La révolution est plus facile que la réforme

Kaczynski, Theodore: La société industrielle et son futur, 1995
  1. Nous espérons avoir convaincu le lecteur que le système ne peut être réformé de façon à concilier liberté et technologie. La seule méthode est de mettre à bas le système techno-industriel dans son ensemble. Ceci implique une révolution, pas nécessairement une insurrection armée, mais un changement radical et profond dans la nature de notre société.
  2. Les gens ont tendance à penser que du fait que la révolution engendre de plus grands changements que la réforme, elle est plus difficile à mettre en œuvre que cette dernière. En fait dans certaines conditions, la révolution est plus aisée que la réforme. Ceci vient de ce qu'un mouvement révolutionnaire peut inspirer bien plus d'enthousiasme qu'une réforme. Cette dernière en général n'offre qu'une solution à un problème social particulier. La révolution propose de résoudre tous les problèmes en une fois et recréer un monde nouveau ; elle procure un idéal à ceux qui prendront les plus grands risques et assumeront les plus grands sacrifices. Pour toutes ces raisons, il pourrait être plus facile de détruire tout le système technologique que de mettre en application des restrictions efficaces, durables envers le développement d'applications dans un quelconque secteur de la technologie, comme l'ingénierie génétique, alors que dans les conditions adéquates, de nombreuses personnes pourraient de dévouer corps et âme à une révolution contre le système techno-industriel. Comme nous l'avons noté dans le paragraphe 132, les réformistes qui tentent de limiter certains aspects de la technologie travaillent pour éviter des résultats négatifs. Mais les révolutionnaires se battent pour un résultat positif - l'accomplissement de leurs visées révolutionnaires - et de ce fait œuvrent plus durement et plus obstinément que les réformistes.
  3. Les réformes sont toujours limitées par la crainte des conséquences douloureuses si les changements sont trop importants. Mais une fois que la fièvre révolutionnaire s'est emparée d'une société, les gens sont prêts à supporter des épreuves sans nom pour la réussite de leur révolution. Cela a clairement été le cas pour les révolutions françaises ou russes. Il est possible que seule une minorité ait été impliquée dans la révolution, mais cette minorité était assez forte et activiste pour devenir la force dominante de la société. Nous en dirons plus sur la révolution dans les paragraphes 180-205.