Glyphosate

Découverte

En Henri Martin (chimiste suisse) découvre la molécule de glycine phosphonate, ou glyphosate. Quelques années plus tard, John Franz (autre chimiste travaillant pourMonsanto) découvre son potentiel comme herbicide (le produit migre dans toutes les plantes en suivant le trajet de la sève). Le glyphosate est toujours mélangé à d’autres produits chimiques, qui accroissent notamment sa pénétration dans les cellules de la plante.

Roundup

En Monsanto brevète le glyphosate et commercialise le produit Roundup : en Malaisie pour la culture de l’hévéa, au Royaume-Uni pour celle du blé et aux USA pour le désherbage des zones non agricoles. Il devient rapidement l’herbicide le plus consommé dans le monde et celui que l’on retrouve le plus souvent dans l’environnement.

Le glyphosate étant non sélectif (il détruit toutes les plantes), Monsanto commercialise également des semences capables d'y résister.

Une publicité de vante un produit providentiel, propre et durable RoundUp .

En le glyphosate est classé dangereux pour l'environnement, notamment aquatique, par les autorités européennes.

Une autre publicité mettant en scène "Rex", un chien qui n'aime pas les mauvaises herbes, présente :

Roundup, le premier désherbant biodégradable. Il détruit les mauvaises herbes de l'intérieur jusqu'aux racines et ne pollue ni la terre, ni l'os de Rex.

En , le brevet de Monsanto tombe dans le domaine public, ce qui rend la molécule bon marché. Par la suite, il va être exploité par plus de 90 autres sociétés, dans plus de 750 produits commercialisés dans 20 pays (178 références autorisées en France selon l'ANSES). Comme le Roundup, ces produits n'incluent jamais le glyphosate seul, mais combiné à d'autres substances pour améliorer son efficacité.

En , suite d'un rapport de la DGCCRF et d'une plainte des associations Eau et rivières de Bretagne et CLCV, le tribunal correctionnel de Lyon est saisi, l'herbicide étant retrouvé dans 38% des cours d'eau analysés par le Commissariat général au développement durable. En conséquence, le , le tribunal correctionnel de Lyon condamne Monsanto et la société Scotts France, qui distribue le Round Up dans l'Hexagone, à chacun 15000 € d'amende pour publicité mensongère. Ils font appel mais, Le , la cour d'appel de Lyon confirme cette condamnation, jugeant les dirigeants des 2 structures coupables d'avoir présenté l'herbicide comme biodégradable et laissant le sol propre. Les condamnés forment alors un pourvoi en cassation, qui a été rejeté le 6 octobre par la chambre criminelle de la Cour de cassation .

Le , le CIRC n1ou IARC (dépendant de l'OMS de l’ONU) publie un article dans lequel le danger de 3 molécules est réévalué. L’OMS annonce ainsi avoir classé 3 pesticides dans la catégorie 2A (“cancérogènes probables”, soit le dernier échelon avant la qualification de “cancérogène certain”) : 2 insecticides (le diazinon et le malathion, dont l’utilisation est restreinte en Europe) et le glyphosate.

Le un reportage consacré aux produits chimiques indique que le glyphosate a été le pesticide le plus vendu en France, tous départements confondus, entre à . Sur la période, 47626 t de glyphosate ont été écoulées. Il indique également que 97% des aliments que nous ingurgitons contiendraient des pesticides, ce qui est une mauvaise interprétation d'un rapport de EFSA qui indique en fait que 97,4% des aliments traités aux pesticides respectent les limites légales (et donc 2,6% les dépassent) en précisant que dans 54,6% les taux sont tellement faibles qu'ils ne sont pas détectables . Le CSA est saisi et demande aux responsables de France Télévisions de veiller à respecter, à l’avenir, leurs obligations en matière de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information .

Après avoir été saisi par la CLCV et UFC Que choisir, l'ANSES rend un avis indiquant que Le niveau de preuve de cancérogénicité chez l'animal peut être considéré comme limité .

En paraît un nouveau rapport réalisé par l'OMS et l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) : les auteurs y jugent peu probable que le glyphosate soit cancérigène chez les humains qui y seraient exposés par l'alimentation.

Monsanto papers

À partir du , l'utilisation du glyphosate par les collectivités dans les espaces ouverts au public est interdite en France. Cette année-là un rapport de l'INRA est remis au Ministère de l'Agriculture . En , l’ECHA fait paraître un communiqué écartant finalement le risque cancérigène du glyphosate. En , le Commissariat général au développement durable indique qu'on trouve de l'AMPA (la substance principale issue de la dégradation du glyphosate) dans 53% des cours d'eau représentatifs testés en France (moins dans les eaux souterraines), mais précise que l'AMPA peut aussi provenir de la dégradation de certains détergents et que seuls 13% dépassent le seuil de 0,1 µg/l . Le , l'ONG anti-pesticides Générations futures publie une étude analysant 30 produits de consommation courante : plus de la moitié des produits contiennent des traces de l'herbicide. En , une étude (non financée par les industriels) paraît . Lancée dans les années 1990s, cette étude ne montre pas de lien entre l'exposition à cet herbicide et un risque d'augmentation des cancers ou des lymphomes non hodgkiniens.

Europe

Dans l'Union Européenne, l'expiration de l'autorisation du glyphosate doit intervenir . , les 28 états membres de l'UE doivent donc se prononcer pour ou contre le renouvellement de cette autorisation, pour 5 ans. Le , l'Allemagne, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie s'abstiennent. Le , réunis en comité d'appel après un vote reporté 6 fois, les états votent en faveur de la réautorisation jusqu'au , à la majorité de 18 pays (16 étaient requis pour la majorité qualifiée) : parmi eux Allemagne, Bulgarie, Danemark, Estonie, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni et Suède). Le texte ne prévoit pas d'interdiction immédiate pour les usages non professionnels, ni d'interdiction totale du glyphosate à l'issue des 5 ans, contrairement aux préconisations du Parlement européen.

Parmi les 9 pays ayant voté contre cette prolongation (Autriche, Belgique, Chypre, Croatie, Grèce, Italie, Luxembourg, Malte) se trouve la France. Brune Poirson (secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot) déclare :

Peu importe l'issue du vote aujourd'hui sur le glyphosate, la France est déterminée à sortir de l'utilisation de cette substance en moins de 5 ans

Elle ajoutera :

Désormais, il s'agit bel et bien, dans un cadre harmonisé, de changer de modèle agricole, d'organiser les alternatives techniques. De nombreuses solutions existent, d'autres sont à améliorer, certaines encore à imaginer. Il faudra accompagner techniquement et économiquement les agriculteurs et mobiliser des moyens financiers publics et privés additionnels dans le cadre du plan d'investissement. .

5 milliards € d'investissement pour la transition agricole sont prévus sur le quinquennat.

A l'issue du vote Emmanuel MacronEmmanuel Macron indique avoir demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l'utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées et au plus tard dans 3 ans.. La FNSEA déplore cette position de la France.

Le , dans le cadre de l'AHS est publié aux USA une nouvelle étude sur un grand nombre de cas (54251) concluant que le glyphosate n'a pu être significativement statistiquement associé au cancer sur aucun site .

À partir du , l'utilisation du glyphosate est interdite pour les particuliers. Le un nouveau reportage sur le glyphosate est diffusé ,qui va être particulièrement critiqué . Le , le Canada émet un avis favorable . Le la journaliste scientifique Géraldine Woessner publie une tribune .

En 2022, dans un examen scientifique critique indépendant des méta-analyses existantes d'études sur les risques potentiels pour la santé de l'exposition au glyphosate, un panel de 6 scientifiques expérimentés indique qu'il y a peu de probabilité pour qu'aucune des études ai démontré une relation de cause à effet etre l'exposition au glyphosate et les lymphomes non-Hodgkiniens .