L'hypothèse de l'ultraviolet et ses confirmations

Pour ioniser l'air, il suffit de créer un champ électrique suffisamment intense. Il y a toujours quelques électrons libres qui seront accélérés par le champ électrique, malgré les collisions avec des particules neutres. Chacune de ces collisions modifie la direction du mouvement des électrons, sans que leur énergie en soit modifiée. Cela résulte du fait que les électrons sont beaucoup plus légers que les molécules du gaz. Les électrons seront cependant accélérés entre les collisions. Leur énergie augmente jusqu'à ce qu'elle soit suffisante pour exciter les particules neutres ou pour en expulser d'autres électrons. Les processus d'ionisation prédominent, parce qu'il y aura un mécanisme d'avalanche. L'émission de lumière résulte alors des désexcitations d'ions ou de particules neutres et des recombinaisons de particules chargées. C'est ce que l'on observe aussi dans les décharges électriques et dans l'éclair.

Un champ électrique oscillant suffit. Il présente même des avantages, puisqu'on aboutira plus facilement à un équilibre contrôlable que pour un champ statique. Tout cela est bien connu pour les micro-ondes n1On peut s'en rendre compte soi-même, en plaçant une ampoule électrique usée dans un four à micro-ondes. L'ampoule devient lumineuse, parce que les molécules du gaz qui s'y trouvent sont ionisées. L'émission de lumière résulte des recombinaisons, mais il y aura aussi des excitations de particules neutres, suivies de désexcitations. s1S.C. Brown: "Breakdown in Gasses: Alternating and high-frequency fields". Encyclopedia of Physics, XXII, Springer , Berlin, 1956. s2A.D. Mac Donald: "Microwave Breakdown in Gases", Wiley, N.Y. 1966. . On peut voir ce type d'effets, quand on place une ampoule électrique usée dans un four à micro-onde. Elle s'illumine. Nous ne voyons que la lumière visible, mais la lumière ultraviolette est prédominante. C'est également le cas dans les tubes TL, dont la surface intérieure doit être recouverte d'une poudre spéciale, pour convertir la lumière UV en lumière visible. On peut s'attendre à ce que dans l'air atmosphérique, il y ait une émission de lumière qui se situe dans le proche ultraviolet. Par l'analyse spectrale de la lumière des éclairs, on sait par exemple que les ions des molécules d'azote de l'air atmosphérique (N2+) émettent une radiation très intense à 391 nm, tandis que la limite du spectre visible se situe du côté de l'ultraviolet à 400 nm.

Peut-on prouver que les éclats de lumière qui apparaissent sur la diapositive de Petit-Rechain résultent d'un enregistrement de lumière ultraviolette? Ce n'est pas évident. La première objection résulte du fait que le verre des lentilles du téléobjectif constitue un obstacle pour l'ultraviolet, contrairement à ce qui se passe pour l'infrarouge. La transmission optique dans l'UV dépend de la nature du verre, mais normalement, elle ne s'arrête pas brusquement à la limite du spectre visible. Ce n'est pas favorable pour un photographe, parce que la lumière UV est encore plus fortement diffusée que la lumière bleue par les petites particules qui se trouvent en suspension dans l'air atmosphérique n2Les belles journées d'été sont marquées par un ciel bleu, parce que des petites particules diffusent la lumière bleue plus fortement que la lumière rouge. La brume et le brouillard sont blancs, parce que la diffusion est importante pour toutes les couleurs quand les particules sont plus grandes. . Les paysages seraient flous en été, quand il fait beau. P. M. avait donc doté son objectif d'une manière permanente d'un filtre Skylight (1A) qui coupe l'ultraviolet. Je savais cependant que la transmission optique du filtre Skylight ne chute pas brusquement à 400 nm s3Kodak-Pathé: "Filtres Kodak pour usages scientifiques et techniques",1981. . Elle est réduite par paliers. En fait, elle tombe à 1% au-delà de 380 nm et à 0,1% au-delà de 310 nm. La lumière du proche UV pouvait donc probablement passer l'obstacle des lentilles du téléobjectif et du filtre Skylight.

En 1991, après la publication du premier rapport de la SOBEPS, j'ai lu le livre de Ellen Crystal s4E. Crystal: "Silent Invasion", Paragon House, N.Y. 1991.. Elle affirme qu'elle a réalisé de nombreuses photographies d'ovnis, en particulier en 1980, à Pine Bush dans l'Etat de New-York. Ce qui était encore plus remarquable, c'est qu'elle avait trouvé sur ses photos des traces de lumières qu'elle n'avait pas vues quand elle prenait les clichés. En outre, le résultat n'était pas le même pour différents appareils photo.

Elle écrit: " Nous étions debout dans le champ, à quatre personnes, et deux cameras prenaient des clichés. Nous regardions vers de grands vaisseaux triangulaires, ayant environ 60 m de périmètre, mais quand les films sont revenus du développement, on n'y voyait rien qui ressemblait à ce que nous avions vu. Au lieu de vaisseaux triangulaires bien nets, il y avait des décharges exotiques et des éjections (sprays) de lumières multicolores, apparemment chaotiques. Une inspection attentive montra cependant que ces flammèches semblaient commencer là où le bord de l'objet aurait dû se trouver. Apparemment, elles émergeaient d'ouvertures situées en différents endroits de l'engin. " Ceci est illustré dans le livre par des photos de flammèches et par des dessins, où Ellen Crystal a ajouté ce qu'elle avait vu. Mais le journaliste photographe qui se trouvait à côté d'elle et qui prenait des photos en même temps, ne trouva pas ces lumières sur son film quand il fut développé!

Figure 14 : La distribution spectrale de la transmission optique (en %) des objectifs de trois appareils photographiques dans l'ultraviolet, le visible et le proche infrarouge.
Figure 14 : La distribution spectrale de la transmission optique (en %) des objectifs de trois appareils    photographiques dans l'ultraviolet, le visible et le proche infrarouge.

Ce journaliste utilisa un appareil Leica, très cher, tandis que l'étudiante Ellen Crystal avait acheté un appareil Zenit bon marché, d'origine soviétique. La différence constatée sur les photos pouvait donc s'expliquer si la transmission optique était plus grande dans l'UV pour l'objectif Zenit que pour l'objectif Leica. Ellen Crystal n'était pas de cet avis n3Ellen Crystal était persuadée que les différences étaient dues à une radiation infrarouge., même quand je lui fis part des mesures que j'avais effectuées. En effet, pendant l'été 1991, j'ai eu l'occasion de me rendre avec P. Hendrickx de l'Ecole Royale Militaire à la société OIP à Audenarde. On y a effectué des mesures très précises de la transmission optique de différents objectifs depuis l'infrarouge lointain jusqu'à l'ultraviolet lointain. J'avais acheté un appareil Zenit (12XP, objectif Helios) et j'avais emprunté un appareil Leica. En outre, je disposais de la camera Praktica, avec l'objectif et le filtre que P. M. avait utilisés à Petit-Rechain et j'avais l'appareil Nikon avec l'objectif Super Komura que P. Ferryn avait utilisé à Ramillies. J'ai superposé les courbes obtenues pour les trois objectifs importants (figure 14).

L'objectif Zenit est très lumineux, puisque la transmission atteint 86 % dans le visible et elle s'étend dans l'ultraviolet jusqu'à 330 nm. L'objectif Leica atteint seulement une transmission de 71 % dans le visible, mais sa transmission dans l'ultraviolet s'arrête à 370 nm. La caméra Praktica, produite en Allemagne de l'Est, a un objectif qui atteint seulement une transmission de 53% dans le visible, mais elle s'étend jusqu'à 350 nm dans l'ultraviolet. Cela prouve que l'ultraviolet proche peut traverser cet objectif. Nous comprenons aussi les effets constatés par Ellen Crystal.

Le pouvoir de transmission de l'objectif Super Komura de l'appareil Nikon est de 75 - 79% entre 450 et 720 nm et il s'étend jusqu'à 350 nm dans l'ultraviolet. Ce qui importe pour la photographie de Ramillies, c'est qu'il laisse passer l'infrarouge. La transmission optique y diminue de manière progressive jusqu'à environ 2700 nm s5VOB.2. figure 3.8. Il n'y avait donc aucun problème pour l'effet Herschel. J'ai déjà ajouté ces résultats à la traduction allemande du premier rapport de la SOBEPS s6SOBEPS: "UFO-Welle über Belgien", VOB.1, Zweitausendeins, 1993..

Il restait à vérifier que la lumière UV peut agir sur le film de telle manière qu'on obtiendrait une image blanche. Ce n'était pas évident non plus, puisqu'un film couleur produit une image blanche quand la lumière visible contient des composantes rouges, vertes et bleues en quantités équivalentes. Elles sont absorbées respectivement dans les couches sensibles au rouge, vert et bleu. Est-ce que la lumière UV pourrait, toute seule, sensibiliser les trois couches de la même manière? Pour m'en rendre compte, j'ai pris des photos de différentes lampes à ultraviolet (par exemple, un tube TL de 8 W à verre de Wood au cobalt). J'obtenais toujours une image blanche, très intense, malgré l'utilisation d'un filtre Wratten 18 A qui arrête la lumière visible s7Kodak-Pathé: "Filtres Kodak pour usages scientifiques et techniques",1981.. Je n'étais pas encore satisfait, parce qu'il fallait prouver que la couleur blanche était uniquement due à l'ultraviolet.

Pour être absolument certain qu'il n'y avait pas la moindre trace de lumière visible, j'ai finalement utilisé une lampe à vapeur de mercure sous haute pression (125 W, à fenêtre de quartz). Elle fournit une raie spectrale intense à 365 nm que j'ai séparée des raies spectrales à 405 et 435 nm au moyen d'un spectrographe à réseau. L'image produite par cette lumière UV était blanche pour un film identique à celui qui avait été utilisé à Petit-Rechain. Les laboratoires de recherche de Kodak et de Agfa-Gevaert ont confirmé que mon résultat était normal. Cela se comprend d'ailleurs, puisque les photons UV sont plus énergétiques et permettent une excitation directe des électrons (de la bande de valence à la bande de conduction), sans devoir passer par des sensibilisateurs chromatiques. J'ai présenté ces résultats aux conférences publiques de 1994 et lors de la conférence à l'ERM, en 1997 n4A la réunion du 5 mai 1997 ont participé : Marc Acheroy, Michel Bougard, Léon Brenig, Lucien Clerebaut. Patrick Ferryn, François Louange, Monsieur P. M. qui a pris la photo, Auguste Meessen, Emil Schweicher et Isabelle Stengers..

La production d'une lumière ultraviolette intense par une ionisation de l'air devant les "phares" n'exclut évidemment pas qu'il puisse y avoir aussi un peu de lumière visible. La lumière bleuâtre et un peu verdâtre qui est apparue derrière d'engin semble provenir du système de propulsion général, tandis que la lumière rougeâtre devant et à côté de l'engin peut être attribuée à une excitation de particules neutres. N'étant pas retenues par des charges spatiales, elles peuvent se libérer plus facilement.

Pourquoi le second cliché de P. M. n'a-t-il pas fourni d'image ? Il suffit que l'ovni ait brusquement allumé une source de lumière infrarouge assez intense, pour qu'on se retrouve dans la même situation qu'à Ramillies. Bien que le temps de pose était plus long à Petit-Rechain, la lumière visible n'était pas très intense et la lumière UV n'était pas nécessairement présente au moment où le second cliché a été pris, si elle servait à faire tourner l'appareil.