Robert Galley

Galley naît le mardi 11 janvier 1921 à Paris (France).

En 1949, ancien élève de l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures, il est diplômé de l'ENS du Pétrole et des Moteurs. En l'année suivante il entre comme ingénieur stagiaire à la Compagnie Chérifienne des Pétroles puis en 1955 au Commissariat à l'Énergie Atomique en tant que chef du département de construction des usines. Il y mènera notamment des études de construction des usines de plutonium de Marcoule, et de celle de Pierrelatte de 1958.

En 1968 il est Ministre de l'Équipement et du Logement dans le gouvernement Pompidou 4, puis Ministre délégué auprès du premier ministre, chargé de la Recherche Scientifique et des Questions Atomiques et Spatiales dans le gouvernement Couve de Murville et Ministre des Postes et Télécommunications dans celui de Chaban-Delmas jusqu'en l'année suivante, où il est Ministre des transports sous Messmer 1. À partir de 1972 il est Ministre des Armées sous Messmer 2.

Jean-Claude Bourret interviewant Galley
Jean-Claude Bourret interviewant Galley

Le jeudi 21, suite à une vague d'observations en France, Galley accepte de participer à une série d'entretiens radiophoniques menés par Jean-Claude Bourret, incluant des rapports de témoins et les déclarations de 3 scientifiques français qui étudient le phénomène ovni depuis de nombreuses années : Pierre GuérinGuerin, Pierre, Claude Poher et Jacques ValléeVallee, Jacques :

Bourret : Monsieur le Ministre, vous avez accordé pour France-Inter une interview qui va certainement faire date parce que je crois que c'est la 1ère fois qu'un Ministre des Armées accepte de parler du problème des ovnis. Avez-vous des éléments vous permettant d'apporter une réponse aux questions que les auditeurs se posent, des éléments dont nous n'aurions pas connaissance ?

Galley : Je ne le sais pas parce que j'ai passé un temps relativement limité sur cette question, bien qu'elle m'ait toujours intéressé. Par conséquent, je ne peux savoir tout ce qui a été dit au cours de vos émissions, mais je sais que certaines personnes du Ministère des Armées les suivent assidûment. Ce que je crois profondément, c'est qu'il faut adopter vis-à-vis de ces phénomènes une attitude d'esprit extrêmement ouverte. Un certain nombre de progrès ont été réalisés dans l'humanité par le fait qu'on a cherché à expliquer l'inexplicable. Or, dans ces phénomènes aériens, ces phénomènes visuels — je n'en dis pas plus — que l'on a rassemblés sous le terme d'ovnis, il est certain qu'il y a des choses que l'on ne comprend pas et qui sont, à l'heure actuelle, relativement inexpliquées ; je dirais même qu'il est irréfutable qu'il y a des choses aujourd'hui qui sont inexpliquées ou mal expliquées. En 1954 a été créée au Ministère des Armées une section de réflexion et de recueil de témoignages sur ces apparitions d'objets non identifiés. J'ai parcouru un certain nombre de témoignages ; ceux-ci (une cinquantaine) se sont développés jusqu'en 1970. On y trouve, parmi les premières choses, un compte rendu d'observations personnelles du lieutenant Jean Demery, de la base aérienne 107, à Villacoublay, en date du vendredi 20. On y trouve des rapports de gendarmerie ; on y trouve quelques comptes-rendus d'observations de pilotes, de personnels qui sont des chefs de centres aériens, pas mal d'éléments dont la convergence est tout à fait troublante — au cours de l'année l'année suivante. Par conséquent, je crois que l'attitude d'esprit que l'on doit adopter vis-à vis de ces phénomènes doit demeurer ouverte, c'est-à-dire qu'elle ne consiste pas à nier a priori. Nos ancêtres des siècles précédents ont nié des quantités de choses qui nous paraissent aujourd'hui parfaitement élémentaires, qu'il s'agisse de la piezzo-électricité, de l'électricité statique, sans parler d'un certain nombre de phénomènes liés à la biologie. En fait, tout le développement de la science consiste à ce qu'à un instant déterminé on s'aperçoive que 50 ans auparavant on ne savait rien et qu'on ne comprenait rien à la réalité des phénomènes.

Monsieur le Ministre, y a-t-il eu des cas où des avions Mirage ont poursuivi des ovnis en France ?

En France, après le dépouillement de multiples rapports, je ne le crois pas. Mais nous avons eu un certain nombre d'observations radar. En particulier, dans les années 1950s, nous avons eu 1 observation radar qui se situait en Aquitaine. Nous avons eu pendant un écho radar inexplicable et encore inexpliqué. En revanche, d'autres échos radar jugés mystérieux ont pu être expliqués par des phénomènes de brouillage. Mais, il en reste un faible reliquat. Et ces observations sont expliquées. À l'étranger, des phénomènes similaires existent. Ils sont assez bien connus. Il y a des phénomènes aux États-Unis, il y a le récent phénomène de Turin. Mais, pour répondre précisément à votre question, le nombre de témoignages de pilotes militaires français sur ces ovnis est relativement modeste par rapport à ce que l'on trouve à l'étranger. Il y en a tout de même quelques-uns qui sont consignés.

Êtes-vous en relation, Monsieur le Ministre, avec d'autres organisations militaires internationales ?

Non. Nous avons, depuis 1970, retransmis au Groupement d'Etudes des Phénomènes Aériens l'ensemble des témoignages et nous continuons, chaque fois que quelque chose d'extraordinaire se passe, à le leur envoyer. Il s'agit d'observations de pilotes, ou d'enquête de la gendarmerie. L'Armée de l'Air a, en effet, considéré depuis 1970 que les ovnis ne représentaient pas un péril quelconque — donc ce n'était pas sa mission d'étudier ces phénomènes sur le plan scientifique. Nous considérons que c'est le rôle du Centre National d'Etudes Spatiales où des gens comme M. Poher font un travail qui nous paraît tout à fait intéressant. Nous n'avons donc pas de contact direct. Mais, je le répète, chaque fois que quelque chose d'insolite apparaît, nous l'envoyons à cet organisme qui travaille au fond pour le compte de la nation.

Pourtant, Monsieur le Ministre, des phénomènes spatiaux non identifiés dans le ciel de France intéressent, semble-t-il, la Défense nationale ?

Oui, cela intéresse la Défense nationale, et c'est la raison pour laquelle nous suivons la question pour essayer de voir s'il peut s'établir des corrélations. Personnellement, je me suis intéressé à ce phénomène des corrélations, qu'a expliqué M. Poher, entre les variations du champ magnétique et le passage des objets volants non identifiés. Il y a là un ensemble de phénomènes relativement troublants qui peuvent un jour recevoir une explication qui ne soit pas celle d'un objet spécifique, qui peuvent être des phénomènes magnétiques. Mais, pour l'instant, on est bien forcé de reconnaître qu'il y a quelque chose que nous ne comprenons pas. Il y a aussi la multiplication, tout à fait impressionnante, des observations visuelles de phénomènes lumineux tantôt sphériques, tantôt ovoïdes et qui se traduisent par des déplacements extraordinairement rapides. Tous ces phénomènes sont des phénomènes auxquels on doit prêter une certaine attention. Mais je dois répéter que, dans l'Armée de l'Air, ils ne nous paraissent pas relever de la défense aérienne.

Si l'on vous demandait de mettre à la disposition des scientifiques des observations faites par les radars militaires, que répondriez-vous ?

Si des anomalies intervenaient sur les radars de la défense aérienne, il n'y aurait aucune raison pour que nous ne communiquions pas ces observations. C'est d'ailleurs ce que nous faisons à l'heure actuelle. J'ai là, d'ailleurs, toutes les observations qui viennent de l'Armée de l'Air et de la gendarmerie, et nous les transmettrons directement aux scientifiques qui s'en occupent.

Vous avez parlé de la gendarmerie, Monsieur le Ministre. Or les auditeurs de France-Inter ont écouté, à de nombreuses reprises, les conclusions d'enquête menées par vos gendarmes, conclusions spectaculaires : lorsqu'un témoin affirme avoir vu atterrir une soucoupe et qu'il a vu auprès de cette soucoupe des petits humanoïdes, très souvent, les gendarmes concluent à la bonne foi des témoins. Qu'en pensez-vous ?

France Soir du samedi 23, indiquant : Soucoupes volantes : "Des cas n'ont pas      reçu de réponse satisfaisante" déclare M. Robert Galley, Ministre des Armées.
France Soir du samedi 23, indiquant : Soucoupes volantes : "Des cas n'ont pas reçu de réponse satisfaisante" déclare M. Robert Galley, Ministre des Armées.

Alors là, je serai infiniment plus prudent. Mais, je dois dire que si vous auditeurs pouvaient voir l'accumulation des renseignements venant de la gendarmerie de l'air, de la gendarmerie mobile, de la gendarmerie chargée des enquêtes territoriales qui ont été transmis au CNES par nos soins, c'est effectivement assez troublant. Ce que je crois, c'est que les gendarmes sont des gens sérieux. Les gendarmes, quand ils font un rapport, ne le font pas au hasard. S'il n'y en avait qu'un ou deux, on pourrait imaginer que leur bonne foi ait été surprise. Mais je dois dire qu'il y a tout de même un grand nombre de rapports de gendarmerie, qui sont très disparates. Tout ceci est assez fragmentaire encore. Je crois, pour conclure, que, dans cette affaire des ovnis, il faut adopter une attitude d'esprit extrêmement ouverte. Il ne faut pas mettre en doute la bonne foi de témoins qui sont sincères de toute évidence, mais, à l'heure actuelle, il est extrêmement prématuré de tirer la moindre conclusion de tout ceci.

Le mercredi 27, Galley est reconduit Ministre des Armées sous Messmer 3. On dit que, sur son lit de mort, Pompidou aurait dit à son ami Galley : Nous avons assez d'emmerdements entre les mains sans y ajouter les soucoupes.

En mai 1974 il devient Ministre de l'Équipement sous Jacques Chirac, remplacé à la Défense par Jacques Soufflet. À partir de 1976 il est Ministre de la Coopération sous les gouvernements Barre successifs, son dernier mandat sous ce dernier étant requalifié en Ministère de la Coopération et de la Défense en 1980, jusqu'en mai 1981 (élection de François Mitterrand). Cette année-là, il est élu député RPR de l'Aube ; il sera réélu en 1986, 1988, 1993 et 1997.

Depuis l'année d'avant, Galley est membre de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.

s1Bourret, J.-C.: La Nouvelle Vague des Soucoupes Volantes (Presses Pocket 1976)