L'analyse détaillée d'un des "feux"

Figure 15 : Lignes de même intensité pour la lumière enregistrée dans la couche sensible au rouge pour le " feu " à la pointe du triangle.
Figure 15 : Lignes de même intensité pour la lumière enregistrée dans la couche sensible au rouge pour le " feu " à    la pointe du triangle.

Avant d'aller plus loin, il serait utile d'avoir une idée plus précise de la répartition de la lumière UV devant un de ces " phares ". J'ai donc demandé au professeur Acheroy s'il pouvait me fournir les courbes des intensités lumineuses constantes, enregistrées dans les couches sensibles au rouge, vert et bleu. Il l'a fait et je l'en remercie cordialement. Il a choisi le " feu " qui est situé à la pointe du triangle, en coupant l'échelle des intensités en portions égales. Le scanner était calibré de telle manière que la lumière blanche corresponde à des niveaux d'intensité identiques dans les trois couches photosensibles. Les courbes de niveau pour la couche sensible au rouge (figure 15) définissent une structure qu'on peut comparer à un massif montagneux, où les altitudes sont graduées de 1 à 10.

Avec ma fille Bernadette, j'en ai construit une maquette, en collant des photocopies identiques sur des plaquettes en contre-plaqué. Il fallait les découper, en suivant soigneusement les contours successifs et coller les morceaux couche par couche, en les ajustant sur la photocopie précédente. Nous avons obtenu un relief montagneux assez déchiré, fort instructif, mais nous pouvons nous contenter de lire la figure 15, comme si c'était une carte d'état-major. Le côté inférieur droit du massif est délimité par une longue paroi très abrupte, puisque les lignes de niveau (2 à 8) y sont fort serrées. En "escaladant" cette face, on débouche sur un plateau (au niveau 8) et en choisissant le bon endroit, on atteint un plateau plus vaste (au niveau 9). Il est surmonté de quelques pointes isolées (niveau 10), mais nous ne devons pas oublier que les lignes de niveau analysent le relief par tranches successives. Les variations réelles du "terrain" entre les "bosses" qui émergent peuvent être assez douces.

En progressant vers le coin supérieur gauche, on rencontre une longue gorge encaissée, très profonde (niveau 3), mais on peut choisir un endroit, où il suffit de descendre un peu (jusqu'au niveau 7) pour remonter au niveau 8 et même aux niveaux 9 et 10 sur une crête allongée. Si l'on progresse encore vers le coin supérieur gauche, on rencontre une structure montagneuse plus déchiquetée, comportant une pointe isolée (niveau 10). Le "massif" a été tronqué à l'ouest, pour que la partie sélectionnée puisse être à la fois significative et détaillée. Le versant nord et nord-est est très irrégulier. La grande paroi considérée au début est précédée d'un petit "mur" isolé (niveau 2, avec une pointe qui atteint le niveau 4, dans le coin inférieur droit). Il s'agit, en fait, d'une traînée lumineuse, située à l'extérieur du triangle.

La répartition des intensités dans la couche sensible au vert (figure 16) montre que le "massif" des intensités lumineuses est pratiquement identique au précédent, mais il est un peu plus compact et il y a des petits "monticules" dans la "plaine".

Figure 16 : Lignes de même intensité lumineuse dans la couche sensible au vert.
Figure 16 : Lignes de même intensité lumineuse dans la couche sensible au vert.
Figure 15 : Lignes de même intensité pour la lumière enregistrée dans la couche sensible au rouge pour le " feu " à la pointe du triangle.
Figure 15 : Lignes de même intensité pour la lumière enregistrée dans la couche sensible au rouge pour le " feu " à    la pointe du triangle.

Les lignes de même intensité lumineuse enregistrées dans la couche sensible au bleu (figure 17) révèlent que le "massif" reste très semblable, mais il est encore plus ramassé que pour la couche sensible au vert. Cela se voit facilement pour les intensités les plus grandes. Il y a également beaucoup plus de petites taches de faible intensité autour du "feu" à la pointe de l'objet (niveau 1), mais la traînée extérieure est absente.

L'image globale du feu à la pointe du triangle s1VOB.1. photo 7.17d ressemble à celle qu'on pourrait obtenir au moyen d'un coup de pinceaux, effectué avec une large brosse. Il faudrait cependant que les poils forment des paquets dont la courbure change progressivement et cela de manière différente. D'après notre interprétation, il s'agit de masses gazeuses, contenant des particules chargées qui sont mises en mouvement. Ces mouvements sont probablement simultanés et puisqu'on ne voit pas de coupure brusque qui marquerait un début ou une fin, ils doivent avoir eu lieu à l'intérieur de l'intervalle de temps défini par le temps de pose.

Les petits points lumineux qui apparaissent à l'extérieur du triangle, surtout dans la couche sensible au bleu (figures 17 et 7) rappellent l'observation faite le 29 novembre 1989 par Mme B. et son fils s2VOB.1. 32. Au moment où un énorme objet triangulaire aux coins arrondis passe au-dessus d'eux, à très basse altitude, ils constatent la présence de nombreuses petites lumières jaunes sur la face inférieure de l'objet. On dirait des petites étoiles. Il y avait aussi des petits points lumineux rouges autour de l'objet. Ils bougeaient indépendamment comme des lucioles. Il s'agit sans doute de petites parcelles de gaz ionisé, pouvant subsister pendant un peu de temps. Ils constituent alors de la "foudre en boule" sous une forme très petite. Elle peut subsister pendant des secondes et même des minutes. Sa couleur et sa taille sont également très variables. Les couleurs qui prédominent sont le blanc, jaune, orange et rouge (plus de 80%). Les tailles les plus fréquentes se situent entre 10 et 50 cm, mais on a déjà vu de la foudre en boule aussi petite que des petits pois s3F. Arago: "Sur le tonnère", Annuaire Bur. Longit. Paris, 1838 s4W. Brand: "Der Kugelblitz", Probleme der kosmischen Physik, Hamburg, 1923 s5S. Singer: "The nature of ball lightning", Plenum press, 1971 s6J.D. Barry: "Ball lightning and beadlightning, extreme forms of atmospheric electricity", Plenum press, 1980 s7W.N. Charman: "Ball lightning", Phys. Reports, 54, 261-306, 1979 s8B.M. Smirnov: "Physics of ball lightning" Phys. Reports, 224, 151-236 (1993) s9W. A. Corliss: "Handbook of unusual natural phenomena", 1978, 1982, 1993 s10M. Stenhoff: Ball lightning: an unsolved problem of atmospheric physics, 1999.

Figure 18 : La réfraction est plus forte pour la lumière UV que pour la lumière visible
Figure 18 : La réfraction est plus forte pour la lumière UV que pour la lumière visible

Comparons maintenant les 3 figures 15, 16 et 17 entre elles. Nous constatons que la lumière UV a produit des effets très semblables dans les trois couches photosensibles. Cela explique que l'image était blanche dans la diapositive originale. Pourtant, il y a également un changement systématique. La répartition des intensités lumineuses est de plus en plus concentrée quand on passe du rouge au vert et au bleu. Il doit y avoir une raison ! Rappelons-nous que la mise au point a été effectuée en lumière visible (surtout verte). Puisque la réfraction de la lumière est plus forte pour l'UV que pour la lumière visible, cela veut dire que le foyer en lumière ultraviolette se trouvait devant le film, quand le foyer pour la lumière visible se trouvait au milieu du film (figure 18). La couche sensible au bleu se trouve à l'avant, plus près de l'objectif (puisque la réfraction est plus forte pour le bleu que pour le rouge). Il est donc normal que tout point ou toute zone limitée qui émet de la lumière UV fournisse une image de plus en plus petite quand on passe du rouge au bleu.

C'est un argument supplémentaire en faveur de notre hypothèse et il renforce la confiance dans l'authenticité de la diapositive de Petit-Rechain. Ceux qui essayaient de montrer qu'on pourrait facilement la produire par un trucage utilisaient de la lumière blanche et focalisaient pour celle-ci. Cela donne des effets différents, qu'ils ignoraient.