Juin 2000

Les objets volants non identifiés qui ont été observés très souvent en Belgique de l'automne 1989 à l'automne 1993 étaient différents des ovnis classiques. Ceux-ci étaient pratiquement toujours des objets à symétrie axiale, qu'il s'agisse de disques, de sphéroïdes ou de cylindres. Les ovnis de la vague belge étaient par contre, presque tous, des plates-formes comportant des coins. Elles présentaient une grande variété de formes et de dimensions, mais la face inférieure était plane avec une structure centrale plus ou moins proéminente. L'attention des témoins a été attirée surtout par les grands phares ronds, situés près des coins. Ils étaient encastrés dans la face plane inférieure et pouvaient être éclairés de manière uniforme ou émettre des "faisceaux lumineux" d'un type inhabituel.

La SOBEPS a publié 2 rapports s1SOBEPS : "Vague d'OVNI sur la Belgique", Volume 1, 502 pages, 1991. s2SOBEPS: "Vague d'OVNI sur la Belgique", Volume 2, 480 pages, 1994. qui fournissent de nombreux exemples d'observations. Dans la suite, ils seront désignés respectivement par VOB.1 et VOB.2, avec l'indication de la page à laquelle on se réfère. En fait, la vague belge a impliqué 4000 à 5000 témoins et elle a abouti à la constitution d'un dossier de plus de 20 000 pages. On a réalisé de l'ordre de 1500 enquêtes, souvent très approfondies. Quand l'accumulation progressive des observations est mise en graphique s3VOB.2. 360, il apparaît que cette vague comportait différentes phases.

Il y a eu une période de préparation qui a duré 2 mois, avec un taux moyen de 0,4 observation par jour. Brusquement, le jeudi 29 1989, il y eut en quelques h et dans une région limitée, près de 150 observations indépendantes. On était donc confronté à une vague exceptionnelle, bien que toute son ampleur ne pouvait pas encore être évaluée à ce moment. À cause de la qualité des premiers témoignages, les médias se mobilisèrent de suite. Ils constatèrent d'ailleurs qu'il y avait encore des observations d'ovnis pendant les jours et les semaines qui suivirent. En fait, elles se sont accumulées au taux moyen de 6,4 par jour, pendant 4 semaines. Ensuite, le taux moyen est tombé à 1,5 par jour pendant 4 mois et puis à environ 1 par jour pendant toute une année, avec des petites variations passagères. Ce n'était pas fini. La courbe de croissance ne s'est saturée qu'en novembre 1993, avec quelques accroissements occasionnels plus importants. Le dimanche 26 juillet 1992, par exemple, il y eut 27 observations, faites par 72 témoins.

Figure 1 : Le triangle observé le 29 novembre 1989 par les gendarmes von Montigny et Nicoll
Figure 1 : Le triangle observé le 29 novembre 1989 par les gendarmes von Montigny et Nicoll

Un cas mérite tout particulièrement notre attention, parce qu'il illustre des aspects qui joueront un rôle important dans la suite. Il s'agit de la plate-forme triangulaire que les gendarmes von Montigny et Nicoll ont découvert le soir du mercredi 29 novembre 1989, près de la route qui mène d'Eupen à la frontière allemande. J'ai mené une enquête sur ce cas en mercredi 29 et je l'ai approfondie en 1997 s4Meessen, A. : "Les observations décisives du 29 novembre 1989". VOB.1, 11-49, 1991 s5Meessen, A. : "Etude approfondie et discussion de certaines observations du 29 novembre 1989", Inforespace, n° 95, 16-70, oct. 1997. Pour visualiser un objet typique de la vague belge et les faisceaux qui joueront un rôle important dans la suite, je reproduis un dessin, réalisé d'après la description des témoins (figure 1).

Cet objet se tenait immobile, à environ 120 m au-dessus d'une prairie, éclairée d'une lumière blanche, très intense. Elle provenait de 3 grands phares, situés près des coins du triangle. En fait, les gendarmes voyaient 3 "faisceaux lumineux", formant des cônes dont les bords étaient bien définis et dont le volume intérieur était lumineux. L'air était sec, pourtant, puisqu'il avait gelé depuis le début de novembre dans cette région. Cela veut dire qu'il ne pouvait pas s'agir simplement de lumière, diffusée par des particules en suspension dans l'air. Ces énormes "phares" devaient produire une autre radiation, interagissant avec les molécules de l'air de telle manière que celles-ci émettaient de la lumière dans n'importe quelle direction.

Les gendarmes étaient très surpris, mais pensaient à ce qui leur semblait le plus normal. Serait-ce un nouveau type d'engin militaire ? Ils n'entendaient pas de bruit venant de là, bien que c'était un objet de grande dimension, puisque la base, entre les coins coupés, avait une longueur de 30 à 35 m n1Etant donné que la plate-forme était horizontale à 120 m au-dessus du sol et que le centre de la tache de lumière se trouvait à environ 50 m du bord de la route, où les gendarmes s'étaient arrêtés, le centre de la plate-forme ne se trouvait qu'à une distance de l'ordre de 130 m. La vision binoculaire permet alors d'évaluer des dimensions, quand on y est exercé. Brusquement, cet engin se mit en mouvement, pointe en avant. Il s'est déplacé à hauteur et vitesse constantes (environ 50 km/h), parallèlement à la route. Les gendarmes étaient particulièrement étonnés n2Les gendarmes s'étaient postés à un endroit où l'objet volant non identifié aurait dû les survoler, mais il rebroussa chemin avant d'y arriver. , quand ils ont constaté que cet engin s'arrêtait en l'air et tournait sur place de 180°. Il est reparti, en longeant la route. Il a survolé la ville d'Eupen, mais s'est arrêté au-dessus d'une tour éclairée au barrage de la Gileppe. Il y est resté immobile pendant une heure, tandis que les deux gendarmes occupaient un poste d'observation à 4,6 km de là s6A. Meessen : "Etude approfondie et discussion de certaines observations du 29 novembre 1989", Inforespace, n° 95, 16-70, oct. 1997;. Pourtant, ils voyaient que des côtés de l'objet émergeaient 2 minces faisceaux rectilignes d'une lumière rougeâtre. Ils étaient horizontaux et symétriques. Les extrémités étaient marquées par 2 boules rouges, partant rapidement jusqu'à une distance de l'ordre du km.

Ayant atteint leur extension maximale, les faisceaux restaient invariants pendant quelques minutes. Après cela, ils n'étaient plus visibles, tandis que les boules revenaient vers l'objet et tournaient encore pendant quelques minutes autour de celui-ci. Finalement, elles s'éteignaient ou rentraient dans l'objet, mais après quelques minutes, tout ce processus recommençait d'une manière identique. Il s'est répété aussi longtemps que l'objet est resté à cet endroit. Seuls les intervalles de temps étaient variables. On ne peut pas rendre compte de ces faits, en admettant qu'il s'agissait de faisceaux de lumière émis par des lasers. Ceux-ci peuvent émettre de minces faisceaux cylindriques d'une lumière très intense, mais elle aurait été soumise à une atténuation progressive, sans boule à son extrémité. De toute manière, la diffusion latérale de la lumière aurait été insuffisante pour qu'on puisse la voir d'aussi loin. Notons qu'on a observé encore d'autres "boules rouges", associées à des ovnis de la vague belge s7VOB.1. 38, 88 s8VOB.2, pp. 165-166.

Après cette vague, on doit finalement reconnaître que l'hypothèse sociopsychologique est obsolète. Pourquoi tellement de personnes auraient-elles brusquement commencé à "voir" un nouveau type d'ovni ? Si l'on se donne la peine d'examiner les faits d'une manière objective, on constate aussi qu'il s'agissait d'objets réels, matériels et technologiques, mais non conventionnels. Il y a certainement assez d'observations visuelles rapprochées pour écarter l'hypothèse des phénomènes naturels, mal interprétés, mais ne pourrait-il pas s'agir d'avions secrets ou d'engins plus légers que l'air ? L'hypothèse des appareils d'origine terrestre est contredite par tout un ensemble d'arguments : la grande variété des formes, le caractère inédit des comportements mécaniques, acoustiques et optiques, l'incompréhension des principes de fonctionnement, l'incongruité de tests à basse altitude au-dessus d'un pays très peuplé et surtout le fait que personne n'a pu fournir le moindre élément de preuve pour soutenir cette hypothèse, même pas 10 ans plus tard.

Que reste-t-il ? L'hypothèse paranormale, chère à certains, ne peut pas être exclue a priori, mais elle est méthodologiquement inefficace, parce qu'on ne peut pas expliquer ce qu'on ne comprend pas à partir de ce qu'on comprend moins encore. Il faut donc faire face à l'hypothèse extraterrestre. Elle est à la fois plus plausible et plus intéressante, puisqu'elle permet de travailler dans le cadre d'une rationalité scientifique. L'obstacle principal réside dans la peur qu'elle suscite, non seulement vis-à-vis de l'inconnu, mais aussi par rapport aux pressions de la société humaine. Vouloir continuer à fermer les yeux et l'esprit ne serait cependant ni rationnel, ni humainement responsable. On peut évidemment objecter que nous ne comprenons pas comment des voyages à travers l'immensité des espaces interstellaires pourraient être réalisés avec la facilité que suggèrent le grand nombre et la diversité des observations d'ovnis. C'est vrai, mais s'il y a des civilisations extraterrestres, beaucoup plus anciennes que la nôtre, elles pourraient en savoir plus que nous. De toute manière, ne faudrait-il pas examiner au moins ce qui s'est passé et continue à se produire à la surface de la Terre ?

Dans cet article, nous examinerons très modestement 2 photographies. Elles ont été prises en avril 1990 à Ramillies (province du Brabant Wallon) et à Petit-Rechain (province de Liège). Nous présenterons les données du problème et nous les analyserons, afin d'en extraire ce qui est essentiel, mais pas directement apparent. Nous essayerons de comprendre ces résultats, en cherchant à les relier à ce qui est déjà connu. C'est la procédure habituelle, en sciences et elle s'applique aussi à l'étude du phénomène ovni.