Les préjugés des opposants

Pour illustrer les attitudes qui peuvent encore exister et s'exprimer de nos jours, nous présentons les réactions que la vague belge ont suscitées dans certains milieux. Cela concerne également la "photo de Petit-Rechain". André Lausberg, chef de travaux à l'IA de l'Université de Liège, avait déjà pris position en faveur de l'hypothèse sociopsychologique, juste avant la vague belge et ensuite en juin 1990. Lors de la sortie du premier rapport de la SOBEPS, en octobre 1991, il s'érigea en juge et déclara que la farce a assez duré s1A. Lausberg : "Réflexions sur les OVNI et l'astronomie", Le Ciel, Bull. Soc. Astr. Liège, 413, nov. 1989. s2"Objectif Recherche OVNI", dans la revue Objectif, n° 6, 22, juin 1990. s3"La farce des OVNI", journal La Wallonie, 9, 26/27 oct. 1991. Il lança également un communiqué de presse virulent, avec l'appui ou la protection de 9 autres signataires s4J. Demaret, N. Grevesse, A. Lausberg. J. Manfroid, A. Noels, J. Surdej et J.P. Swings (l'Institut d'astrophysique de l'U.Lg), A. Koeckelenbergh et A. Quinet (ULB et de l'Observatoire à Uccle) & J. Gridelet (Dr. med. à Liège): "D'autres scientifiques belges face aux ovnis", La Wallonie, 26 et 27 octobre 1991. s5G. Lecocq : "Vous avez dit OVNI ?" La Meuse - La Lanterne, 31 octobre 1991 s6Laporte, C. : "Une approche plus scientifique du phénomène des ovnis", Le Soir, 22 oct. 1991.

Leur objectif était de discréditer les travaux de la SOBEPS, en partant de la conviction qu'il est impossible ou du moins fort improbable que les ovnis de la vague belge puissent être d'origine extraterrestre. On affirmait donc que l'ensemble de la problématique des ovnis repose quasi uniquement sur des témoignages. L'axiome fondamental de la théorie sociopsychologique est que ces témoignages ne sont pas fiables. Persuadés de cette "vérité", les signataires faisaient appel aux médias et aux enseignants, pour que leur message soit diffusé et qu'ainsi seront mieux rencontrées les exigences à la fois de la rigueur scientifique et de l'information objective.

A ce moment, Patrick Ferryn avait déjà exposé les faits concernant les photos de Ramillies et de Petit-Rechain s7 Ferryn, P.: "Vidéofilms et photographies", VOB, vol. 1, pp. 397-422, 1991 et A. Meessen avait fourni des arguments théoriques et expérimentaux pour rendre compte de la 1ère photo à partir d'une intervention de lumière infrarouge s8Meessen, A.: "L'effet Herschel", VOB.1. 423-435, 1991. . Cette explication n'a été contestée par personne, mais P. Magain et M. Remy de l'IA de Liège ont attaqué la fiabilité de la photo de Petit-Rechain, en suggérant qu'il était facile de l'imiter. Cela découlait de leur credo : le phénomène ovni repose uniquement sur toute une gamme de confusions, d'affabulations, de récits poétiques, de méprises conscientes ou inconscientess9Lausberg, 1990.

Dans le 2nd rapport de la SOBEPS, Patrick Ferryn a présenté un ensemble d'analyses de la photographie de Petit-Rechain s10Ferryn, P.: "Retour à Petit-Rechain", VOB, vol. 2, pp. 221-248, 1994, en donnant la parole à P. Magain et M. Remy, pour qu'ils décrivent eux-mêmes la procédure suivie et ce qu'ils en ont déduit s11VOB.2. 229-231 et photo 3.5. Voici leurs conclusions : Vu la facilité de produire la "photo de Petit-Rechain" par trucage, vu les invraisemblances dans les témoignages et, surtout, les contradictions entre ceux-ci et la photographie elle-même, nous ne pouvons qu'émettre les plus nettes réserves quant à l'authenticité de ce document qui constitue une des pièces majeures de la vague belge. Chacun pourra en juger lui-même, après avoir pris connaissance de toutes les analyses, mais l'objectif visé était clair : mettre en doute toutes les observations de la vague belge, en affirmant que la photo de Petit-Rechain pourrait être un faux.

Au moment de la sortie du 2nd rapport de la SOBEPS, P. Magain allait encore plus loin s12Magain, P., Remy & membres de l'IA de Liège ayant signé le communiqué précédent, à l'exception de J. Surdej: "OVNI belges", communiqué de presse. s13J.P. Borloo: "Ovnis: la réplique des scientifiques", Le Soir, 2 mai 1994 s14L. P.: "La vague d'Ovni serait "naturelle"", La Libre Belgique, 3 mai 1994. Il proclamait: Il m'a été possible d'expliquer de façon naturelle l'éventail des observations relatives à la "vague belge". En fait, il n'expliquait rien du tout, mais il rejetait l'ensemble des témoignages, parce que le soir du mardi 1 décembre 1992, il avait vu un Awacs, doté de trois feux, disposés en triangle. Il en tirait une conclusion péremptoire : Il ne fait guère de doute que c'est lui qui fut pris pour l'ovni et qui déclencha la "vague belge". Beaucoup d'observations d'objets volants non identifiés ont été faites pourtant à moins de 500 m et même parfois à moins de 50 m au cours de la vague belge s15VOB.1. 442. P. Magain avait sous-titré son communiqué s16Ibid de la manière suivante : Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Là nous sommes d'accord.

Les problèmes posés par le phénomène ovni peuvent être fort compliqués, comme on a pu le constater pour l'étude de la détection radar [13]. J'aimerais bien que les opposants fassent preuve d'autant de sens critique qu'il en a fallu à cet égard. Quant à la photo de Petit-Rechain, il est correct que les deux témoins avaient vu des lumières rondes, tandis que sur la photo, on voit à leur place des éclats de lumière très complexes. P. Magain et M. Remy estiment que cette contradiction fournit un argument qui soutient la thèse que ce document est un " faux ". D'après les règles de la critique historique, on dirait plutôt que c'est un gage d'authenticité, puisqu'on ne présenterait pas un " faux ", en le contredisant soi-même oralement. Il faudrait alors admettre la réalité de la contradiction et chercher la cause de celle-ci.

Dès 1991, cela m'a amené à formuler l'hypothèse que les phares n'avaient pas seulement produit de la lumière visible, mais aussi de la lumière invisible, ultraviolette. J'ai trouvé assez rapidement les premiers éléments de preuve, mais mes obligations professionnelles et l'étude de la détection radar m'ont empêché de terminer cette recherche au moment de la rédaction du second rapport de la SOBEPS. C'était fait en octobre 1994, lors de la sortie de ce livre. J'ai donc présenté les résultats à la conférence de presse et aux conférences publiques. L'une d'elles s'est tenue à Liège, mais P. Magain et les autres membres de l'IA de Liège y brillèrent par leur absence.

Le 5 mai 1997, la SOBEPS a organisé une " journée d'étude consacrée à la photographie dite de Petit-Rechain ". Elle eut lieu à l'Ecole Royale Militaire, pour donner l'occasion à tous les scientifiques qui avaient étudié cette photo d'en discuter entre eux [14]. P. Magain avait été invité par P. Ferryn et il avait accepté d'y présenter son expérience de trucage et ses conclusions, mais juste quelques jours avant le 5 mai, il s'est désisté. Dès que j'en ai eu connaissance, j'ai contacté d'autres membres de l'Institut d'astrophysique de l'Université de Liège, signataires des fameux communiqués de presse [8, 12], mais personne n'a voulu venir.

Dans cet article, nous essayons d'aboutir à une vue d'ensemble des faits qui sont importants pour l'analyse des photos de Ramillies et Petit-Rechain. Nous présentons les arguments qui mettent en évidence l'intervention de lumières invisibles et nous cherchons à savoir pourquoi il y en avait. Nous serons amenés à pénétrer un peu dans le domaine de la physique des OVNI. Il est vaste et sans doute très difficile, mais il faudra qu'un jour, on finisse par percer ce mystère.