réalité des ovnis et traiter du sujet en termes d'événements psychologiques et sociaux n1Cette méthode de traitement me fut suggérée par mon ancien mentor, Duncan McRae.. Plutôt qu'une "personne qui a vu un ovni", nous avons une "personne qui a vécu une expérience ovni". Cette personne pourrait alors faire un "signalement" de son expérience, bien que nous sachions que dans certains cas il y a eu des signalements qui n'étaient pas basés sur un vécu d'expérience (canulars). De la même manière, il y a eu des expériences qui n'ont pas débouché sur les signalements publics. Encore une fois, nous sommes intéressés par la manière dont les expériences vécues sont transformées en signalements qui sont transformés à leur tour en "données" sur lesquelles le scientifique base au moins en partie sa décision sur la réalité des ovnis.

Le lecteur pourrait penser néanmoins que l'étude des événements sociaux associés à une anomalie supposée pourrait générer des indices sur le fait que l'anomalie existe ou non. Dans la section suivante nous verrons qu'il existe des indices que certains témoins ont perçu des objets authentiquement anormaux, du moins en termes des règles ordinaires utilisées dans notre culture pour évaluer la validité d'expériences vécues. Cependant, nous devons reconnaître que les règles par lequelles des objets sont considérés réels ou non sont aussi un objet d'étude potentiel s3Pour un examen intéressant de la négotiation de réalité en science, voir Collins, H.M.: "The Seven Sexes: A Study in the Sociology of a Phenomenon, or the Replication of Experiments in Physics", Sociology, vol. 9, n° 2, mai 1975, pp. 205-224., et que d'autres cultures pourraient très bien reconnaître d'autres règles. Plutôt que d'être englué dans la controverse sur le fait que les ovnis passent ou non nos tests culturels de la réalité n2 Pour des points de vue opposés sur l'existence des ovnis, voir Sagan, C. & Page, T. (eds), UFOs: A Scientific Debate, Ithaca, NY: Cornell University Press, 1972., concentrons plutôt notre attention sur les processus par lesquelles nous obtenons les données qui nous permettent de prendre une telle décision.

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