Raisonnements apparentés

J'ai été amené à développer cette théorie pour résoudre le problème posé par les enregistrements radar des F-16 au cours de la nuit du 30/31 mars 1990. Je n'avais rien vu de semblable, mais je n'exclus pas que cela puisse exister. Si c'était le cas, je serais ravi de l'apprendre. J'ai présenté cette argumentation et en particulier les deux dernières relations analytiques le 27 mars 1994 à Philip Klass. Cet auteur américain, coéditeur de la revue Aviation Week & Space Technology, s'oppose d'une manière acharnée à l'idée que le phénomène OVNI puisse être réel et poser des questions plus fondamentales que celles qu'il envisage. D'après lui, toutes les observations d'OVNI doivent être explicables au moyen de processus naturels ou des erreurs de perception ou même simplement des effets de l'imagination.

Philip Klass me demandait de lui céder l'enregistrement radar des F-16, pour qu'il puisse le soumettre à des spécialistes de Westinghouse, le constructeur du radar des F-16. Je lui ai répondu que ce film appartient à la FAB, mais je lui ai communiqué le résultat de mon analyse. Je n'ai jamais eu de réaction de sa part, probablement parce que j'avais ajouté que la vague belge était quand même à prendre au sérieux, à cause des nombreuses observations visuelles rapprochées.

J'ai trouvé tout récemment un livre18 qui résume la théorie usuelle pour les "anges radar dans une atmosphère transparente". On y fait également appel à des variations de l'indice de réfraction par suite de la présence de vapeur d'eau (I.396), mais on se limite au problème de la détection. On affirme que l'intensité du signal rétrodiffusé est proportionnelle à la valeur moyenne du carré des fluctuations de l'indice de réfraction. Ce n'est pas la moyenne des fluctuations, mais de leurs carrés. Elle n'est donc pas nulle pour des fluctuations aléatoires!

Un autre chapitre du même livre19 est consacré aux résultats obtenus pour l'étude des précipitations au moyen d'un radar Doppler à impulsions. Chacune des gouttes de pluie conduit à une faible rétrodiffusion de l'onde radar et la sommation de toutes ces ondes donne également lieu à des interférences. Il était impressionnant pour moi de voir qu'on avait effectivement mesuré des spectres pour la vitesse Doppler des gouttes de pluie, mais les fluctuations sont petites (quelques m/s). Si j'avais connu ce résultat en 1994, je n'aurais peut-être pas jugé utile d'avancer l'explication proposée, puisque des modifications de la vitesse Doppler instantanée aussi faibles n'auraient pas suffi pour déjouer les filtres électroniques des radars des F-16.

Notons cependant que les vitesses de chute des gouttes de pluie dépendent surtout de leurs tailles qui ne varient que dans de faibles proportions. Pour des réflexions partielles par des nuages invisibles, il faudra considérer les mouvements instantanés de groupes de molécules à l'échelle du millimètre. Je ne peux pas dire a priori quel devrait être l'ordre de grandeur des fluctuations de la vitesse Doppler instantanée. Il doit être déterminé à partir des faits observés. C'est ce que nous ferrons au chapitre suivant.

Bien que le modèle que j'ai présenté pour rendre compte des mystérieux enregistrements radar des F-16 était apparemment osé, il apparaît maintenant qu'il n'était pas extravagant. Il a surtout l'avantage d'être conceptuellement plus simple que le modèle habituel, où l'essentiel se cache derière une formule. Il permet de comprendre facilement pourquoi la vitesse Doppler instantanée n'est pas la vitesse moyenne. Le modèle des turbulences a été utilisé pour rendre compte de la rétrodiffusion par les surfaces supérieures et latérales des "bulles de convection" dans une atmosphère optiquement transparente20. On a même construit des radars Doppler spécialement adaptés à ce type de mesures21, puisque les fluctuations de l'indice de réfraction sont "d'excellents traceurs de la structure et de la dynamique atmosphérique". Passons maintenant à la confrontation entre la théorie et l'expérience.