Point de vue personnel

L'auteur de cet audit a une certaine connaissance de la prise en compte officielle de la problématique des PAN, pour avoir suivi (avec recul) l'évolution de ce dossier depuis une trentaine d'années, d'abord depuis l'ESA, son employeur jusqu'en 1980, puis en qualité d'expert auprès du GEPAN/SEPRA pour les questions relatives à l'analyse d'images (spécialité de sa société Fleximage) et aux systèmes de surveillance de l'espace (projets Eurociel et SPOC), enfin par sa récente participation au colloque de Pocantico (cf. paragraphe 2.2).

Ce paragraphe regroupe quelques considérations personnelles sur certains aspects du problème.

Intérêt du sujet

L'étude des PANs peut sembler a priori sans objet lorsque l'on se rend compte que des enquêtes relativement simples suffisent à expliquer la plupart des cas rapportés.

Cependant, si l'on prend la peine de se pencher sérieusement sur les cas de témoignages et d'enregistrements qui résistent vraiment à l'analyse, malgré la présence de données significatives, on est vite frappé par la relative cohérence de plusieurs catégories d'événements à l'échelle de la planète. Cela n'a bien entendu aucune implication quant aux explications finales, mais permet d'espérer pouvoir appliquer la méthode scientifique : à défaut de pouvoir reproduire les phénomènes à volonté, leur observation plus volontariste pourrait bien conduire à la constatation d'une répétitivité indiscutable, condition indispensable pour développer toute science d'observation.

Cette remarque s'applique aussi bien aux descriptions de phénomènes lumineux ou d'objets insolites dans la basse atmosphère qu'à des classes d'événements plus rapprochés et traumatisants, ainsi qu'aux cas aéronautiques rapportés par des pilotes et des contrôleurs aériens.

Une autre caractéristique intéressante des témoignages de PAN, vus sous un angle sociologique, est que, contrairement à certaines idées reçues, les catégories sociales auxquelles appartiennent les populations de témoins reflètent sans distorsion les populations dans leur ensemble (même pourcentage d'évêques ou de boulangers chez les témoins de PAN d'un pays donné que dans l'ensemble de la population de ce pays). Le phénomène est par ailleurs universel, même si son appréhension par les populations varie en fonction des cultures.

La recherche d'explication des PAN m'apparaît comme un vrai problème, dont les solutions sont probablement multiples, pouvant relever de la physique atmosphérique, de la psychologie, de l'observation inopinée d'engins secrets ou expérimentaux, voire de causes effectivement inconnues à ce jour. Quoi qu'il en soit, l'un des mérites

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majeurs de l'étude de ce sujet, en marge des raisons déjà citées, est de fournir l'occasion d'imaginer des recherches pluridisciplinaires originales, qui auraient peu de chances d'être abordées par ailleurs (exemples : modélisation d'une aérodyne à propulsion par MHD, interaction entre les micro-ondes pulsées et certains végétaux, effets de rayonnements particuliers sur les moteurs à explosion).

Recueil d'information

L'étude des PAN repose sur l'observation ou l'enregistrement d'événements imprévisibles se produisant généralement dans la basse atmosphère, d'origines et de natures probablement multiples, dont l'unique spécificité a priori est de ne pas être identifiés par leurs témoins.

Il existe deux voies connues pour recueillir des données sur les PAN : les témoignages (source humaine) et les enregistrements (source instrumentale). Mais au-delà de cette distinction, il me semble utile de préciser que, pour chacune de ces deux voies, on peut envisager deux modes de fonctionnement : passif ou actif.


D'autres données de cette catégorie pourraient également être étudiées : témoignages directement adressés au CNES/SEPRA (actuellement volontairement ignorés par souci – justifié compte tenu des ressources disponibles – de contrôle homogène des sources) ou recueillies dans la presse ou la littérature spécialisées.


Source humaine active : il s'agit, à l'opposé, de solliciter de façon active, sélective et discrète les témoignages de personnes qui ne les auraient jamais fournis spontanément, le plus souvent par crainte d'inconvénients majeurs pour leur carrière (scientifiques, pilotes). Par nature, cette approche exclut les candidats-témoins farfelus qui pourraient être motivés par la notoriété et les médias, puisqu'une discrétion totale est annoncée dès le départ. Pour avoir expérimenté cette approche en Espagne (par voie de petites annonces dans un quotidien sérieux), sur les conseils du Professeur américain A. Hynek, j'ai pu me rendre compte du nombre non négligeable de personnes qui ont vécu (ou cru vivre) une expérience relative aux PAN et n'en parlent jamais, d'autant moins qu'elles occupent des fonctions plus vulnérables sur le plan professionnel ou public. Ce syndrome n'est pas sans rappeler, toute proportion gardée, des problèmes sociaux bien plus fréquents dans la réalité qu'il n'apparaît officiellement, tels que le viol ou l'inceste, pour lesquels on constate une tendance généralisée de la part de toutes les parties à garder le silence, par peur d'ennuis encore plus insupportables socialement que les faits, sauf si une incitation à parler bien ciblée est


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proposée. Sans verser dans la paranoïa, il est certain que seule une fraction des témoignages de PAN est accessible par la méthode passive, ce qui invalide à l'avance toutes les conclusions de calculs sur de possibles vagues.


Source instrumentale passive : l'approche consiste à mettre à profit des systèmes de surveillance ou de détection existants pour en obtenir des données pertinentes relatives à des observations de PAN. C'est ce que fait le SEPRA en interrogeant parfois les systèmes de couverture radar de l'armée de l'air. De cette catégorie de données relèvent également toutes les photos et les films pris à l'improviste par des témoins, généralement dans de mauvaises conditions techniques qui les rendent inexploitables.


Le GEPAN avait financé en 1982, sur la demande de son conseil scientifique, une étude sur les systèmes de surveillance opérationnels existant dans le monde, toutes technologies confondues, susceptibles de fournir des données quantitatives et de localisation sur des phénomènes imprévisibles se produisant dans la basse atmosphère.


Source instrumentale active : il s'agirait, pour obtenir une caractérisation plus fine des PAN (spectres de lumière, etc.), de spécifier, développer et mettre en opération des instruments de surveillance du ciel spécifiques. Un tel système dédié à l'étude des PAN n'existe nulle part actuellement, en dehors de rares initiatives privées (cf. projet Hessdalen en Norvège), et le coût de sa mise en place ne serait probablement pas justifié par les perspectives actuelles de progrès de la connaissance.


Cependant, une approche multi-utilisateurs, telle que celle qui avait sous-tendu le projet EUROCIEL (phénomènes astronomiques, foudre, satellites, météorites, nuages de pollution…) pourrait permettre d'atteindre un meilleur retour sur investissement, par exemple pour la mise en place d'un système de surveillance optique à grand champ. Pour être crédible, celui-ci devrait être transportable, de façon à se prêter à des campagnes d'observation programmées, non pas au hasard, mais de préférence sur des sites d'où affluent des témoignages à un moment donné (exemple de Hessdalen).


Coopération internationale


La nature universelle du problème posé par les témoignages et enregistrements relatifs aux PAN a pour conséquence directe que les chances de trouver la (les) réponse(s) seront d'autant plus grandes que les données de toutes origines, les plus nombreuses possibles, pourront être rapprochées. Ceci doit néanmoins être temporisé par l'importance d'une bonne homogénéité dans le contrôle des sources, souvent difficiles à assurer sur un sujet aussi controversé.



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En tout état de cause, il paraît difficile d'espérer progresser dans la compréhension des PAN sans échanger avec les quelques chercheurs sérieux qui travaillent dans d'autres pays et notamment aux Etats-Unis, qu'ils soient officiels ou privés. Au minimum, cela peut s'appliquer immédiatement aux approches statistiques : la taille de certains fichiers de cas américains, par exemple, est très supérieure à celle des fichiers du SEPRA pour des raisons géographiques évidentes. A titre d'illustration, il existe une base de données internationale sur les cas aéronautiques d'observation de PAN, qui porte aujourd'hui sur 1200 rapports, dont 200 correspondent à des cas « radar-visuels », à rapprocher des 92 cas aéronautiques, dont 1 « radar-visuel », du fichier français du SEPRA.


Evaluation du GEPAN/SEPRA


La mise en place du GEPAN, entre 1977 et 1983, s'est faite dans d'excellentes conditions, pour un coût très raisonnable. La méthodologie mise au point pour la collecte et l'archivage des données s'est avérée efficace et les protocoles établis avec la gendarmerie, l'armée de l'air et l'aviation civile sont garants d'une bonne homogénéité des données prises en compte.


Un examen critique des 3 différentes phases du GEPAN/SEPRA (cf. paragraphe 1.3) me conduit aux appréciations personnelles suivantes :





Le principal piège à éviter aujourd'hui serait de croire que, puisqu'il y ba peu de PV de gendarmerie depuis quelques années et donc peu de travail à faire selon les critères actuels, les moyens alloués au SEPRA sont suffisants. En effet, si le cadre des actions du SEPRA est aujourd'hui aussi étroit (collecte exclusivement à partir des PV de gendarmerie et des rapports officiels de pilotes, absence de contacts avec l'étranger, absence de communication avec le public, etc.), c'est en raison des restrictions de moyens successives et des choix qu'il a fallu opérer au fur et à mesure pour tirer le meilleur parti du personnel et des budgets alloués.


Si l'on prend le problème dans le bon sens, comme au début des années 80, c'est-à-dire à partir d'une stratégie construite incluant une vraie communication, des contacts avec l'étranger, la prise en compte de données en provenance d'autres sources, etc., on s'aperçoit que les ressources actuelles sont nettement insuffisantes et qu'il faut doter le service de celles suggérées plus loin (cf. paragraphe 3.2.3) pour lui permettre de faire face.


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