Lettre ouverte à mon directeur de laboratoire

Jean-François Gille

Nostra n° 510, 14-20 janvier 1982

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A ma très modeste place de tout petit scientifique, j'estime avoir fait mon devoir d'être humain et de chercheur. J'ai indiqué, du mieux que j'ai pu, quelles étaient les questions nouvelles et extraordinaires sur lesquelles un organisme comme le CNRS pourrait faire porter au moins une petite partie de son effort.

Quelles sont-elles, ces questions ? Eh bien, tout simplement ce que l'on appelle populairement le problème des ovnis.

  1. Depuis, en tout cas la fin des années 1940s, et sans doute depuis une époque considérablement plus reculée, la Terre est entourée de civilisations spatiales. Ces civilisations spatiales ont précédé l'émergence de l'humanité peut-être de millions d'années (il y a suffisamment d'anciennes étoiles G2 entourées (vraisemblablement, je sais) d'un cortège de planètes pour cela... mais, dans cette lettre, pour raison de concision, je passerai sous silence les nombreux faisceaux d'indices qui sont actuellement disponibles).
    Certains ovnis sont donc les véhicules des civilisations spatiales susdites. Il y a des vaisseaux-mères, et le plus souvent n'approchent du sol que de "chaloupes" (d'environ 5 m d'envergure), tout cela surabondamment attesté par de nombreux témoins fiables, pilotes, radaristes, météorologistes... Mais, je le répète, cela est enregistré par ailleurs, et je n'ai pas l'intention d'esquisser ici une démonstration (il y faudrait une ?uvre collective de plusieurs milliers de pages), mais seulement de résumer les points saillants de ma position.
    Ces civilisations spatiales sont, pour le moment, inaccessibles à notre initiative. Cependant, elles n'existent pas seulement ? comme seraient prêts à le reconnaître la plupart des astrophysiciens des jeunes générations (cf. Carl Sagan) ? autour d'étoiles situées à des milliers de parsecs (unité de distance en astronomie valant 3,6 années-lumière) de nous. Non, elles sont présentes dans notre environnement, bien que, la plupart du temps, non perceptibles par les humains. On peut concevoir que la majeure partie des civilisations spatiales n'habite pas, en dépit de cette proximité d'intervalle, notre continuum. L'interprétation d'Everett de la mécanique quantique, en substance "Many World Theory", servant de cadre aux concepts des "états virtuels" et de la "zéro point", énergie du vide développés ; le colonel Thomas E. Bearden permet d'avoir au moins un schéma de ce qui pourrait se passer quand un ovni devient visible.
  2. Des ovnis (manifestations provisoirement visibles des civilisations spatiales) prennent en fait contact dans un voisinage spatio-temporel chaque fois très restreint, avec certains humains. Mais ce contact est discret (y compris dans l'acception mathématique du mot).
    Beaucoup d'entre les hommes se sont aperçus de leur présence, bien qu'il appert que cette reconnaissance soit, pour la majeure partie, d'un type très primitif, quasi religieux. En tant que communauté scientifique mondiale ou en tant qu'entité planétaire,"nous" ne sommes pas conscients de leur présence (David W. Schwartzman, Icarus, n° 32, décembre 1977, pp. 473-475).
  3. A partir de la fin des années 1940s, de grandes puissances ont pu récupérer plusieurs épaves d'ovnis. Certains de ces ovnis étant suffisamment intacts pour fournir l'évidence d'une technologie non humaine.
    Ces épaves d'ovnis, d'où il a été retiré, dans plusieurs cas, des cadavres d'êtres non humains de forme "humanoïde", sont sous la garde des autorités. Par "autorités", j'entends des structures politico-militaires suffisamment secrètes et/ou des départements des services de renseignements (presque) totalement autonomes vis-à-vis du circuit universitaire. Aux Etats-Unis, la base de Wright-Patterson est le candidat le plus vraisemblable eu égard au recel des cadavres de ces entités (Cf. La Recherche, n° 124, juillet-août 1981, p. 885).
  4. Et cela représente plus spécifiquement ma contribution, j'accuse la communauté scientifique d'abandon de poste. Depuis près de 35 ans, ces problèmes (les ovnis) n'ont pas simplement été négligés par la communauté scientifique, ils ont été tout bonnement niés (avec une fureur hystérique, à bien des occasions). La démission intellectuelle que cela représente est d'une exceptionnelle gravité. Il n'est pas exagéré de dire que j'éprouvais une grande honte lorsque, à partir de la fin des années 1960s, je pris progressivement conscience des 3 points évoqués plus haut, à n'appartenir qu'à une communauté qui, trahissant sa plus haute mission ? informer et instruire le reste de la population, en un mot "dire la vérité"... laissant à une autre organisation sociale le soin d'assumer exclusivement la confrontation et l'aide de cet inconnu radical, le plus prodigieux que l'humanité ait connu.
    Cette organisation sociale est l'armée. Et nous, nous n'avions que condescendance drapée d'indignation raisonneuse et d'inébranlables complexes de supériorité morale vis-à-vis de cette institution. Il serait temps d'aller à Canossa...
    Cette "trahison des clercs" me laisse au moins libre d'apprécier sans indulgence une communauté scientifique qui refuse de se décider à examiner l'énorme mystère qui frappe à notre porte. Un article (il y en a chaque mois d'analogues dans toutes les revues scientifiques) paru dans Scientific American me servira d'unique exemple "Travestissement des signaux sexuels chez les lucioles", juillet 1981, 245, I, pp. 138-145. En bon français, cela s'appelle déserter les vrais problèmes pour couper les cheveux en 4 !
    Quant aux hommes de la Commission 05 qui me jugeront, je considère comme inutile de leur demander de penser à l'avenir à long terme de la communauté scientifique au sein de la société.

J.F. Gille
Docteur ès sciences chargé de recherche au CNRS
Commentaire de la revue Nostra:

Commentaire de la revue Nostra

Vous êtes mieux placé que nous pour fustiger l'attitude de certains scientifiques. Votre courage vous honore, car il en faut pour oser dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. C'est ce que nous faisons depuis des années à Nostra, non seulement à propos des ovnis, mais aussi de la parapsychologie et de l'inexpliqué en général. Aussi soyez assuré de notre soutien le plus total dans votre combat pour la recherche de la vérité.

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