Les procès d’argent exigent les mêmes examens minutieux et les mêmes enquêtes que ceux où il s’agit d’une peine capitale, selon ces mots (Lv 24, 22): un même jugement nous régira. En quoi la procédure dans les procès d’argent diffère-t-elle de celle des affaires capitales ? Dans les procès d’argent, il suffit de 3 juges ; les procès où il s'agit d’une peine capitale en exigent 23. Dans les affaires d’argent, la discussion des juges peut commencer par l’argument favorable ou défavorable au défendeur ; dans les affaires capitales, elle doit toujours commencer par l’argument favorable à l’accusé. Dans les affaires d’argent, la majorité d’une seule voix est toujours suffisante pour absoudre ou condamner, dans les affaires capitales, elle est suffisante pour acquitter, mais elle est insuffisante pour condamner, car il faut une majorité de deux voix pour condamner. Dans les affaires d’argent s’il y a erreur, le jugement est annulé ; dans les affaires capitales, il est annulé si l’on a condamné par erreur, mais il n’est pas annulé si l’on a acquitté par erreur. Dans les affaires d’argent, les disciples eux-mêmes, qui ne sont pas juges mais qui assistent aux délibérations de leurs maîtres, peuvent donner leur opinion, soit en faveur du défendeur, soit contre lui ; dans les affaires capitales ils peuvent donner leur opinion en faveur de l’accusé, mais non pas contre lui. Dans les affaires d’argent, chacun des juges peut changer d’opinion pendant la discussion ; dans les affaires capitales, celui qui était d’abord pour la condamnation peut changer d’opinion, mais celui qui pensait d’abord devoir voter pour l’acquittement doit conserver son opinion. Dans les affaires d’argent, on commence le procès au jour et on peut le finir la nuit ; dans les affaires capitales, on commence et on finit le procès pendant le jour. Dans les affaires d’argent, on peut finir le procès le même jour où on l'a commencé ; dans les affaires capitales, on peut prononcer l’acquittement le même jour, mais il faut ajourner la condamnation au lendemain, dans l’espoir de trouver peut être, en attendant, un argument en faveur de l’accusé. C’est pourquoi on ne juge pas une affaire capitale la veille du jour de Shabat, ni la veille d’un jour de fête.
אֶחָד דִּינֵי מָמוֹנוֹת וְאֶחָד דִּינֵי נְפָשׁוֹת, בִּדְרִישָׁה וּבַחֲקִירָה, שֶׁנֶּאֱמַר (ויקרא כד) מִשְׁפַּט אֶחָד יִהְיֶה לָכֶם. מַה בֵּין דִּינֵי מָמוֹנוֹת לְדִינֵי נְפָשׁוֹת. דִּינֵי מָמוֹנוֹת בִּשְׁלֹשָׁה, וְדִינֵי נְפָשׁוֹת בְּעֶשְׂרִים וּשְׁלֹשָׁה. דִּינֵי מָמוֹנוֹת פּוֹתְחִין בֵּין לִזְכוּת בֵּין לְחוֹבָה, וְדִינֵי נְפָשׁוֹת פּוֹתְחִין לִזְכוּת וְאֵין פּוֹתְחִין לְחוֹבָה. דִּינֵי מָמוֹנוֹת מַטִּין עַל פִּי אֶחָד בֵּין לִזְכוּת בֵּין לְחוֹבָה, וְדִינֵי נְפָשׁוֹת מַטִּין עַל פִּי אֶחָד לִזְכוּת וְעַל פִּי שְׁנַיִם לְחוֹבָה. דִּינֵי מָמוֹנוֹת מַחֲזִירִין בֵּין לִזְכוּת בֵּין לְחוֹבָה, דִּינֵי נְפָשׁוֹת מַחֲזִירִין לִזְכוּת וְאֵין מַחֲזִירִין לְחוֹבָה. דִּינֵי מָמוֹנוֹת הַכֹּל מְלַמְּדִין זְכוּת וְחוֹבָה, דִּינֵי נְפָשׁוֹת הַכֹּל מְלַמְּדִין זְכוּת וְאֵין הַכֹּל מְלַמְּדִין חוֹבָה. דִּינֵי מָמוֹנוֹת הַמְלַמֵּד חוֹבָה מְלַמֵּד זְכוּת וְהַמְלַמֵּד זְכוּת מְלַמֵּד חוֹבָה, דִּינֵי נְפָשׁוֹת הַמְלַמֵּד חוֹבָה מְלַמֵּד זְכוּת, אֲבָל הַמְלַמֵּד זְכוּת אֵין יָכוֹל לַחֲזֹר וּלְלַמֵּד חוֹבָה. דִּינֵי מָמוֹנוֹת דָּנִין בַּיּוֹם וְגוֹמְרִין בַּלַּיְלָה, דִּינֵי נְפָשׁוֹת דָּנִין בַּיּוֹם וְגוֹמְרִין בַּיּוֹם. דִּינֵי מָמוֹנוֹת גּוֹמְרִין בּוֹ בַיּוֹם בֵּין לִזְכוּת בֵּין לְחוֹבָה, דִּינֵי נְפָשׁוֹת גּוֹמְרִין בּוֹ בַיּוֹם לִזְכוּת וּבְיוֹם שֶׁלְּאַחֲרָיו לְחוֹבָה, לְפִיכָךְ אֵין דָּנִין לֹא בְעֶרֶב שַׁבָּת וְלֹא בְעֶרֶב יוֹם טוֹב:
Dans les affaires d’argent, et dans celles de pureté ou d’impureté le plus grand des juges dit d’abord son opinion ; dans les affaires capitales, on commence au contraire par le plus petit. Dans les affaires d’argent, tout le monde peut juger ; dans les affaires capitales, les juges ne peuvent être que Cohanim, ou Lévites, ou d‘autres enfants d’Israël d’une naissance tellement irréprochable, que leurs filles puissent épouser des Cohanim.
דִּינֵי הַטֻּמְאוֹת וְהַטָּהֳרוֹת מַתְחִילִין מִן הַגָּדוֹל, דִּינֵי נְפָשׁוֹת מַתְחִילִין מִן הַצָּד. הַכֹּל כְּשֵׁרִין לָדוּן דִּינֵי מָמוֹנוֹת וְאֵין הַכֹּל כְּשֵׁרִין לָדוּן דִּינֵי נְפָשׁוֹת, אֶלָּא כֹהֲנִים, לְוִיִּם, וְיִשְׂרְאֵלִים הַמַּשִּׂיאִין לַכְּהֻנָּה:
Les membres du Sanhedrin siégeaient en demi-cercle, pour qu’ils puissent se voir l'un l'autre. 2 Scribes se tiennent devant eux, l’un à droite l’autre à gauche, et ils inscrivent les opinions et les motifs de ceux qui condamnent et de ceux qui acquittent. R. Juda dit qu’il faut 3 scribes, dont l’un pour ceux qui condamnent, l’autre pour ceux qui acquittent, et le troisième pour les deux catégories ensemble.
סַנְהֶדְרִין הָיְתָה כַּחֲצִי גֹרֶן עֲגֻלָּה, כְּדֵי שֶׁיְּהוּ רוֹאִין זֶה אֶת זֶה. וּשְׁנֵי סוֹפְרֵי הַדַּיָּנִין עוֹמְדִין לִפְנֵיהֶם, אֶחָד מִיָּמִין וְאֶחָד מִשְּׂמֹאל, וְכוֹתְבִין דִּבְרֵי הַמְזַכִּין וְדִבְרֵי הַמְחַיְּבִין. רַבִּי יְהוּדָה אוֹמֵר, שְׁלֹשָׁה, אֶחָד כּוֹתֵב דִּבְרֵי הַמְזַכִּין, וְאֶחָד כּוֹתֵב דִּבְרֵי הַמְחַיְּבִין, וְהַשְּׁלִישִׁי כוֹתֵב דִּבְרֵי הַמְזַכִּין וְדִבְרֵי הַמְחַיְּבִין:
Devant les juges, se trouvent trois séries de disciples (chacune de 23 membres), dont chacune reconnaît sa place. S’il y a une vacance, elle est remplie par un de la 1re série, dont la place est aussitôt occupée par un membre de la 2e série, et la place de celui-ci est prise par un de la 3e série. Pour la vacance de la 3e série, on choisit une personne en dehors des séries ; celle-ci ne siège pas toujours à la place laissée vacante par le membre de la 3e série qui est arrivé à la 2e, mais elle occupe la place qui est conforme à ses mérites.
וְשָׁלֹשׁ שׁוּרוֹת שֶׁל תַּלְמִידֵי חֲכָמִים יוֹשְׁבִין לִפְנֵיהֶם, כָּל אֶחָד וְאֶחָד מַכִּיר אֶת מְקוֹמוֹ. הָיוּ צְרִיכִין לִסְמֹךְ, סוֹמְכִין מִן הָרִאשׁוֹנָה. אֶחָד מִן הַשְּׁנִיָּה בָּא לוֹ לָרִאשׁוֹנָה וְאֶחָד מִן הַשְּׁלִישִׁית בָּא לוֹ לַשְּׁנִיָּה, וּבוֹרְרִין לָהֶן עוֹד אֶחָד מִן הַקָּהָל וּמוֹשִׁיבִין אוֹתוֹ בַשְּׁלִישִׁית. וְלֹא הָיָה יוֹשֵׁב בִּמְקוֹמוֹ שֶׁל רִאשׁוֹן, אֶלָּא יוֹשֵׁב בְּמָקוֹם הָרָאוּי לוֹ:
Pour signaler la gravité du témoignage en affaire capitale, on fait entrer les témoins et on leur demande s’ils n’admettent pas l’existence du crime pour probabilité, ou par ouï dire, ou par l’avoir entendu rapporter par un homme qui mérite confiance. On leur dit encore : Peut être ne saviez-vous pas que nous allons soumettre vos dépositions à un examen minutieux. Sachez qu’il y a une grande différence entre un procès d’argent et une affaire capitale ; dans le premier, on peut réparer la faute par une compensation pécuniaire ; dans la dernière, on est responsable du sang de l’accusé et de celui de ses descendants. Ainsi de Caïn, assassin d’Abel, il est dit (Gn 4, 10): la voix "des sangs" de ton frère crie vers moi de la terre ; le terme des sangs (au pluriel) vise ses descendants ; selon une autre explication, son sang a été répandu sur le bois et la pierre. C’est pourquoi Dieu créa Adam seul (dont les descendants remplissent le monde entier), pour nous faire voir que celui qui sauve un seul être humain sauve un monde entier, et que celui qui perd un homme doit être assimilé à celui qui perd tout un monde. Ce fait que Dieu créa un seul homme eut pour but aussi de montrer que tous les hommes sont frères, et d’empêcher que personne ne pût se croire supérieur à un individu d’une autre nation, qui aurait été le descendant d’un autre père Adam. Ce fait peut encore servir de réfutation contre la doctrine des hérétiques qui admettent plusieurs divinités. Ceci montre la toute puissance du Roi des rois, très saint : les souverains font frapper dans un seul moule une grande quantité de pièces de monnaie qui se ressemblent toutes entre elles ; tandis que le Souverain suprême, le Saint béni soit-il, a fait dans le moule d’Adam tous les hommes de la terre, et personne n’est semblable à l’autre. Aussi chacun doit se dire que le monde entier a été créé pour lui. Cependant, vous, témoins, vous ne devez pas non plus vous taire, car celui qui a vu commettre un crime et ne le dit pas devant le tribunal, est coupable, selon le verset (Lv 5, 1) : s’il est témoin du fait qu’il a vu ou qu’il connaît, etc. N’ayez pas peur non plus de la grande responsabilité du sang de l’accusé, car il est écrit : Si les méchants périssent, c’est une allégresse n1Ce verset sera repris en partie dans le s1Sourate 5 : La table servie (An-Maidah), 32.
כֵּיצַד מְאַיְּמִין אֶת הָעֵדִים עַל עֵדֵי נְפָשׁוֹת, הָיוּ מַכְנִיסִין אוֹתָן וּמְאַיְּמִין עֲלֵיהֶן. שֶׁמָּא תֹאמְרוּ מֵאֹמֶד, וּמִשְּׁמוּעָה, עֵד מִפִּי עֵד וּמִפִּי אָדָם נֶאֱמָן שָׁמַעְנוּ, אוֹ שֶׁמָּא אִי אַתֶּם יוֹדְעִין שֶׁסּוֹפֵנוּ לִבְדֹּק אֶתְכֶם בִּדְרִישָׁה וּבַחֲקִירָה. הֱווּ יוֹדְעִין שֶׁלֹּא כְדִינֵי מָמוֹנוֹת דִּינֵי נְפָשׁוֹת. דִּינֵי מָמוֹנוֹת, אָדָם נוֹתֵן מָמוֹן וּמִתְכַּפֵּר לוֹ. דִּינֵי נְפָשׁוֹת, דָּמוֹ וְדַם זַרְעִיּוֹתָיו תְּלוּיִין בּוֹ עַד סוֹף הָעוֹלָם, שֶׁכֵּן מָצִינוּ בְקַיִן שֶׁהָרַג אֶת אָחִיו, שֶׁנֶּאֱמַר (בראשית ד) דְּמֵי אָחִיךָ צֹעֲקִים, אֵינוֹ אוֹמֵר דַּם אָחִיךָ אֶלָּא דְּמֵי אָחִיךָ, דָּמוֹ וְדַם זַרְעִיּוֹתָיו. דָּבָר אַחֵר, דְּמֵי אָחִיךָ, שֶׁהָיָה דָמוֹ מֻשְׁלָךְ עַל הָעֵצִים וְעַל הָאֲבָנִים. לְפִיכָךְ נִבְרָא אָדָם יְחִידִי, לְלַמֶּדְךָ, שֶׁכָּל הַמְאַבֵּד נֶפֶשׁ אַחַת מִיִּשְׂרָאֵל, מַעֲלֶה עָלָיו הַכָּתוּב כְּאִלּוּ אִבֵּד עוֹלָם מָלֵא. וְכָל הַמְקַיֵּם נֶפֶשׁ אַחַת מִיִּשְׂרָאֵל, מַעֲלֶה עָלָיו הַכָּתוּב כְּאִלּוּ קִיֵּם עוֹלָם מָלֵא. וּמִפְּנֵי שְׁלוֹם הַבְּרִיּוֹת, שֶׁלֹּא יֹאמַר אָדָם לַחֲבֵרוֹ אַבָּא גָדוֹל מֵאָבִיךָ. וְשֶׁלֹּא יְהוּ מִינִין אוֹמְרִים, הַרְבֵּה רָשֻׁיּוֹת בַּשָּׁמָיִם. וּלְהַגִּיד גְּדֻלָּתוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא, שֶׁאָדָם טוֹבֵעַ כַּמָּה מַטְבְּעוֹת בְּחוֹתָם אֶחָד וְכֻלָּן דּוֹמִין זֶה לָזֶה, וּמֶלֶךְ מַלְכֵי הַמְּלָכִים הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא טָבַע כָּל אָדָם בְּחוֹתָמוֹ שֶׁל אָדָם הָרִאשׁוֹן וְאֵין אֶחָד מֵהֶן דּוֹמֶה לַחֲבֵרוֹ. לְפִיכָךְ כָּל אֶחָד וְאֶחָד חַיָּב לוֹמַר, בִּשְׁבִילִי נִבְרָא הָעוֹלָם. וְשֶׁמָּא תֹאמְרוּ מַה לָּנוּ וְלַצָּרָה הַזֹּאת, וַהֲלֹא כְבָר נֶאֱמַר (ויקרא ה) וְהוּא עֵד אוֹ רָאָה אוֹ יָדָע אִם לוֹא יַגִּיד וְגוֹ'. וְשֶׁמָּא תֹאמְרוּ מַה לָּנוּ לָחוּב בְּדָמוֹ שֶׁל זֶה, וַהֲלֹא כְבָר נֶאֱמַר (משלי יא) וּבַאֲבֹד רְשָׁעִים רִנָּה: