Les préjugés des opposants

Le soir du samedi 1 mars 1990, 3 membres de la SOBEPS s'étaient rendus chez un témoin, pour une enquête importante n1Il s'agissait du gendarme Renkin qui avait initié le vol des chasseurs F-16, parce qu'il avait vu dans le ciel des lumières au comportement étrange et téléphoné à la station radar de Glons. . Après cela, ils se sont rendus à un carrefour isolé, loin de tout éclairage public, sur le territoire de la commune de Ramillies. A cette époque, ils pouvaient se dire qu'ils auraient peut-être une chance de voir un OVNI, mais l'objectif essentiel était de prendre des photos d'avions. Patrick Ferryn, le spécialiste de la SOBEPS, chargé de la collecte et de l'examen critique des films vidéos et des photographies qui pourraient fournir des images d'OVNI, avait besoin de références pour détecter des confusions. Or, le ciel était superbement dégagé et on se trouvait justement sous un couloir de trafic aérien.

Le groupe est arrivé à l'endroit choisi vers samedi 1 23:30. Patrick Ferryn avait choisi un film couleur à négatifs, très sensible (FUJI, 1600 ASA). Sa camera (Nikon F2 avec un objectif Super Komura 300 mm, 1:5) était montée sur un trépied et toutes les photos allaient être prises au 1/125 s. Vers samedi 1 01:05, il vit apparaître à l'horizon un point lumineux très brillant de couleur jaunâtre. Bien que les feux-avant d'un avion puissent être très intenses quand on les voit pratiquement dans l'axe de vol, cette couleur était inhabituelle. Estimant que cela manquait à sa collection, P. Ferryn prit 3 photos dans la phase d'approche. Pendant ce temps, la lumière devenait de plus en plus blanche et l'on vit apparaître 2 paires de phares, projetant de longs faisceaux vers l'avant. Le 3ᵉ cliché était pris à 45°. Dans le viseur, l'objet couvrit alors 1/3 de la largeur de l'image attendue.

Figure 2 : L'objet volant non identifié qui survola les 3 témoins à Ramillies
Figure 2 : L'objet volant non identifié qui survola les 3 témoins à Ramillies

Il devenait évident que cet engin était inhabituel. Lucien Clerebaut, secrétaire général de la SOBEPS, le scrutait au moyen de puissantes jumelles (10 x 50) et José Fernandez, étudiant à cette époque, le regardait à l'œil nu. L'objet est passé exactement au-dessus des témoins et à ce moment, Patrick Ferryn le regardait sans photographier. Quand l'objet partait, il prit encore une photo à 45°. Le lendemain matin, il a dessiné ce qu'il avait vu et les deux autres témoins étaient d'accord avec sa représentation (figure 2).

J'ai demandé récemment à chacun des témoins ce qui avait vu et pensé au moment du survol. Monsieur Clerebaut qui filtrait d'habitude les appels téléphoniques des témoins, voulait être absolument certain. Il s'attendait à voir un avion, mais cet engin n'avait pas d'ailes, pas de réacteur, pas d'empennage et vu de l'arrière, pas de gouvernail de direction. C'était une masse sombre, globalement triangulaire, avec des côtés courbés vers l'extérieur et des coins arrondis. Les 2 paires de faisceaux orientés vers l'avant étaient divergents, sans bords nettement définis. La face inférieure de l'objet était plate. Il n'y avait pas de structures et on ne percevait même pas des contours de phares possibles, non allumés. Les faces latérales, apparemment verticales, ne comportaient pas de hublots. L'objet semblait avoir la taille d'un Boeing et dans ce cas, son altitude aurait été de l'ordre de 400 m. Les autres témoins ont eu la même impression. Disons que l'altitude était comprise entre 300 et 500 m, la limite inférieure étant basée sur la mise au point de l'image que M. Ferryn effectua très soigneusement. Quand il a pris la 3ème photo, il a vu l'engin dans son viseur d'une manière nette et bien contrastée n2La lune était assez réduite (34%) . Elle se trouvait à ce moment assez basse sur l'horizon, à peu près au NWW, tandis que l'objet volant venait du SSE et on l'a photographié à une élévation de 45°. .

La vitesse n'était pas grande pour un appareil qui vole tellement bas: de l'ordre de 100 à 150 km/h et bien qu'on se trouvait loin des routes, M. Clerebaut n'a entendu aucun bruit venant de l'objet, jusqu'à ce qu'il s'éloignait. En fait, il pense qu'il a commencé à l'entendre quand l'objet se trouvait à l'aplomb. D'après lui, on aurait pu attribuer ce bruit à un moteur, mais il était étonnement faible, vu la grandeur de cet engin.

José Fernandez s'attendait aussi à voir un avion. Il fut surpris de constater que la partie avant dessinait une courbe continue, très large. Derrière cela, il n'y avait pas de fuselage, mais un corps pratiquement triangulaire assez court. Il était très sombre et plat. Les contours se détachaient parfaitement sur le fond du ciel étoilé. Cela aurait pu être une sorte d'aile volante, très silencieuse. Monsieur Fernandez se rendit compte seulement d'un bruit après le passage à la verticale. C'était comme un sifflement de réacteur, mais très étouffé : ce n'était pas un réacteur normal. M. Fernandez n'a rien ressenti de spécial et n'a pas perçu des modifications du milieu ambiant. Il n'y avait pas d'échauffement, pas de mouvements de l'air et pas d'éclairement du sol. Quand je lui ai demandé ce qu'il avait pensé à ce moment, il répondit : J'étais curieux, mais j'ai essayé de rationaliser au maximum: est-ce que ce n'est quand même pas un avion ?

Bien que l'objet lui-même était tout sombre, comme le fond du ciel, l'ensemble contrastait à merveille avec l'obscurité. C'est ce que monsieur Ferryn avait constaté aussi dans le viseur de son appareil photographique. Il y avait en effet quatre faisceaux d'une lumière blanche, très intense et le bord avant, très large et uniformément courbé, comportait de nombreuses petites zones de lumières réfléchies ou émises. Un faible rougeoiement était notable près du centre et le bord arrière de l'objet était également éclairé. Après cela, P. Ferryn s'est rendu souvent aux abords de l'aéroport national, pour y observer des avions, mais même quand la nuit est noire, on voit énormément de détails de structure, tandis que la face inférieure de cet objet était simplement plate. Parce qu'il n'y avait pas de phares orientés vers le bas, Patrick Ferryn se dit à ce moment : ce n'est pas l'ovni.

Cet engin se déplaçait d'ailleurs d'un mouvement rectiligne uniforme, somme toute banal, tandis que les OVNI se font souvent remarquer par des anomalies manifestes. Quand il vit l'objet de l'arrière, Patrick Ferryn entendit même un bruit qui ressemblait à celui des réacteurs d'avions, bien qu'il fut anormalement étouffé ou atténué. Il se dit alors : c'est un prototype.

Cela me donne l'occasion de souligner un point important. Contrairement à ce que nos détracteurs pourraient penser, on était très critique à la SOBEPS et on n'excluait pas du tout qu'il puisse y avoir des avions de type inconnu. Monsieur Ferryn m'a décrit son état d'esprit pendant l'observation : pour moi, mis à part la forme, ce n'était pas particulièrement étrange. La surprise est venue après le développement du film.