Sur les traces des soucoupes volantes

Kervendal, GuillaumeGarreau, CharlesGarreau, Charles: Revue d'études et d'informations de la Gendarmerie Nationale n° 87, 1er trimestre 1971, janvier 1971

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Le phénomène ovni est un problème sérieux. Il mérite d'être étudié sérieusement.

Les soucoupes volantes n'existent pas et pourtant le phénomène existe. Il ne paraît plus possible de le nier.

Les objets volants non identifiés semblent devoir être pris au sérieux ; même si certains comptes rendus de presse citant des observations fleurant bon le soufre ou le canular ou, tout simplement, relevant de la psychiatrie, pourraient laisser penser aux personnes non averties que tout est de la même veine. Il faut souligner en passant que les mystifications sont généralement détectées dès le début des enquêtes par les gendarmes. Le phénomène ovni existe. Il n'est pas toujours explicable par la foudre en boule, le plasma globulaire, le gaz des marais, l'hystérie collective, les mésinterprétations d'objets bien connus ou de phénomènes naturels. Le problème est, avant tout, d'origine scientifique. Déjà depuis une vingtaine d'années, de nombreux chercheurs tentent de cerner l'intelligence qui se cache derrière ces manifestations et pensent qu'une exploitation systématique de notre planète est en train de se produire.

Phénomène naturel ou d'origine extraterrestre, il mérite d'être étudié avec la plus grande rigueur. Tant qu'aucune preuve palpable de l'existence des ovnis n'aura été présentée aux gouvernants et scientifiques du monde, cette existence ne pourra être que controversée. Tant qu'une soucoupe volante made in Magonia ou un petit être de l'espace, nanti d'un message officiel pour les habitants de la planète Terre, ne pourra être présenté au grand public, il n'y aura que scepticisme. Tant que toutes les observations n'auront pas été "expliquées" il y aura doute, et les "ufologues" continueront à s'intéresser aux ovnis.

En attendant, l'approche de la solution ne peut se faire que par une étude statistique appuyée par le calcul des probabilités. Mais cette approche ne peut se réaliser que si les chercheurs ont à leur disposition toujours plus d'informations, de faits observés et surtout de faits aussitôt étudiés, selon des méthodes rigoureuses nettement codifiées, par des enquêteurs fiables obéissant à des règles précises quel que soit le temps ou le lieu, et quelles que soient les circonstances.

En effet, même les observations apparemment causées par des phénomènes naturels, même les observations expliquées, ne doivent pas être pour autant négligées ou éliminées. Tout n'est pas encore connu sur les causes et conséquences de certaines manifestations atmosphériques. Un phénomène naturel peut très bien être pris pour une manifestation ovni, une observation ovni peut aussi se présenter sous l'apparence d'une trombe, d'une mini-tornade.

Il faut donc que l'enquêteur fasse preuve d'ouverture d'esprit, que toutes les observations, même les plus insolites, fassent l'objet d'enquêtes systématiques. Ceci suppose que les témoins trouvent auprès des enquêteurs une confiance entièrement dénuée d'esprit de moquerie. Il faut également que les témoins soient persuadés que leur témoignage servira à quelque chose même si ce quelque chose n'a rien à voir avec les soucoupes volantes et les "petits bonhommes verts".

Par crainte du ridicule, les témoins évitent parfois de se confier, même à leurs proches. Il est nécessaire qu'ils sachent qu'ils seront toujours écoutés et pris au sérieux, et que, s'ils le désirent, leur anonymat sera préservé.

L'enquête étant ouverte, il est souhaitable qu'elle puisse se poursuivre dans de bonnes conditions et aboutir. Elle doit, dès le départ, avoir des chances sérieuses d'être menée dans des conditions optimales et non pas arrêtée faute de moyens. Ces moyens quels sont-ils ?

Ils doivent être :

Même si la commission américaine "Condon" a conclu que les ovnis n'existent pas, la gendarmerie ne peut se désintéresser du phénomène qui, lui, est réel.

Fidèle aux missions qui lui ont été confiées par le décret du mercredi 20 mai 1903, le gendarme ne peut rester passif lorsqu'un automobiliste, en proie à la plus vive émotion, vient sonner à sa porte pour lui signaler qu'un engin, en forme de soucoupe ou de ballon de rugby, ne faisant aucun bruit, vient de le survoler à très faible altitude.

Le problème des ovnis n'est ni une énigme judiciaire, ni une simple affaire d'ordre administratif, la gendarmerie se sent pourtant concernée.

Elle doit renseigner les autorités administratives de ce qui se passe sur le territoire national, mais elle peut, en outre, apporter sa contribution dans le domaine des investigations en apportant, à l'organisme qui pourrait être désigné pour conduire l'étude scientifique du problème, les informations qu'il ne pourrait obtenir autrement.

Les objets volants non identifiés constituent, peut-être, l'une des plus grandes énigmes de tous les temps. Il s'agit de ne pas manquer l'enquête.