Introduction

La "vague d'ovnis sur la Belgique" était exceptionnelle, aussi bien par son ampleur que par ses caractéristiques s1SOBEPS : "Vague d'OVNI sur la Belgique. Un dossier exceptionnel", 1991, 502 pages et "Vague d'OVNI sur la Belgique. Une énigme non résolue", 1994, 480 pages. Ces rapports seront désignés par les symboles I et II, suivis de la page.. Elle a débuté brusquement et d'une manière très massive pendant la soirée du 29 novembre 1989. J'ai vérifié moi-même que les témoignages devaient être pris au sérieux. Il s'agissait d'ailleurs très souvent d'observations rapprochées, permettant de discerner des détails de structure. Il en résultait que les ovnis de la vague belge étaient différents des ovnis classiques. Ceux-ci avait presque toujours des formes discoïdales ou cigaroïdes. Ils avaient donc une symétrie axiale, tandis qu'on voyait chez nous des plates-formes à trois ou quatre coins. Près de ceux-ci, on voyait souvent d'énormes "phares", intégrés dans la structure et projetant vers le bas des faisceaux lumineux. Ces objets pouvaient rester stationnaires à basse altitude, comme les OVNI classiques, ou glisser lentement dans le ciel, sans bruit.

Ayant fait ces constatations, j'ai immédiatement cherché à savoir si ces objets étaient détectés par les radars. Ces systèmes existent et ils scrutent constamment le ciel, de toute manière. Ils pourraient fournir des informations objectives, complémentaires aux observations visuelles, mais je m'attendais aussi, dès le départ, à ce que ces ovnis puissent être très difficilement détectables (I.351, référence 1). Leur surface pourrait être telle, en effet, que les ondes radar ne sont que faiblement renvoyées. Si c'était le cas, il faudrait en être certain. En tant que scientifique, au courant du phénomène ovni, je devais donc m'engager dans l'étude de ce problème.

J'ai pris de suite contact avec le contrôle aérien de l'aéroport national à Zaventem et avec le colonel De Brouwer (I.356), Chef des Opérations à la Force Aérienne belge. Il est actuellement Général en retraite, travaillant pour l'ONU. Je lui demandais seulement d'être tenu au courant, dans le cas où les radars militaires détecteraient quelque chose de spécial. Entre-temps, j'avais introduit une demande auprès de la Régie des Voies Aériennes pour visionner les enregistrements radar, mis en réserve pendant quelque temps à l'aéroport civil. Il n'a pas été facile d'obtenir les autorisations nécessaires, certainement pas quand il s'agissait des données des radars militaires et des F-16, mais je faisais pression. Il serait irrationnel et même irresponsable de laisser passer une vague d'ovni aussi importante, sans chercher à savoir et à comprendre ce qui apparaissait sur les écrans des radars. On m'a accordé les autorisations requises et j'en suis très reconnaissant.

J'ai visionné d'abord plus de 180 heures d'enregistrements radar de l'aéroport civil. Je captais ces données sur vidéo et je les analysais ensuite plus en détail à la maison. C'étaient des extraits, spécialement choisis, pour des soirées et des nuits pendant lesquelles on avait vu des ovni à certains endroits. Je n'ai pas trouvé de traces radar qui auraient pu correspondre aux observations visuelles, mais j'ai constaté avec étonnement que certains des échos apparaissant parfois par-ci par-là pouvaient former des alignements. Les contrôleurs aériens ne s'en étaient pas rendus compte, parce que leur attention est focalisée sur les avions qu'ils prennent en charge et parce que ces alignements n'apparaissent qu'à une échelle de temps plus longue que celle de leurs observations immédiates. Il y avait une structure dans le bruit !

J'en ai déterminé les caractéristiques et ensuite proposé une explication, basée sur le fait que la vitesse de propagation des ondes radar dépend de la densité des molécules d'eau. Il s'agit de vapeur d'eau non saturée, sans formation de gouttelettes d'eau. Elle est optiquement invisible, mais des variations de l'humidité atmosphérique perturbent la propagation des ondes radar. Je savais cela au moment de l'intervention des F-16, mais cette affaire était beaucoup plus complexe.

Le soir du 30 mars 1990, vers 23 heures, le gendarme Renkin et son épouse remarquaient sur le fond du ciel étoilé un point lumineux très brillant qui se comportait d'une manière étrange. Il bougeait parfois brusquement, mais toujours autour d'une même position moyenne, en couvrant une zone dont la grandeur semblait être comparable à celle du disque lunaire. En outre, la couleur changeait pendant de longues périodes, pouvant aller jusqu'à 10 secondes. Intrigué, le gendarme téléphona au radar militaire de Glons, pour demander si l'on y détectaient quelque chose d'anormal. Quand on examina la région de Wavre où se trouvait M. Renkin, on découvrit un écho non identifié qui apparaissait très souvent. Il se déplaçait lentement, mais systématiquement d'est en ouest.

Les étonnantes observations visuelles étaient confirmées ensuite par d'autres gendarmes de la brigade de Wavre et l'écho radar continuait à se manifester de la même manière. A Glons, on demanda dès lors des renseignements à l'autre radar militaire, situé à Semmerzake. On y constata la présence d'un écho anormal au même endroit, avec un comportement identique. Cette trace ne pouvait donc pas résulter d'une "propagation anormale" des ondes radar. Cet effet météorologique résulte d'une stratification particulière de l'humidité qui dévie le faisceau radar vers le bas. Tout se pase comme s'il y avait un miroir, mais dans ce cas, l'image ne peut pas se trouver au même endroit pour deux radars situées de part et d'autre de la trace.

La source de l'écho se déplaçait à environ 45 km/h et elle restait à une altitude d'environ 3000 m. C'était donc ni un avion ni un ballon-sonde. On prit alors la décision de faire décoller deux chasseurs F-16 de la base de Beauvechain, pour mener une investigation. Les chasseurs sont montés vers 24 h, avec leur armement habituel : un canon de 20 mm et quatre missiles AIM-9N Sidewinder. Ils ont exploré le ciel, en étant guidés par le CRC (Control Reporting Center) de Glons. Les pilotes ont eu eux-mêmes des contacts radar et après une heure de vol, à bout de kérosène, ils sont revenus avec des enregistrements étonnants.