"Mais je l'ai lu dans un livre"

Creighton, GordonCreighton, Gordon: FSR vol. 19, n° 1, pp. 24-27, janvier 1973

Après avoir soutiré leurs cerveaux pendant 2 décennies dans des tentatives pour déchiffrer l'inscription mystérieuse, le scientifique chinois Tsum Um Nui n1Tel quel, ce nom est corrompu et assez non-identifiable. Ni Tsum, ni Um, ni Nui are ne sont des monosyllables utilisées dans la translitération du chinois standard (mandarin) de Pekin, bien qu'elles puissent peut-être être compréhensibles dans un des dialectes mineurs outlandish ou plus et 4 collègues finirent par réussir, mais les résultats avec lesquelles ils arrivèrent étaient si bouleversant que l'Académie de Préhistoire de Pekin en interdit la publication. Plus tard, cependant, l'interdiction fut relâchée et l'histoire fut finalement publiée en 1963...

La plupart de mon travail impliquant la partie du monde en question et voyant que l'histoire pourrait demander une investigation linguistique considérable... je décidais de consacrer un certain effort à remonter jusqu'à sa source, et de voir où cela me mènerait...

Mes demandes commençèrent avec une lettre en février 1968 à l'ingénieur soviétique de Moscou qui est mon correspondant régulier et qui, étant le secrétaire officieux du groupe d'enquêteurs russes sur les ovnis, occupe la fonction de servir de lien avec certains d'entre nous à l'ouest. Je lui demandais toute information qu'il pouvait fournir sur cette histoire. Il répondit promptement que, bien que les 2 publications soviétique en langue anglaise que j'avais vues n'était pas disponibles pour le public russe, il était parvenu à s'assurer que Vyacheslav Zaitsev n'avait effectué aucune enquête originale par lui-même et avait simplement repris l'histoire telle qu'elle était apparue dans la publication allemande Das Vegetarische Universum (pas de date indiquée) et dans la publication allemande UFO-Nachrichten, n° 95 (de 1964). Il dit aussi qu'il pensait qu'elle était parue dans un journal "français" [sic] sur les ovnis qui lui fut décrit comme le journal du "BUFOI'' n° 4, de avril 1965 à mai 1965). Mon correspondant soviétique confirma que, selon la version allemande d'origine, la découverte des disques avait été faite en 1938, le découvreur étant l'archéologue chinois Chi-Pu-Tei.' n2Tel quel, ce nom est également corrompu et non-identifiable. Tei n'est pas une des monosyllables du chinois standard.

L'étape suivante, en novembre 1969, fut de faire des demandes en Allemagne sur Das Vegetarische Universum, et je fus rapidement informé qu'il s'agissait d'une obscure affaire végétarienne produite par une firme connue sous le nom de Vegeta-Verlag (en anglais "Vegeta Press'') de 7291 Grünthal Freudenstadt. Donc, heureusement, je leur écrivis aussi, indiquant à quel point nous attendions d'en savoir plus sur les merveilleux disques de pierre. La date de ma lettre était le vendredi 21, et le résultat fut précisément nul. A l'évidence la Vegeta Press ne souhaitait pas divulguer ses secrets.

J'écrivis ensuite au bureau de Londres de l'Agence de Presse soviétique Novosti, et demandais à être mis en contact avec le rédacteur-en-chef, à Moscou, de Sputnik. Ils répondirent que le rédacteur-en-chef était M. Oleg Feofanov et que son bureau était au siège de l'Agence de Presse Novosti de Pushkin Square, à Moscou.

J'écrivis donc au camarade Feofanov, demandant des détails quant à l'authenticité du merveilleux récit.

Résultat : encore une fois nul.

Mes courriers suivants partirent pour l'Académie des Sciences chinoise de Pekin (Chine communiste) et à l'Académie des Sciences chinoise de Tai-Pei, à Taiwan (Chine libre). J'attrapais également plusieurs professeurs et personnes chinoises de type universitaire, et reçu plus que d'usage quelques regards étonnés lorsque je murmurais le conte des hommes de l'espace spindly-legged qui étaient tombé en Chine il y a tout ce temps.

Résultats : nuls encore une fois tout du long. Aucune réponse de Pekin ou de Taiwan.

Il ne semblait pas que l'histoire bénéficiait de beaucoup de crédit, où que ce soit.

Dans le même temps, les années passaient, et nous furent gratifiés d'un flot fantastique de livres de messieurs von Däniken, Peter Kolosimo, et un banc d'imitateurs...

Un des propagateurs les plus enthousiastes du New Evangelium est bien sûr Herr von Däniken, qui nous raconte dans un de ses livres qu'en mai 1968, il se rendit à Moscou spécialement pour tout entendre sur les disques de pierre, Hams et Dropas par un autre écrivain de vulgarisation scientifique connaisseur des sciences spatiales, Aleksandr Kazantsev.

Kazantsev dit à von Däniken que les assiettes et toute la documentation sur l'histoire dans son ensemble avaient été "preservées'' à l'Académie de Pekin et que aux archives historiques de Taipeh à Formosa.'' (Vyacheslav Zaitsev, dans son article d'origine, a dit, cependant, que les disques avaient été envoyés à Moscow pour étude.')

Il semble improbable que le camarade Kazantsev connaisse quoi que ce soit de plus sur le sujet que son collègue Zaitsev.

Retournons maintenant à nos disques de granit et, puisque nous ne pouvons trouver personne qui s'en portera garant ou nous montrera la photographie ou le dessin de l'un d'entre eux ou de l'un des fameux squelettes des hommes de l'espace, examinons certaines de caractéristiques du conte bien-aimé, bien répété.

Selon Vyacheslav K. Zaitsev, il existait même une légende chinoise vieille d'une ère selon laquelle, il y a des milliers d'années de cela, une horde de petits hommes décharnés à la face jaune descendirent des nuages. Les indigènes (vraisemblablement les ancêtres des chinois ou des tibétains ou des mongols dans la région) eurent une aversion envers la gente hideuse, dotés de leurs énormes têtes et de leurs corps frêles et leurs jambes dégingandées, et un conflit éclata rapidement. A l'évidence la lutte ne se termina pas avec la liquidation totale des extraterrestres puisque, alors que les tombes de Bayan-Khara Uula contiennent leurs squelettes, Zaitsev poursuit en nous disant que précisément les habitants actuels de cette région-même de la Chine, connus sous le nom de Hams ou de Dropas, ont à l'évidence encore en eux beaucoup de sang extraterrestre, car étant des hommes frêles, stunted, de 4 pieds 2 pouces de haut en moyenne, et qui ont jusqu'ici défié une classification ethnique. Eh bien, bien sûr, c'est incontestablement une histoire humdinger, et combien elle serait belle si elle était vraie. Parce que mon propre travail implique cette région précise de l'Asie Centrale, j'ai, la plupart du temps, sur mon bureau de la Chambre de la Société Géographique Royale de Londres, les cartes montrant le parcours de tous les voyageurs étrangers (dont des russes) ayant été dans une partie quelconque du Tibet ou de Ch'ing-Hai en général ou près de Bayan-Khara Uula en particulier, et je suis familier de, et ait lu, les récits officiels de la plupart d'entre eux. Aucun d'entre eux, et pas un seul écrivain chinois dont j'ai entendu parler, ne connait mot sur une quelconque race ou un peuple ou tribu de gens petits, stunted, à grosse tête, aux jambes déguingandées connus sous le nom de Hams ou Dropas et qui défient une classification ethnique.

Les tristes faits sur le sujet sont plutôt plus prosaïques et les voici...

Prenons d'abord le mot Ham. C'est à l'évidence un rendu déformé d'un mot parfaitement tibétain que les tibétains écrivent Khams et prononcent Kham. Et ce mot n'est en fait rien d'autre que le nom tibétain normal, en fait le seul, pour désigner la portion est de leur pays. Donc toute personne vivant là est un Khams-Pa (prononcé Khamba), signifiant homme des Khams.

Les (montagnes) Bayan-Khara Uula résident dans ce qui est aujourd'hui la province chinoise de Ch'ing-Hai, ou, si on préfère son nom mongol, Kokonor. Les 2 noms signifient lac bleu et viennent d'un grand from lac là-bas. La population de la région dans ces siècles derniers incluait quelques chinois (elle en est aujourd'hui subgmergée) et et tribus éparses de tibétains et de mongols. La région n'est de nos jours pas du tout comptée parmi les Khams ou le Tibet, l'influence tibétaine étant maintenant en retraite là-bas. Mais la région réside bien sur le versant nord immédiat des Khams, et dans les temps passés a généralement été considérée par les tibétains comme une partie de leur pays. La région dans son ensemble est un melting-pot de chinois, mongols et tibétains, plus une minuscule minorité comme les Salars mulsulmans. La région adjoignant les Khams au nord, il n'est pas surprenant que nombre des tibétains ordinaires trouvés aujourd'hui dans Ch'ing-Hai sont identiques avec ceux des Khams. Ce sont tous des Khams-Pas (Khambas).

Alors quid des créatures frêles, stunted Ham et Dropa, mesurant en moyenne 4 pieds 2 pouces de haut, qui jusqu'ici ont défié tout classification ethnique ? (pour citer Zaitsev.)

Les gens du Tibet de l'est, les Khams, loins d'être de petites foules misérables aux jambes déguingandées, sont de grands gaillards robustes qui font de merveilleux soldats. Ils ont longtemps été redoutés de leurs voisins, chinois, mongols comme des tibétains de l'ouest, pour leur prouesses martiales, particulièrement démontrées en tant que bandits de grands chemins, voleurs et détrousseurs en ambuscade sur les passes des montagnes...

Restent maintenant les Dropas. Eh bien, ils doivent au moins avoir été des hommes des l'espace !'' quelqu'un dira peut-être avec espoir.

Je suis désolé de devoir refroidir les ardeurs à nouveau, ou de décevoir quiconque, mais, une fois de plus, les tristes faits sont que, tout comme le mot Ham ou Kham ne désigne pas une espèce ou tribu ou type d'hommes mais simplement tout une vaste région de l'Asie Centrale, et donc le mot tibétain Dropa (correctement rendu en anglais sous le système de transliteration pour le tibétain Gould-Parkinson comme Drok-Pa signifie simplement habitant des terres de haute pâturage ou hautes solitudes du Tibet. En d'autres termes, ce que nous pourrions appeler, en écossais, un "berger des montagnes,'' ou un crofter. Le signification principale du mot est solitude.

À nouveau, si quelqu'un devait souffrir du malentendu que peut-être ces Drok-Pas pourraient constituer des candidats plus prometteurs que les Khambas pour la description de "stunted,'' frêles, aux jambes déguigandées, etc., je me suis hâté d'ajouter que pas un des voyageurs européens (souvent terrifiés) ayant rencontré ces nomades des montagnes, dans leurs tentes noires, gardés par leurs mastiffs féroces et franchement colossaux, ne les a jamais décris, autant que je sache, en de tels termes. Ils sont, en fait, comme leurs voisins du sud-est les Khambas, certains des ruffians et voleurs les plus impressionnants et à l'apparence robuste de notre planète...

Il semble, hélas, as though our spindly-legged 'Ham' and 'Dropa. hommes de l'espace de Bayan-Khara Uula commençent à reculer dans les domaines obscurs de la spéculation et de la fantaisie où ils étaient avaient maintenant engendré le doute. Il a été incontestablement plus agréable d'entendre tout sur eux et leurs disques de cobalt écrits dans une langue hors de ce monde, et je n'ai aucun doute que leur saga continuera à être répétée comme le ferait un perroquet, sans vérification et sans la moindre compréhension, par des "ufologues'' après d'autres "ufologues'', pour de nombreuses années à venir, et reprise livre après livre...