Un récit des météores du 18 août et du 4 octobre 1783

Aubert, Alexander (Esq. F. R. S. and S. A.): Philosophical Transactions of the Royal Society of London (1776-1886), vol. 74 (1784), pp. 112-115 s1Dias, Francisco: Courrier à ce site, 7 décembre 2007.

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Lu le 15 janvier 1784

Ayant été suffisamment chanceux pour voir le météore du 18 août comme celui du 4 octobre dernier, je pense qu'il est de mon devoir de communiquer les observations que j'en ai faites à la Societé Royale. Nous sommes en général si peu coutûmiers de ces phénomènes, que trop de récits n'en peuvent être recueillis, de sorte que nous puissions nous faire une idée de leur nature, trajectoire, magnitude et distance de la terre. On ne peut s'attendre à ce qu'un observateur, à l'air libre, à qui l'apparition est totalement innatendue, puisse en donner un récit parfait ; mais en se rendant par la suite à l'endroit d'où il l'a vue, il pourrait, à l'aide des objets qui l'entourent, et de quelques instruments adaptés, approcher de la vérité : j'ai suivi cette méthode ; et c'est le résultat ainsi déduit que j'ai l'honneur de communiquer à la Société.

Le lundi 18 août avait été une journée très fultry. A l'heure où le météore fit son apparition, bien que les étoiles étaient brillantes dans la partie la plus haute des cieux, l'horizon était entouré d'une brume qui ne permettait à de quelconque étoiles d'être vues en-dessous d'une altitude de 8 ° environ. J'étais à dos de cheval, rentrant à mon Observatoire de Loampit-hill, près de Deptford, dans le Kent ; mon visage était tourné vers le sud-ouest. J'étais au pied de Lewisham-bridge, lorsque je fus particulièrement surpris de voir soudain une sorte de lumière luisante, ressemblant à des éclairs de foudre faibles mais répétés rapidement ; peu après quoi la lumière s'accrut beaucoup au nord-ouest ; je me tournais directement vers elle, et la vit prendre la forme d'un grand corps lumineux comme un feu électrique, avec une teinte de bleu autour de ses bords. Elle s'éleva de la partie brumeuse de l'atmosphère (qui comme je l'ai observé devait faire dans les 8' de haut), et se déplaça d'abord presque en direction verticale, changeant continuellement de taille et de forme, ayant pour moi toutes les apparences d'inflammations successives, et non d'un corps solide ; elle était parfois ronde, à d'autres ovale et oblongue, avec son diamètre le plus long dans la ligne de son mouvement ; bien qu'elle soit allée suffisamment haut pour être relativement bien dégagée de la partie brumeuse de l'horizon, elle était entourée et accompagnée dans toute sa course d'une sorte de brume blanchâtre ou légère vapeur. L'endroit d'où elle s'était élevée était à environ 38° du nord vers l'ouest. Après s'être élevée un peu perpendiculairement, elle progressa en une courbe, jusqu'à être au plus haut lorsqu'elle atteint le plein est, à une altitude d'environ 35 °, après quoi, continuant quelques degrés après l'est, et étant à 30 ° de haut, elle laissa derrière elle plusieurs globules de formes diverses ; le 1er qui se détacha étant très petit, et les autres progressivement de plus en plus gros, jusqu'à ce que le dernier soit aussi grand que le reste du corps précédant ; peu après ils s'éteignirent tous progressivement, comme les étoiles brillantes d'une fusée, avec une certaine inclinaison vers le bas, dont l'apparence pourrait probablement surgir des parties les plus hautes des corps distincts s'éteignant avant ceux les plus bas. Le météore était à sa brillance et sa taille maximale juste avant sa séparation ; j'ai estimé sa magnitude ou envergure être alors équivalente à 2 pleines lunes. Sa lumière, durant toute sa course, était si grande, que j'ai pu voir tout objet distinctement, et lorsqu'il fut éteint la nuit parut très sombre : je pouvais cependant voir à ma qu'il était jeudi 6 21:17 : aussitôt de retour à mon observatoire, ce qui a pu être environ 10 mn après, l'ayant comparé avec mon régulateur, I found it about half a minute too slow for mean time. Je pense que toute l'apparence du météore, de sa première ascension hors de la partie brumeuse de l'atmosphère jusqu'à son extinction totale, n'excéda pas 10 ou 12 secondes de temps, durant lesquelles il se déplaça dans un espace correspondant à environ 136° d'azimuth. Je me souviens d'une apparence pendant son pouvant, qui me confirme dans l'idée que j'ai eue qu'il ne s'agissait pas d'un corps solide. Dans sa progression il ne décrivit pas une courbe aussi régulière que celle que l'on aurait pu attendre d'un tel corps ; mais sembla se déplacer selon une ligne un peu ondulante. Cette irrégularité dans sa course était probablement due à ses changements de forme et de taille, occasionés par le train d'inflammation ne courant pas sur une même ligne. Je devrais aussi mentionner que le météore me parut extrêmement près, plus particulièrement lorsqu'il était au plus haut ; poutant d'après les comparaisons déjà faite d'observations en plusieurs lieux distants, on pourrait raisonnablement juger qu'il ne pouvait pas être à moins de 40 ou 50 miles de distance de la surface de la terre.

Le météore du samedi 4 octobre dernier était de durée et de trajectoire bien plus courtes. J'étais à cheval, près de the stones end, dans Blackman-Street, Southwark ; mon visage était tourné vers le nord. Je vis, vers le nord-nord-est un train de feu, ressemblant dans son mouvement à un météore classique, vulgairement appelé étoile filante, mais sa couleur était rouge ; il était venu d'une altitude d'environ 25°, et se déplaça rapidement en ligne droite vers l'est, s'inclinant progressivement vers l'horizon, jusqu'à être, après une course de 15° ou 20° de d'azimuth, à environ 15° au-dessus de l'horizon, lorsqu'il se répandit en un train plus large, et grandit d'une couleur plus claire, il termina en se résolvant en un beau corps oblong du feu le plus brillant, comme un feu électrique de teinte bleue, presque aussi grand que la lune ; il illumina la rue et les maisons bien plus que tout éclair de foudre que j'aie jamais vu ; ceux qui n'en avaient pas une vision directe le prirent pour un long éclair. Je pense que l'ensemble de sa course ne dépassa pas 25°, pas plus que son apparition 2 ou 3 s. Il s'éteignit rapidement, et laissa derrière lui, dans son trajet, un train de feu rougeâtre très terne, qui resta visible à mon ?il nu plus de 1 mn 30. L'heure de la nuit était de jeudi 6 06:43 ; c'était une belle soirée étoilée, plus chaude que les précédentes ; la lune au-delà de son 1er quartier, et très brillante ; pourtant sa lumière n'était pas comparable à celle bien plus grande du météore.

Je ne me souviens pas à avoir entendu de quelconque bruit ou signalement, que ce soit pendant ou après l'apparition de ces météores.

Alexander Aubert.

Londres,
6 novembre 1783

Depuis que j'ai rédigé le récit ci-dessus, j'ai des raisons de croire que j'ai estimé l'altitude du dernier météore un peu trop basse ; certains de mes amis à Londres, qui ont, au moment de son apparition, un très bon objet de comparaison pour son altitude, le font être plus proche de 30 ° que de 20 °.

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