Deux détections radar exceptionnelles

Ceux qui admettent a priori que le phénomène ovni n'est pas réel sont peut-être ravis, puisqu'ils auront tendance à penser que si les F-16 n'ont détecté que des masses d'air humide, cela "prouve" qu'il n'y avait pas d'ovnis à détecter. Pour eux, il n'y en a jamais eu, mais cela ne tient pas compte des nombreuses observations d'ovnis, faites depuis longtemps dans le monde entier. Ce n'est même pas en accord avec ce qui s'est passé au cours de la nuit du 30/31 mars 1990. L'incident des F-16 m'a permis, en effet, de découvrir une trace que je ne peux pas expliquer de manière conventionnelle. C'est la trace linéaire de la figure 16.


Figure 16 : La ligne droite est la trace d'un OVNI, détecté par les deux radars
militaires au sol pendant le vol des F-16 au cours de la nuit du 30/31 mars 1990.

La trace inférieure représente une partie de la trajectoire suivie par le premier F-16. Il avait activé son IFF (identification friend or foe) et en principe le radar de Semmerzake ne devait retenir que ses échos, mais les avions de chasse sont petits et très agiles. Dans un tournant, le radar en a perdu la trace et substitué des échos venant du second F-16. Cela explique la différence entre les points enregistrés (I.375) et la courbe continue, représentant la trajectoire du premier F-16 que M. Gilmard a adoptée (II. Fig.10.4). La trace rectiligne définie par les cercles ouverts est apparue au même moment à Semmerzake. Les cercles fermés sont les échos que j'ai extraits des listings du radar de Glons. La correspondance spatio-temporelle indique que les deux radars militaires ont détecté le même "objet".

Le premier écho est apparu près de l'autoroute E-40, entre Gent et Bruxelles, à une altitude de 900 m. Il est passé à 2000 m au-dessus de Liège et semble avoir grimpé ensuite très fortement, puisque le dernier écho a été enregistré à 4000 m. La direction suivie est celle d'un survol rectifié de l'autoroute E-40. Les intervalles entre échos successifs montrent déjà que la vitesse de l'objet insolite était supérieure à celle des F-16. Les vitesses indiquées par les deux radars militaires fluctuaient effectivement entre 820 et 1200 km/h. Quand on considère seulement les points extrêmes sur la figure 15 et le temps écoulé, on constate que la composante horizontale de la vitesse moyenne est de 825 km/h pour Semmerzake et de 900 km/h pour Glons. Rappelons que la vitesse des F-16 était comprise entre 650 et 850 km/h, à une altitude d'environ 3000 m.

À cause de la direction et de la grandeur de la vitesse de l'objet détecté par deux radars au sol, on peut affirmer que c'était ni un mirage ni une masse d'air humide ni un ballon sonde. Il ne peut pas s'agir non plus d'un ULM (ultra light motorized), bien qu'un des sceptiques ait prétendu sans vergogne que toute la vague belge s'explique de cette manière s1W. Walter : "UFOs Die Wahrheit", Heel, 1996. Pourtant, ce n'est pas un avion, pour une série de raisons. Il n'y avait pas d'identification par transpondeur et les militaires sont formels : il n'y avait pas d'autres avions militaires en l'air à ce moment, or il s'agit d'un objet évoluant rapidement, même au départ à une altitude assez basse. En outre, un avion ne disparaît pas des écrans radars de cette manière. Il est particulièrement remarquable que le radar de l'aéroport civil, situé à Bertem, n'a enregistré aucun écho qui pourrait être associé à cet objet. Il passait pourtant tout près. Puisque les intensités varient en 1/d4, le signal devait être relativement intense.

Le fait que le radar civil n'a pas détecté cet objet volant non identifié est cependant conforme au fait que je n'ai trouvé aucune traces dans les enregistrements de l'aéroport national que j'aurais pu corréler avec les observations d'ovnis faites à partir du sol. Il se peut que cet objet se présentait d'une manière plus favorable à une détection par les radars militaires, mais ils ont aussi une sensibilité plus grande, parce qu'ils sont équipés d'un processeur LNA (low noise amplifier) qui améliore le rapport signal/bruit.

Ceux qui voudraient affirmer que c'était un avion furtif américain, prennent leurs désirs pour la réalité. Cette idée n'est soutenue par aucun fait observé. En outre, elle est techniquement et politiquement insensée. Il suffit de penser aux précautions à prendre en cas d'accident. Des tests au-dessus de la Belgique, tellement peuplée, ne se justifieraient pas et provoqueraient un incident diplomatique s'ils étaient effectués en secret. L'ambassade américaine a d'ailleurs démenti cette rumeur d'une manière explicite (I.126). Il faut se rendre à l'évidence. Il n'y a pas d'explication conventionnelle et je ne crois pas que j'ai des leçons à recevoir des sceptiques, en ce qui concerne le sens critique qu'on doit avoir dans cette matière.

Il convient de signaler que les militaires n'ont pas découvert cette trace, ni pendant ni après l'intervention des F-16. Il en résulte qu'il pourrait y en avoir d'autres qu'on n'a pas remarquées, mais cela ne m'étonne pas tellement. Il faut qu'il y ait des raisons pour examiner une trace ambiguë. Ayant examiné très attentivement plus de 180 heures d'enregistrement du radar civil, j'y ai vu des échos qui apparaissaient brusquement et avançaient comme des avions. Bien que ces traces n'étaient pas accompagnées d'un sigle d'identification, il pouvait s'agir d'avions. Le transpondeur s'est enclenché parfois de manière tardive, en révélant alors qu'il s'agissait d'un avion qui survolait notre pays à une altitude élevée. Puisque les radars militaires mesurent l'altitude, ce n'était pas le cas pour l'objet volant insolite de la figure 16. J'ai cependant trouvé une trace sur les écrans du radar civil qui est manifestement anormale. Elle correspond aux cercles fermés de la figure 17.


Figure 17 : La détection d'un OVNI par le radar civil, le 18 mars 1990.

Le premier écho de cette série est apparu à décembre 1998 à 20:32, le 18 mars 1990, un peu au sud du couloir aérien Bruxelles-Liège, aux environs d'Eghezée. Quand je visionnais l'enregistrement dans la salle des ordinateurs, j'ai remarqué de suite que cet écho se déplaçait assez rapidement, mais il progressait d'abord de manière linéaire. Quand il s'est mis à zigzaguer, j'en étais stupéfait, parce que je n'avais rien vu de semblable - et c'était déjà près de la fin de mon enquête. Ce qui apparaît sur l'écran, c'est l'écho qui résulte du dernier balayage, suivi de trois échos moins intenses qui figurent les positions du même objet au cours des trois balayages précédents. Cela suffisait pour repérer de suite une "tortillement" tout à fait inhabituel.

La figure 17 présente l'enchaînement des échos enregistrés à partir du moment où ce comportement devenait évident. Les chiffres indiqués correspondent aux minutes après décembre 1998 à 20:32. J'ai dessiné une trajectoire passant par les points qui figurent les échos enregistrés, en admettant que la direction du mouvement devait changer de manière continue ou que l'objet devait avoir une certaine inertie. Au début, il y a eu quelques ratés (1,0,1,0,1,1,0,0,1), mais après cela, l'objet a été détecté à chaque tour de l'antenne jusqu'à sa sortie de l'écran. Il se dirigeait vers le sud-est, mais a changé de cap quand il a rejoint un avion, venant du sud-ouest. On a l'impression que l'objet insolite a suivi cet avion.

Puisque le radar civil ne mesure pas les altitudes, il pourrait l'avoir survolé. Cette association dans le couloir aérien de Francfort me semble aussi étonnante que la forme générale de la trajectoire suivie. Les traits interrompus définissent des repères, liés aux voies aériennes. Sachant que l'antenne a effectué 5 tours par minute, on trouve, même si l'on ne tient pas compte des boucles, que la vitesse moyenne de l'objet volant non identifié est d'environ 780 km/h, tandis que celle de l'avion est d'environ 640 km/h. Se comporter de cette manière à une vitesse aussi élevée reste pour moi une singularité que je ne peux pas expliquer. C'est un candidat OVNI, mais les circonstances étaient telles qu'il n'a malheureusement pas été possible de compléter ces données par ceux des radars militaires (II.407).