Les psychologues utilisent le terme de "socialisation" pour désigner le processus par lequel les enfants
apprennent à agir et à penser en fonction des demandes de la société. Une personne est dite bien socialisée si elle
croit et obéit au code moral de cette société et s'y insère. Cela semble ne pas tomber sous le sens de dire que
beaucoup de "gauchistes" sont sur-socialisés du fait qu'ils sont perçus comme des rebelles. En fait cette
proposition est tout à fait défendable. De nombreux "gauchistes" ne sont pas les rebelles qu'ils semblent être.
Le code moral de notre société est tellement astreignant que personne ne peut penser, sentir et agir de manière
totalement morale. Par exemple, nous sommes censés ne haïr personne, bien que tout le monde ait haït quelqu'un à un
moment ou à un autre, que ce fait soit admit ou non. Certaines personnes sont tellement socialisées que le devoir de
penser, sentir et agir de manière morale leur impose un pénible fardeau. Pour éviter des sentiments de culpabilité,
elles doivent sans cesse se leurrer quant à leurs motivations et trouver des explications morales pour des
sentiments et actions qui, en réalité, n'ont pas d'origine morale. Nous utilisons le terme de "sur-socialisés" pour
désigner de pareilles personnes n1Durant la période Victorienne beaucoup de gens sur-socialisés souffrirent de problèmes psychologiques résultant de la répression de leur libido. Freud a de toute évidence basé ses théories sur l'observation de ce type de personne. Actuellement la socialisation se polarise désormais plus sur l'agression que sur la libido..
La sur-socialisation conduit à une piètre estime de soi, un sentiment de faiblesse, de défaitisme, de culpabilité,
etc ... Un des moyens les plus importants par lequel notre société socialise les enfants est de leur faire honte
lorsque leurs comportements ou discours est contraire à ce que cette société attend d'eux. S'il y a exagération dans
ce sens, ou si un enfant est particulièrement réceptif à ce genre de sentiments, il finit par être honteux de
LUI-MEME. La pensée et le comportement d'une personne sur-socialisée sont bien plus aliénées que celles d'une autre
modérément socialisée. La majorité des gens possèdent de larges franges de comportements antisociaux. Ils mentent,
commettent de menus larcins, enfreignent le code de la route, tirent au flanc, haïssent, cancanent, ou utilisent des
moyens déloyaux pour arriver à leurs fins. Une personne sur-socialisée ne peut pas faire ce genre de choses, ou si
elle le fait, cela provoque un sentiment de honte et de haine de soi. La personne sur-socialisée ne peut même pas
avoir une expérience, sans culpabilité, de pensées ou sentiments qui soient contraires à la morale en place ; elle
ne peut avoir de "mauvaises" pensées. Et la socialisation n'est pas juste une question de morale ; nous sommes
socialisés pour nous adapter à de nombreuses normes qui n'ont rien à voir avec la morale proprement dite. Ainsi, la
personne sur-socialisée est maintenue en laisse et sa vie avance sur les rails que la société a construit pour elle.
Pour beaucoup de personnes sur-socialisées, cela se traduit par un sentiment de contrainte et de faiblesse qui peut
être un terrible handicap. Nous affirmons que la sur-socialisation est parmi les pires choses qu'un être humain peut
infliger à un autre.
Nous pensons qu'une très grande et très influente partie de la gauche moderne est sur-socialisée et que cette
sur-socialisation est d'une grande importance dans la constitution du "gauchisme" moderne. Les "gauchistes"
sur-socialisés sont en général des intellectuels ou des membres de la classe moyenne supérieure. Notons que les
universitaires n2Cela n'inclut pas nécessairement les spécialistes des sciences "exactes". constituent
la portion la plus sur-socialisée de notre société, ainsi que la plus à gauche.
Le "gauchiste" sur-socialisé essaie de se débarrasser de sa laisse mentale et affirme son autonomie en se
rebellant. Mais il n'est pas généralement assez fort pour se rebeller contre les plus élémentaires valeurs de la
société. En fait, les buts des "gauchistes" actuels n'entrent pas en conflit avec la morale courante. Au
contraire, la gauche s'approprie un principe moral reconnu, l'adopte comme étant le sien, puis accuse le gros de la
société de violer le dit principe. Par exemple : égalité des races, des sexes, aide aux pauvres, pacifisme, non
violence en général, liberté d'expression, bonté envers les animaux. Plus fondamentalement, les devoirs des
individus envers la société, et ceux de la société vis à vis des individus. Tout ces valeurs sont profondément
enracinées dans notre société (ou au moins dans les couches sociales supérieures n3Il y a beaucoup d'individus des classes moyennes et supérieures qui résistent à certaines de ces valeurs, mais leur résistance est plus ou moins souterraine. Une telle résistance ne rencontre que peu d'écho dans les mass media.)
depuis longtemps. Ces valeurs sont explicitement ou implicitement formulées par les media de masse ou le système
éducatif. Les "gauchistes", surtout sur-socialisés, ne se rebellent pas contre ces valeurs mais justifient leur
hostilité à la société en prétendant (avec une certaine raison) que la dite société vit en contradiction avec ces
valeurs.
Voici une illustration qui montre combien les "gauchistes" sur-socialisés sont attachés aux
attitudes conventionnelles de notre société tout en prétendant se rebeller contre elle. Beaucoup de "gauchistes" se
remue pour l'action positive, pour promouvoir les noirs à des métiers gratifiants, pour améliorer le niveau dans les
écoles noires, ainsi qu'une augmentation du budget pour ces écoles ; pour eux la "sous-vie" des noirs est une tare
sociale. Ils veulent intégrer les noirs dans le système, en faire des hommes d'affaire, des juristes, des
scientifiques, comme c'est le cas des blancs des classes aisées. Les "gauchistes" répondront que la dernière chose
qu'ils veulent est de faire d'un noir une copie d'un blanc ; En fait, ils veulent préserver la culture
afro-américaine. Mais en quoi consiste cette préservation ? Cela se résume à manger de la cuisine noire, écouter de
la musique noire, se vêtir de vêtements pour noirs, et aller dans des églises noires ou dans des mosquées. Sur le
fond, il ne s'agit que de quelque chose de totalement superficiel. Sur l'essentiel, les "gauchistes"
sur-socialisés veulent rendre le noir conforme aux idéaux blancs de la classe moyenne. Ils veulent que ce dernier
étudie des matières scientifiques, devienne un cadre ou un scientifique, passe sa vie à grimper les échelons pour
prouver que les noirs valent les blancs. Ils veulent que les pères noirs soient "responsables", que les gangs
deviennent non-violents, etc. Mais ce sont exactement les valeurs du système techno-industriel. Le système se moque
de savoir ce que vous écoutez comme musique, ce avec quoi vous vous habillez, la religion en laquelle vous croyez,
tant que vous étudiez à l'école, dégottiez un travail respectable, soyez un parent "responsable", un individu
non-violent, et ainsi de suite. En effet, quoi que puissent être ses dénégations, le "gauchiste" sur-socialisé veut
intégrer le noir dans le système et lui en faire adopter les valeurs.
Nous ne prétendrons certainement pas que les "gauchistes", même "sur-socialisés", ne se rebellent jamais
contre les valeurs fondamentales de notre société. Bien sur, il arrive qu'ils le fassent. Certains gauchistes
sur-socialisés sont allés si loin dans la rébellion contre notre société moderne qu'ils se sont engagés dans
l'action violente. Selon leurs propres dires, la violence est pour eux une forme de "libération". En d'autres
termes, en devenant violents, ils brisent les contraintes morales qu'ils ont en eux. Du fait de leur
sur-socialisation, ces contraintes sont plus enfouies chez eux ; d'où le besoin impérieux de s'en défaire. Mais ils
justifient ordinairement leur rébellion au nom de valeurs reconnues. S'ils s'engagent dans l'action violente, ils
affirmeront qu'ils combattent le racisme ou quelque chose du même acabit.
Nous sommes conscients que de nombreuses objections peuvent être émises contre l'exposé rapide qui précède
concernant la psychologie "gauchiste". La situation réelle est complexe, et une description exhaustive prendrait
plusieurs volumes quant bien même toute la documentation serait disponible. Nous affirmons simplement avoir donné
des pistes concernant les deux principales tendances de la psychologie du "gauchisme" moderne.
Les problèmes du "gauchisme" sont ceux de notre société dans son ensemble. Faible estime de soi, tendances
dépressives et défaitisme ne sont pas l'apanage de la gauche. Bien qu'ils soient particulièrement prononcés dans les
rangs de la gauche, ils sont omniprésent dans notre société. Et la société actuelle essaie de nous socialiser à un
degré jamais atteint par les sociétés précédentes. Nous sommes même conseillés par des experts pour manger, pour
nous maintenir en forme, pour faire l'amour, pour élever nos enfants et ainsi de suite.