Des animaux exsangues et vidés de leur moelle épinière

J'ai oublié de signaler un fait important qui s'est déroulé le lendemain du premier atterrissage : le samedi 11, un marchand de bétail et un fermier vinrent m'avertir qu'une mortalité anormale de bovins était survenue. Je parlai de cet incident a un vétérinaire qui, très intéressé, se déplaça pour procéder à l'autopsie d'un bovin. A la suite de quoi, le vétérinaire parut très surpris : il partit rapidement en voiture sans fournir la moindre explication. Dans les heures qui suivirent, des camions grues enlevèrent les corps des animaux pour les déposer dans des véhicules bâchés. J'apprit par la suite que les bovins avaient été transportés dans la région parisienne, à Maisons-Alfort, pour autopsie générale et analyse approfondie. Ces bêtes avaient été vidées de leur sang et de leur moelle é pinière, elles étaient totalement exsangues aucune trace de blessure, ni de piqûre. Cette declaration fut faite par le vétérinaire lui-même, auprès duquel plusieurs personnes insistèrent pour connaître le fin mot de l'histoire. J'étais présent. Le vétérinaire conseilla la "prudence" et ...le silence ! Ce même vétérinaire devait encore m'infliger de ses conseils de "prudence" a propos de mon chien. Nous reviendrons sur ce fait. Le lieu ou fut découvert les cadavres des bovins était situé a 300 m de l'endroit ou l'astronef se posa. J'avais signalé le fait à Marc ThirouinThirouin, Marc qui, sur ma demande, ne le consigna pas dans son enquête. Malheureusement, ni ThirouinThirouin, Marc, ni GuieuGuieu, Jimmy, ni Carrouges n'ont pu tout dire, car j'étais moi-même littéralement "bâillonné". Un quart de siècle s'est écoulé, j'ai beaucoup trop résisté à l'envie de parler, tout comme j'ai "résisté" à ceux qui me dictaient un message à transmettre. Aujourd'hui, je veux tout dire, sans rien omettre, sans rien rajouter, et tant pis pour ceux qui trouvent que la vérité n'est pas toujours bonne a formuler.

Ils sont revenus !

dimanche 10 octobre 1954 à 11:30. Le temp est beau. Je déjeûne dans la cuisine tandis que mon fils Serge, âgé de 3 ans 1/2, joue à l'extérieur, prés de la palissade. Ma femme est absente, ainsi que le locataire. Kiki, mon chien, gambade dans les bois. Soudain, mon fils fait irruption dans la cuisine.

Papa ! Viens voir... il y a une "toto" sur la voie !

Je me lève en songeant qu'il doit s'agir de mon frère Paul qui vient de Paris pour me voir. Un terre-plein longe la voie, permettant le passage d'une voiture, l'intervention de Serge ne m'étonne donc pas. Je sors et, ébahi, je regarde ce que mon fils appelle prosaïquement une "toto". Ce n'est évidemment pas mon frère Paul ! L'engin lenticulaire, surmonté d'un dôme, est posé sur la 2ᵉ voie a environ 90 m de la maison. Soudain, Serge se met a courir en direction de l'astronef. Je m'élance à mon tour et le rattrape au bout d'une dizaine de mètres et, peu rassuré, le prends entre mes bras. J'aperçois alors 5 petits humanoïdes dont un - celui qui semble être le chef - se détache du groupe pour marcher vers moi. Il avance normalement, sans aucune apparence d'agressivité. Immobile, je sens ma crainte disparaître comme par enchantement. LE VOICI TOUT PRES DE MOI, IL S'ARRETE ET JE PEUX LE CONTEMPLER TOUT A LOISIR. Il est vêtu d'une combinaison moulante, couleur gris mat foncé, d'une seule pièce, enrobant mains et pieds. Elle semble faite d'une matière très souple, étanche, ce n'est pourtant ni du caoutchouc ni de la matière plastique. Le devant du casque est un peu bombé, pourvu d'une partie transparente, laissant voir le visage a l'aspect asiatique, aux yeux légèrement bridés, à la peau mate et lisse, sans barbe ni moustache. Peut-on parler de beauté ? Oui, mais c'est une beauté a laquelle on n'est pas habitué sur la planète : CE VISAGE RAYONNE LA BEAUTE QU'IL PORTE EN LUI et qui "façonne" l'aspect extérieur, C'EST UNE BEAUTE QUI PROCEDE D'UNE GRANDE INTERIORITE. Les sourcils sont très noirs, peu fournis, bien dessinés. Les yeux aussi sont noirs et non saillants. Quant à définir le regard, comment le pourrais-je ? Il faut le voir comme je l'ai vu et il n'y a plus rien à dire. La mâchoire est assez forte, les pommettes sont hautes, le nez est normal et la bouche sans particularité, sinon qu'elle sourit, montrant des dents, blanches, éclatantes, régulières, solidement enracinées. Très lentement, cet étre extraordinaire lève une main tout à fait normale, elle est seulement recouverte par la combinaison épousant les 5 doigts comme un gant bien ajusté. Il caresse la joue de mon fils, et ce geste est vraiment un geste d'amour. Puis, il pose sa main sur mon épaule, amicalement, sans cesser de sourire. Ai-je dit "amicalement" ? "Fraternellement" serait plus juste. Mais savons-nous encore ce qu'est la fraternité pour que je sois bien compris ? Je vois les lèvres de l'être remuer, il me parle, j'entends une voix gutturale qui s'exprime dans une langue incompréhensible. L'Ouranien, comme dirait Marc Thirouin, fait alors des signes. Il est petit, pas plus de 1,20 m.

A bord de l'astronef

Brusquement, il se retourne et marche vers la maison. Je lui emboîte le pas et suis alors surpris de constater que sa combinaison ne comporte aucune fermeture, elle cèle a sa peau et je vois ses muscles bouger quand il se déplace. Cette histoire de fermeture qui n'existe pas - par association d'idées - me fait penser à la boîte. Et s'il était venu la rechercher ? Pour l'instant, c'est surtout une de mes poules qui l'intéresse. Il franchit le seuil du poulailler, se baisse, tend la main vers une poule qui, instantanément, se tétanise sur place, légèrement affaissée, ailes écartées : l'être lui fait indubitablement subir une paralysie, une sorte d'hypnose. Je suis réellement stupéfait car, d'habitude, je dois déployer des ruses de sioux pour appréhender une de ces poules. Obéissant à je ne sais quelle impulsion, je désigne ma maison, invitant le petit étre à y pénétrer. Il refuse d'un geste et m'indique la direction de l'astronef. J'acquiesce. La poule sous le bras, l'être m'invite à le précéder. Lui et moi - qui tiens toujours mon fils - franchissons ensemble la distance qui nous sépare de l'engin. De temps à autre, mon compagnon me fait des signes que je ne comprends pas. Je ne suis, cependant, nullement inquiet. Nous arrivons enfin prés de l'appareil, 3 petits êtres s'affairent autour de celui-ci. L'engin à des dimensions qui atteignent une douzaine de mètres de diamètre et 3 m de haut. On dirait de l'aluminium mat et lisse. Il se compose d'un disque surmonté d'une coupole sans aucun hublot. A la base, une porte : 1,60 m de haut sur 1 m de large. Le disque enserrant la coupole a plus de 2 m de largeur et se termine en arrondi, légèrement bombé et dont la partie la plus épaisse est de l'ordre de 70 cm. L'humanoïde me précède et j'accède a l'engin par un escalier métallique large de 50 cm environ. L'une des 2 parties de l'escalier est plus inclinée que l'autre l'une d'elles part du sol pour aboutir au bord du disque, tandis que l'autre est encastrée dans l'appareil depuis le bord du disque jusqu'au seuil de la porte que je franchis en baissant la tête. Il faut descendre quelques marches pour pénétrer dans l'habitacle. Un spectacle extraordinaire s'offre a mes yeux éblouis : au-dessus de moi, le dôme est en métal, ce qui ne l'empêche pas d'étre aussi lumineux que la lumière du jour. Sans être translucide, comme du verre ou du plexiglas, il offre l'étrange particularité d'étre "transparent" et de laisser voir le ciel de l'intérieur de l'engin alors qu'on ne peut voir, de l'extérieur qu'une masse de métal. On pourrait, en quelque sorte, comparer cet effet avec celui que produit les glaces sans tain. Devant moi : un pupitre en demi-cercle derrière lequel un étre est assis. S'agit-il du poste de pilotage ? Je ne vois aucun instrument sur ce pupitre dont les dimensions sont, approximativement, 70 cm pour la hauteur et 50 cm pour la largeur. Le dessous est plat, lisse, les arêtes sont vives. Derrière le pupitre, une cloison métallique sépare en 2 la superficie de l'habitacle. J'ai le sentiment que je ne dois pas voir ce qu'il y a derrière cette cloison. Soudain, j'entends quelque chose comme "boukak". J'aperçoit alors, un peu en retrait, un humanoïde étendu sur une civière, laquelle est supportée par 4 pieds qui maintiennent le malade (ou le blessé) à une vingtaine de centimètres du plancher. Il répète "Boukak". Cela ressemble a une sorte de gémissement guttural assourdi par le casque. 2 personnages interviennent pour transporter la civière dans un compartiment situé derrière la cloison métallique. Lors de l'ouverture de la porte coulissante, je ne vois que des "pulsations lumineuses" et j'entends des sons qui ressemblent à des signaux radio. La porte refermée, aucune rainure n'apparaît sur la surface absolument lisse de la cloison. Je poursuis mon observation et constate qu'un autre pupitre est accolé le long de la structure interne de l'astronef fragmenté en deux parties à cause de l'accès principal, sa hauteur est de 90 cm, sa surface - pourvue de divers cadrans muets mais colorés - offre une déclivité de 15 a 20 %. Bien entendu, toutes ces évaluations sont approximatives. L'appareillage de l'engin est proportionné à la taille de ses occupants et calculé en fonction de leurs besoins.

Inquiètant et mystérieux examen

L'étre qui est assis, et que je vois pivoter derrière le pupitre en demi-cercle, se retire, peut-être par commandement télépathique. Le personnage principal m'invite a m'asseoir sur le siège maintenant inoccupé. L'étroitesse de celui-ci ne m'est guère confortable : j'ai du mal à glisser mes genoux sous le pupitre, ce qui me contraint a faire pivoter le siège a 90° vers la cloison. Dès cet instant, je reçois des impulsions dans le cerveau auxquelles je réponds malgré moi. Le chef me pose alors sur la tête une sorte de casque d'écoute relié par des fils et dont la tige en forme de "U" se termine par 2 disques de contact placés derrière mes oreilles. La cloison s'ouvre de nouveau, une femme apparaît, reconnaissable à la rondeur de sa poitrine. Elle tient une sorte de bouteille thermos, de même couleur que l'aspect extérieur de l'astronef. Elle emplit un verre transparent d'un liquide incolore. Je le bois : son goût est indéfinissable mais pas désagréable. Mon fils, Serge, se tient entre mes jambes, accoudé sur mes cuisses, ce qui me rassure. Lors de l'examen, je perçois télépathiquement ce qu'on attend de moi : cessez de respirer, buvez, détendez-vous, etc. Pendant ce temps, 3 humanoïdes sont restés à l'extérieur, probablement pour la surveillance, et aussi pour "visiter" mon poulailler (ils emporteront dans l'espace plusieurs poules et lapins). Quand l'examen est terminé, j'ai conscience d'avoir été "préparé" pour d'autres contacts, lesquels seront bien plus fantastiques que les 2 premiers. On m'a également immunisé contre les maladies les plus graves. Je suppose que mon fils a subi un traitement analogue. Une trentaine de minutes (mais n'ai-je pas subi un "trou" de mémoire ?) après avoir été accueilli dans l'appareil, je quitte celui-ci avec Serge. Arrivé au sol, je me retourne, le chef me fait signe de m'éloigner. Ce que je fais, à reculons. Quand on juge que je suis à une distance suffisante pour ne pas subir les "effets" du décollage, on me fait comprendre que c'est l'instant du départ, de la séparation, avec de grands signes amicaux. La porte de l'engin se referme lentement, l'escalier se rétracte ne laissant plus rien voir, dans l'épaisseur du disque, qu'une surface absolument lisse sans rainure ! Je sens un souffle d'air chaud, accompagné d'une odeur d'herbe séchée, comme durant la nuit du 10 Septembre. J'entends un sifflement. L'engin décolle à la verticale jusqu'à une trentaine de mètres d'altitude. J'ai largement le temps d'apercevoir le dessous du disque qui, dans sa partie centrale, a la forme d'une couronne quadrillée avec un pourtour plat. Lors de l'accélération, une luminosité rougeâtre l'embrase et il disparaît à toute vitesse en direction de l'Est. Ils sont partis. Je ne suis pas mécontent de me retrouver sur la terre ferme. Je peux enfin penser librement : c'est du moins ce que je crois !