Tout le monde est perplexe

Les pilotes des F-16 étaient expérimentés et ils connaissaient évidemment leur système radar. L'un était capitaine et l'autre, lieutenant, mais ce qui s'était passé n'était pas banal pour eux. Au contraire, à leur retour, "ils ont considéré qu'ils ont vécu quelque chose de tout à fait extraordinaire" (I.234). Le 11 juillet 1990, le colonel De Brouwer prit la responsabilité d'une conférence de presse, spécialement consacrée à ce sujet. Il ne cachait pas sa surprise : "l'objet détecté par les radars des deux F-16 a effectué des déplacements dont aucun type d'avion existant n'est capable, passant en quelques secondes, dans une séquence de vol qui a pu être enregistrée, de 280 km/h à plus de 1800 km/h, alors qu'il se dirigeait vers le bas. Aucun contact n'a duré plus de vingt secondes. A chaque fois que les intercepteurs ont réussi à verrouiller (lock on) leur radar sur l'objectif, l'ovni a entamé une man?uvre évasive en modifiant sa trajectoire et sa vitesse" (I.234).

Ceci reflète l'idée d'une technologie inconnue. Il fallait en tenir compte, puisque le nombre des observations visuelles d'OVNI jugées significatives était déjà passé entre le 29 novembre 1989 et le 30 mars 1990, à environ 500 (II.360). Bien que les médias ne fournissaient pas beaucoup de détails, les OVNI étaient à cette époque en Belgique dans tous les esprits, quelle que soit l'opinion personnelle qu'on pouvait avoir à cet égard. Un des pilotes des 2 F-16 a déclaré s1T. Grassington : "F-16 pilot speaks on the record", Interv. UFO Magaz. nov.dec.1996, 26-27. qu'avant l'intervention, il avait vu lui-même un de ces objets triangulaires, doté de puissantes lumières dirigées vers le bas. Cet appareil est resté immobile à environ 100 m au-dessus du sol. Ensuite, il "décrocha". A cause de ses contacts radar, ce pilote pensait pendant son vol que "cela vous attend jusque vous vous êtes approchés à 20 miles et alors ça dit : «OK, c'est assez près, nous sommes partis». J'avais l'impression que nous chassions quelque chose qui jouait avec nous et qui avait tout sous contrôle".

Le squadron leader, Yves Meelsbergs, a précisé s2Y. Meelsbergs : "L'ovni tournait autour de nos F-16", VSD hors série. OVNIS les preuves scientifiques, juillet 1998, 24-25. : "J'imagine que cet objectif insaisissable bouge étrangement dans tous les sens. Visiblement l'ovni continue de tourner autour de nos deux chasseurs... Le mystérieux écho radar remonte en altitude à 4500 m, position «droit devant» en face de nos F-16, pour soudainement plonger vers le sol... La nuit est claire, avec une visibilité excellente sur 8 à 15 km,... Je ne vois toujours rien à l'extérieur... Je ne m'explique pas ce que j'ai bien pu poursuivre cette fameuse nuit. Je n'écarte aucune hypothèse".

Lors de la conférence de presse, le général De Brouwer a rappelé les observations des radars militaires au sol. "De mémoire de contrôleur aérien, on n'avait jamais observé de tels phénomènes, d'une telle ampleur et d'une durée aussi longue. Si des conditions d'observation analogues devaient se présenter, des appareils redécoleraient très certainement" (I.234). La Force Aérienne a évidemment fait une évaluation et le général De Brouwer a donné des précisions à cet égard : "Nous sommes très prudents et nous ne voulons pas lancer des hypothèses, comme celles d'apparitions extraterrestres... La conclusion des études effectuées n'a cependant pas permis de déterminer la nature de l'objet".

En 1990, le général Fleury, à l'époque chef d'Etat-Major de l'Armée de l'Air en France a déclaré à des journalistes s3R. Roussel : "OVNI Les vérités cachées de l'enquête officielle", Albin Michel, 1994, p. 249. qu'il avait "vu les enregistrements des F-16, que l'affaire est des plus sérieuses et qu'elle demeure inexpliquée à ce jour". Tout cela n'aurait sans doute pas suscité autant d'intérêt, si ce n'était pas arrivé pendant la vague des observations d'ovni, mais cela signifie seulement que nous sommes habituellement trop inattentifs pour nous rendre compte de certains faits. Nous ne sommes pas toujours prêts à ouvrir nos yeux et notre esprit. C'est déjà une première constatation intéressante.