Article de Samedi Soir

Samedi Soir, jeudi 14 octobre 1954
L'article d'origine
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(...) Faut-il continuer ?

Faut-il citer l'être fourré, portant autour de la taille un large corset de couleur orange, aperçu près d'une soucoupe par M. témoin, en bordure de la route de Wassy (Haute-Marne), le 5 octobre à jeudi 14 07:15 ?

Ou encore, l'homme de 96 centimètres, portant une large ceinture de cuir, des chaussures et un slip, qui s'est élevé dans les airs grâce à deux boîtes en forme de poires, placées sous chaque bras. Cet être a été aperçu par M. Lacambre, ouvrier forestier à Saint-Pardoux (Lot), le lundi octobre, à jeudi 14 08:10, et le témoin a même déterminé par les empreintes que le petit bonhomme chaussait du 21...

Que penser de l'affirmation de M. témoin n° 1, qui jure sur l'honneur avoir vu une soupière volante se poser dans sa propriété, et 2 hommes parfaitement normaux en descendre, qui lui ont serré la main et caressé son chien avant de partir aussi vite qu'ils étaient venus...

Et ce manœuvre de Lavoux (Vienne), M. témoin n° 2 qui, samedi octobre, à jeudi 14 19 h, fut paralysé par un rayon lumineux émanant d'une "scaphandrier" haut de 1,50 m, chaussé de bottes, aux yeux brillants, et portant une forte moustache...

Et le cigare posé dans une clairière, à Diges dans l'Yonne, auprès duquel Mme Veuve témoin n° 3 a vu un homme, de dos, en combinaison et coiffé d'un bonnet kaki...

Et M. Jean Labonne, de Bergerac, qui, le octobre, à jeudi 14 22 h, aperçut un champignon métallique dans son jardin. Qui va là ? cria-t-il en distinguant une ombre. Que me voulez-vous ? Mais l'ombre grimpa dans le champignon qui s'éleva dans les airs avec une prodigieuse rapidité.

Il n'est pas jusqu'à l'Angleterre qui commençait à s'inquiéter et presque à s'indigner que pas la moindre soucoupe, pas le moindre "cigare" ou cigarillo, ne fit l'honneur de se montrer au peuple qui a gagné la bataille de Trafalgar. Cette lacune vient d'être largement comblée par les révélations sensationnelles d'une ornithologue, M. Cedric Allingham, qui prétend avoir rencontré, le juin 1955 février, au nord de l'Ecosse, non pas un martien, mais un Vénusien avec lequel il a eu un long et difficile entretien !

Ce Vénusien mesurait à peu près 1,73 m, il avait des cheveux bruns coupés court, et sa peau semblait tannée. Il était enveloppé complètement dans une sorte de combinaison qui avait l'apparence d'une cotte de maille. De son nez sortaient deux petits tubes que joignaient un fil métallique... M. Allingham put toucher la soucoupe dont le métal était légèrement tiède, et il prit finalement congé du Vénusien non sans lui avoir offert son stylo, que l'homme mit soigneusement dans une poche de sa combinaison et après avoir pris à la sauvette une photographie de l'étrange personnage. Cette image plutôt floue n'est, il faut l'avouer, qu'assez peu révélatrice. On y voit la silhouette d'une homme vu de dos, marchant légèrement courbé, et que, sans un peu d'imagination, on pourrait facilement confondre avec la silhouette de n'importe quel terrien.

Enfin, aux dernières nouvelles, c'est une véritable avalanche de Martiens qui vient de s'abattre sur notre sol.

A Pournoy-la-Chétive, en Moselle, 3 enfants faisaient du patin à roulette, lorsqu'un engin rond, de 2,50 m de diamètre, atterrit près d'eux. Un homme en sortit, tenant à la main une lampe allumée qui aveugla les enfants. Il était vêtu d'une soutane noir comme celle de M. le curé, et après avoir dit quelques mots incompréhensibles il s'est envolé dans sa soucoupe.

A l'île d'Oléron, pour la première fois, ce sont 2 Martiennes qui posent le pied sur terre. C'est M. Martin, un instituteur colonial en congé, qui nous en apporte la description. Elles portaient des bottillons et des gants de cuir, ainsi que des casques brillants. Elles étaient fort jolies et consentirent gentiment à donner un autographe à l'instituteur.

Il faudrait un volume entier pour rapporter tous les cas dans le détail. Mais tous ces braves gens jurent leurs grands dieux qu'ils n'inventent rien. Leur entourage fait chorus. Lui, inventer une telle histoire ? Un père de famille connu pour son honorabilité... Un garçon qui n'a jamais bu une goutte d'alcool dans son existence ? Allons donc !

Alors ? Faut-il en conclure qu'ils ont réellement aperçu des êtres étranges, poilus, casqués, bottés, parlant un langage incompréhensible ? Fait-il ajouter foi à cette histoire de mystérieux rayon vert qui paralysent des êtres humains ? Leurs récits sont-ils au contraire, inventés de toute pièces ? Reposent-ils sur une base sérieuse enjolivée par la suite ?

Rien, absolument rien dans l'état actuel des renseignements recueillis et qui ont été portés à la connaissance du public ne permet de conclure dans le sens de l'authenticité. Les enquêtes ont été conduites comme s'il s'agissait de "vérifier" les dires des témoins et non dans l'esprit d'éliminer toutes les hypothèses aboutissant à des explications plausibles et relativement simples. Ces hypothèses sont nombreuses, elles vont de la farce à l'hallucination en passant pas l'illusion d'optique. Pour les éliminer, il faudrait une information policière extrêmement poussée, doublée, dans tous les cas, d'une enquête psychologique approfondie.

Subsisteraient alors seulement les faits, logiquement inexplicables, qui constitueraient le véritable dossier des Martiens. L'on s'apercevrait alors que ce dossier est extrêmement mince, sinon inexistant, et que dans cette affaire, il y a beaucoup, beaucoup trop de littérature.