La vérité sur l'enlèvement de Walton

NICAP: UFO Investigator, pp. 1-4, juin 1976

Philip J. Klass, auteur de UFO's Explained, a accepté de donner au NICAP un interview complète concernant ses découvertes sur l'affaire Travis Walton. Après 6 mois de recherches détaillées, M. Klass dispose de données valides indiquant que des informations ont été délibérément dissimulées par APRO basée à Tucson, Arizona. The National Enquirer savait également que des informations supplémentaires sur l'enlèvement supposé étaient disponibles mais cela n'a pas été communiqué au public.

Le NICAP a publié un article sur l'affaire Travis Walton dans le n° de janvier 1976 de l'UFO Investigator. Même à cette époque l'avis général au NICAP était que Walton et ses collègues étaient impliqués soit dans un canular, soit qu'un phénomène psychologique était à l'œuvre. Il fut décidé qu'aucune autre ressource n'y serait consacrée. Cette décision fut basée sur les données récoltées par le NICAP, et le fait que l'APRO poursuivait son enquête. La procédure normale dans le passé avait été que les deux organisations s'échangeaient les informations sur les affaires, et nous pensions que doubler les efforts n'était pas nécessaire.

Un résumé de l'incident tel qu'il fut présenté par les media est inclus pour votre information.

Le soir du mercredi 5 novembre 1975, une équipe de 7 jeunes bucherons, dirigés par Michael Rogers rentrait à la maison. Rogers (28 ans) était employé par le Service des Forêts U.S. pour élaguer 1277 acres de Forêt Nationale près de Turkey Springs. Selon le récit qu'en fera plus tard Rogers, ainsi que d'autres membres de son équipe (âgés de 17 à 25 ans), ils virent un ovni en survol non loin d'eux. Ils déclarent que Travis Walton aurait sauté du véhicule en route et marché/couru vers l'ovni, qu'il aurait été "zappé" par un rayon lumineux intense venant de l'ovni, et que le reste de l'équipe aurait paniqué et serait parti en trombe, laissant leur ami derrière eux. Peu de temps après, disent-ils, ils seraient revenus sur place pour chercher Travis mais il avait disparu -- apparemment emmené par l'ovni. Il faudra alors attendre plus de avant que Rogers et son équipe décident de signaler l'incident au sous-Sheriff L.C, Ellison dans la commune voisine de Heber (Arizona).

Alors que Travis restait introuvable, Rogers et les 5 autres jeunes hommes passèrent un test au polygraphe, le lundi 10, administré par C.E. Gilson du Département de la Sécurité Publique de Phoenix (Arizona). 5 des jeunes hommes "passèrent" le test mais les résultats de l'un d'entre eux (Allen M. Dalis) ne permettaient pas de conclure, selon Gilson. Les résultats des tests rapportés ont été largement interprétés comme confirmant l'authenticité du supposé enlèvement par un ovni.

Peu après minuit le le lendemain, Travis téléphona à sa sœur, Melle Grant Neff, de Taylor (Arizona) (près de Snowflake), depuis une cabine téléphonique de Heber, à 30 miles environ de là, M. Neff et le frère aîné de Travis, Duane, qui était venu à Snowflake depuis chez lui à Phoenix peu après le supposé incident d'ovni, avaient tous les deux roulé jusqu'à Heber pour récupérer Travis. Ils dirent l'avoir trouvé effondré sur le sol de la cabine, dans un état mental très confus. Peu après avoir ramené Travis chez sa mère à Snowflake, Duane décida de le ramener avec lui à Phoenix, prétendument pour lui apporter une aide médicale. Par la suite le même jour il fut examiné par 2 médecins à la demande de l'APRO.

Le samedi 7 février 1976, presque 3 mois après la réapparition de Travis, lui et Duane passèrent des tests au polygraphe administrés par George J. Pfeifer, alors employé de Tom Ezell & Associates à Phoenix. Selon les rapports publiés, tous deux passèrent l'examen qui incluait de nombreuses questions sur l'affirmation d'enlèvement de Travis par un ovni. Les résultats de ces tests, largement publiés, semblèrent confirmer qu'un tel incident avait bien eu lieu.

Dans l'évaluation de l'authenticité d'un tel cas, les chercheurs sur les ovnis doivent se concentrer sur la validité des données disponibles. Après avoir lu les rapports publiés par d'autres organisations et des journaux nationaux, on pourrait penser que l'affaire Walton est très solide pour les raisons suivantes.

Il a été rapporté que :

  1. Walton a passé l'examen au polygraphe,
  2. il y avait 6 autres témoins. 5 sur 6 auraient passé l'examen au polygraphe.
  3. Walton est quelqu'un d'honnête,
  4. Walton et sa famille n'auraient eu que très peu d'intérêt pour les ovnis dans le passé. Par conséquent, il serait peu susceptible de concocter une histoire liée aux ovnis.
  5. Aucun des autres 6 témoins n'avait d'intérêt à participer à un canular.

Pour l'information des membres du NICAP, ces points sont discutés en détail. Ils indiquent plus fortement encore que la conclusion initiale du NICAP était la bonne, i.e., que l'affaire est un canular.

L'examen au polygraphe de Walton

M. Klass a révélé au NICAP qu'un test de détection de mensonge avait été administré à Travis Walton 3 mois plus tôt, le samedi 15 novembre 1975. Walton échoua à l'examen au polygraphe cette fois-là.

Ce premier test fut donné à l'hôtel Sheraton de Scottsdale (Arizona) l'après-midi du samedi 15. L'organisation de l'examen fut arrangée par M. James E. Lorenzen, directeur de l'APRO, et le test fut payé par le National Enquirer. L'examen fut administré par M. John J. McCarthy, directeur du Arizona Polygraph Laboratory de Phoenix. Les références de M. McCarthy sont excellentes. Il a été formé à l'école de polygraphie de l'Armée à Fort Gordon. M. McCarthy est membre de l'American Polygraph Association et est agréé par l'État de l'Illinois depuis 1964. Aujourd'hui, l'Arizona ne demande pas que les examinateurs au polygraphe soient agréés pour pouvoir pratiquer dans l'état.

L'examinateur a rapporté ses conclusions comme demandé au National Enquirer et au Dr. James A. HarderHarder, James A., directeur de la recherche de l'APRO, immédiatement après la fin du test soumis à Walton. Le Dr. Harder a rapporté cette information à James E. Lorenzen de l'APRO.

Il a été par la suite demandé à McCarthy d'envoyer un rapport écrit au National Enquirer. L'Enquirer a demandé à McCarthy de ne pas révéler qu'il avait testé Walton. Un extrait du rapport qui fut envoyé est, A tenté de perpétrer un canular ovni, et n'a été dans aucun vaisseau spatial. Le rapport indiquait également que Travis Walton avait essayé sans succès de modifier la manière dont il respirait pour tromper l'examinateur. Cependant, il n'y arriva pas.

L'APRO publia un récit complet de l'affaire Travis Walton dans leur lettre d'informations de novembre 1975 qui incluait les événements qui avaient transpiré durant la semaine suivant le retour de Travis le dimanche 16. Aucune mention du test de détection de mensonges du la veille ne s'y trouvait.

M. Klass dispose de preuves matérielles solides, vérifiées par le NICAP, que M. McCarthy a bel et bien testé Travis Walton le samedi 15 et que Walton a échoué. Ces preuves incluent des documents comme :

  1. La déclaration de consentement à l'examen au polygraphe daté du samedi 15 et signée par Travis Walton,
  2. Le rapport écrit de McCarthy au National Enquirer, daté du le lendemain incluant sa conclusion selon laquelle le récit d'ovni est un canular.
  3. Le reçu du National Enquirer payable au Arizona Polygraph Laboratory de McCarthy, daté du vendredi 14, pour Incident ovni de Travis Walton.
  4. L'accord pour mener un test et fournir un rapport au National Enquirer. Cette déclaration est datée du samedi 15 février 1975 au lieu du samedi 15 novembre 1975, ce qui est clairement une erreur typographique.

3 mois après que Travis Walton ait échoué au 1er examen au polygraphe, il en fit un autre administré par George J. Pfeifer, un examinateur avec seulement 2 ans d'expérience, alors employé par Tom Ezell Associates de Phoenix. Les résultats de ce test furent largement publiés parce qu'il sembla passer le test en beauté. M. Klass découvrit que Travis Walton avait dicté les questions qu'il voulait qu'on lui pose. M. Pfeifer accepta la demande de Walton. Afin de vérifier la validité de la méthode de ce test, le président de Tom Ezell Associates, M. Tom Ezell, fut contacté. Il déclara qu'il était parfaitement approprié que le commanditaire d'un test (l'APRO) indique les zones qu'il voulait voir explorées. Cependant, M. Ezell indiqua dans une correspondance ultérieure avec M. Klass que parce que les questions ont été dictées, ce test devrait être invalidé. Il ajouta, après avoir examiné les graphiques de Travis Walton, que les réactions sur les graphiques, selon mon interprétation, ne sont pas déchiffrables. On ne peut pas dire s'il (Travis Walton) dit la vérité ou s'il ment.

Examens au polygraphe des témoins corroborants

Comme indiqué dans le n° de janvier 1976 de l'UFO Investigator, l'examen au polygraphe auquel ont été soumis les autres témoins prétendus fut conçu dans le but de déterminer si Walton avait ou non pu être la victime d'un traquenard de ses collègues. 3 des 4 questions qui furent posées durant le test traitaient uniquement de cette question. Le test fut administré par C.E. Gilson, un examinateur avec 5 ans d'expérience. Sa déclaration de M. Klass était, C'était notre seul objectif... de déterminer si un crime avait été commis ou non. La seule question sur l'ovni fut ajoutée à la demande du Sheriff Gillespie. Gilson souligna... que une seule question n'en fait pas un test valide pour vérifier l'incident ovni.

La personne de Walton

Dans l'évaluation des déclarations du témoin, la crédibilité du témoin doit aussi être évaluée.

Le mercredi 5 mai 1971 Travis Walton et Charles Rogers plaidèrent coupables aux accusations de faux et cambriolage au 1er degré (Charles Rogers est un frère cadet de Michael Rogers, qui était impliqué dans l'incident ovni). Ces informations furent révélées par Travis Walton lui-même lors d'une discussion préliminaire avec l'examinateur au polygraphe, M. McCarthy, et confirmées par les autorités de l'état.

Les jeunes hommes acceptèrent de restituer l'argent et furent placés en liberté surveillée pour 2 ans. La loi de l'Arizona stipule que si la liberté surveillée se déroule de manière satisfaisante les parties peuvent par la suite revenir et demander à la Cour d'expurger le dossier. Les 2 garçons retracted their original pleas à la fin de la période de liberté surveillée.

À la fin du rapport ne se trouve aucune indication que Walton perpétuait ses erreurs de jeunesse.

Intérêt antérieur pour les ovnis

Un intérêt pour les ovnis n'empêche pas les parties intéressées de faire des observations authentiques. Cependant, dans la grande majorité des cas de canular, un intérêt antérieur existe souvent. Il fut rapporté ailleurs que Walton n'avait pas ou eu très d'intérêt pour ce sujet. Il fut demandé au Dr. Howard Kandell, un des 2 médecins qui examina Walton à la demande l'APRO, si les Waltons avaient déclaré avoir un intérêt antérieur pour les ovnis. Kendall répondit : Il ont admis ouvertement, que lui (Travis) était un "fana des ovnis" comme on dit.... Il avait dit que s'il en voyait un, il aimerait aller à bord.

On demanda au Dr. Jean Rosenbaum, un psychiatre qui avait examiné Walton, s'il avait déjà exprimé dans le passé un intérêt pour les ovnis. Il répondit, Tout le monde dans la famille a dit en avoir vu (des ovnis)... Travis a été préoccupé par ça presque toute sa vie... et puis il a dit à sa mère juste avant cet incident que s'il devait être un jour enlevé par un ovni, elle ne devrait pas s'inquiéter parce que tout irait bien pour lui. Duane Walton déclara que lui et Travis avaient souvent discuté de la possibilité de faire un tour à bord d'un ovni.

Motivation des 6 témoins

Il a été déclaré qu'il n'y avait aucune motivation, autre qu'une possible amitié pour les autres 6 témoins de corroborer l'histoire de Walton si elle n'était pas vraie. L'enquête a révélé une possible importante motivation financière pour Mike Rogers et les 5 autres membres de l'équipe de perpétrer ce canular.

Mike Rogers a fait une offre au printemps 1974 au Service des Forêts U.S. pour une opération d'élaguage de 1277 acres de terrain dans une Forêt Nationale, situés dans la région de Apache-Sit-greaves. Son offre fut acceptée et était de 27% inférieure à la moyenne de celles soumises par les autres sociétés. A l'Eté suivant (1975) il devint clair pour Rogers qu'il avait largement sous-estimé la quantité de travail et qu'il ne pourrait la terminer à temps. Il demanda une prolongation qui fut accordée mais fut pénalisé de 1,00 $ par acre pour tout travail réalisé après l'expiration de la date du contrat initial. La fin du nouveau travail était fixée au lundi 10. Cette nouvelle date de livraison approchant, il devint clair, une nouvelle fois, qu'ils ne pourraient pas terminer le travail à cette date et qu'il devrait demander une autre prolongation qui déboucherait sur une nouvelle réduction de revenus. Plus grave encore, le Service des Forêts conservait 10 % des paiements jusqu'à ce que le travail soit terminé. L'hiver arrivant, Rogers ne pourrait finir de récupérer ces fonds avant le printemps prochain. Le prétendu incident d'ovni donnait à Rogers une base légale pour mettre un terme à son contrat déficitaire sur la base du fait que son équipe serait trop effrayée pour revenir sur le lieu de travail, permettant ainsi à Rogers de recupérer les fonds retenus et payer son équipe.

Résumé

La réaction de la famille de Travis Walton lorsqu'ils furent informés que ce dernier avait été "zappé" à bord d'un ovni donne une bonne mesure du fait qu'ils étaient au courant qu'un canular était prévu. S'ils avaient cru que l'incident avait réellement eu lieu, ils auraient réalisé qu'il pourraient très bien ne plus jamais revoir Travis. Les patrouilleurs du Département du Sheriff du Comté de Navajo se rassemblèrent tard dans la nuit du mercredi 5 pour retourner sur le site prétendu à la recherche de Travis. Ce ne fut pas avant plusieurs heures après minuit que le groupe décida d'informer la mère de Travis que son fils restait introuvable.

Un des patrouilleurs informa M. Klass que lorsqu'il lui expliqua l'horrible destin de son fils, elle répondit simplement : Je ne suis pas surprise.

Melle Kellet suggéra aux représentants des forces de l'ordre que les recherches soient abandonnées, indiquant : C'est juste que je ne pense pas qu'il soit utile de chercher plus loin... Je ne pense pas qu'il soit sur cette Terre. Le frère de Travis, Duane, déclara qu'il resterait sur les lieux et attendrait parce qu'ils ramènent toujours leurs victimes au même endroit.

À aucun moment durant tout l'épisode la famille ou des membres de l'équipe ne montrèrent ni n'exprimèrent de quelconques inquiétudes pour son bien être. M. Klass indiqua que, Une explication possible à la réaction de Rogers et des membres de sa famille est qu'ils savaient que l'incident était un canular et que Travis était en sécurité dans une cachette terrestre, et non à bord d'un vaisseau spatial extraterrestre qui serait en train de l'emmener vers un monde distant d'où il pourrait ne jamais revenir.

Le samedi 8, alors que Travis était toujours disparu, Duane dit qu'il n'était pas du tout inquiet pour la sécurité de son frère. Duane dit qu'il regrettait de n'avoir pas pu vivre la même chose.

Dans toute investigation scientifique, toutes les données doivent être prises en compte. Toute organization ou corporation menant des enquêtes a la responsabilité de révéler l'ensemble des faits à ses lecteurs... pas seulement les informations soutenant une position préconçue.

Les forces et faiblesses de l'affaire Walton, lorsqu'on les évalue, semblent indiquer qu'un canular a été perpétré. Les membres du NICAP disposent maintenant de données supplémentaires et peuvent en tirer leurs propres conclusions.