Recherches

Chaque enquête approfondie sur un cas vraiment intriguant se présente comme une énigme irritante, une question en suspens, un aveu d'ignorance. Or l'esprit humain déteste l'indécision et chacun est prompt à trancher. Il faut se garder de cette tentation et faire par la même occasion la différence entre l'ignorance ordinaire et l'ignorance scientifique.

L'ignorance ordinaire est celle qui porte sur une observation peu ou pas étudiée : on ne sait pas ce qu'elle vaut et on ne peut aller plus loin, car que dire d'autre ? Au contraire, l'ignorance scientifique est celle qui porte sur une observation étudiée avec soin : le domaine des possibles a été considérablement réduit et un modèle (qualitatif et quantitatif) de l'observation a été produit. On a progressé, certes insuffisamment, mais ce premier pas en appelle d'autres parce qu'on se pose des questions nouvelles, on a remarqué que telle donnée négligée auparavant était importante à recueillir, que telle ou telle méthode de mesure pouvant être améliorée, etc. L'essentiel n'est plus de savoir si on peut prouver une conclusion globale mais si on peut améliorer pas-à-pas les méthodes et donc la connaissance qu'on a des événements. On enclenche ainsi le cercle vertueux de toute recherche digne de ce nom.

La méthode scientifique n'a été que peu utilisée si bien que le corpus de connaissances relatif au problème ovni reste très limité. Cette affirmation d'ignorance peut surprendre. Pourtant on sait peu de choses suivant les normes scientifiques habituelles : Combien y a-t-il de témoins ? Où ? Quand ? Qui sont-ils ? Que décrivent-ils ? Que valent ces descriptions ? On ne le sait pas, sinon de manière très approximative ou bien sur des périodes ou des régions limitées. Au total il y a peu d'informations systématiques et fiables de source scientifique, c'est-à-dire obtenues par des procédés décrits, reproductibles et perfectibles.

Les études à entreprendre sont variées. Elles découlent naturellement des remarques faites précédemment.

En voici un bref aperçu :

    1. D'abord, enquêter sur le terrain pour reconstruire les événements et, si possible, les interpréter, ce qui passe par l'amélioration des méthodes d'étude des observateurs et des effets allégués.
    2. Analyser les échantillons recueillis (notamment de sol ou de végétaux) chaque fois que possible et réaliser des expériences complémentaires visant à rendre compte des effets éventuellement observés.
    3. Constituer une base de données des observations, donnant leurs caractéristiques et leur statut probable (explication connue, possible, probable, difficile) estimé par des personnels compétents. De tels corpus sont longs à constituer ce qui explique qu'ils soient rarement disponibles tant pour la France que pour les autres pays.
    4. Etudier ce corpus par des méthodes statistiques appropriées visant à décrire collectivement les observations tant expliquées qu'inexpliquées. Il s'agit de rassembler des informations sûres sur les niveaux de difficultés, les fréquences, les lieux, les temps, les phénomènes, les observateurs, les conditions d'observation et d'enquête, etc. et prendre ainsi une vue d'ensemble objective et quantitative du problème. La richesse des indications pouvant être obtenues par modélisation globale des propriétés temporelles, spatiales et comportementales est souvent sous-estimée s1Un bon point de départ est fourni par Poher, C. & Vallée, J.: "Basic patterns in UFO observations", AIAA Paper #75-42, 13th Aerospace Sciences Meeting, Pasadena, 20 janvier 1975.
    5. Mener des études de physique visant à interpréter les phénomènes observés s2Voir entre autres : Petit, Jean-Pierre: Le mur du silence, Belin, 1983 et le livre postume scientifique-ingénieur de la NASA, Hill, P. R.: Unconventional Flying Objects, a scientific analysis, Hampton Roads Publishing Co., 1995. Elles peuvent s'appuyer sur les résultats des points 2 et 4 et les orienter en retour car les recueils et analyses d'échantillons ne peuvent être efficaces que si on a une idée de ce qu'il faut chercher.

Sur tous ces aspects, il y a des données utiles dans la littérature disponible qui balisent le terrain, signalent les écueils les plus évidents et laissent bien voir que des efforts relativement modiques pourraient améliorer considérablement l'état de nos connaissances.