Au début des années 1960s, Keyhoe, Davidson, et d'autres ufologues,
maintinrent leurs attaques contre l'Agence pour la publication d'informations sur les ovnis. Davidson déclarait alors
que la CIA était l'unique responsable de la création de la folie des
Soucoupes Volantes comme arme psychologique dans la guerre froide depuis .
En dépit des appels
pour des auditions au Congrès et de la publication de tous les documents relatifs aux ovnis, peu de choses changèrent
.
En cependant, à la suite de discussions à haut niveau à la Maison-Blanche sur la question de savoir ce qu'il fallait faire si une intelligence étrangère était découverte dans l'espace, et après une nouvelle éruption de rapports et d'observations d'ovnis, le DCI John McCone demanda une mise à jour de l'évaluation des ovnis par la CIA. En réponse à la demande de McCone, l'OSI demanda à la CD d'obtenir du NICAP des échantillons récents divers et des rapports d'observations d'ovnis. Avec Keyhoe, l'un des fondateurs, qui n'était plus actif dans l'organisation, les officiers de la CIA rencontrèrent Richard H. Hall, le directeur suppléant. Hall donna aux officiers des échantillons de la base de données du NICAP sur les observations les plus récentes .
Après que les officiers de l'OSI eurent examiné ce matériel, Donald F.
Chamberlain, Directeur Adjoint de l'OSI, assura à McCone que peu de choses
avaient changé depuis le début des années 1950s. Il n'y avait toujours pas de preuve que les ovnis fussent une menace
pour la sécurité des Etats-Unis, ou qu'ils fussent d'origine étrangère
. Chamberlain dit à McCone que l'OSI contrôlait toujours les rapports d'ovnis, y compris l'enquête
officielle de l'USAF, le projet Blue Book .
En même temps que la CIA menait cette dernière étude interne sur les ovnis,
la pression publique contraignit l'USAF à établir un comité spécial ad-hoc
pour examiner Blue Book. Présidé par le docteur Brian O'Brien, membre du Comité Consultatif Scientifique de l'USAF, le jury comprenait Carl
Sagan, le célèbre astronome de l'Université de Cornell. Son rapport n'apporta rien de nouveau. Il déclara que
les ovnis ne menaçaient pas la sécurité nationale, et qu'il ne put trouver aucun cas d'ovni qui représentât une
avance technologique ou scientifique au-delà d'une conception terrestre.
Le comité recommandait que les ovnis
soient étudiés intensivement avec une grande université pour diriger la coordination du projet, afin d'apporter une
conclusion décisive à la question .
Le House Armed Service Committee tint également de brèves auditions sur les ovnis en 1966, qui produisirent
des résultats semblables. Le Secrétaire de l'USAF Harold Brown assura au comité que la plupart des observations
s'expliquaient facilement et qu'il n'y avait pas de preuves que des étrangers d'outre-espace
eussent visité la
Terre. Il dit aux membres du comité, cependant, que l'USAF garderait un esprit
ouvert et continuerait à enquêter sur tous les rapports d'ovnis .
A la suite du rapport de son comité O'Brien, des auditions de la Chambre sur les ovnis, et de la révélation du Dr Robertson dans une émission de CBS Reports, disant que
la CIA avait bien été impliquée dans l'analyse des ovnis, l'USAF approcha à nouveau l'Agence pour la
déclassification de l'intégralité du rapport de la commission Robertson
de , et de l'intégralité du rapport Durant sur les délibérations et conclusions de la commission Robertson. L'Agence, à nouveau, refusa de bouger. Karl H.
Weber, Directeur Adjoint de l'OSI, écrivit à l'USAF que nous
sommes très inquiets qu'une publicité future ne soit donnée à l'information selon laquelle le jury avait été soutenu
par la CIA.
Weber remarquait qu'il y avait déjà une version aseptisée disponible pour le public . La réponse de Weber était plutôt à courte vue et irréfléchie. Elle n'a fait
qu'attirer davantage l'attention sur le rapport de la commission
Robertson vieux de 13 ans, et sur le rôle de la CIA dans les enquêtes
sur les ovnis. Le rédacteur scientifique de The Saturday Review attira l'attention de tout le pays sur le
rôle de la CIA dans l'investigation des ovnis quand il publia un article
critiquant la "version aseptisée" du rapport de la commission Robertson
de 1953, et lança un appel pour la publication de l'intégralité du document n1L'article de Lear était par ailleurs
défavorable aux observations d'ovnis et à la possibilité que des extraterrestres
aient été impliqués. L'USAF s'était empressée de fournir à Lear le rapport entier .
Inconnu des responsables de la CIA, le Dr James McDonald, un physicien de l'atmosphère renommé de l'Université d'Arizona, avait déjà vu le rapport Durant sur les débats de la commission Robertson à Wright-Patterson le . Quand McDonald retourna à Wright-Patterson le 30 Juin pour copier le rapport, cependant, l'USAF refusa de le laisser le voir encore une fois, affirmant que c'était un document classé par la CIA. Devenu une autorité en matière d'ovnis, McDonald déclara publiquement que la CIA était derrière la politique de secret et de dissimulation de l'USAF. Il exigea la publication de l'intégralité du rapport de la commission Robertson et du rapport Durant .
Sous la pression publique, et selon la recommandation de son Comité O'Brien, l'USAF
annonça qu'elle cherchait à conclure un contrat avec une université pour entreprendre un
programme d'investigations intensives sur les observations d'ovnis. Le nouveau programme était conçu pour désamorcer
les attaques continues selon lesquelles le Gouvernement américain avait dissimulé ce qu'il savait sur les ovnis. Le 7
octobre, l'Université du Colorado accepta un contrat de 325000 $ avec l'USAF pour une étude de 18 mois sur les soucoupes volantes. Le docteur Edward U. Condon, un physicien de Colorado et ancien directeur du NBS, accepta de conduire le programme. Se déclarant lui-même "agnostique" sur le sujet
des ovnis, Condon fit remarquer qu'il avait un esprit ouvert sur la
question et pensait que de possibles origines extraterritoriales étaient improbables, mais pas impossibles
n2Condon, un scientifique extraverti, bourru,
s'est vite embrouillé dans une controverse avec le House Unamerican
Activities Committee qui a demandé si Condon était "un des plus faibles
liens dans notre sécurité atomique" . Le Général de Brigade Edward Giller, USAF, et le Dr Thomas
Ratchford, du Bureau de Recherche et de Développement de l'USAF, devinrent les
coordinateurs de l'USAF pour le projet.
En , Giller contacta Arthur C. Lundahl, Directeur du NPIC de la CIA, et proposa une liaison informelle entre le NPIC et le Comité Condon pour fournir des conseils techniques et des services dans l'examen des photographies d'ovnis présumés. Lundahl et le DDI R. Jack Smith approuvèrent l'arrangement comme un moyen de "garder une fenêtre" sur la nouvelle étude. Ils voulaient que la CIA et le NPIC gardent un profil bas, cependant, et ne participent en aucun cas à l'écriture de conclusions pour le comité. Aucun travail fait pour le comité par le NPIC ne devait être reconnu officiellement .
Ratchford demanda ensuite que Condon et son comité soient autorisés à visiter le NPIC pour discuter des aspects techniques du problème et pour voir le matériel spécial dont le NPIC disposait pour les analyses de photos. Le , Condon et quatre membres de son comité visitèrent le NPIC. Lundahl souligna auprès du groupe qu'aucun travail du NPIC pour aider le comité ne devait être identifié comme un travail de la CIA. De plus, le travail exécuté par le NPIC serait d'une nature strictement technique. Après avoir reçu ces directives, le groupe bénéficia d'une série d'instructions sur les services et l'équipement, introuvable ailleurs, que la CIA avait utilisé dans son analyse de quelques photographies d'ovnis fournies par Ratchford. Condon et son comité furent impressionnés .
Condon et le même groupe se rencontrèrent encore en mai 1967 au NPIC pour prendre connaissance d'une analyse de photographies d'ovnis prises à Zanesville (Ohio). L'analyse démonta cette observation. Le comité fut une fois encore impressionné par le travail technique effectué, et Condon remarqua que pour la première fois, l'analyse scientifique d'un ovni confortait l'enquête n3Les photographies de Zanesville se sont révélées être un canular. Le groupe discuta aussi du projet du comité de lancer un appel aux citoyens américains pour obtenir d'autres photographies, et de publier des directives pour prendre des photographies d'ovnis qui puissent être utiles. De plus, les officiels de la CIA consentirent à ce que le comité Condon publie le rapport Durant dans son intégralité, à l'exception de quelques suppressions mineures.
En , Condon et son comité publièrent leur
rapport sur les ovnis. Le rapport concluait que peu de choses, sinon rien, n'était sorti de l'étude des ovnis dans les
21 dernières années, et que la poursuite d'une étude plus intensive des observations d'ovnis n'était pas souhaitable.
Il recommandait aussi que l'unité spéciale de l'USAF, le projet Blue Book, soit dissoute. Il ne mentionnait pas la
participation de la CIA dans l'enquête du comité Condon n4Klass 1983, p. 41. Le rapport
contenait le rapport Durant à l'exception de quelques suppressions mineures. Une commission spéciale nommée par
la NAS examina le rapport Condon et
concurrut à sa conclusion qu'aucune priorité urgente dans les enquêtes sur les ovnis n'était justifiée à la vue des
données des 2 dernières décennies.
Elle conclut son examen en déclarant, Sur la base des connaissances
actuelles, l'explication la moins vraisemblable des ovnis est l'hypothèse de visites extraterrestres par des êtres
intelligents.
Suivant les recommandations du comité
Condon et de la NAS, le Secrétaire de l'USAF, Robert C. Seamans Jr., annonça le 17 décembre 1969 la clôture de Blue
Book n5L'Air Force
a transféré les documents de Blue Book aux archives
de l'USAF à Maxwell Air Force Base en Alabama. En 1976 l'Air Force a remis tous
les dossiers de Blue Book à la National Archives
and Record Administration, qui les a rendus disponibles au public sans restrictions
majeures. Quelques noms ont été enlevés des documents .