Editorial

Truzzi, MarcelloTruzzi, Marcello: Zetetic Scholar n° 8, 1981, pp. 3-4, 1981

A partir de ce numéro, le Zetetic Scholar devient l'organe officiel du Center pour la Recherche sur les Anomalies Scientifiques (voir l'annonce complète dans ce numéro). La formation du centre est lagement une réponse à nombre des lecteurs du ZS nous demandant d'institutionaliser un réseau d'experts afin de permettre une meilleure communication entre les chercheurs actifs.

Le ZS est ravi de vous apporter les 2 premiers rapports de recherche en cours du Center dans ce numéro. Le 1er est sur notre grande étude d'échelle de l'utilisation de alleged voyants par les agences de maintien de l'ordre (le Projet Psychic Sleuths), et le 2nd est sur une analyse des rapports d'ingénieurs de rencontres avec des ovnis (le Projet Anomalie). D'autres rapport seront émis sur ces 2 projets par le Centre, et certains d'entre eux seront publiés dans de futurs numéros du ZS.

L'implication dans le Projet Psychic Sleuths ainsi que d'autres implications dans ce que certains ont appelé la parapsychologie appliquée ont rendu certains problèmes particulièrement saillants. Les critiques ont décrié l'utilisation du terme de parapsychologie appliquée sur la base du fait que vous ne pouvez pas construire des applications d'une science tant que cette science est ses variables supposées n'ont pas été établies. Vous ne pouvez pas appliquer du psi à moins que le psi existe, et une pseudoscience appliquée serait pire qu'une simple pseudoscience puisque ce serait comme vendre des remèdes à l'huile de serpent. Je pense que les parapsychologues les plus responsables seront d'accord avec ces critiques selon lesquelles une parapsychologie appliquée serait aujourd'hui pour le moins prématurée. Pourtant, il semble faire peu de doute que des affirmations comme celles de radiesthésistes, détectives voyantsdetectives, conseillers voyants et guérisseurs sont souvent assez impressionnants (du moins en surface), et de nombreuses personnes trouvent ces practiques utiles. En fait, de tels secteurs "appliqués" génèrent souvent bien plus d'excitation en termes practiques que ne le font de ternes expériences de divination en laboratoires.

Je suggèrerais que nous puissions souhaiter faire une distinction entre Parapsychologie Expérimentale et Clinique, tout comme nous distinguons Psychologie Experimentale et Clinique. Les critères pour évaluer les efforts cliniques sont bien plus larges que les critères purement scientifiques trouvés dans les méthodes expérimentales. Le critère d'effectivité joue un rôle majeur dnas l'évaluation des méthodes cliniques. Ainsi, que la théorie soit ou non correct pourrait être secondaire pour la considération pragmatique de savoir si oui ou non le patient/client est aidé par les procédures. Dans le traitement de sujets cliniques, un élément d'art comme de science est typiquement impliqué, et l'importance est souvent soupesée non pas en termes scientifiques mais humains. Donc, des questions comme La condition du patient a-t-elle été améliorée ? ou Avez-vous trouvé l'objet perdu ? devient plus significatif que la validité de la théorie derrière la méthode utilisée pour obtenir le résultat positif.

En psychologie normale, nous sommes généralement préoccupés par ce que les statisticiens appelent l'erreur de type 1. Cette erreur consisterait à penser à tort que quelque chose de spécial avait lieu alors que ce n'était pas le cas. Mais il y a aussi une erreur de type 2. Cela consiste à penser à tort que rien de spécial ne se passe alors qu'en fait quelque chose de rare (un faible signal au milieu de beaucoup de bruit) se passe. La plupart des psychologues étant préoccupés de ne pas penser que du psi est à l'œuvre lorsque de simples processus perceptifs normaux produisent les résultats, ils se concentre généralement (quite properly) sur ne pas faire une telle erreur de type 1. Mais pour beaucoup de parapsychologues, l'existence du psi est considérée être si importante qu'ils ne veulent pas faire l'erreur de l'ignorer s'il est réellement présent dans le monde. Ils sont, alors, particulièrement préoccupés de ne pas faire une erreur de type 2. La préoccupation d'une erreur de type 2 est partculièrement courante là où des facteurs extra-scientifiques rendent importante l'existence d'une variable rare. En recherche médicale, il existe un intérêt courant à éviter une erreur de type 2 parce que le résultat pourrait être une question de vie ou de mort, et que nous ne voulons pas passer devant quelque chose qui pourrait être difficile à trouver mais terriblement important.

D'autres facteurs extra-scientifiques pourraient rendre des choses importantes. Par exemple, dans le cas de l'intérêt des militaires pour la recherche psi, l'existence du psi pourrait avoir des conséquences militaro-politiques extrêmement importantes si un enemi était capable de l'utiliser pour to passer à travers les défenses de la sécurité nationale. Ainsi, même si les chances sont faibles que le psi existe vraiment, il est assez rationnel de vouloir éviter une erreur de type 2 et d'investiguer ce secteur. Il est simplement trop important pour être négligé. La même chose est vraie dans des cas où les gens ont épuisé tous les remèdes normaux. Si vous avez désespérément besoin d'eau et que les géologues vous disent qu'il n'y en a pas sur votre coin, ou si les docteurs vous disent que vous êtes condamné, il n'est pas irrationnel pour vous de poursuivre l'utilisation d'un radiéstésiste ou une forme de médecine alternative sur même la mince chance que quelque chose de positif puisse en ressortir. Si nous reconnaissons que la probabilité de success est très faible mais n'avons aucune alternative orthodoxe, et si les coûts d'essayer une méthode non-orthodoxe sont raisonnables, je suggèrerais qu'il n'est rien d'autre que rationnel que de tenter la méthode non-orthodoxe si la nécessité de succès est grande. Mais le degré de nécessité et la préoccupation de l'importance qui determine notre désire d'éviter une erreur de type 2 est typiquement extra-scientifique. Il pourrait être non-scientifique pour des officiers des forces de l'ordre d'essayer d'utiliser un voyant prétendu pour résoudre un cas dans une impasse, et il pourrait être non-scientific pour le Pentagone de dépenser de l'argent sur la recherche psi (du moins en termes de considérations de type 1), mais ça n'en fait pas une action irrationnelle. Plutôt le contraire. Le vieil adage n'importe quel port dans une tempête est toujours censé. N'oublions pas que même les placebos fonctionnent.

Rien de ceci ne veut dire que nous ne devrions pas faire attention dans nos utilisations et notre évaluation des méthodes non-orthodoxes. Le monde reste rempli de charlatans et de fraudes prêts à examiner les imprudents. Et de nombreuses affirmations d'efficacité pourraient en fait se révéler invalides. Mais nous devons discriminer le purement scientifique de la notion plus large d'actions rationnelles. Ainsi, on peut être d'accord avec les psychologues qui considèrent les preuves du psi comme non-convaincantes mais soutiennent toujours l'utilisation de fonds publics (à un niveau modéré) par les militaires pour mener des recherches sur le psi et des secteurs semblables où même des questions peu probables pourraient avoir de grand conséquences potentielles. Il serait prématuré d'impliquer de manière routinière les voyants dans les investigations criminelles, mais il serait aussi prématuré de qualifier d'irrationnelles ces polices qui les essaient sur la longueur. La personne rationnelle qui a été prononcée condamnée par ses docteurs ne devrait pas fermer la porte à toutes les méthodes non-orthodoxes cherchant à guérir juste parce que certains qualifieraient de telles entreprises de "magiques" ou comme dénuées de crédibilité scientifique. Dans le même temps, nous pourrions apprendre beaucoup de regarder les procédures d'évaluations utilisées en psychologie clinique pour mesurer l'efficacité et les appliquer aux efforts cliniques en parapsychologie. Nous pourrions être surpris de découvrir que les diseurs de bonne aventure ne sont pas si pire que les psychiatres.