Les disques aériens ne sont que des jets, pense Mather

Harvard Crimson, mardi 8 juillet 1947

Les signalements de soucoupes volantes vues si fréquemment au-dessus des cieux de la nation depuis la 1ʳᵉ décrite dans l'état de Washington le 25 juin sont restés limités à la salle à manger de la maison jusqu'à hier, pour ce qui est de l'Université.

La plupart des experts ici ont maintenu une attitude sceptique. Charles F. Brooks, directeur de l'Observatoire Météorologique de Blue Hill, a admis être perplexe quant à une explication. Il a assuré les mères au foyer inquiètes, cependant, que le phénomène n'était certainement pas d'origine météorologique.

L'Associated Press a révélé la nuit dernière que le personnel de l'Observatoire se préparait à photographier tout disque qui se montrerait, mais que rien n'était encore arrivé au-dessus du sommet de Blue Hill.

Joint à son bureau hier, Dean Bender a indiqué aux journalistes qu'il ne saurait adopter aucune position officielle concernant le mystère des soucoupes.

Précédemment Kirtley F. Mather, professeur de géologie, avait déclaré que les disques étaient assurément de fabrication humaine. À partir de ce qu'il a lui-même qualifié de données disponibles maigres, confuses et contradictoires, le professeur Mather a indiqué que la cause probable était les tuyères d'avions à réaction.

Des météorites exclues

Tout pointe vers cette nouvelle invention, a suggéré le professeur Mather. Les gens observent le ciel depuis plus 3000 ans, et c'est la première fois que l'on note des objets à l'apparence de soucoupe volant à grande vitesse.

Les météorites peuvent être exclues, poursuit Mather, parce que la traction gravitationnelle de la terre leur donne la forme d'une pointe de crayon. Elles ont aussi une trajectoire totalement différente de celle attribuée aux disques et, une fois dans l'atmosphère, elles percutent inévitablement la terre.

Mather rejoint Brooks pour éliminer les particules de glace ou les reflets de lumières qu'elles pourraient émettre comme source à l'observation de ces assiettes. Il fait remarquer que les masses de glace ou d'air froid ne voyagent pas à la vitesse de 2000 miles/h que beaucoup d'observateurs attribuent aux disques.

Comparaison avec des traînées de vapeur

Très probable, a suggéré le professeur Mather, est la possibilité que les observateurs au sol aient vu des tuyères d'avions à réaction sans voir l'avion lui-même. Il a comparé les disques aux traînées de vapeur laissées par des bombardiers en haute altitude au-dessus de l'Angleterre et l'Allemagne pendant la guerre.

Les batteries anti-aériennes pouvaient voir les nuages duveteux sortant de l'arrière des appareils en raid, même lorsqu'ils étaient trop haut pour être visibles eux-mêmes, se souvient-il. Lester Barlow de Stamford (Connecticut), un inventeur d'explosifs internationalement connu, a avancé l'idée hier que les objets étaient des missiles volants radio-contrôlés. Mather doute de cette solution.

On dit, indique Mather, qu'un avion de transport ordinaire serait resté en vol avec un groupe d'assiettes pendant plusieurs minutes. Cela aurait été impossible à la vitesse énorme d'un missile guidé du type du V-2.

La photographie supposé d'un disque seul, prise par le garde-côté californien Frank Ryman, qui ébranlerait l'hypothèse vol d'avion à réaction, pourrait bien se révéler être un défaut dans l'objectif après un examen critique, s'aventure le professeur Mather.