L'épidémie des pares-brises de Seattle

Le jeudi 15 avril 1954, Bellingham, Seattle et d'autres communautés de Washington sont sous l'emprise d'un phénomène étrange — de minuscules trous, impacts et coups sont apparemment apparus sur les pares-brises des voitures à un rythme sans précédent. À l'origine considéré être le travail de vandales, le rythme des trous grandit si rapidement que les résidents paniqués suspectent bientôt tout depuis les rayons cosmiques jusqu'à œufs de chique en passant par les retombées d'essais de bombe H. Le jour suivant, des plaintes sont envoyées à des responsables du gouvernement, demandant de l'aide pour résoudre ce qui sera connu comme l'épidémie d'impacts de pares-brises de Seattle.

Bellingham

Le chef de la police d'Anacortes L. B. Goff inspecte un ding étrange s1The Seattle Times
Le chef de la police d'Anacortes L. B. Goff inspecte un ding étrange s1The Seattle      Times

Les minuscules trous de pare-brises furent remarqués en premier dans la communauté du nord de Washington de Bellingham, fin le mois précédent. La petite taille des impacts amena les officiers de police de Bellingham à penser que les dommages étaient le travail de vandales utilisant de la chevrotine ou des BBs. En une semaine, quelques résidents de Sedro Woolley et de Mount Vernon, à 25 miles au sud de Bellingham, commencèrent aussi à signaler des dommages sur leurs pare-brises. La 2ᵉ semaine d'avril les "vandales" attaquèrent plus au sud, dans la ville d'Anacortes sur l'Ile Fidalgo.

La manifestation d'Anacortes commença tôt le matin du mardi 13 avril 1954, lorsque des propriétaires de voitures remarquèrent les impacts jusqu'ici innaperçus sur leurs pares-brises. Ne perdant pas de temps, tous les officiers de maintien de l'ordre disponibles de la zone fonçèrent en ville dans l'espoir d'appréhender les coupables. Des barrages furent installés au sud de la ville au Deception Pass Bridge, et toutes les voitures sortant ou entrant dans la ville firent l'objet d'une inspection détaillée, ainsi que leurs conducteurs et passagers.

Sans résultat. Plus au sud, des voitures à la Station Aérienne Navale de l'Ile Whidbey à Oak Harbor furent découvertes avoir de mystérieux coups. Presque 75 marines firent une recherche intensive de de la station. Ils revinrent bredouilles. A la fin de la journée, plus de 2000 voitures de Bellingham à Oak Harbor furent isgnalées avoir été endommagées. 2 choses devinrent on ne peut plus claires : Ce ne pouvait être le travail de voyous errants ; et quoi qui causait les impacts et coups des pare-brises approchait rapidement de Seattle.

Seattle assiégée

Les Unes alertaient les lecteurs sur le phénomène étrange des pare-brises s2The Seattle Times
Les Unes alertaient les lecteurs sur le phénomène étrange des pare-brises s2The      Seattle Times

Les nouvelles du phénomène de ding de pare-brise atteignirent Seattle au front de la menace. Le matin du le lendemain, les abonnés des journaux de Seattle lisent reportages à la une sur les événements ayant transpiré au nord. Les journaux de l'après-midi ont des histoires semblables. Le dimanche 18 un signalement arrive à la police de Seattle selon lequel 3 voitures ont été endommagées dans un lot de la 6ème avenue et John Street. Le mercredi 21, un automobiliste signale que son pare-brise a été touché à la N 82ᵉ rue et Greenwood avenue. Alors les portes du barrages s'ouvrirent.

Les automobilistes commençent à arrêter les voitures de police dans la rue pour signer des dommages de pare-brises. Les places de parking et les places de ventes d'auto au nord du centre de la ville sont touchées, ainsi que les voitures garées aussi à l'ouest que Ballard. Même les voitures de police garées devant les stations precinct sont endommagées. Des commis supplémentaires sont amenés dans les stations pour répondre à la bourrasque d'appels des propriétaires de voitures mécontents et perplexes. Le matin suivant, les impacts de pares-brises ont atteint des niveaux épidémiques.

Ménagerie de verre

Le nombre de pare-brises endommagés exclut des truands, et les experts sont en peine de trouver une cause à ces étranges impacts et trous semblant arriver de nulle part. Sur Whidbey Island, le Sheriff Tom Clark postule que la radioactivité relâchée par les essais récents de bombe H dans le Pacifique Sud constellent les pare-brises. On passe des compteurs Geiger sur les pare-brise, ainsi que sur des personnes ayant touché les marques d'impacts, mais aucun ne montre de radio-activité. Malgré tout, le sheriff maintient fermement qu'aucune agence humaine n'a pu créer les cicatrices laissées sur les vitres.

D'autres théories abondent :

Sceptique, le Dr. D. M. Ritter (chimiste de l'Université de Washington) est affecté à cette affaire, en collaboration avec les autorités. Après avoir examiné les pare-brises et les résidus trouvés sur certaines des voitures, il commente, Bêtises ! Il n'y a rien que je connaisse qui pourrait provoquer ce genre de brisures inhabituelles dans les pare-brises. Ces gens doivent rêver.

Ike à la rescousse

Le jeudi 15, la police est submergée d'appels téléphoniques. Près de 3000 pare-brises sont rapportés être impactés et personne ne sait quoi faire. Cherchant une aide extérieure pour aider à résoudre l'énigme, le maire de Seattle, Allan Pomeroy, envoie un télégramme au Gouverneur Arthur Langlie au capitol à Olympia, ainsi qu'au président Eisenhower à Washington (D.C.) :

Ce qui semblait être une épidémie locale de vandalisme sur des fenêtres et pare-brises d'auto dans le nord de l'état de Washington s'est maintenant propagé dans toute la région de Puget Sound. L'analyse chimique de la poudre mystérieuse collant aux pares-brises et aux fenêtres endommagés indique que le matériau en question pourrait simplement être dispersé par le vent et ne serait donc pas du tout une affaire pour la police. Je demande instamment que l'on demande aux agences fédérales (et d'état) appropriées de coopérer urgemment avec les autorités locales.

Le gouverneur Langlie contacte l'Université de Washington et demande qu'un comité de scientifiques soit formé pour enquêter sur le phénomène. Les experts (du laboratoire de recherche environmentale, le laboratoire de physique appliquée, et les départements de chimie, physique et météorologie) font une étude rapide de 84 voitures sur le campus. Ils trouvent que les dommages sont trop exagérés, et plus probablement le résultat de conditions de conduite normale dans lesquelles de petits objets frappent le pare-brise des voitures. Le fait que la plupart des voitures aient des impacts à l'avant et pas à l'arrière donne du crédit à leur théorie.

Une matière parcellaire, ressemblant de manière suspecte à du gravier, fut trouvée sur les routes à travers Puget Sound s3The Seattle Times
Une matière parcellaire, ressemblant de manière suspecte à du gravier, fut trouvée sur les routes à      travers Puget Sound s3The Seattle Times

Cependant Harlan S. Callahan, le sheriff du comté de King, n'est pas d'accord. Ses adjoints ont examiné plus de 15 000 voitures à travers tout le comté et trouvè des dommages sur plus de 3000 d'entre elles. Le sheriff et ses adjoints pensent que ce niveau de dommages ne peut pas s'expliquer par une utilisation normale de la route. Les officiers de maintien de l'ordre trouvent également d'étranges petits granules près de certaines voitures. En utilisant des méthodes scientifiques, ils trouvent que les granules réagissaient violemment lorsqu'un crayon est placé près d'eux, mais pas lorsqu'un stylo à bille était ainsi placé. Personne ne sait ce que cela signifie, cependant.

Caché devant nos yeux

Néanmoins, la sagesse conventionnelle est souvent l'apanage des scientifiques. Une enquête plus poussée du Département de Police de la Ville de Seattle montre que la plupart des coups touchent les pares-brises des voitures les plus anciennes. Dans les cas où de lots d'auto, les voitures neuves n'ont pas d'impacts, tandis que les voitures d'occasion, plus anciennes, montrent effectivement des signes d'impacts. La police trouve de rares cas de vandalisme de quelques gens s'amusant à "reproduire" le phénomène, mais la plupart des cas a une explication simple : les impacts ont toujours été là, mais personne ne les avait remarqués auparavant.

Le même raisonnement s'appliqua à la matière particulière trouvée sur la vitre de pare-brise et près des voitures. Elle se révéla être de la poussière de charbon, de minuscules particules produites par la combustion incomplète de charbon bitumeux. Ces particules avaient dérivé dans l'air de Seattle pendant des années, mais personne ne les avaient regardées de près auparavant. Bien que les particles de poussière de charbon n'aient rien à voir avec les impacts, la foule dans son ensemble finit par les remarquer, tout comme elles remarquèrent les coups de fenêtres, pour la 1ère fois.

Le sergent Max Allison du laboratoire de crime de la police de Seattle déclara que l'ensemble des signalements de dommages étaient composés de 5 % de vandalisme, et 95 % d'hystérie du public. Les résidents de Puget Sound étaient inconsciemment devenus les participants d'un exemple livresque d'illusion collective. Le 17 avril jeudi 15, les incidents d'impacts cessent brusquement.

Un pour les livres

L'épidémie d'impacts de pare-brises de seattle de jeudi 15 devint en fait un exemple livresque d'illusion collective, parfois mal référencée comme hystérie de masse. À ce jour, les sociologues et psychologues font référence à l'incident dans leurs cours et écrits à côté d'autres événements semblables, comme la panique d'invasion martienne de 1938 et les observations supposées du "Diable du Jersey" sur la côte est en 1909.

L'incident des impacts de Seattle contient de nombreux facteurs-clés jouant un rôle dans l'illusion collective. Ceux-ci incluent l'ambiguité, la diffusion de rumeurs et les croyances fausses mais plausibles, l'influence des media de masse, les événements géo-politiques récents et le renforcement de fausses croyances par des figures d'autorité (dans ce cas, la police, les militaires et les figures politiques).

Cette combinaison de facteurs, ajoutée au simple fait que pour la 1ère fois les gens regardaient vraiment "sur" leur pare-brise au lieu de "à travers" eux, provoquèrent le remue-ménage. Pas de vandales. Pas de retombées atomiques. Pas de chiques. Pas de rayons cosmiques. Pas d'oscillations électroniques. Just une série de coups sur la vitre qui étaient là depuis le début.

Vous les avez probablement sur votre vitre maintenant. Merci de ne pas alerter les media ou votre police locale.

s4Stein, Alan J.. "Windshield pitting incidents in Washington reach fever on April 15, 1954", HistoryLink.org, Essay 5136, 27 janvier 2003 s5"Windshield-Peppering Hoodlums Strike Whidbey Naval Air Station," The Seattle Times, April 14, 1954, p. 1"Mystery Windshield Damage Spreads in Seattle and County," Ibid., April 15, 1954, pp. 1, 5 s6"Reports of Damage to Car Glass Taper Off," Ibid., April 16, 1954, pp. 1, 5 s7"Windshield Vandals Strike in Anacortes," Seattle Post-Intelligencer, April 14, 1954, p. 1 s8"Windshield Vandals Reported in Seattle," Ibid., April 15, 1954, pp. 1, 10 s9"President's Aid Asked in Windshield Mystery," Ibid., April 16, 1954, pp. 1, 6 s10"Theories Range From Gremlins to Supersonics," Ibid., April 16, 1954, p. 6 s11"U. Scientists Skeptical in Glass Puzzle," Ibid., April 16, 1954, pp. 1, 4 s12"Windshield Front Quiet in Northwest," Ibid., April 17, 1954, p. 2 s13Bartholomew Robert. "The Seattle Windshield Pitting Epidemic: A Famous Mass Delusion of the Twentieth Century"